AKRAM KHAN. Until the Lions

Article publié dans la Lettre n° 406
du 7 décembre 2016


  Pour voir notre sélection de visuels et de vidéos, cliquez ici.

AKRAM KHAN. Until the Lions. Chorégraphie Akram Khan avec lui-même, Ching-Ying Chien, Christine Joy Ritter et 4 musiciens-chanteurs.
Ce spectacle s’inspire du livre de Karthika Naïr, Until the Lions : échos du Mahabharata, qui l’a spécialement adapté pour Akram Khan avec qui elle collabore régulièrement. Dans ce récit elle s’attache à redonner un rôle déterminant aux personnages féminins de la légendaire épopée indienne. Le spectacle se concentre sur l’histoire d’Amba, fille du roi du Kashi, abusée par Bheeshma. Celui-ci refusant de l’épouser, car il a secrètement fait vœu de célibat, Amba veut se venger. Shiva se montre à elle et lui fait la promesse qu’elle y parviendra mais dans une autre vie. Pour accélérer sa vengeance, elle se suicide et renaît sous la forme de Shikhandi, une autre princesse à qui un esprit de la forêt a donné l’aspect d’un homme.
La chorégraphie exprime très fidèlement cette histoire. Le travail des trois danseurs est époustouflant. Le corps à corps érotique entre la taiwanaise Ching-Ying Chien et Akram Khan est sidérant tant il fait preuve de précision, d’inventivité et de virtuosité dans les mouvements. Nous pouvons en dire autant de tout le ballet qui, sans temps mort, sans laisser le temps aux danseurs de reprendre leur souffle, tient en haleine les milliers de spectateurs assis tout autour de la scène circulaire. On reste fasciné, longtemps après le spectacle par cette débauche de gestes virtuoses - travail des expressions corporelles, des mains, des doigts, comme dans la danse classique indienne - par ces mouvements dignes d’un contorsionniste, par ces cavalcades félines tout autour de la scène de la danseuse américaine Christine Joy Ritter, par ces combats à la lance entre les deux danseuses et Akram Khan.
Quatre chanteurs-musiciens accompagnent les danseurs et participent à l’action. La musique originale a été composée par Vincenzo Lamagna en collaboration avec les autres musiciens et les danseurs. Elle trouve ses sources dans la mélopée arabe, les percussions indiennes, le chant ancien français faisant de cela un ouvrage mélodique enveloppant, que complète de temps en temps une bande son.
Pour cette mise en scène à 360 degrés (il existe aussi une mise en scène frontale), le décor de Tim Yip est constitué d’un immense plateau circulaire évoquant une coupe d’arbre. Celui-ci peut se fractionner et de temps en temps de la vapeur s’en échappe. Mais c’est l’éclairage zénithal qui est le plus séduisant, avec ses traits de lumière qui descendent jusqu’au sol comme des colonnes, ou ses mises en exergue de tel ou tel artiste.
Le chorégraphe anglo-bengali retrouve, avec ce spectacle, ce Mahabharata qui l’avait tant fasciné en 1987 (il avait alors treize ans) lorsqu’il participa à l’aventure de Peter Brook qui en avait fait une adaptation dont on se souvient encore. Le mixage entre les cultures est une vraie réussite. Un spectacle rare, virtuose et envoûtant. R.P. Grande Halle de la Villette 19e. Lien : www.theatredelaville-paris.com.


Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici

Index des spectacles

Nota: pour revenir à « Spectacles Sélection » utiliser la flèche « retour » de votre navigateur