L’AUDIENCE EST OUVERTE

Article publié dans la Lettre n°587 du 14 février 2024


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L’AUDIENCE EST OUVERTE de et avec Richard Berry. Mise en scène Éric Théobald. Scénographie Antoine Le Cointe. Vidéo Caroline Grastilleur. Lumières Thomas Hardmeier.
Après le succès de «Plaidoiries» (Lettre 462), où il abordait quatre procès aux assises très médiatisés à leur époque, Richard Berry poursuit avec «l’Audience est ouverte», seul en scène consacré à quatre affaires judiciaires emblématiques. Il revêt pour la circonstance la robe d’avocat et restitue les plaidoiries des parties civiles ou de la défense. Au fond de la scène, la vidéo illustre dates, lieux et sentences.
- L’Affaire Dreyfus, tout d’abord, qu’il aborde en choisissant le procès fait par le ministre de la guerre à l’encontre d’Émile Zola, poursuivi pour diffamation à la suite de la publication dans L’Aurore de «J’accuse», lettre ouverte au Président de la République. Condamné à un an de prison et 3.000 francs d’amende, Émile Zola mourut en 1902. Il ne vit pas la réhabilitation du capitaine et sa réintégration dans l’armée.
- L’Affaire du docteur Nicolas Bonnemaison condamné à deux ans de prison avec sursis pour avoir  «empoisonné sept patients en fin de vie» ou «abrégé la vie de sept patients incurables», c’est selon… Il fut également radié de l’ordre des médecins. Très médiatisé, ce procès relança le débat sur la fin de vie.
- L’immigration clandestine et le droit de solidarité illustré par l’action de Cédric Herrau dans la vallée de La Roya. Après appel et cassation, il fut définitivement relaxé. Son procès raviva le «principe de fraternité » et le parlement modifia la loi, protégeant désormais des poursuites «les personnes prodiguant l’aide au "séjour" et à la "circulation" des migrants, mais non à leur "entrée", apportée sans contrepartie et dans un but exclusivement humanitaire».
- Le procès de Klaus Barbie, le sinistre Boucher de Lyon enfin, condamné par contumace en 1953 et 1954 pour crimes de guerre. Suite à son extradition de Bolivie, il comparut en 1987 devant la cour d’assises du Rhône pour crimes contre l’humanité, reconnu coupable de dix-sept d’entre eux, celui, entre autres, des enfants d’Izieu le 6 avril 1944.
L’antisémitisme, l’immigration, et la fin de vie, ces thèmes sont d’une brûlante actualité. Derrière son pupitre, Richard Berry s’exprime sans effets de manche ni outrance et les spectateurs se font pour un temps jurés, à son écoute. Toutes sortes de sentiments les agitent, l’indignation, l’incompréhension, la compassion et l’émotion très vive au regard des visages projetés des quarante-quatre enfants d’Ysieu et du témoignage de Madame Benguigui, lors du procès, mère de trois fils assassinés, âgés de cinq, sept et douze ans.
En choisissant ces plaidoiries, Richard Berry met en lumière l’humanité des uns face à l’inhumanité des autres qui conduit à la barbarie. Un seul en scène sobre et très prenant.  M-P P. Théâtre de la Michodière 4e.


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