CONTRE
d’après la vie et l’œuvre de John Cassavetes et Gena Rowlands

Article publié dans la Lettre n°602 du 16 octobre 2024


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CONTRE, d’après la vie et l’œuvre de John Cassavetes et Gena Rowlands. De Constance Meyer, Agathe Peyrard et Sébastien Pouderoux. Mise en scène Constance Meyer et Sébastien Pouderoux. Avec Sébastien Pouderoux, Dominique Blanc, Marina Hands, Nicolas Chupin, Jordan Rezgui, les comédiennes de l’académie de la Comédie-Française Rachel Collignon, Blanche Sottou et Antoine Prud’homme de la Boussinière.
Les jeunes générations connaissent-elle encore John Cassavetes et Gena Rowlands? Lui né en 1929, elle un an plus tard. À l’issue de leur première rencontre en 1954, elle déclara: «Je suis foutue». Ils se marièrent quatre mois plus tard. Trois enfants scellèrent pour la vie une union peu commune aux États-Unis, à en juger le nombre de divorces dans le monde du spectacle. Ce couple mythique bouleversa les codes du cinéma et de l’interprétation. Fin observateur du comportement de la classe moyenne, Cassavetes privilégia les histoires d’américains ordinaires et une interprétation basée sur l’improvisation. Les films furent, à l’exception de quelques-uns, des échecs commerciaux à leur sortie, éreintés la plupart du temps par la critique. Mais, encore aujourd’hui, John Cassavetes, pour ses réalisations, et Gena Rowlands pour son jeu, restent un modèle et une influence pour beaucoup de cinéastes.
Constance Meyer, Agathe Peyrard et Sébastien Pouderoux s’attachent à mettre en relief la volonté du réalisateur de «mettre les émotions contradictoires de ses personnages au centre du récit». Ils brossent un portrait le plus exact possible d’un homme excessif, toujours au bord de la transgression, violent et moqueur mais admiré. «Il savait si bien transmettre son enthousiasme que nous l’avons suivi les yeux fermés», devait avouer Gena Rowlands des années plus tard.
La préparation du film Une femme sous influence  est au centre de la pièce avec ses conflits, ses aléas financiers, un tournage à petit budget dans la maison familiale et un entourage, tel Peter Falk, toujours fidèle. S’ajoutent une étude en profondeur du monde de la critique avec Pauline Kael, détractrice farouche du réalisateur, et un bureau de police où le chef opérateur du film Shadow a déposé une plainte contre Cassavetes. Ces trois composantes révèlent le style d’un réalisateur en marge d’un cinéma américain aux lourdes et coûteuses productions qui prônait, outre la liberté d’interprétation, une expression corporelle intense.
Sur le plateau, la mise en scène dynamique et fluide, accompagnée de vidéos ciblées, ne laisse aucun répit aux comédiens qui endossent un ou plusieurs rôles. Dans un ballet ininterrompu, la troupe du Français déplace elle-même les éléments du décor et suit à la lettre les préceptes du réalisateur. Sébastien Pouderoux joue un Cassavetes tel qu’on l’imagine. Nicolas Chupin un Peter Falk très ressemblant. Marina Hands offre une gestuelle hallucinante du personnage de Mabel dans les scènes du dîner et de l’anniversaire. Et nous savourons à sa juste valeur le «témoignage» de l’actrice Lelia Goldoni, formidable Dominique Blanc. M-P P. Théâtre du Vieux-Colombier - Comédie-Française 6e.


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