LA VICTOIRE EN CHANTANT

Article publié dans la Lettre n°481 du 12 juin 2019


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LA VICTOIRE EN CHANTANT. Textes et chansons de poètes et auteurs divers. Mise en scène Raymond Acquaviva. Avec Pierre Boulben, Louise Corcelette, Benoît Facerias, Philippine Martinot, Quentin Morant, Fabio Riche, Lani Sogoyou, Joséphine Thoby. Musiciens en alternance : Aude Giuliano, Guy Giuliano, Laurent Derache.
Août 14, la Première Guerre mondiale se déclare dans la joie, les jeunes mobilisés partent la fleur au fusil, ivres de reconquête. La Veuve est joyeuse avec Frantz Lehar, l’amour s’écrit du front avec Apollinaire. On danse, on chante Panam qu’on retrouvera bientôt. Alphonse Allais propose des solutions étonnantes à Paul Déroulède. Puis la mort s’invite au banquet de la catastrophe et l’ambiance est aux pleurs et à une horreur qu’accroît l’absurdité militaire, quand les consignes portent sur la perfection du salut. On danse et chante toujours bien sûr, mais entre les larmes des poilus et de leurs compagnes, dans le jardin des morts qu’évoquent les poètes, dans la tranchée d’Apollinaire ou les champs du deuil de Péguy. Et parce que jamais les horreurs d’une guerre n’ont empêché la suivante de survenir, Aragon évoque la barbarie, celle de l’Affiche Rouge, des adieux de Manouchian à celles qu’il aime. La vie continue pourtant, entre défilés de mode et chansons va-t-en-guerre, cabaret conquis par l’occupant et résistance qui s’organise. Horreur en filigrane des camps de la mort et la Liberté inexorable qui fleurit chez Eluard, parce qu’invincible est l’espoir chevillé aux corps de cette jeunesse qui continue, envers et contre tout, à croire en Paris.
Ils sont huit sur scène, garçons et filles, à donner à voir, à rire, à s’émouvoir, entre larmes de rire et de tristesse, entre désespérance et instinct de vivre. Ils sont excellents de jeunesse et de vérité, de justesse dans leurs voix et dans leurs danses, dans une mise en scène qui ne laisse pas le temps de s’appesantir ou de s’alanguir dans le morbide ou la déprime. À l’image de la vie plus forte que toutes les morts, même en nombre insupportable.
Une ronde sans essoufflement tissée d’humour et d’émotion, dans une incoercible alternance entre l’obscur et le lumineux, pour dénoncer les préjugés, pour dire et redire que la vraie fête c’est la vie, et que la joie est dans le refus des morts stupides.
Une farandole bleu-blanc-rouge, percutante et nécessaire face à la permanence des bruits de bottes, pour dénoncer tous les Hiroshima, quels qu’ils soient. A.D. Théâtre 13 - Jardin 13e.


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