OLIVER TWIST. Le musical

Article publié dans la Lettre n° 401
du 31 octobre 2016


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OLIVER TWIST. Le musical. D’après l’œuvre de Charles Dickens. Composition et direction musicale Shay Alon. Paroles et livret Christopher Delarue. Mise en scène Ladislas Chollat avec 15 comédiens, chanteurs et danseurs et 6 musiciens.
Notre curiosité était grande lorsque nous avons appris qu’une comédie musicale française, façon Broadway, était en préparation et allait être présentée Salle Gaveau, un lieu prestigieux classé monument historique, mais où l’on n’avait jamais présenté de tels spectacles qui nécessitent généralement un grand plateau et une lourde machinerie, comme au Châtelet ou à Mogador. La réussite dépasse nos espérances.
Tout le monde connaît le roman de Charles Dickens, publié en 24 feuilletons mensuels de 1837 à 1839. Inspiré de faits réels, il présente un tableau réaliste des sordides bas-fonds de Londres à l’époque victorienne et décrit sans concession le sort qui est fait aux orphelins, en particulier dans les hospices paroissiaux. L’histoire commence quand le jeune Oliver Twist, tiré au sort par ses camarades affamés, ose demander une ration supplémentaire. Les tenanciers de cette sorte de maison de redressement le vendent alors à une famille de croque-morts qui va l’exploiter. Oliver s’échappe et fait la rencontre, à Londres, de Dickens (The Artful Dodger, dans le roman), un jeune garçon espiègle et rusé qui l’introduit dans une bande de voleurs aux mœurs douteuses. Oliver y est nourri et vêtu en échange de quelques tours de passe-passe que lui inculque le vieux Fagin, pingre et chef de cette bande. Mais Oliver possède un trésor, un pendentif en or avec le portrait de sa mère, qu’il recherche. Dickens et Nancy, fille au grand cœur, lui apportent aide et soutien dans sa quête de famille. Il fait ainsi la rencontre de Rosa, à l’occasion d’un vol qu’il n’a pas commis, et de son maître, le vieux Monsieur Brownlow, mais aussi de Sax, un criminel de la pire espèce.
Pour mettre en scène un roman aussi riche et complexe, qui se déroule dans divers endroits, dans une salle qui n’a pas été conçue pour de tels spectacles, il fallait beaucoup d’ingéniosité. C’est le cas. Le mur du fond supporte ainsi l’étroit décor de la maison de M. Brownlow, tandis que des vidéos y sont projetées dans certaines scènes. Sur le plateau les décors sont déplacés par les propres comédiens, sans temps mort, et évoquent sans ambiguïté les lieux où se passe l’action. Il faut saluer le travail de la scénographe, Emmanuelle Roy, qui a su braver les contraintes avec habileté. Mais le plus surprenant est encore de voir les six musiciens occuper, dans cette salle de concerts, les loges situées de chaque côté de la scène, et suivre sur des écrans la direction d’orchestre de Shay Alon, lui-même au piano ! On pourrait penser que c’est une production « cheap ». Pas du tout. La somptuosité des costumes créés par Jean-Daniel Vuillermoz en est une des preuves. De même que la distribution qui fait appel à des artistes confirmés comme David Alexis (Fagin), le professeur Abronsius du Bal des Vampires, Prisca Demarez (Nancy et Mme Corney), Grizabella dans Cats, Gilles Vajou (M. Brownlow et M. Dumbly), que l’on a vu aussi bien dans des comédies musicales (Cats, Les Misérables, …), qu’au théâtre (Le Cid, l’Avare, …), Arnaud Léonard (Bill Sax), vu dans Le Roi Lion et aussi dans le rôle d’Alceste et dans la troupe de Voca People. Nous ne pouvons pas tous les citer même si tous le méritent. Bien sûr c’est le jeune Nicolas Motet (16 ans), dans le rôle-titre, qui réunit tous les suffrages et est longuement applaudi. Sa performance, à la fois comme comédien, chanteur et danseur, est remarquable et l’on comprend que malgré son âge, il ait déjà huit ans de « métier » derrière lui. Quelle belle troupe, bien soudée et enthousiaste.
Contrairement à beaucoup de musicals, les paroles des chansons ont du sens et servent bien l’intrigue. Bravo à ses deux créateurs, le pianiste et compositeur Shay Alon qui travaille sur ce sujet depuis sept ans, et Christopher Delarue, jeune comédien-chanteur-auteur de 24 ans, qui en a écrit les paroles et joue également dans le musical en tant que membre du chorus !
Mais tout cela n’aurait sûrement pas fonctionné sans la participation du talentueux Ladislas Chollat (Le Père ; Un petit jeu sans conséquence ; Deux hommes tout nus ; Résiste, le spectacle de France Gall au Palais des Sports ; Momo et, ces jours-ci, Avant de s’envoler) pour la mise en scène, rapide et précise. Une gageure qui se transforme en totale réussite. R.P. Salle Gaveau  8e. Lien : www.sallegaveau.com.


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