L’AMANTE ANGLAISE de Marguerite Duras. Mise en scène Patrice Kerbrat avec Suzanne Flon, Jean-Paul Roussillon, Hubert Godon.
Une femme ordinaire que rien ne prédisposait à un tel acte, a assassiné sa cousine et a tronçonné son corps avant d’en disperser les morceaux.
Passionnée par l’univers du crime, Marguerite Duras a élaboré sa pièce autour de ce fait divers qui avait défrayé la chronique en 1949, remplaçant la victime, qui en réalité était le mari, par la cousine. Elle l’a construite comme un interrogatoire du couple mené par un homme qui voudrait comprendre le geste de la meurtrière, Claire Lannes. Le rôle de Claire créé par Madeleine Renaud, est tenu aujourd’hui par Suzanne Flon, tandis que Jean-Paul Roussillon interprète celui du mari.Ils offrent toute l’étendue de leur talent au spectateur qui suit, passionné, le déroulement des deux interrogatoires. Si le premier sert à mieux cerner la personnalité de Claire à travers le regard et la mémoire de son mari, le second invite à deviner le mobile du crime. On aimerait repartir avec des interrogations résolues, des certitudes confortées, mais Claire est bien trop mystérieuse et l’on ne saura rien sur les raisons de son acte. Suzanne Flon prête à son personnage son regard doux et son sourire lumineux. Pétillante de malice et déterminée, elle est une Claire époustouflante, mutine et piquante. Jean-Paul Roussillon réalise avec brio la même performance, incarnant de façon superbe un mari taciturne qui, en fait, ne sait rien de la femme qu’il a épousée. Hubert Godon, quant à lui, est un inquisiteur précis et tenace, jouant son rôle avec conviction.
Plus qu’une enquête, Marguerite Duras, en s’insinuant dans les méandres d’une criminelle, a entrepris une quête. Qu’en a-t-elle tiré sinon la conviction que quiconque est un jour capable de commettre un crime. Théâtre de l’Oeuvre 9e.