YAN PEI-MING / COURBET. Avec ses grands et très grands formats et son usage du monochrome gris, parfois rouge, le peintre franco-chinois Yan Pei-Ming (né en 1960) ne passe pas inaperçu. L’exposition de ses toiles est toujours un événement comme nous l’avions déjà vu avec Les Funérailles de Monna Lisa, au Louvre en 2009 (Lettre 295) ou « Nom d'un chien ! Un jour parfait », à la Galerie des Gobelins en 2012 (Lettre 348), sans compter la présence de ses œuvres dans d’autres expositions comme Vanités (Lettre 312), Picasso.mania (Lettre 391) ou, tout récemment, Michael Jackson (Lettre 471).
L’année 2019 a été très prolifique pour cet admirateur de Gustave Courbet (1819-1877). En effet, c’est durant ses années d’études en Chine que Yan Pei-Ming découvre le travail du peintre français dans un livre de propagande en noir et blanc. Dès son arrivée en France, en 1980, il se rend à Paris afin de découvrir les œuvres de Gustave Courbet alors exposées au musée du Louvre. Il contemple Un enterrement à Ornans, représentation de funérailles dans le village natal de Gustave Courbet, qui y resta attaché toute sa vie et peignit ses paysages à de nombreuses reprises. Sa mère décède alors qu’il était invité à célébrer le bicentenaire de la naissance de Courbet. « Elle était à Shanghai et tous ses amis, toute la famille s’est réunie. J’ai compris que la meilleure manière de rendre hommage à Courbet était de peindre mon histoire. C’est ce qu’il a rendu possible » déclare l’artiste à l’occasion de l’exposition d’Un enterrement à Shanghai (1919), conçu spécialement pour le musée d’Orsay. Cette œuvre est composée de trois toiles peintes de manière différentes, du plus minutieux au plus expressionniste. L’enterrement de la mère de l’artiste, L’Adieu, est peint à l’échelle exacte d’Un enterrement à Ornans (1849-1850) sur une toile mesurant 315 x 668 cm. Le travail est très minutieux et tous les personnages, aussi nombreux que dans la toile de Courbet, sont identifiables. C’est d’autant plus remarquable quand on sait que Yan Pei-Ming travaille avec de larges brosses. Le deuxième tableau, Ma Mère, représente la mère de l’artiste dans un format gigantesque (500 x 400 cm). « Ma mère était une femme ordinaire, mais je l’ai peinte à la même échelle que les icônes du pouvoir politique ». Enfin la troisième toile, Montagne céleste, figure des montagnes peintes de manière expressionniste et tendant vers l’abstraction : « C’est un paysage idéal, une sorte de paradis. Là où je voudrais que ma mère puisse résider ». C’est d’une manière tout à fait différente que Yan Pei-Ming rend également hommage à Courbet, de l’autre côté de la Seine, au Petit Palais, avec « Yan Pei-Ming / Courbet. Corps-à-corps ». On y voit, dans un accrochage évoquant les Salons du XIXe siècle, 16 toiles de Ming à côté de 11 toiles de Courbet, toutes issues de l’importante collection d’œuvres de Courbet que possède le Petit Palais. Parmi les toiles de Ming, sept sont des portraits peints dans l’atelier même de Courbet à Ornans, où il était invité en résidence, avant de présenter, cet été, un premier hommage à Courbet « Yan Pei-Ming face à Courbet ». Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici
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