LES COUTEAUX DANS LE DOS

Article publié dans la Lettre n°492 du 11 décembre 2019


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LES COUTEAUX DANS LE DOS de Pierre Notte. Mise en scène de l'auteur. Collaboration artistique Caroline Marchetti. Avec Caroline Marchetti, Muriel Gaudin, Kim Schwarck, Amandine Sroussi, Paola Valentin.
Marie n’en peut plus d’être le témoin silencieux des disputes familiales, celles d’une mère qui refuse « les rapports » et d’un père dépassé. Mais que faire d’une gamine qui se coupe volontairement la main et se dérobe à tout contact physique ? Le corps médical est impuissant, la conseillère d’orientation exaspérée. L’adolescente décide de quitter le nid. Ses parents signalent sa disparition au fonctionnaire de police. La petite lui rappelle son propre fils et sa manie de se bruler avec de l’eau bouillante, envolé lui aussi. Marie ne rentre pas. Elle emprunte le chemin de la vie avec ses embuches « parce qu’il y a du danger à vivre quelque chose plutôt que rien ». Cherchant un sens à l’existence, elle s’enferme dans la cage de verre d’une guérite de péage. Puis ses pérégrinations la mènent loin, aux confins des pays froids du nord où elle rencontre un compagnon d’infortune, gardien de phare aux mêmes questionnements. Les ailes de son innocence deviennent autant de coups de couteaux plantés dans le dos. Marie tourne en rond. Loin d’être une héroïne, elle demande l’impossible et l’impossible n’est pas au rendez-vous. La déception est là : « c’est ça, partir ? », ne pas pouvoir être Bérénice, Ophélie ou Médée ? La mort rode. Un choix se présente. Vivre, mourir ou bien décider de s’accepter, réaliser que l’on est souvent son pire ennemi.
La famille et ses tourments est un thème récurrent chez Pierre Notte. Il mène tambour battant une mise en scène d’une précision d’horloge faite d’une suite de scénettes entrecoupées de comptines. Paola Valentin, lumineuse, emprunte le douloureux parcours initiatique de Marie. Kim Schwarck, Caroline Marchetti, Muriel Gaudin, et Amandine Sroussi s’emparent avec talent des autres personnages. Dans un bel ensemble, elles déclinent un texte époustouflant au phrasé très particulier, parsemé de clins d’œil à Ibsen, Rilke, Strinberg ou Duras, explorateurs, eux aussi, des poisons familiaux. Un exercice de style qui joue avec les mots à satiété, où le burlesque côtoie la poésie, la sensibilité et la tendresse. Superbe ! M-P.P. Théâtre Les Déchargeurs 1er.


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