WORTH
Inventer la Haute Couture

Article publié dans la Lettre n°620 du 16 juillet 2025



 
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WORTH. Inventer la Haute Couture. Voici une exposition inédite narrant l’histoire de la maison de couture Worth. Son fondateur, Charles Frederick Worth (1825-1895) est né en Angleterre où il se forme dans deux maisons de nouveautés. Il arrive à Paris en 1846 et débute comme commis chez Gagelin, un marchand renommé, avant de se faire rapidement un nom. C’est chez Gagelin qu’il fait la connaissance de Marie Vernet (1825-1898), une «demoiselle de magasin», qu’il épouse en 1851 et qui deviendra sa conseillère et son ambassadrice en portant ses créations. Ce sera le premier mannequin vivant de l’histoire. Elle sera aussi à l’origine de la rencontre avec Pauline de Metternich, femme de l'ambassadeur d'Autriche en France, qui sera l'une des premières clientes de la maison Worth.
En 1858, Charles Frederick Worth fonde la maison «Worth & Bobergh» avec le Suédois Otto Gustav Bobergh, au premier étage du 7 rue de la Paix. Le parcours suit alors une chronologie s’étendant du Second Empire (1852-1870) à l’entre-deux-guerres et montre comment la griffe Worth, grâce à la vision internationale de son fondateur, est devenue une référence incontestée, contribuant à consolider la place de Paris comme capitale mondiale de la mode.
La première partie retrace les débuts de la maison, son essor et sa clientèle, de 1858 à la veille de la Première Guerre mondiale. Par l’entremise de la princesse de Metternich, Worth habille la cour impériale jusqu’à l’Impératrice Eugénie qui restera sa cliente après la chute du Second Empire. Les robes exposées dans cette section montrent comment Worth fait évoluer la forme des crinolines en y ajoutant une multitude de garnitures, dentelles, broderies passementeries et galons.
En 1870, Worth et Bobergh mettent un terme à leur collaboration. Worth continue seul l’aventure, profitant de l’Exposition universelle de 1878 pour accroître sa renommée et apposer sa griffe «Worth» sur ses créations. Les sections suivantes nous présentent toutes sortes de vêtements portés par ses clientes. On y voit des tenues de jour, des tea-gowns (robes d’intérieur), des corsages, des capes du soir, des «visites», des manteaux d’opéra, des robes de bal, tout un ensemble de silhouettes portées au gré d’une journée. En 1894 la revue La Grande Dame constate que la vie de château impose de changer quatre fois de tenue par jour. «Le costume tailleur pour le matin, de lainage l'après-midi, la toilette d'intérieur à cinq heures et la robe du soir, qui «apparaît décolletée et d'étoffe luxueuse dès l'heure du dîner»». Les tableaux représentant des soirées mondaines montrent l’incroyable toilette des dames à cette époque. Il y avait aussi des bals costumés et l’imagination débordante de Worth permettait toutes les fantaisies depuis des imitations de costumes du XVIIIe siècle jusqu’à un costume de Zénobie, reine de Palmyre.
La cinquième section présente d’une manière spectaculaire des robes conçues pour des «clientes et moments d’exception» tels le couronnement de l’impératrice Élisabeth d’Autriche (Sissi), les couronnements d’Alexandre III, en 1883, et de Nicolas II, en 1896. Parmi les robes du soir, une spécialité de Worth, on remarque celles de clientes célèbres, telles l’Italienne Franca Florio, l’Américaine et Britannique Mary Victoria Leiter et surtout la comtesse Greffulhe, modèle de la duchesse de Guermantes de Proust et sa fameuse «robe aux lys» (1896).
Associés à leur père Charles Frederick, Jean-Philippe et Gaston Worth lui succèdent et amplifient le développement de la maison. Plus de mille personnes travaillent pour eux, sur huit niveaux, du sous-sol au septième étage au 7 rue de la Paix. La maison est alors célèbre pour ses salons en enfilade où se côtoient clientes et vendeuses et où Worth organise des défilés de mode, les tout premiers du genre.
Rue de la Paix, Worth a pour voisins d’autres maisons de couture célèbres telles Paquin, Doucet et Dœuillet puis, à partir de 1903, Poiret qui avait fait ses armes chez Worth, sans convaincre celui-ci. Ce n’est que dix ans plus tard que Worth s’inspirera des créations de Poiret. Le parcours évoque ces salons jusqu’à une salle où trône l’une des fameuses malles de Louis Vuitton, utilisées par Worth pour expédier ses robes dans le monde entier.
La section suivante se concentre sur le nouvel âge d’or de la maison, à l’orée et au début du XXe siècle. La mode fait un retour au style du Premier Empire tout en répondant aux nouvelles aspirations de la société, avec des silhouettes plus épurées, à la fois droites et fuselées.
Dans cette section, on voit également des centaines de photographies et de dessins de robes, déposés par Worth pour lutter contre la contrefaçon.
La dernière partie, «Les années 1920», nous présente les créations de Jean-Charles et Jacques Worth, fils de Gaston et petits-fils du fondateur. Worth entre alors pleinement dans la modernité, proposant à chaque collection de nombreux manteaux, capes, robes de jour et du soir. Le «bleu Worth» s’impose. En 1924 est lancé son premier parfum, Dans la Nuit, suivi de nombreux autres dont nous voyons les flacons, conçus par Lalique. Un ensemble de photographies nous montre aussi la splendeur de l’hôtel particulier de Jean-Charles à Neuilly. Une exposition éblouissante, bénéficiant d’une magnifique scénographie, avec des panneaux et des cartels développés très intéressants. R.P. Petit Palais 8e. Jusqu’au 7 septembre 2025. Lien: www.petitpalais.paris.fr.


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