LES MYSTÈRES DE PARIS d’après  Eugène Sue. Mise en scène Patrick Alluin. Avec Lara Pegliasco, Simon Heulle, Olivier Breitman ou Arnaud Léonard. 
                  Belle gageure que de donner vie à la  fresque-fleuve qu’Eugène Sue écrit sur le Paris du milieu du XIXe siècle! Paris  sordide et crapuleux, que hantent aussi la noblesse étrangère et les bourgeois  avides. Comment réduire, sans en gauchir les tonalités imbriquées et fébriles,  la profusion d’un roman à ce point varié et coloré? Composer une comédie  musicale, voyons! Et y lâcher, sous la défroque de trois comédiens, une noria  d’une quinzaine de personnages, plus bariolés les uns que les autres! 
                  Tous les ingrédients du mélodrame amoureux  y côtoient les ressorts de la quête policière, des amours déçues et de la  crapulerie de bourgeois dévoyés. Alternant les scènes présentes avec les  réminiscences tragiques, on y trouve la fille naïve, martyrisée et prostituée  par d’infâmes profiteurs. On songe évidemment au couple Thénardier chez Hugo.  Le sauveur, aristocrate plein de cœur et fortuné, style Jean Valjean, se lance  à la poursuite du fruit de ses amours anciennes. Fille abandonnée, mère  repentie, notaire véreux, surineur à répétition, le cocktail n’omet rien. Le  fils en révolte contre le père, les bourgeois contre les loqueteux, le  filigrane social n’est pas délaissé. 
                  Dans un décor aussi minimaliste que les  scènes sont mouvementées, nos trois comédiens chantent, dansent, racontent,  avec une invraisemblance jubilatoire à la mesure de leurs défroques alternées. 
                  Leurs voix sont parfaitement en résonance  avec les rôles effrénés. Duos amoureux en roucoulade, sombres trios, violence  des désirs sans limite, meurtres en direct. 
                  On rit, on frémit, on applaudit surtout. 
                  Et, sincèrement, ils le méritent. A D.  Théâtre de la Huchette 5e.