LA DÉGUSTATION

Article publié dans la Lettre n° 473
du 20 février 2019


  Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici.

LA DÉGUSTATION de Ivan Calbérac. Mise en scène de l’auteur. Avec Isabelle Carré, Bernard Campan, Mounir Amamra, Éric Vieillard, Olivier Claverie.
Prenez une sage-femme célibataire qui approche de la quarantaine, bénévole au Secours Catholique et un caviste quadra « fermé à double tour », patron d’une boutique de vins dont la montre affiche curieusement le fuseau horaire de la Nouvelle-Zélande. Ajoutez un jeune en liberté conditionnelle, à la recherche d’un stage de réinsertion, un médecin préoccupé par le résultat des analyses de son patient - caviste, et un voisin libraire qui survient dix secondes - chrono après avoir entendu le bruit caractéristique d’un bouchon qui saute, et vous entrez dans le cercle très fermé d’un magasin où la biodynamie et les vins prestigieux sont rois. (Bravo pour le décor).
Hortense de la Villardière assume très bien sa particule et son milieu. Elle est au mieux avec le curé de sa paroisse et les pauvres du quartier. Elle pousse pour la première fois la porte de la boutique de Jacques à la recherche d’une bonne bouteille pour les SDF avec qui elle partage son dîner une fois par semaine. De fil en aiguille, elle s’inscrit à un atelier - dégustation auquel s’invite Guillaume, le libraire. Après avoir forcé la main du caviste, Steve, engagé comme commis pour le fameux stage, participe à cette soirée très sérieuse durant laquelle Jacques explique les différentes étapes de la découverte du noble breuvage. Hortense se révèle une élève consciencieuse sauf lorsqu’il s’agit de recracher, quelle idée, et Jacques a tôt fait de déceler chez Steve d’étonnantes prédispositions pour l’œnologie. Guillaume, quant à lui, rêve de voir Jacques s’intéresser de plus près à Hortense. Mais Jacques porte en lui un lourd secret.
Ivan Calbérac crée de toutes pièces ce petit chef-d’œuvre d’humour et d’émotion avec un irrésistible sens de la réplique. Ses personnages, brossés avec beaucoup de finesse, vivent des situations qui dévoilent peu à peu la réalité des rêves inassouvis et des drames passés. L’excellente mise en scène, rythmée par un florilège de musiques de jazz, emporte les comédiens dans des rebondissements qui provoquent chez le spectateur des sentiments contrastés, un rire éperdu dans la première partie, une émotion pure dans la deuxième.
Jacques remettra-t-il sa montre à l’heure française ? Hortense partira -t- elle pour l’Espagne ? Ivan Calbérac vous offre la meilleure des réponses, il pratique à merveille l’art de la chute. M-P.P. Théâtre de la Renaissance 10e.


Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici

Index des pièces de théâtre

Nota: pour revenir à « Spectacles Sélection » utiliser la flèche « retour » de votre navigateur