À COEUR PERDU, une histoire vraie, d’après le roman d’Emmanuelle de Boysson. Mise en scène Hervé Bentégeat. Avec Carmen Vadillo.
On peut danser la vie, on peut aussi danser la mort. Et, quand on est «passé de l’autre côté», on n’a pas forcément envie d’en revenir. Eh oui! Envers et contre toutes idées reçues, cette résurrection ne procure aucun soulagement, elle prend au contraire les couleurs de l’enfer, dans une souffrance intolérable, au regard de l’éden lumineux qu’apparaît l’ailleurs vécu pendant les quelques dizaines de minutes où le cœur s’est arrêté. Mais pourquoi donc les vivants se sont-ils acharnés à en relancer la battue régulière?!!
Coma zébré de douleurs atroces, si difficiles retrouvailles avec la vie, tentation réitérée d’un départ définitif vers la plénitude abordée, révolte hurlée face à l’arrachement hors du cocon de douceur entrevu. Un périple étrange et impossible à partager avec les proches incrédules, que seule l’écriture pouvait donner à voir, sincère, réaliste et poétique.
L’intensité explosive de Carmen Vadillo incarne sans répit cet âpre retour aux comportements «ordinaires» par la conscience, chahutée de cahots, que les petits riens dont la vie est semée valent la peine d’être savourés, à leur minuscule mesure parfois.
D’abord bouleversé par cette «expérience de mort imminente», on se laisse emporter dans un flux de sensations troublantes et joyeuses, dont on sait qu’on ne sortira désormais pas indemne. A D. Théâtre Essaïon 4e.