LES DIABLOGUES
Article
publié dans la Lettre n° 365
du
3 mars 2014
LES DIABLOGUES de Roland Dubillard.
Lecture conçue et mise en scène par Anne Bourgeois avec Michel Galabru
et Martin Lamotte.
« Diablogues » ? Si Roland Dubillard nous était inconnu, nous penserions
à une coquille, un « b » de trop, sans doute. Mais non, « diabloguer »
c’est entrer dans un monde complètement étranger où les mots et
les phrases se forment et se transforment pour élaborer un « diablogue »
entre deux compères qui échangent leur point de vue sur bien des
sujets. Ils excellent à ce « ping pong » verbal, se renvoyant la
balle, argumentant avec une logique imparable qui tend vers l’absurde.
C’est ainsi que les choses qui nous sont pourtant familières, prennent
une autre dimension : après avoir appris le maniement du compte-gouttes,
celui de Besançon s’entend, il s’avère par la suite tout à fait
impossible de regarder cet objet de la même manière. C’est ainsi
que le monde se voit peuplé d’animaux étranges tel le « gobe-douille
», petit oiseau en voie de disparition, qui, comme chacun sait,
se trouve au plafond du dernier étage de l’immeuble où l’on habite
et se nourrit d’électricité. « Diabloguer », c’est réfléchir sur
les avantages et les inconvénients de se promener sous la pluie
ou dans une forêt en feu, c’est philosopher sur une œuvre de Racine
ou disserter sur les charmes d’une actrice d’un âge très avancé,
c’est admirer la beauté délicate d’un concerto pour placard. Oui,
oui, pour placard…Ah la musique ! « Qu’est-ce qu’une femme à côté
de la musique ? Une fausse note » !
Anne Bourgeois explore depuis fort longtemps le recueil d’une centaine
de ces sketches ahurissants, conçus pour la radio, et qui enchantèrent
bon nombre d’auditeurs dans les années cinquante. On se souvient
particulièrement du fameux « Diablogues » qu’elle monta au Théâtre
du Rond Point avec le duo de choc François Morel et Jacques Gamblin
(Lettre 277). Anne Bourgeois monte de nouveau ce spectacle
de prédilection sous la forme d’une lecture-spectacle plus brève.
La tête dans les étoiles, Michel Galabru et Martin Lamotte « diabloguent »
avec gourmandise. L’un sermonne d’un air docte, l’autre acquiesce
ou renchérit timidement. Une heure trop courte de bonheur. Théâtre
du Palais-Royal 1er. Pour
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