PHILIPPE MEYER, MA RADIO, HISTOIRE  AMOUREUSE.  Mise en scène Benoît Carré. À l’accordéon, Jean-Claude Laudat. 
                  Quand on se sent orphelin d’amour avec des  parents bien vivants, il faut trouver des compensations pour combler le vide.  Pour Philippe Meyer, le salut viendra de la radio, qui lui ouvrira le monde et  les couleurs de la vie. Puissance de l’imagination suscitée par des voix qui  modulent le théâtre, la chanson, les histoires et l’Histoire. Ah, l’indicatif  tant guetté des Maîtres du mystère du mardi soir, ou celui de Signé Furax, de  toutes ces émissions, qu’on écoute sous les draps dans le sinistre dortoir du  pensionnat, qu’on dérobe à la vigilance des surveillants. Et ainsi, d’onde en  onde, on navigue toute une vie à la rencontre cosmopolite de figures hautes en  couleurs, Simone Signoret, Georges Marchais ou Olivier Messiaen, d’amitiés  indéfectibles comme celle de Gilles Vigneault, de personnalités marquantes de  la radio comme Jacques Chancel ou Yvan Levaï. Ceux qui vont  « savonner la planche », comme ceux qui offriront un  marchepied...
                  Doté d’un inoxydable sens de l’humour,  Philippe Meyer mime, imite, chante les personnages qu’il convoque à ce festival  des souvenirs radiophoniques de toute une vie. Inénarrable imitation, si  parlante, accents à l’appui, des quatre compères de la Tribune des critiques de  disques, ou de la voix reconnaissable entre toutes de Monsieur Météo, Albert  Simon. Ou encore le zézaiement d’un Edgar Faure ironique. Les souvenirs sont  vivaces, publicités chantées, bévues pseudo-culturelles de certains  producteurs, impensable violon de Chopin ou titre de Musset un peu chahuté,  rencontres politiques, censure larvée… On égratigne, mais avec une courtoisie  souriante. Et surtout, il y a les chansons, omniprésentes, accompagnées  magnifiquement par l’accordéon du complice de toujours, Jean-Claude Laudat. À  tout seigneur tout honneur, les Frères Jacques, Gilles Vigneault. Avec un  détour rieur par Le Fils père. Philippe Meyer chante avec respect et tendresse  et le public se retient à grand peine de lui emboîter la voix...
                  Et ce festival se clôt sur la ronde  entraînante d’un Paris revisité dans les incipit des chansons qui ont honoré  cette ville admirée.
                  Trop brève votre promenade, Philippe Meyer !  On ne s’en fatigue pas ! A.D. Théâtre Lucernaire.  Lien : www.lucernaire.fr.