ALZHEIMÈRE & FILS. Texte de François  Jenny et Luc Jenny. Mise en scène et jeu François Jenny et Luc Jenny. 
Leur  mère est atteinte d'Alzheimer, une douloureuse réalité qui touche tant de  familles. Une presque banalité, dont les frères Jenny vont donner à voir les  ravages qu'elle peut engendrer au sein de leur quotidien. Et la spécificité de  leur propre expérience prend ainsi valeur d'universel, au-delà de l'originalité  d'existences particulières.
Ce  sont deux clowns, ils ne peuvent s'empêcher d'en rire, même dans la douleur et  grâce à elle justement. 
La  trame de leur quotidien est scandée par le harcèlement téléphonique d'une mère  en proie à l'angoisse de l'abandon, du rendez-vous manqué, un esseulement  parfois lucide, de plus en plus incohérent, qui sombre progressivement dans  l'absurde. A cette réitération, ils opposent, chacun à sa manière, la patiente  répétition des mêmes mots pour accompagner la dérive incontrôlable de la  mémoire maternelle, donc de la cartographie de leur mémoire. Souvenirs d'une  vie apparemment en commun et si diversement perçue, des mémoires plurielles qui  remontent à la surface de leur présent, avec leur lot de complicités, de  jalousies, de rires et de rivalités, dont seule leur mère a le complet secret.  Et qui sombrera sans rémission avec elle.
Le  spectacle donne la mesure, ou plutôt la démesure de cette expérience  hétéroclite fondée, entre autres, sur des messages qu'ils ont enregistrés et  donnent à entendre en boucle. Fantasque, burlesque, absurde, mais chargé d'une  émotion tangible. La complicité des deux frères y excelle. Ils chantent,  dansent, interprètent une pantomime déjantée et parfaitement réglée.
Certes,  nul n'en sort indemne, ni les clowns Jenny, ni le spectateur que guette  peut-être aussi cette désespérante plongée.
Mais  le recours au rire et la vigilance de l'humour dans les mots et les gestes  prouvent, si besoin était, combien salvateur est ce détour mental et physique,  en toutes circonstances. A D. Théâtre des Déchargeurs 1er.