Parcours en images de l'exposition

VICTOR BRAUNER
« Je suis le rêve, je suis l'inspiration »

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°512 du 25 novembre 2020




1 - INTRODUCTION

« Je suis le rêve. Je suis l’inspiration. »

Ces mots, telle une incantation, employés par Victor Brauner dans une lettre adressée à André Breton en 1940, révèlent l’importance du rêve et de la création chez l’artiste et le placent au coeur de la poétique surréaliste. Mais cette oeuvre protéiforme et plurielle ne se laisse pourtant pas enfermer dans ce seul mouvement. Né en Roumanie, Brauner participe dans les années 1920 à l’effervescence artistique de Bucarest, avant de rejoindre Paris en 1925. En 1933, il devient membre du surréalisme jusqu’à son exclusion du groupe en 1948.

Il est ainsi un familier des avant-gardes, dont la radicalité correspond à ses aspirations tant personnelles qu’esthétiques. Pour autant, il développe très tôt une oeuvre constituée d’inventions et d’inspirations, de choix conscients et inconscients, qui en font tout le mystère.

Fasciné depuis l’enfance par le spiritisme et la magie, le peintre se passionne pour les univers ésotériques, au point de s’identifier à un être doué de pensées prémonitoires. La perte accidentelle de son oeil gauche en 1938, puis la Seconde Guerre mondiale, confirment la vocation visionnaire de son oeuvre. Il se sait l’inventeur et l’interprète d’un langage primordial qui donne à voir, non pas le monde, mais ses ressorts invisibles.

Cette rétrospective au Musée d’Art moderne de Paris, la première depuis celle du musée national d’Art moderne en 1972, rend hommage à un artiste rare, dont la vie et l’oeuvre composent un récit autobiographique et universel, traversé par les noirceurs de l’Histoire et les fulgurances d’une création en perpétuel renouvellement.
 
Texte du panneau didactique.
 
Victor Brauner. Cérémonie, mai 1947. Huile sur drap de coton rentoilé (190 x 238 cm). Fonds de dotation Jean-Jacques Lebel et Hopi Lebel. Victor Brauner. © Adagp, Paris 2020. Jean-Louis Losi. © Adagp, Paris 2020.


2 - UNE JEUNESSE ROUMAINE (1920-1925)

Scénographie
Après quelques premiers tableaux peints en autodidacte, Victor Brauner entre à l’École des Beaux-Arts de Bucarest en 1919 pour trois ans, mais sa conduite contre l’académisme et sa peinture non-conformiste le font renvoyer. Dans la lignée de la modernité roumaine, Brauner s’essaie à la peinture sur le motif et compose des tableaux influencés par Cézanne. En 1923, le peintre se lie d’amitié avec le poète Ilarie Voronca qui l’introduit dans les milieux de l’avant-garde dont il devient l’un des principaux représentants. Dans ses tableaux, la stylisation des figures, issue de l’imagerie populaire, se mêle à une simplification des formes allant du cubisme, à l’expressionnisme et au constructivisme. Au même moment, il invente, avec Voronca, la picto-poésie, qui associe les mots à la peinture. Brauner présente sa première exposition personnelle à Bucarest en 1924, avant de se rendre à Paris à la fin de l'année 1925.
 
Texte du panneau didactique.
 
Victor Brauner. Affiche de théâtre (1922-1923). Mine graphite, gouache sur papier beige. Don de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1975. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
 
Victor Brauner. Portrait de Mme R.B, 1925. Huile sur carton collé sur contre-plaqué (60,5 x 60 cm). Crédit photographique : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix. © Adagp, Paris 2020.
 
Victor Brauner. L’Incendie de la banque de crédit, 1925. Huile sur carton parqueté. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1988. Musée d’art moderne de Paris.


3 - PARIS, LA RENCONTRE AVEC L'UNIVERS SURRÉALISTE (1925-1932)

Scénographie
La « conversion » de Brauner au surréalisme, se fait progressivement, entre le premier (1925) et le second séjour du peintre à Paris (1930). Entre ces deux dates, l’influence des textes et idées du groupe surréaliste progresse en Roumanie (la revue Unu, fondée en 1928, à laquelle Brauner collabore activement, en est un relais important). Brauner se tourne dans ses recherches vers un univers plus onirique et poétique, détaché de l’esthétique constructiviste de ses premières oeuvres. Une série de dessins de 1927, au premier rang desquels figure Le monde paisible, manifeste cette évolution. Ces premiers jalons sont rapidement suivis de toiles majeures, peintes avant ou après son départ pour Paris. Les œuvres produites entre 1930 et 1932 oscillent entre paysages crépusculaires, plus ou moins fantastiques, et sombres visions prophétiques (comme la troublante prémonition de son énucléation dans l'Autoportrait de 1931) ou politiques.
 
Texte du panneau didactique.
 
Victor Brauner. La Porte, 1932. Huile sur toile (55.88 × 71.12 × 2.54 cm). Los Angeles County Museum of Art. Crédit photographique : Museum Associates / LACMA. Victor Brauner Estate / Artists Rights Society (ARS), New York. © Adagp, Paris, 2020.
 
Victor Brauner. Autoportrait, 1931. Huile sur toile (0.22 m x 0.162 m). Crédit photographique : Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAM-CCI. © Adagp, Paris 2020.
 
Victor Brauner. Conspiration, 1934. Huile sur toile. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1986. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
 
Victor Brauner. Automne, 1933. Huile sur toile. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1988. Musée d’art moderne de Paris.
 
Victor Brauner. Débris d’une construction d’utilité, 1930-1931. Huile sur toile. Collection particulière, Suisse.
 
Victor Brauner. L’Orateur, 1932. Huile sur toile. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1988. Musée d’art moderne de Paris.
 
Victor Brauner. Paysage méditerranéen, [1932]. Huile sur toile. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1986. Dépôt au LaM – Lille Métropole musée d’Art moderne, d’Art contemporain et d’Art brut (Villeneuve-d’Ascq) depuis 2010. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.


4 - LES DESSINS DE VICTOR BRAUNER

Scénographie
Des milliers de dessins de Victor Brauner ont été conservés et nous permettent de saisir, d’une part, la qualité de son travail graphique – Brauner est un excellent dessinateur, comme en attestent aussi bien la fluidité et la concision du trait que la virtuosité des lavis -, et, d’autre part, l’importance que ce travail revêt dans l’élaboration de son oeuvre, tant du point de vue des motifs que du point de vue technique. Il n’est pas surprenant à cet égard que ce soit dans cet exercice constant de la main, suivant une démarche propice à l’automatisme, que Brauner se lance d’abord dans la voie surréaliste. Il invente ainsi un monde nouveau qui se joue des échelles, hybride les corps, fait naître des créatures chimériques. Dans la série Anatomie du désir, réalisée entre 1934 et 1938, il se détourne des conventions du dessin anatomique (précision du dessin et légendes explicatives) pour mieux disséquer, avec humour, l'infinie liberté du désir - affranchi de toute contrainte.
 
Texte du panneau didactique.
 
Victor Brauner. Sans titre, 1930, 1930. Plume, encre, gouache, lavis et aquarelle sur papier vélin filigrané. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1987. Musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole.
 
Victor Brauner. Pâtes capillaires, corset à poignets, 1935. Plume, encre de Chine, lavis et gouache sur papier. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1987. Musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole.
 
Victor Brauner. L’Étrange Cas de Monsieur K, 1934. Encre de Chine, aquarelle et gouache sur papier. Don de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1974. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
Scénographie
 
Victor Brauner. Cette guerre morphologique de l’homme, 1938. Encre sur papier. Achat sur les arrérages du legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 2008. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
 
Victor Brauner. Sans titre, 1928, 1928. Encre de Chine et lavis, gouache blanche sur feuille détachée d’un carnet. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1987. Musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole.
 
Victor Brauner. L’Œil, 1937. Mine graphite, crayons de couleur sur carton crème. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1987. Musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole.
 
Victor Brauner. MENACE ! LA MORT, 1934. Aquarelle, plume et encre de Chine sur papier vélin. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1987. Musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole.


5 - L'AVENTURE SURRÉALISTE (1933-1939)

Scénographie
En 1930, Brauner s’installe près des ateliers d’Alberto Giacometti et Yves Tanguy. Ce n’est qu’à l’automne 1933 qu’il rencontre André Breton. Il fréquente alors les réunions du groupe. L’année suivante a lieu sa première exposition personnelle à Paris, dont le catalogue est préfacé par Breton. En 1935, faute d’argent, il est obligé de retourner en Roumanie. Proche du parti communiste clandestin, il s’en détourne en 1937, après les procès de Moscou.
Menacé par le fascisme et l’antisémitisme ambiant, il quitte clandestinement et définitivement la Roumanie pour la France en 1938. L’influence de Giogio De Chirico et de Salvador Dalí se fait sentir dans ses oeuvres surréalistes des années 1930, notamment dans la manière de traiter l’espace où se meuvent des créatures inquiétantes. C'est en 1934 qu'il élabore le personnage de Monsieur K. alias Ubu, figure du père et du dictateur, à la fois grotesque et monstrueux. Il peint aussi de tout petits tableaux pleins d’invention qu’il peut transporter dans une valise, où l'on voit apparaître le motif de l’œil. Lors d’une rixe entre Óscar Domínguez et Esteban Francés en 1938, il perd un œil et devient, pour les surréalistes, le peintre « voyant ». Il incarne « le hasard objectif » de Breton, prémonition de cette énucléation peinte dans son autoportrait de 1931, sept ans auparavant.
 
Texte du panneau didactique.
 
Victor Brauner. Portrait d’André Breton, 1934. Huile sur toile (61 x 50 cm). Musée d’Art Moderne de Paris. Crédit photographique : Paris Musées / Musée d’ Art Moderne de Paris. © Adagp, Paris, 2020.
Victor Brauner. Force de concentration de Monsieur K., 1934. Celluloïd, fil de fer, huile sur toile (1.485 m x 2.95 m).
Crédit photographique : Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAM-CCI. © Adagp, Paris, 2020.
 
Victor Brauner. Force de concentration de Monsieur K., détail, 1934. Huile sur toile avec incorporation de poupées en Celluloïd, végétaux factices en papier avec fil de fer, 1.485 m x 2.95 m. Achat sur les arrérages du legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1991. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
 
Victor Brauner. Étude préparatoire pour l’illustration de Violette Nozières, 1933. Crayon, plume et encre sur papier. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1987. Musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole.
Victor Brauner. L’Étrange Cas de Monsieur K., 1933. Huile sur toile. Achat réalisé avec l’aide du Fonds régional d’acquisition pour les musées du Fonds du patrimoine et du Fonds Brauner en 2003. Musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole.
Scénographie
 
Victor Brauner. L’Autre Version, 1934. Huile sur toile. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1987. Musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole.
 
Victor Brauner. Le Simulacre, 1934. Huile sur toile. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1987. Musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole.

Victor Brauner (de gauche à droite) :
- La Mode, 1937. Huile sur bois (chêne). Don de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1982. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
- La ville qui rêve, 1937. Huile sur bois (chêne). Don de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1982. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
- Trio, 1937. Huile sur bois (chêne). Don de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1982. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
- Antithèse, 1937. Huile sur bois (chêne). Don de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1982. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
- La Femme fleur, 1938. Huile sur panneau. Collection Seroussi.

 
Victor Brauner. Sur le motif, 1937. Huile sur bois (0.14 m x 0.18 m). Crédit photographique : Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAM-CCI. © Adagp, Paris, 2020.
 
Victor Brauner. Légèrement chaude ou Adrianopole, 1937. Huile sur panneau. Collection particulière.
 
Victor Brauner. Sans titre (À Jeannette Tanguy), 1937. Huile sur panneau de bois. Collection Winter.
 
Victor Brauner. La Femme fleur, 1938. Huile sur panneau. Collection Seroussi.


6 - LES FRONTIÈRES NOIRES DE LA GUERRE (1939-1945)

Scénographie
Fuyant Paris en juin 1940, Victor Brauner gagne le Sud de la France, Perpignan et Marseille, où il retrouve les surréalistes en attente, comme lui, d’un visa pour l’Amérique que lui-même n’obtiendra jamais. Menacé en tant que juif et étranger, il se réfugie, en avril 1942, dans les Hautes-Alpes et entre dans la clandestinité pendant trois ans. Malgré les privations et son isolement, Brauner crée énormément et renouvelle son art en inventant le « dessin à la bougie » utilisant de la cire. Il puise dans des ressources les plus diverses (ses origines roumaines, la littérature romantique allemande, l’alchimie, la Kabbale, les arts primitifs). Il exécute de très nombreux dessins, où se multiplient les métamorphoses des figures chimériques, le motif de l’œil qui devient une sorte de signature, le thème du double, la figure de Novalis, etc. Sa propre initiation à l'alchimie, en 1938, permet à son œuvre des correspondances avec l'au-delà. Dans la lignée des pratiques populaires, Brauner crée également des objets conjuratoires, associant la pratique de la sculpture, du dessin à celle de l'écriture. Ses très nombreuses œuvres, dont deux sculptures, deviennent des talismans pour se protéger des dangers qu'il encourt dans la France occupée par les nazis.
 
Texte du panneau didactique.
 
Victor Brauner. La Femme en chatte, 1940. Huile sur toile. Collection particulière, Suisse.
 
Victor Brauner. Homme idéal, 1943. Cire, collé, peinture (0.37 m x 0.165 m). Crédit photographique : Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAM-CCI. © Adagp, Paris, 2020.
 
Victor Brauner. Minotaure, 1943. Cire sur panneau de bois. Samy Kinge, Paris.
Scénographie avec, au premier plan, de Victor Brauner : Loup-table, 1939/1947. Bois et éléments de renard naturalisé.
Don de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1974. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
 
Victor Brauner. Fascination, 1939. Huile sur toile (87.63 cm x 77.47 cm x 5.72 cm). Crédit photographique : San Francisco Museum of Modern Art, Anonymous gift. Photo Katherine Du Tiel. © Adagp, Paris, 2020.
 
Victor Brauner. Anagogie animale, 1945. Cire sur Isorel. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1988. Musée d’Art moderne de Paris.
Scénographie
 
Dessin collectif (Brauner : deux dessins en haut à droite). Sans titre, 1941. Crayons de couleur et encre sur papier. Collection David et Marcel Fleiss. Galerie 1900-2000, Paris.
 
Dessin collectif (Brauner : un dessin en bas à droite). Sans titre, 1941. Crayons de couleur, encre et gouache sur papier. Collection David et Marcel Fleiss. Galerie 1900-2000, Paris.
 
Victor Brauner. Sans titre, 1945. Encre, cire, incisions et grattages sur papier. Don de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1974. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
 
Citation de Victor Brauner.


7 - AUTOUR DU CONGLOMÉROS (1941-1945)

Scénographie
Le Congloméros, dont il réalise une série de cinquante dessins, a été conçu dans la nuit du 23 au 24 juillet 1941 à Saint-Féliu-d’Amont, dans les Pyrénées-Orientales, où Victor Brauner a trouvé refuge pendant la guerre. Congloméros est la contraction de « conglomérat » et de « Éros ». C’est, selon l’artiste, un corps central de femme et deux corps céphaliques d’hommes. Les associations peuvent aussi être la réunion d’une femme et d’un végétal, d’une femme et d’un animal : toutes les combinaisons sont possibles. Le corps de la femme qui possède quatre bras et deux jambes est enlacé par les jambes et les bras des deux corps mâles, comme en un jeu érotique. Leurs mains semblent cacher les yeux globuleux de cette tête énorme qui réunit les trois corps. Ce système d’hybridation, d’amalgame, voire de métamorphose d’êtres animaux et humains est déjà à l’œuvre dans la série des « Chimères » en 1939. D'autres œuvres comme La Palladiste, en 1943, sont à rapprocher de cette série. En 1945, Brauner réalise en plâtre, presque grandeur nature, cet être hybride, avec l'aide du sculpteur Michel Herz. Deux autres personnages font l'objet d'une sculpture en plâtre, Nombre et Signe.

 
Texte du panneau didactique.
 
Victor Brauner. La Palladiste ou Composition sur le thème de la Palladiste, [1943]. Huile sur toile. Achat en 1974. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
 
Victor Brauner. Congloméros, 1945. Plâtre (H 180 x L 117 x P 75 cm). Crédit photographique : Paris Musées / Musée d’ Art Moderne de Paris. © Adagp, Paris, 2020.
 
Victor Brauner. Congloméros, 1945. Plâtre (H 180 x L 117 x P 75 cm). Achat en 1982. Musée d’ Art Moderne de Paris.
Scénographie
 
Victor Brauner. Nombre, 1943-1945 / 1989. Plâtre, plomb, porcelaine. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1988. Musée Cantini, Marseille.
 
Victor Brauner. Signe (Le vent), [1942-1945]. Plâtre. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1988. Musée Cantini, Marseille.
 
Victor Brauner. La somnambule arrache la mauvaise herbe de la réalité, 1941. Crayons de couleur sur papier. Collection particulière.
 
Victor Brauner. Sans titre. Série « Lion, lumière, liberté », 1941. Mine graphite, encre, lavis d’encre de Chine et aquarelle sur papier. Don de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1974. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
Scénographie
 
Victor Brauner. Projet pour La Palladiste, 1943. Mine graphite et encre de Chine sur papier. Don de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1974. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
 
Victor Brauner. Projet pour La Palladiste, 1943. Mine graphite, fusain et lavis d’encre de Chine sur papier. Don de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1974. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.


8 - APRÈS LA GUERRE (1946-1948)

Scénographie
Dès 1945, Victor Brauner s’installe à Paris, dans l’ancien atelier du Douanier Rousseau, ce qui lui inspire le tableau La Rencontre du 2 bis, rue Perrel. Épuisé par la clandestinité et le dénuement qui perdurent mais riche de toutes les nouvelles techniques (la peinture à la cire), créatures et talismans issus de son expérience de la guerre, il donne vie à une œuvre renouvelée. Peu à peu, il retrouve, au rythme de leur retour d’exil, les surréalistes Philippe Soupault, Benjamin Péret et André Breton, et participe aux expositions collectives, notamment celle à la galerie Maeght, de 1947, où il présente, entre autres, le Congloméros. L’année 1948 est pourtant déjà celle de la rupture : prenant la défense de son ami Roberto Matta, il est exclu, comme lui, du groupe surréaliste. L’œuvre de Brauner poursuit sa trajectoire marquée par l’ésotérisme, explore de nouvelles voies en quête d’un langage primitif tantôt influencé par l’art brut, tantôt plus intime, symbolique et magique.
 
Texte du panneau didactique.
 
Victor Brauner. La rencontre du 2 bis rue Perrel, 1946. Huile sur toile (85 x 105 cm). Don de la Société des Amis du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 1988, Musée d’Art Moderne de Paris. Crédit photographique : Paris Musées / Musée d’ Art Moderne de Paris. © Adagp, Paris, 2020.
 
Victor Brauner. Poète en exil, 1946. Cire, crayon et encre sur carton. Collection particulière, avec le concours d’Olivier Malingue Ltd, Londres.
 
Victor Brauner. Jacqueline au grand voyage, 1946. Huile sur toile (46 x 38 cm). Crédit photographique : Paris Musées / Musée d’ Art Moderne de Paris. © Adagp, Paris, 2020.
 
Victor Brauner. Ceci fut l’histoire d’un poète de Sargimegetusa, 1946. Peinture à la cire sur carton. Collection particulière, avec le concours de Malingue S.A.
 
Citation de Victor Brauner.
Scénographie
 
Victor Brauner. Rencontre avec moi-même aux quatre chats du monde, 1948. Huile sur toile. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1988. Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg.
 
Victor Brauner. Solivan, 1946. Huile recouverte de bougie grattée, incisions noircies à l’encre sur carton. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1986. Dépôt au musée de l’Abbaye Sainte-Croix (MASC), Les Sables-d’Olonne depuis 1988. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
 
Victor Brauner. Le Surréaliste, janvier 1947. Huile sur toile (60 x 45 cm). Crédit photographique : The Solomon R. Guggenheim Foundation, Peggy Guggen­heim Collection, Venice, 1976. © Adagp, Paris, 2020.
 
Victor Brauner. Mythologie du poète (2e naissance), 1947. Huile sur toile. Don de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1982. Musée d’Art moderne de Paris.
Galerie de photographies
 
Victor Brauner dans son atelier.
 
Victor Brauner dans son atelier.


9 - AU-DELÀ DU SURRÉALISME (1949-1966)
Scénographie
Les oeuvres de la dernière section présentent différentes recherches de l’artiste. De mars à juillet 1949, il peint trente-sept oeuvres, formant une série homogène, la seule de cette ampleur dans sa production. Intitulée « Onomatomanie », l'ensemble déploie un érotisme affranchi et joue sur le double psychanalytique de Brauner. En 1951-1952, celui-ci exprime la terreur solitaire du peintre dans une suite d'œuvres dites des « Rétractés ». Stylistiquement très différents de tout ce que l'artiste avait effectué jusqu’alors, ces tableaux et dessins donnent à voir la plongée de l’être humain dans une conscience vertigineuse de soi. Au début des années 1960, la peinture de Brauner tend à une simplification et à une planéité des formes, à la manière des papiers découpés, assortie d’une économie des couleurs. Les figures imbriquées les unes dans les autres poursuivent les métamorphoses inhérentes à l'univers de l'artiste et leurs formes témoignent dans ses œuvres de l'influence des arts primitifs, confirmée par les objets de sa propre collection. Enfin, le peintre poursuit ses explorations métaphoriques et alchimiques dans ses tableaux des cycles des « Mythologies » et de la « La Fête des Mères » (1965), enchâssés dans un cadre peint et découpés selon les formes d’un bestiaire inventé, doté de couleurs vives et contrastées.
 
Texte du panneau didactique.
 
Victor Brauner. Torchon peint, 1964. Peinture sur tissu. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1988. Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg.
 
Victor Brauner. Victor Victoreloule à la désignation, 1949. Huile sur toile. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1987. Musée de l’Abbaye Sainte-Croix (MASC), Les Sables-d’Olonne.
 
Victor Brauner. Victor Victorach doublé d’angoisse regarde son cœur tremblant, 1949. Huile sur toile. Collection particulière.
Scénographie
 
Victor Brauner. Victor Victorel trouve l’incube, 1949. Huile sur toile. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1987. Musée de l’Abbaye Sainte-Croix (MASC), Les Sables-d’Olonne.
 
Victor Brauner. Victor Victorel coiffé du con – le couronné, 1949. Huile sur toile. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1987. Musée de l’Abbaye Sainte-Croix (MASC), Les Sables-d’Olonne.
Scénographie
 
Victor Brauner. À la saison de la lune mordante, 1965. Huile et pastel sur toile. Don de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1984. Musée de l’Abbaye Sainte-Croix (MASC), Les Sables-d’Olonne.
 
Sénoufo, village Lataha, Côte d’Ivoire, Afrique. Statue déblé, XIXe siècle – XXe siècle. Bois et grelot métallique attaché au bras gauche. Legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1987. Musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole.

Victor Brauner (de gauche à droite) :
- Bel animal moderne, 1965. Huile sur bois.
- La Fin et le Début, 1965. Huile sur toile et bois peint.
- Le Tableau à quatre pattes, 1965. Huile sur toile et bois peint.
Achat en 1982. Musée de l’Abbaye Sainte-Croix (MASC), Les Sables-d’Olonne (les 3 œuvres).

 
Victor Brauner. La Mère des oiseaux, 1965. Huile sur toile et bois peint. Achat en 1982. Musée de l’Abbaye Sainte-Croix (MASC), Les Sables-d’Olonne.
 
Victor Brauner. Le tableau à quatre pattes, 1965. Collection MASC musée d’art moderne et contemporain des Sables d’Olonne. Crédit photographique : Hugo Maertens photographe, Bruges. © Adagp, Paris, 2020.
Victor Brauner (de gauche à droite) :
- L’Aéroplapa, 1965. Huile sur toile et bois peint sur contreplaqué.
Achat sur les arrérages du legs de Mme Jacqueline Victor Brauner en 1993. Dépôt au musée de l’Abbaye Sainte-Croix (MASC), Les Sables-d’Olonne depuis 1997. Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
- L’Automoma, 1965. Huile sur toile et bois peint.
Achat en 1982. Musée de l’Abbaye Sainte-Croix (MASC), Les Sables-d’Olonne.
- Horizon perdu, 1965. Huile sur toile et bois.
Achat en 1982. Musée de l’Abbaye Sainte-Croix (MASC), Les Sables-d’Olonne.



Biographie de Victor Brauner


1903
Naît le 15 juin à Piatra Neamț (Moldavie), en Roumanie.
1907-1912
La famille Brauner fuit la Roumanie pour Hambourg, à la suite des émeutes paysannes en Moldavie, puis s’exile à Vienne quand débutent les guerres balkaniques.
1919-1922
S’inscrit à l’École des beaux-arts de Bucarest.
1923-1924
Se lie avec le poète Ilarie Voronca, avec lequel il invente, en 1924, la pictopoésie, dans la revue 75 HP.
Devient l’une des principales figures de l’avant-garde roumaine. Première exposition personnelle.
Fin 1925-1926
Premier séjour à Paris : il fréquente Robert Delaunay, Marc Chagall, Voronca, Benjamin Fondane et Claude Sernet.
1929
Participe à l’exposition du Groupe d’art nouveau à Bucarest, avec ses premières oeuvres d’inspiration surréaliste.
1930-1935
Second séjour à Paris : côtoie Constantin Brancusi, Jacques Hérold, Alberto Giacometti et Yves Tanguy.
En 1933, rencontre André Breton et adhère au surréalisme. Première exposition personnelle à Paris en 1934.
1936
Participe à l’Exposition surréaliste internationale à Londres et Fantastic Art, Dada, Surrealism au MoMA à New York.
1938
Participe aux expositions internationales du surréalisme à Paris et à Amsterdam.
S’installe à Paris. Lors de la nuit du 27 au 28 août, perd accidentellement l’oeil gauche.

1940-1945
Fuit à Marseille, où il retrouve, à la villa Air-Bel, les surréalistes en attente d’un visa pour quitter la France. Ne l’obtenant pas, il se réfugie dans les Hautes-Alpes de 1942 à 1945.

 
1945
Retourne à Paris et s’installe rue Perrel, dans l’ancien atelier du Douanier Rousseau.
1947
Première exposition personnelle à New York.
Expositions internationales du surréalisme à Paris puis à Prague.
1948
Séjourne en Suisse, pour échapper aux menaces d’expulsion pesant sur les Roumains en situation irrégulière.
Est exclu du groupe surréaliste.
1954
Participe à la Biennale de Venise et rend visite à Peggy Guggenheim.
1957-1958
Les expositions personnelles se multiplient à Paris età l’étranger.
1959
S’installe rue Lepic.
Réintègre officiellement le groupe de Breton, participe à l’Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme (EROS) à Paris.
1961
Acquiert une maison près de Varengeville-sur-Mer, en Normandie, baptisée L’Athanor.
1965
Commence les deux cycles « Mythologies » et « Fêtes des Mères».
Première rétrospective à Vienne (itinérance à Hanovre, Hagen et Amsterdam).
1966
Meurt à Paris le 12 mars, des suites d’une longue maladie. Représente la France à la Biennale de Venise.