LES AMOUREUX de Carlo Goldoni. Mise en scène Marco Pisano avec Benoît Solès, Aphrodite de Lorraine, David Halevim, Rotem Jackman, Sophie Nicollas, Jean-Marc Gabriel, Elisa Alessandro, Yoann Sover.
Je t’aime, tu me quittes, moi non plus…
Chaque jour, Eugénie malmène Fulgence qui part furieux, avant de revenir dès le lendemain lui répéter à l’envi qu’il la quitte. Et qu’on se le dise, c’est définitif ! L’oncle désargenté guigne le bon parti pour sa nièce, la sœur tente l’apaisement des tourtereaux, l’ami avocat a le tournis à force de jouer les truchements, l’intempestif nobliau se pâme dans la galerie des portraits, les valets commentent avec une philosophie goguenarde ce cirque coutumier. Quant à la belle-sœur, involontaire fauteuse de trouble, elle comble dans l’hystérie l’absence momentanée de son époux. Roucoulades, évanouissements, hurlements et réconciliations alternent avec les envolées du rêve. Le mari sera de retour, le comte s’éclipsera, les amoureux convoleront. Enfin, tout rentrera dans le désordre amoureux après le chaos des jalousies et des appétits.
Ainsi va la vie dans l’Italie d’un Goldoni revisité en version « sixties », sur fond de chansons d’époque, avec robes virevoltantes et boys band façon Platters. Une commedia dell’arte plus déjantée que jamais, où les conventions de mariage avec ou sans dot sont évidemment sollicitées, où caprices et hystéries font florès, où l’argent envahit le filigrane des désirs, où le rire mord autant qu’il jubile.
Les corps rebondissent autant que les mots, les postures jonglent avec l’insincérité, c’est la farce du chapon comme celle des relations sociales.
Sur un large plateau où les chaises voyagent et les cadres vides et de guingois prouvent l’inanité des snobismes désargentés, la mise en scène est constamment vivace, entre gags à répétition et rythmes endiablés.
La ronde d’un carnaval cruel et mutin, dans laquelle on se laisse entraîner dans un rire sans réticence. A.D. Théâtre Déjazet 3e.