COOKIE. Traversée en eau claire dans une piscine  peinte en noir, de Cookie Mueller, mise en scène Justine  Heynemann. Avec Eléonore Arnaud et Valérian Béhar-Bonnet. 
                  Elle danse,  grande, belle, le corps souple et joyeux moulé dans des paillettes fluides. Le regard  pétillant s'empare de celui de chaque spectateur et ne le lâche qu'à l'ultime  fulgurance de ce spectacle en feu d'artifice. Dans un récit plein de  rebondissements, où les sangsues ne sont pas seulement animales, l'héroïne  déroule sa vie tissée d'écarts, de grands écarts, de transgressions en éclats  de rires. Et pourtant le filigrane pourrait être sinistre, quand on sait que  Cookie Mueller courut, s'élança, trébucha, sans reprendre souffle. Drogue,  strip tease, errances multiples et inconséquences propres à la beat  generation dont elle fut une égérie, joies sans mélange de l'amitié, de  l'amour et de la maternité, Cookie ne ralentit jamais le rythme de ses folles  équipées, jusqu'à être fauchée en plein vol par le spectre de la maladie qui  obscurcit les ciels dès les années 1980, le sida. L'Amérique de l'époque est  évoquée, on la respire et on la touche, avec ses autoroutes et les rues de ses  mégapoles, les déserts et les marais, la fumée alcoolisée de ses antres de  plaisir.
                  Eléonore  Arnaud imprime à cette jubilatoire errance une verve, un allant et une tonalité  à l'aune des musiques qui la portent et, à chaque mesure de guitares diverses  et d'autres instruments, son compère Valérian Béhar-Bonnet fortifie leur duo de  complicité et de tendresse souriante. Justesse et harmonie des voix, précision  des rythmes, aucune anicroche ne vient enrayer une mécanique sans faille. Comme  un défi rieur et insolent au conformisme, au moralisme guindé fauteur de  courbatures. 
                  Et Cookie  referme ce tourbillon d'existences sur une ultime pirouette, le prénom qui aura  été son fil rouge « Max »... A D. Théâtre de la Huchette 5e.