COUPURES. Écriture et mise en scène Paul-Eloi Forget et Samuel Valensi. Scénographie Julie Mahieu. Création sonore et musicale Lison Favard. Avec June Assal, Michel Derville, Paul-Eloi Forget, Valérie Moinet, Samuel Valensi et Lison Favard ou Emelyne Chirol.
Maire écologiste d’une petite commune rurale, agriculteur engagé et jeune père de famille, Frédéric accepte en secret le déploiement de la dernière génération d’antennes-relais dans sa commune. Pourquoi n’a-t-il pas lutté contre cette installation imposée ? Pourquoi n’a-t-il pas eu recours au conseil municipal et à ses administrés? Aurait-il pu éviter cette « coupure » entre lui et tous les autres ? À l’origine, Frédéric ne voyait pas d’un bon œil l’installation des antennes-relais près de chez lui, qui gâcheraient le paysage, perturberaient les prévisions météo indispensables à son métier, et sans connaître leurs conséquences, encore « à l’étude », sur la santé… Alors ? Que s’est-il passé ?
Ils sont six sur scène à retracer le parcours de ce jeune maire écartelé entre l’intérêt général et le sien, entre les promesses faites à ses électeurs et les problèmes inextricables de son exploitation familiale. La logique productiviste de la coopérative, les dettes, la météo l’obligent à bien des renoncements, surtout lorsqu’il voit se profiler la menace d’une hypothèque et celle de l’huissier.
La mise en scène, la musique et la technique servent parfaitement l’écriture brillante et didactique de cette excellente pièce. Les comédiens glissent en un clin d’œil d’un personnage à l’autre. Ils illustrent avec talent l’aberration d’un système démocratique qui prend ses décisions sans consulter une population pourtant aux premières loges. Un système où les élus ne tiennent pas leurs promesses, un système où eux-mêmes ne supportent plus que les non-élus, depuis leur bureau, décident à leur place, autant de « coupures » qui deviennent insupportables.
À la question : « Est-ce que vous avez l’impression qu’en votant, vous faites la politique de votre pays ? » le public interpellé répond sans détour ! Une satire véhémente et très actuelle. M-P P. Théâtre des Béliers Parisiens 18e.