LE CABARET BLANCHE

Article publié dans la Lettre n° 413
du 1er février 2017


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LE CABARET BLANCHE de Cristos Mitropoulos et Léo Guillaume. Mise en scène Cristos Mitropoulos, Léo Guillaume avec Camille Favre-Bulle, Benjamin Falletto, Sylvain Deguillame, Pierre Barbolat, Patrick Gavard-Bondet, Stéphane Bouba Lopez, Cristos Mitropoulos, Djamel Taouacht.
La guerre qui tonne dans le lointain a créé des déserts. Familial, lorsque Pippo, trop petit pour être apte à jouer la chair à canon, entreprend un périple sans réponse sur les traces de son cousin, unique survivant de la tribu. Festif, quand les lieux de plaisir peinent à remplir leurs salles, faute d’un public masculin parti jouer les héros sans lendemain. Affectif, parce que ne survivent, dans les nuits parisiennes, que les déclassés, les marginaux, les inavoués ou inavouables. Ceux qui n’obéissent pas aux critères de la moralité ambiante, telle Blanche, travesti tyrannique qui dirige son cabaret, telle Violette sa jeune sœur qui oscille entre le trottoir menaçant et les lascives contorsions d’un orientalisme de pacotille, tel Sandrex clown grivois comme les chansons qu’il ne parvient pas à faire applaudir. Ceux qui se terrent faute d’autre lieu où vivre, des SDF en somme, Sans Destin Favorisé, que seule la musique maintient à fleur de survie, qui avec ses percussions joyeuses, qui avec sa contrebasse jalousement préservée des doigts étrangers, qui avec sa guitare d’homme des grandes plaines. Alors se nouent et se dénouent des histoires d’amour, de solitude, de réminiscences paternelles où on se roule dans la farine, de cauchemars de massacres stupides. Pippo, pisté par ses trois anges tutélaires, est le trop petit centre, témoin naïf et fragile, de ces mouvances, pétries de tendresse et de chansons d’époque. Blanche, patronne ambiguë du cabaret, évoque ce qu’on aurait dû voir en d’autres circonstances, ce que la gentille Violette a vécu et ne devrait pas revivre. Et tout ce petit monde clos, sous sa houlette despotique, fait preuve d’une débrouillardise adaptable à tous les rôles.
La musique est omniprésente, vocale en trio, instrumentale en accompagnement des chorégraphies et chansons d’époque, paillardes ou émues. De très bonne facture, quel qu’en soit le genre.
Un univers de nuit obscure, zébrée de paillettes et de clinquant, scandée de rires et de complicités, l’envers tendre du décor sinistre des héros adulés. Un utile rappel que, loin de la boucherie officielle, il y a une vie pour les survivants.
Un très chaleureux spectacle. A.D. Théâtre 14 14e.


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