BRONX
Article
publié dans la Lettre n° 336
du
6 février 2012
BRONX de Chazz Palminteri. Adaptation
française Alexia Perimony. Mise en scène Steve Suissa avec Francis
Huster.
Le Bronx d’aujourd’hui n’est plus que le fantôme de celui
d’hier. Le décor pertinent et très réaliste de Stéphanie Jarre donne
à voir les immeubles condamnés, les boutiques fermées, le rideau
tagué du bar du coin définitivement baissé, les rues jonchées de
détritus. Assis sur les marches de l’entrée de l’immeuble où il
vivait, un homme en pardessus sombre se penche sur son passé.
Quarante ans plus tôt, Cologio a neuf ans et observe le monde qui
l’entoure, celui des ouvriers dont son père fait partie, celui des
malfrats dont un le fascine. Chaussures à bouts pointus, costume
impeccable, diamant au petit doigt et Cadillac devant la porte,
Sunny règne sur ce quartier populaire, craint par tous, aimé certainement
moins. L’admiration de Cologio pour Sunny est telle que, témoin
du meurtre que commet celui-ci pour défendre un ami, il ne le dénonce
pas. Les relations entre le gangster et l’enfant changent alors.
Sunny fait de Cologio « son fils », au grand dam du père du garçonnet.
Les années passent, le gamin grandit, fait ses humanités dans un
milieu où règnent la violence et le racisme primaire mais où il
reçoit malgré tout l’amour et l’éducation de ses parents et, en
sus, ceux de Sunny, jusqu’au jour ou le passé rattrape son idole.
L’histoire nous est familière. Le célèbre film de Robert de Niro, Il était une fois le Bronx, est l’adaptation de cette pièce
autobiographique de Chazz Palminteri dont le personnage principal,
gamin de neuf ans, s’entoure d’une flopée de personnages.
Steve Suissa met en scène le récit emblématique de Cologio, un enfant
du Bronx qui retire de son éducation deux valeurs universelles :
l’amour et la tolérance. Pour incarner son personnage, il a naturellement
pensé à celui qui subjugue depuis des années des milliers de spectateurs
avec des seuls en scène mémorables : La Peste, Putzi, Napoléon,
Traversée de Paris, entre autres… Le savant jeu des lumières
et un excellent choix de musiques accompagnent dans son récit Francis
Huster dont le costume souligne encore la distinction et la présence. C’est juste une histoire de plus du Bronx commence-t-il.
Il est Cologio, surnommé C. par Sonny et bluffé par lui. Il est
l’adolescent qui découvre le monde du jeu et de l’argent. Il est
celui de dix-sept ans, tout ébaubi par l’émoi de sa première expérience
amoureuse et dont la jeune existence bascule en quelques secondes
dans le plus grand de ses drames. Attendrissant, drôle ou sérieux,
fier ou piteux, content ou furieux, amical ou tendre, puis douloureusement
émouvant, Francis Huster exprime tout cela, simplement, avec un
incomparable talent. Et le temps suspend son vol. Bouffes Parisiens
2e. Reprise en 2019 au Poche Montparnasse 6e.
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