RAPHAËL À CHANTILLY. Le maître et ses élèves. C’est peut-être la seule exposition en France consacrée à ce grand maître de la Renaissance à l’occasion du cinq-centième anniversaire de sa mort. Avec le musée Condé, le domaine de Chantilly possède, après le Louvre, la plus importante collection de peintures anciennes ainsi qu’un fonds de dessins renommé pour sa qualité. L’ensemble a été acquis par Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897). Parmi ses trésors, outre l’incontournable
Livre d’Heures d’Étienne Chevalier avec ses 40 miniatures de Jean Fouquet, le musée Condé détient trois tableaux autographes de Raphaël (autant que le Louvre), parmi les plus célèbres, et un grand nombre de dessins. Si les tableaux sont bien évidemment exposés en permanence, dont deux dans
Le Santuario, une véritable chambre forte, les dessins, comme toutes les œuvres fragiles, ne sont visibles que durant cette exposition.
Les trois tableaux de Raphaël (1483-1520) détenus par le musée Condé sont tout d’abord
Les Trois Grâces (vers 1503-1504), l’un des plus renommés mais aussi l’un des plus petits, qui figure parmi les premières œuvres profanes de l’artiste. Vient ensuite
La Madone de la maison d’Orléans (vers 1506-1507), un tableau qui avait appartenu à la famille du duc d’Aumale, mais avait été vendu avec sa collection par Philippe Égalité, son grand-père, qui connaissait alors quelques difficultés financières. Le troisième,
La Madone de Lorette (vers 1510-1512), l’une des œuvres les plus fameuses de Raphaël, dont il existe quelque 120 copies, était considéré au XIXe siècle comme une copie. Mais, au cours d’une restauration effectuée entre 1976 et 1979, on a découvert sur celui-ci le numéro 133, marque d’un inventaire réalisé en 1693. Ce que le duc d’Aumale prenait pour une copie était donc l’original ! On s’intéressera aussi à un quatrième tableau, peint par Perino del Vaga (1501-1547), un élève de Raphaël,
La Sainte Famille (vers 1539-1540) qui fait le pendant du précédent.
Si la scénographie n’est pas idéale (l’exposition se tient dans les petits appartements), la cinquantaine de dessins et peintures, dont une vingtaine de Raphaël ou de son atelier est tout à fait remarquable. Comme Vinci ou Michel-Ange, Raphaël dessinait beaucoup pour préparer ses tableaux ou ses fresques. Mathieu Deldicque, le commissaire, souligne l’apparente facilité et la perfection de ces œuvres. Jamais avant lui un artiste n’avait porté le dessin à un tel sommet. Raphaël utilise toutes les techniques de son temps, plume, sanguine, pierre noire ou encore pointe de métal sur un papier généralement préparé. Nous en avons deux exemplaires, prêtés par le Palais des Beaux-Arts de Lille, sur lesquels on voit, entre autres, des esquisses de l’enfant de
La Madone de Lorette.
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