DOM JUAN de Molière. Mise en scène Jean-Philippe Daguerre. Création et direction musicale Petr Ruzicka. Chorégraphie Mariejo Buffon. Lumière Idalio Guerreiro. Scénographie Sophie Jacob. Costumes Corinne Rossi. Avec Simon Larvaron, Teddy Melis, Vanessa Cailhol, Grégoire Bourbier, Nathalie Kanoui, Charlotte Ruby, Tonio Matias, André-Marie Mazure.
L’Auguste Sganarelle occupe la piste du cirque. Il chevauche un cheval imaginaire, galvanisé par le hennissement de la trompette et gratifie les spectateurs d’un tour de puce sauteuse avant de réclamer… ses gages ! Puis le clown blanc et sa Colombine enlacés amorcent un tango. Le décor est planté. C’est bien dans un cirque que va avoir lieu la descente aux enfers du sulfureux Dom Juan.
Troquant son costume de clown blanc pour celui de torero tout aussi blanc, le libertin laisse libre cours à sa passion de la séduction. Charlotte et Mathurine en feraient presque les frais si l’annonce d’une douzaine de poursuivants n’obligeait le séducteur à fuir, croisant en s’égarant le mendiant qui reçoit, sans avoir à jurer, son louis d’or « pour l’amour de l’humanité ». Les deux fuyards échappent, sans croiser le fer, aux frères furieux contre celui qui a humilié leur sœur Elvire.
Pas de Don Louis venant sermonner l’impénitent mais une Dona Louisa, mère excédée. Pas de drapier venant réclamer son dû et surtout pas de commandeur amphitryon et vengeur. L’Action est concentrée sur le couple maître - serviteur, cerné par la gent féminine au complet qui portera l’estocade.
On suit cette version expurgée de la célèbre pièce avec d’autant plus de plaisir que les dialogues restent respectueux de l’œuvre. Au centre de la piste, les trois musiciens - acteurs, dans tous les sens du terme, aiguillonnent la mise en scène et l’expression des sentiments des comédiens, tous excellents.
La compagnie théâtrale Le Grenier de Babouchka, stimulée par Jean-Philippe Daguerre, propose une fois de plus un classique du répertoire, selon ses vues, pour la plus grande joie d’un public charmé. Du grand art parfaitement exécuté. M-P.P. Théâtre Le Ranelagh 16e.