DOM SGANARELLE de Jean-Philippe Ancelle. Mise en scène Jean-Philippe Ancelle avec Jean-Philippe Ancelle et Michel Pilorgé.
Au théâtre, on appelle mise en abîme l’emboîtement d’une pièce dans une autre pièce. Ici, on assiste à une multiple mise en abîme, le Dom Juan de Molière, ses deux personnages qui s’interchangent, entremêlent leurs parcours intimes, leurs souvenirs d’antan dans les mêmes rôles, qui donnent à voir la répétition d’une éventuelle représentation. Passé et présent s’entrecroisent, celui de Molière et de sa parole, étonnamment contemporaine, celui des acteurs vieillissants, de leurs amours déliquescentes, en déshérence. La vie au-dehors s’invite par la voix du Commandeur, par celles des autres, épouse, directeur. Les deux comédiens, complices de si longue date, n’ont guère d’illusions sur ce qu’ils furent et ce qu’ils sont devenus, mais ils se glissent avec une souplesse retrouvée dans les gestes mutuels. Nostalgiques et rieurs. Jamais lassés de ce qui a tissé leurs existences. Il leur suffit comme toujours de quelques accessoires, d’un costume, des éclairages entre ombre et lumière qui redonnent vie à leur passion jamais altérée pour le miracle de la scène. Ils vibrent dans l’intensité de cette seconde peau vitale. Où s’arrête l’homme, où commence le comédien, où s’achève la scène ? Leur vraie réalité ne se niche-t-elle pas sur le plateau du théâtre, plutôt que dans les épisodes ordinaires du présent ?
On ne peut qu’être sensible à la tendresse un peu mélancolique qui irradie ces moments en clair-obscur. Et la « servante » veille… A.D. Théâtre du Ranelagh 16e.