LES FEMMES DE BARBE BLEUE. Texte et mise en scène de Lisa Guez et Valentine Krasnochok. Avec (en alternance) Valentine Krasnochok, Valentine Bellone, Mathilde Panis, Ninon Perez, Anne Knosp, Nelly Latour, Jordane Soudre.
Elle est seule dans sa robe rouge, rouge comme la vie qui ne l'a pas encore quittée, rouge comme le sang dont elle perçoit la menace qui plane autour d'elle, derrière cette porte étrange et interdite. Comme le sang qui va baigner indissolublement la petite clef glacée qu'il lui a donnée en partant, avec l'interdiction de s'en servir. Insoutenable tentation, interdit machiavélique. Qui est cet homme étrangement bleuté, son mari si séduisant et trouble, en proie à des crises d'une violence imprévue ? Elle cède à la tentation, en mourra-t-elle ?
C'est cette expérience commune que vont revivre et mimer les quatre femmes bleutées et blafardes qui lui succèdent sur ce plateau presque vide, où chacune raconte tour à tour « son » Barbe Bleue. Séduction, charme venimeux, dégradation amoureuse, humiliation, violence et terreur, LA clef puis LA porte, puis... la mort. Quel que soit l'avatar de Barbe Bleue face à la jeune femme provocatrice, l'adolescente bleue de myrtilles, la dynamique collaboratrice au cocktail, la femme pulpeuse et lunaire, le processus de la terreur est le même. Barbe Bleue, beau ou hideux, attirant ou repoussant, en proie à ses propres démons, représente le danger enfoui au cœur même de ses victimes. Simplement parce qu'elles sont femmes.
Dans une théâtralisation de son calvaire revécu devant les autres, chacune remonte à la source de son étrange attirance pour se dépouiller enfin de ce carcan. Souffrance certes, lucidité, pleurs mais rires salvateurs. La bête immonde sera vaincue. Blue moon.
Solo rouge, quatuor bleu, les cinq comédiennes, excellentes, impriment à cette renaissance un rythme plein d'humour et d'originalité, dans une version joyeusement moderne de Charles Perrault. A D. Théâtre de la Villette 19e.