L’ÉVEIL DU CHAMEAU de Murielle Magellan. Mise en scène Anouche Setbon avec Barbara Schulz, Pascal Elbé, Valérie Decobert.
En désordre, le bureau de Michaël ? Capharnaüm serait un mot plus juste pour décrire, si c’est possible, le bureau au rez-de-chaussée d’un immeuble qui lui sert d’appartement. Une pile de papiers, et de dossiers sert de table basse, c’est tout dire ! L’endroit n’améliore pas l’idée que se fait Maryse du père de Simon, le petit ami de sa fille Claire, qu’il vient d’abandonner alors qu’elle est enceinte. La mère, inquiète pour l’état psychologique de sa fille vient demander à Michaël d’intercéder auprès de son fils pour qu’il fasse au moins son devoir de géniteur. Stupeur du quinquagénaire dont le passe-temps favori est de courir le jupon. Il a lui-même abandonné la mère de Simon avant sa naissance et n’a revu le petit qu’une fois lorsqu’il avait cinq ans. L’intrusion de Maryse dans la vie de Michaël est suivie de près par Frédérique, sa collaboratrice, pas toute à fait remise de la relation qu’elle a entretenue avec lui autrefois. Accaparé par son travail de conseiller dans l’humanitaire, Michaël somme Maryse de partir. Mais, il ne la connaît pas. Elle ne se laisse pas impressionner par les grands airs de ce type insensible qui la chasse sans ménagement. Elle le prévient: elle reviendra, quitte, s’il le faut, à passer par la fenêtre. Pleine de ses certitudes, Maryse est décidée à secouer le « chameau » que représente Michaël pour elle. Lui, de son côté, est décidé à camper sur ses positions...
Murielle Magellan décrit avec beaucoup de charme l’affrontement entre deux êtres que tout sépare et dont les chemins n’auraient jamais dû se croiser. Se confronter à un monde qui n’est pas le leur les oblige à bouleverser leur propre vision, chacun servant à l’autre de révélateur. Maryse ressent dans son ventre une sensation troublante, un désir impérieux dont elle n’a jamais soupçonné l’existence. Michaël voit s’imposer à lui un rôle qu’il a jusque là refusé.
Le courant passe entre les comédiens. Barbara Schulz séduit et émeut, Pascal Elbé séduit et attendrit. Au centre de ce-tête-à-tête, Valérie Decobert tire très bien son épingle du jeu. M-P P. Théâtre de l’Atelier 18e.