CHARLOTTE

Article publié dans la Lettre n°481 du 12 juin 2019


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CHARLOTTE de David Foenkinos. Mise en scène et jeu Laurène Boulitrop.
Charlotte est l’héritière d’une longue tradition de suicides, sans le savoir, tant est opaque le silence familial autour de ces morts étranges. Dans le Berlin des années sombres qui précèdent la Seconde Guerre mondiale, elle découvre ce que signifie être juive, alors que son talent en germination la prédispose aux plus grandes reconnaissances artistiques. Dans la souffrance et les tourments de l’amour, elle émerge par l’exil à l’éclosion de son corps, de ses dons, de leurs expressions multiples.  Le lourd prix à payer pour devenir ce qu’elle sera enfin, une artiste prolifique.
Dans une alternance entre obscurité et lumière, une voix off raconte sur un ton neutre l’histoire de cette famille, entre drames intimes et persécutions publiques, tandis que Charlotte évoque, dans la sobriété la plus absolue du jeu et de la mise en scène, son père Albert, sa belle-mère Paula cantatrice fascinante, l’égocentrique Alfred son premier et grand amour qui la révèle à son corps, les trahisons obligées de l’entourage amical et pédagogique, la douleur insupportable des séparations. Si l’on excepte les voiles agitées par un vent constant dans le dos de la comédienne, qui manifestent les remous de l’époque, comme une menace diffuse, le dépouillement de tout artifice rend plus émouvant et impressionnant le récit que porte Laurène Boulitrop, dense et inexorable, dans la pudeur des confidences intimes, suggérées par les mots, dévoilées par les seules toiles. Le corps est presque immobile, mais d’une telle force d’évocation. On n’en sort pas indemne et c’est très beau. A.D. Manufacture des Abbesses 18e (01.42.33.42.03). Jusqu’au 29 juin.


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