F(L)AMMES. Texte et mise en scène Ahmed Madani avec Anissa Aou, Ludivine Bah, Chirine Boussaha, Laurène Dulymbois, Dana Fiaque, Yasmina Ghemzi, Maurine Ilahiri, Anissa Kaki, Haby N’Diaye, Inès Zahoré.
Ces dix jeunes femmes sont nées en France et revendiquent sans ambiguïté leur appartenance à ce pays dans lequel leurs parents ont immigré, dans des quartiers populaires. Du Maghreb ou de l’Afrique subsahélienne de leurs origines, elles ne connaissent que les traditions et les rituels que leur ont racontés, transmis, voire imposés, leurs parents, les mères surtout. Elles ont subi l’injustice, parfois violente, de l’autorité paternelle, l’inégalité des sexes, la soumission des mères à des coutumes mutilantes. Mais, comme la forêt « sauvage » à laquelle remontent leurs origines, elles sont vivaces, luxuriantes, combatives dans leur refus unanime de se laisser entraîner malgré elles. Têtues comme Pénélope, elles tissent la liberté de leurs vies. Contre tous les cyclones de quelque Haïti que ce soit, elles chantent et dansent leur joie de vivre, parce qu’elles ont les cheveux qu’elles veulent, rasés, dénoués, tressés d’extensions multicolores, elles sont voilées, court vêtues, elles portent haut leurs jeux de jambes de karatéka. Elles confrontent leurs regards divergents sur la vie, tout en en clamant la force stimulante.
En fond de scène, une projection vidéo fait apparaître les tempêtes qu’elles affrontent et les forêts qu’elles foulent avec souplesse. Sur le large plateau meublé de leurs seules chaises, elles viennent se raconter, chanter, danser, sauter, hurler de rire ou d’énervement, dans la communion de leurs espoirs. Et elles pulvérisent les préjugés que la société en général et leurs propres communautés en particulier tenteraient de leur coller à la peau.
A ce souffle plein de fraîcheur et d’enthousiasme, le public debout répond par une ovation si méritée. Bravo les filles ! A.D. Théâtre de la Tempête - Cartoucherie de Vincennes, 12e.