STOMP. Spectacle créé par Luke Cresswell et Steve McNicholas avec 8 artistes, à la fois comédiens, danseurs et percussionnistes.
Un homme dépenaillé, genre SDF d’un pays exotique, vient donner un coup de balai sur la scène. On entend le frottement de la brosse sur le parquet. Notre homme se met alors à frapper de différentes manières sur le sol avec son balai, émettant toutes sortes de sons, en cadence, avec son « instrument ». Il est rejoint par d’autres hommes et femmes, tout aussi dépenaillés, eux aussi avec des balais. Tous nous donnent alors un véritable concert de percussion. Le spectacle a commencé.
Depuis sa création en 1991 pour le Festival d’Édimbourg, Stomp s’est produit dans 53 pays, est à l’affiche à New York depuis 22 ans et à Londres depuis 13 ans. Il est venu pour la première fois à Paris en 1996 et triomphe à chacun de ses passages (voir Lettre 288).
Le spectacle n’est pas figé. Il évolue au fil des ans grâce à l’ingéniosité des artistes. Pleins d’énergie - il en faut pour soutenir un tel rythme pendant près de deux heures - ceux-ci réalisent des prouesses époustouflantes. Chaque numéro est une chorégraphie millimétrée. Elle doit l’être s’ils ne veulent pas se donner des coups de bâtons, rater les ballons, les boîtes de conserves ou les poubelles, qu’ils s’échangent en tous sens dans un rythme effréné. On est impressionné par le parfait synchronisme de ces hommes et femmes. La musique est réellement orchestrée, car même si elle n’est pas classique, cet ensemble de sons est bien de la musique.
Y a-t-il quelqu’un qui dirige ce petit groupe pour que chacun frappe ou s’arrête en même temps que ses partenaires ? Comment arrivent-ils à se coordonner pour allumer dans le noir des briquets les uns après les autres avec le même tempo entre chaque allumage ?
Pas un seul raté, à part un fou rire durant le numéro des journaux, ce qui enchante le public. Le spectacle est ainsi fait avec des objets de tous les jours, des petits, comme des briquets ou des boîtes d’allumettes, ou des gros, comme des chariots de supermarché, des pneus de camion, des poubelles et même des éviers remplis d’eau (ne pas se trouver au premier rang !). Tous ces objets sont utilisés sans ménagement. Depuis sa création, Stomp aurait consommé plus de 50 000 boîtes d’allumettes, 30 000 balais, 20 000 poubelles et 10 000 baguettes de tambour !
Si les prouesses techniques et acrobatiques – tel ce concert de carillons donné avec des casseroles et des bassines par des artistes suspendus dans le vide au sommet de la scène – sont présentes tout au long du spectacle, l’humour est toujours là. L’un des interprètes joue ainsi le souffre-douleur dans certains numéros. C’est à lui que l’on donne le plus petit tuyau, avec lequel il ne peut pas jouer comme ses camarades. On l’oublie quand il s’agit de mettre du sable au pied des artistes pour le concert qui suit. C’est lui aussi que l’on empêche de lire le journal, etc. Tout cela est fait dans la bonne humeur et avec gentillesse.
Le public est aux anges, rit et applaudit tout au long du spectacle, sans attendre la fin des numéros. Un artiste le fait même participer au concert, en l’invitant à taper dans les mains, en cadence et à des moments très précis. Une telle ambiance est impressionnante et le final un grand moment de communion entre les musiciens et la salle. Un spectacle à ne pas manquer et à voir en famille. R.P.  Folies Bergère 9e. Lien : www.foliesbergere.com.