DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE. Texte de LM  Formentin d’après le discours éponyme d’Étienne de la Boétie. Mise en scène  Jacques Connort. Avec Jean-Paul Farré. 
                  Avec  truculence, Jean-Paul Farré «s’assoit sur le trône», au sens propre et  néanmoins trivial, tout en exprimant sa perplexité devant le pouvoir injustifié  du tyran. Le ton est donné, celui d’un dialogue fictif avec le public pris à  partie de l’argumentation tant historique que morale et juridique. Un seul  homme dressé contre des millions d’asservis ordinaires, il y a matière à  s’étonner d’une relation si disproportionnée, non? À la suite d’Étienne de la  Boétie, il y a quatre siècles, de Machiavel ensuite, on s’interroge donc sur  les raisons de la servitude volontaire. Nature humaine, circonstances historiques,  soif du pouvoir, instincts pervers, violence ordinaire, tout concourt à  laisser s’installer au sommet de la tyrannie  les êtres les plus vils.
                  «Voyez-vous le paradoxe? Le tyran est seul, c’est  lui qui est seul! Comment se fait-il que tous se soumettent à un seul, quand ce  devrait être l’inverse?»
                  Jean-Paul  Farré, dans un soliloque éblouissant de verve, nous entraîne dans la danse du  fou lucide qui met en évidence, par ses questions et ses indignations, la  vérité malmenée sans vergogne et la veulerie individuelle et collective. Avec  force clins d’œil sans équivoque sur ce qui motive les guerres et les tyrans  qui les suscitent à leur exclusif profit, il illustre ce répertoire des  indignités consenties par des exemples tirés de l’Histoire jusqu’à notre actualité  contemporaine.  
                  Avant  d’inciter, avec lyrisme et émotion, chacun à se lever dans l’éveil de sa  conscience…
                  Non,  La Boétie n’a pas pris une ride. Intemporel, plus que jamais d’actualité. A.D.  Théâtre Essaïon  4e.