CLOUÉE AU SOL de George Brant. Mise en scène et jeu Laurène Boulitrop.
Le ciel bleu et Tiger, son avion. Elle est pilote de chasse dans l’US Airforce et ce sont ses deux exclusives amours. Mais son univers va basculer dans « Rocking Chairforce », parce qu’elle a croisé la route d’Eric, un soir dans un bar. La combinaison de pilote rétrécit, le ventre s’arrondit. Et Sam naît. Adieu la griserie du ciel bleu, adieu Tiger. Définitivement clouée au sol, la déesse écartelée entre le mari aimant et aimé, la fillette délicieuse, les journées dans l’aridité du Nevada où l’Olympe, désormais, « c’est une caravane en plein désert », d’où l’on traque, par drone interposé, la future victime, que l’on réduit à néant à des milliers de kilomètres de là. L’amour conjugal et maternel serait-il assez puissant pour contrebalancer le goût du sang virtuel, la fascination de la toute-puissance divine ? Un dédoublement qui tourne au phantasme et à la psychose. Catastrophe en approche et nul drone pour en venir à bout.
Laurène Boulitrop compose un monologue halluciné, cocasse et névrotique, sur fond de musique des sphères, de voiles célestes. On est fasciné par les espaces physiques et mentaux qu’elle évoque, par l’horreur qu’elle nargue en halo. Il est tellement difficile de se prendre pour la divinité qui décide de la vie et de la mort. Des instants d’une humanité profonde dont on sort ébranlé, conquis par le jeu tout en nuances de la comédienne. A.D. Manufacture des Abbesses 18e.