DERNIÈRES NOTES. La dernière soirée de Romain Rolland de Michel Mollard. Mise en scène François Michonneau. Avec Guilhem Fabre.
Une voix off présente l’un des écrivains les plus discutés pour ses positions pacifistes, l’auteur d’une œuvre monumentale, dont « Jean-Christophe », qui lui valut le Prix Nobel en 1915.
Mais le voici qui descend l’escalier menant au salon tout en prêtant attention au départ de Macha, son épouse, pour la messe de minuit. À Vézelay, ce soir du 24 décembre 1944, la nuit est glaciale mais Romain Rolland ne semble pas s’en formaliser. Maintenant assis dans un fauteuil auprès de ses livres et de son courrier, il est tout à ses pensées. Sachant qu’il n’a plus longtemps à vivre, il revient sur une existence faite de réflexions sur la religion et de convictions politiques qu’il explique et assume même s’il reconnaît des erreurs, même si elles sont teintées d’espoirs déçus et de déceptions. Musicien émérite, il ne manque pas de convoquer une dernière fois Beethoven, son compositeur de prédilection, « le seul à faire tenir l’univers dans deux notes », disséquant le sens de sa musique puis interprétant une dernière fois son ultime sonate pour piano, l’opus 111, avant de remonter l’escalier vers une chambre qu’il ne quittera plus. Il s’éteindra six jours plus tard.
Pianiste et comédien, Guilhem Fabre s’empare du texte de Michel Mollard. Dans une mise en scène épurée, il retrace à la première personne la position pacifiste de Romain Rolland face à la Première Guerre Mondiale, considérant ce conflit comme « le suicide de l’Europe ». Il relève sa sympathie envers le régime soviétique puis son éloignement de la vie politique, suite au pacte germano-soviétique, montrant ainsi sa déception envers un régime soviétique auquel il avait cru. Surviennent aussi quelques pensées sur l’amitié et la religion, sa seule conviction étant que « la vie est une suite de morts et de résurrections ». Les dons de concertiste de Guilhem Fabre lui permettent de mêler la musique à cette introspection. Son interprétation de la célèbre sonate cueille de plein fouet un public sous le charme. M-P P. Studio Hébertot 17e.