RIMBAUD VERLAINE. Livret et mise en scène Stéphan Roche. Scénographie Rodrigo Basilicati Cardin. Musique Daniele Martini. Chorégraphies Pascale Moe Bruderer. Avec Éric Jetner, Stéphan Roche, Marion Cador, Éléonore Beaulieu, Henri de Vasselot, Pascale Moe Bruderer.
Rien ne saurait être plus dissemblable que ces deux êtres-là. Arthur Rimbaud a tout juste 17 ans lorsqu’il rencontre, en 1871, Paul Verlaine, de dix ans son aîné. C’est le début d’une relation passionnelle et tumultueuse qui marque un véritable tournant dans leur vie respective. Rimbaud, jeune fugueur récidiviste, « choisit » Verlaine, marié et bientôt père d’un enfant, pour assouvir sa soif de liberté, de « liberté libre ». Verlaine adhère à cette recherche mais se rebelle, revenant chez sa femme Mathilde, dans le cocon petit-bourgeois qu’elle et ses parents lui offrent. Las, le mauvais génie réapparaît toujours et de séparations en retrouvailles, attirés comme deux aimants, les deux amants terribles, ivres d’opium et d’absinthe, « fée verte » libératrice, voyagent entre Paris, Londres et Bruxelles, théâtre deux ans plus tard, de leur ultime dispute. Le coup de révolver tiré sur Rimbaud en ce jour de juillet 1873, scelle leur séparation et l’incarcération de Verlaine à la prison de Mons, séjour où son écriture poétique est féconde. Rimbaud, quant à lui, cesse d’écrire. Le jeune homme aux semelles de vent disparaît…
Durant les années de leur relation, famille et amis sont les témoins impuissants de leurs folies. Loin de les bannir de leur vie, Stéphanie, mère de Verlaine et Vitalie, mère de Rimbaud, sont là. Elles seront présentes jusqu’au bout. Incompris d’un monde étriqué, terreau de leur rébellion, tous deux laisseront à la postérité une œuvre magistrale.
Stéphan Roche (Verlaine) et Éric Jetner (Rimbaud) créent avec beaucoup d’imagination et de talent un spectacle où danses et chansons se mêlent au récit de la passion destructrice qu’ils vivent intensément sur scène. Marion Cador (Mathilde) oscille subtilement entre infidélité pardonnée et abandon inévitable. L’émotion exprimée par Éléonore Beaulieu dans le rôle des deux mères est palpable. Henri de Vasselot est, lui aussi, un parfait caméléon, interprétant les personnages de Le Pelletier, l’ami fidèle, et du juge, aveuglé par l’ambition.
Éclatantes, les lumières illuminent les chorégraphies de Pascale Moe Bruderer, formidable danseuse. Un spectacle plein de vitalité. M-P.P. Théâtre du Gymnase Marie Bel 10e. Lien : theatredugymnase.com.