DIDIER BÉNUREAU : ENTIER. Mise en scène Dominique Champetier. Musique Didier Bénureau, Julie Darnal. Création lumière Orazio Trotta.
Les inconditionnels sont là en rangs serrés. Didier Bénureau n’a pas encore prononcé un mot et les applaudissements fusent déjà ! Tout de bleu vêtu, il ne tient pas en place sous les lumières flatteuses, mêlant sketchs anciens qui remportent une adhésion immédiate et d’autres plus récents. Entre les deux, il fredonne des chansons et l’on apprécie particulièrement Le Baiser.
Il disserte sur la vie et les gens, distingue maintes communautés, constate la montée de l’intolérance, de l’individualisme et des soucis. Le Président de la République en est conscient : «Confiez-moi vos malheurs, je vous aiderai à les supporter… Nous sommes dans le même bateau, je tiens la barre et vous ramez». Il y a bien les vieux aux retraites dorées qui s’en sortent, ceux qui «touchent un max et dépensent rien». Ses pensées s’arrêtent sur certains métiers, celui du livreur par exemple ou du corps des CRS et sa charte que l’instructeur résume d’une phrase : «on fait tout qu’est-ce qu’on veut». Il fustige l’écologie et les écrologistes qui, à force de «ranger» la nature, la font disparaître. Et puis il y a l’Art, celui du canevas qui rivalise avec La Nuit étoilée de Van Gogh et la frustration. Elle est grande la frustration à la pensée qu’il lui a fallu 42 ans pour composer «Morales», avec 18 notes et des soupirs quand Mozart, composait des symphonies à 10 ans et Rimbaud «Le Dormeur du val» à 16 ! Qui peut croire une chose pareille ? Morales, justement, «disparu au champ d’honneur pour sauver les trois couleurs», un refrain repris en chœur par un public débordant de joie. C’est sûr, il lui est acquis ! M-P P. Studio des Champs-Élysées 8e.