CYRANO

Article publié dans la Lettre n°490 du 13 novembre 2019


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CYRANO d’après Edmond Rostand. Mise en scène Bastien Ossart. Avec Lucie Delpierre, Iana-Serena De Freitas, Nataly Florez ou Marjorie de Larquier.
Qui ne connaît Cyrano de Bergerac, le Gascon disgracieux de nez, tendre de cœur, pourfendant de sa rapière comme de ses saillies verbales la bêtise, la pleutrerie, les ridicules de tout poil ? La fragilité de la laideur, le rire du désespoir, la fidélité inoxydable de son amour pour Roxane. On connaît peu le Cyrano authentique du XVIIe siècle, celui d’Edmond Rostand a tellement imprimé sa marque. Peut-être trop, au point de masquer derrière le texte admirable du XIXe siècle, qui met en scène le second, la réalité historique et douloureuse du premier, entre farce et tragédie. Si intemporelle est devenue la geste de ce héros. Trois femmes, trois comédiennes, nous offrent avec subtilité d’en revisiter le mythe, non en galvaudant l’une des paroles théâtrales les plus abouties qui soit, mais en jonglant avec les époques, les genres à tous sens du terme. Elles prennent le parti de le resituer dans une mise en scène où les lumières ne proviennent que de chandelles, où le vide du plateau permet toutes les évolutions, les pantomimes. L’espace de l’imagination en somme. Trois comédiennes pour des rôles si multiples ? Qu’à cela ne tienne, les costumes interchangeables et les masques y suppléeront. Un Cyrano protéiforme, dont les célèbres tirades se déploient en répliques à trois voix sous la protubérance détestée. Une Roxane blonde, rousse ou brune, précieuse ou douloureusement lucide, entre afféteries et larmes de deuil. Un Christian, bellâtre et niais, sot mais lucide. La farce cabriole avec souplesse, de Monfleury à de Guiche, de la duègne à d’Artagnan, Raguenaud ou Le Bret. Il n’y manque pas une virgule ni un accent tonitruant ou ému. Le public, constamment sollicité, se prête sans retenue à la vivacité du jeu, de mots, de sourire, de friandises offertes.
Tout est délicieux, jusqu’au clin d’œil très amusant, double et en alexandrins, pour mettre en garde contre les sonneries intempestives, ou appeler les commentaires sur les réseaux de diffusion… !
À ne manquer sous aucun prétexte ! A.D. Théâtre du Funambule 18e.


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