ÉLÉMENTAIRE. Texte de Sébastien Bravard. Mise en scène Clément Poirée. Avec Sébastien Bravard.
Théâtre ou école ? Comédien ou enseignant ? Pourquoi devrait-on choisir lorsque l’on veut « servir à quelque chose, être utile » ? Sébastien Bravard a opté pour une jonglerie du temps, entre le diurne scolaire et le nocturne de la scène. Mais s’improvise-t-on instituteur, pour employer le nom ancestral ? On rêve d’envolée en parapente et on se retrouve à crapahuter métaphoriquement dans des montagnes russes. Celles que font vivre les expériences contrastées de la vie de l’école face aux élèves, avec eux, malgré eux parfois. Car nulle heure, nulle journée ne ressemble à une autre, chacune charrie son lot de stupéfaction, d’étonnement heureux, de déconcertation et de déception, d’espoir recouvré. De fond de gouffre en cimes euphoriques, la découverte du monde des élèves est une expérience que nul manuel ou consigne officielle ne peut dévoiler ou résoudre. Épuisant autant que stimulant, le cheminement suppose une ouverture sans présupposé aux autres, que rien ne laisserait entrevoir avant d’avoir franchi le seuil de la classe et d’avoir reçu en pleine face le choc de dizaines de regards circonspects, curieux, attentifs ou distraits, mais tellement vivaces et attendrissants.
Sur un plateau qui matérialise la classe, Sébastien Bravard joue sans caricature ni réalisme réducteur quelques-uns des moments significatifs de son année de stagiaire, découverte d’un métier, plongée dans l’inconnu, aléas administratifs, arcanes des jargons acronymiques, mais surtout ce pas-à-pas de l’expérience en devenir avec les enfants. Neuf mois d’une gestation émue, la sienne comme instituteur, celle des enfants qui s’éveillent à une curiosité, qu’on espère définitivement scellée en eux, à l’égard d’un monde que leur inventivité autant que leur naïveté salvatrice récréent à la mesure de leurs propres mots.
On ne saurait se passer de ces moments, ancrés dans la vie par la force de l’expérience, hors du temps par la grâce du jeu théâtral. Un hommage à cette osmose magique qui s’opère dans le creuset de l’école. Magnifique et tendre. A.D. Théâtre de la Tempête-Cartoucherie de Vincennes 12e.