BLACK COMEDY de Peter Shaffer. Adaptation française Camilla Barnes et Bertrand Degrémont. Mise en scène Grégory Barco. Création lumière Thierry Morin. Avec Arthur Jugnot, Virginie Lemoine, Mélanie Page, Remy Roubakha, Bertrand Degrémont, Anouk Viale, Laurent Richard.
Pas même un clair de lune pour éclairer le modeste appartement de Greg Bertin, concepteur d’œuvres d’art de profession. Les plombs de l’immeuble ont sauté. Il fait noir comme dans un four au plus mauvais moment : Greg reçoit ce soir Gunther Von Patzig, un éminent collectionneur qui, après avoir été interpelé par une de ses œuvres, a émis le désir de visiter l’atelier de l’artiste avec, peut-être, un achat à la clé. Considérant la vétusté de son mobilier, Greg décide avec Carole, sa fiancée depuis trois semaines, de profiter de l’absence d’Édouard de Winter, son voisin et ami, pour emprunter chez lui quelques meubles et un précieux bouddha en jade afin de donner meilleure impression. Après un appel désespéré auprès d’un hypothétique électricien, ils sont tout à leur entreprise de déménagement quand un coup de téléphone de Lola, son ex, glace le sang de Greg. Partie vivre trois semaines plus tôt et en principe pour toujours, dans un igloo en Laponie, elle est de retour et s’apprête à débarquer. Le Colonel Gasquet, père de Carole, se présente, invité par sa fille. Très réservé sur le choix amoureux de Carole, il vient juger sur pièces. Puis un hurlement précède l’apparition de Miss Postlethwaite, la voisine du dessus angoissée par l’obscurité, une vieille fille élevée dans les principes traditionnels d’un père pasteur. Chacun tente de se mouvoir dans le noir pour les présentations, pour trouver où s’asseoir et, pourquoi pas, pour boire un verre. Bien évidemment, Édouard de Winter rentre plus tôt que prévu et Lola le suit de près, bien décidée à renouer avec son ex. La soirée vire au cauchemar lorsque la porte s’ouvre sur un homme qu’ils prennent pour Gunther Von Patzig mais qui n’est autre que Monsieur Shuppanheim, l’électricien, enfin peut-être…
La réussite de cette comédie terriblement british repose sur le portrait au scalpel de personnages aussi atypiques que loufoques et la capacité des comédiens à feindre de se déplacer dans l’obscurité supposée. Elle repose également et plus que jamais sur le talent du metteur en scène et la précision de la création lumière. Le tâtonnement général, la remise en place, en cachette, du mobilier emprunté sont, entre autres, les moments les plus hilarants de cette farce délirante. M-P P. Le Spendid 10e.