DIEU HABITE DÜSSELDORF

Article publié dans la Lettre n° 477
du 17 avril 2019


  Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici.

DIEU HABITE DÜSSELDORF de Sébastien Thiéry. Mise en scène et interprétation Éric Verdin, Renaud Danner.
Au fond de la scène une vidéo accompagne le spectacle de façon ponctuelle, séquences successives d’un banc de saumons qui folâtrent dans l’eau, remontent le courant des rivières pour frayer, tout cela pour finir sous le couteau du poissonnier ou échoués sur une plage, victimes d’une marée noire.
Au premier plan, dans un décor minimaliste occupé par des portants munis de rideaux blancs, deux hommes interchangeables, Monsieur 1 et Monsieur 2, discutent. Sept saynètes les réunissent au cours de dialogues absurdes, drôles ou émouvants, qui les plongent l’un ou l’autre dans des efforts désespérés pour s’intégrer dans la société. Bêtise, incompétence, timidité, transparence, bref, autant de tares conséquences de jugements de valeur auquel nul n’échappe, sanctionnées par la solitude, la castration ou l’abandon. Les remèdes emportent les deux personnages dans un univers surréaliste et déshumanisé : jugé imbécile par son entourage, Monsieur 1 ou 2 rejoint une cohorte de congénères dans une ville type, ne retrouve plus d’emploi après avoir provoqué des faillites en chaîne, s’inscrit dans une agence du troisième type pour trouver un ami, songe à recourir à l’amputation pour exister, décide de faire l’emplète d’un zizi, au grand dam de sa conjointe. L’un ou l’autre a empaillé son père avec grand soin, voit sa mère revenir d’un long et heureux séjour à Düsseldorf, encombrée d’un cabas débordant de bras inutiles, comme autant de câlins avortés...
La mise en scène suit rigoureusement le texte, description d’une sorte d’enfer où toutes les tentatives pour trouver sa place dans une relation sont vouées à l’échec. En échangeant le personnage du locuteur, Éric Verdin et Renaud Danner, formidables, diversifient leurs rôles et parviennent à éviter l’effet ping-pong, obstacle majeur des répliques brèves.
Si Dieu habite une ville où réside l’espoir d’un bonheur, même fugace, alors, oui, Dieu habite peut-être Düsseldorf ! M-P.P. Le Lucernaire 6e (01.45.44.57.34). Jusqu’au 8 juin.


Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici

Index des pièces de théâtre

Nota: pour revenir à « Spectacles Sélection » utiliser la flèche « retour » de votre navigateur