FREUD ET LA FEMME DE CHAMBRE. De Leonardo de la Fuente. Mise en scène Alain Sachs. Avec François Berléand, Nassima Benchichou.
La chambre d’hôtel aux murs ornés de fresques, le linge qui sèche par-dessus les toits, les voix qui s’appellent et se répondent, le cœur battant de Rome est bien là, dans le climat débonnaire des années 20, malgré les milices qui initient leurs exactions. Son occupant demande à ne pas être dérangé. Il laisse sa fille Anna visiter sans lui la ville éternelle qu’il connaît bien pour l’avoir parcourue tant de fois. Las, Marie, la femme de chambre, survient et le réveille en sursaut. Il est 30 de 9h selon elle, et elle est ravie de servir cet hôte de marque qu’elle a déjà rencontré dix ans plus tôt. Sa maman lui avait alors assuré que le Docteur Freud était le plus grand hypnotiseur du monde et qu’il officiait dans un cirque ! Entre Freud et la femme de chambre, la conversation s’engage sur ce quiproquo et le psychanalyste a bien du mal à le dissiper. Difficile d’expliquer à cette jeune femme le travail sur les névroses et les rêves qu’il accomplit depuis des décennies. De fil en aiguille, l’humour et la légèreté font place à un ton plus grave où percent l’émotion puis le désespoir. Le dialogue s’oriente alors sur des confidences. Ces deux êtres que tout oppose dévoilent peu à peu leurs secrets.
La mise en scène très rythmée est un vrai cadeau pour ce texte pertinent et profond de Leonardo de la Fuente au casting vertigineux. L’un des meilleurs comédiens du théâtre français fait face à l’un des meilleurs espoirs féminins de ce début d’année et ils nous offrent un magnifique moment de théâtre. François Berléand joue sur toute la palette de son art incarnant un Freud intrigué par la soubrette, amusé par sa spontanéité mais affaibli par la maladie et le cœur en miette. Nassima Benchichou lui vole presque la vedette. Sans cesse en mouvement, elle incarne une femme de chambre pétillante, naïve, pragmatique, drôle et généreuse. On lui prédit une belle carrière ! M-P P. Théâtre Montparnasse 14e.