Parcours en images de l'exposition

UN RÊVE D’ITALIE :
LA COLLECTION DU MARQUIS CAMPANA

avec des visuels mis à la disposition de la presse,
et nos propres prises de vue


Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°470 du 9 janvier 2019


 

Introduction

Scénographie
Giampietro Campana, directeur du Mont-de Piété de Rome, était l'une des figures les plus brillantes de la société romaine de son temps et un personnage éminemment romanesque. Il a rassemblé la plus importante collection privée du 19' siècle, mais entraîné par sa passion pour l'accumulation d'oeuvres d'art, il fut arrêté en 1857 pour malversations financières, condamné à la prison puis à l'exil. Sa collection fut alors mise en vente.
Campana n'a cependant pas été qu'un collectionneur compulsif et sa collection peut être aussi vue comme un geste politique, à l'époque du Risorgimento, de la (re)naissa.nce de la nation italienne : sa volonté de présenter un tableau complet des richesses archéologiques et artistiques de l'Italie atteste sa sympathie envers le mouvement qui, contre le pouvoir du pape, militait pour l'unité du pays. À ce titre, la collection Campana a eu une importance majeure dans la définition culturelle et politique du patrimoine italien.
L'influence de la collection Campana a dépassé l'Italie. L'Angleterre, la Russie et la France ont rivalisé pour acquérir la collection, témoignant du prestige dont jouissait encore le modèle culturel italien en Europe. C'est particulièrement vrai en France : l'achat en 1861 de la majeure partie de la collection et sa répartition entre le musée du Louvre et de nombreux musées de province ont constitué un chapitre décisif de la politique culturelle de Napoléon III et de l'histoire des collections françaises.


 
Texte du panneau didactique
 
Denis-Auguste Marie Raffet. Portrait de Giampietro Campana, 8 février 1850,  Rome. Paris, BnF, département des Estampes. © BnF, Paris.
Scénographie avec,
- à gauche : Anonyme, ou Ferdinando Lisandroni (1735-1811) ? Buste de Gian Pietro Campana (1727-1793), 1793. Marbre.
- à droite : Vincenzo Gajassi (1811-1861) ? Statue d’Emily Rowles Campana, vers 1851-1855. Marbre.
CAMPANA ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE

À la suite de son grand-père et de son père, Giampietro Campana, marquis de Cavelli, avait été nommé dès 1833 directeur du Mont-de-Piété, une institution financière majeure des États pontificaux. À ce titre, il était en relations étroites avec l'administration pontificale et avec toute la haute société romaine. Son mariage en 1851 avec Emily Rowles lui assura également des relations précieuses avec l'élite des grandes capitales européennes. Banquier, mais aussi entrepreneur, mécène, philanthrope, archéologue et collectionneur, Campana appartenait à nombre d'institutions économiques, culturelles et scientifiques, en Italie et en Europe.


 
Texte du panneau didactique
 
Lorenzo Scarabellott0 (1796-1851). La galerie des sculptures de la Villa Campana au Latran, vers 1847-1851. Huile sur toile.
UNE COLLECTION CÉLÈBRE DANS TOUTE L'EUROPE

La collection Campana, qui compta rapidement au nombre des plus prestigieuses d'Italie, figurait dans les guides de voyage de l'époque. Une recommandation auprès du marquis suffisait en général à accéder à certaines salles de la Villa Campana, du Palais du Corso ou du Mont-de-Piété et plusieurs textes et dessins témoignent de l'émerveillement des visiteurs venus de toute l'Europe. Toutefois, très peu d'entre eux ont pu se faire à l'époque une idée exacte de l'étendue de la collection, très dispersée et dont Campana ne laissait voir qu'une partie.
 
Texte du panneau didactique
 
Rome, d'après un original grec attribué à Doidalsas de Bithynie. Vénus et Éros. Marbre. Copie romaine vers 150-175 ap. J.-C. d'un original grec vers 200-150 av. J.-C. Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. © The State Hermitage Museum / Alexander Lavrentyev.
LES LIEUX DE LA COLLECTION

Campana avait réparti sa collection entre différents lieux à Rome. Les marbres antiques étaient disposés pour la plupart dans les salles et le jardin de la Villa Campana près de Saint-Jean-de-Latran, aujourd'hui détruite, mais dont plusieurs tableaux et photographies nous gardent le souvenir. Le Palais du Corso accueillait les séries de vases antiques et les collections modernes de sculptures, majoliques et peintures. Des salles d'exposition avaient également été aménagées au Mont-de-Piété pour présenter les terres cuites. Enfin, Campana avait acquis au fil des années, dans le centre de Rome, un certain nombre de lieux pour entreposer sa collection toujours croissante.
 
Texte du panneau didactique
 
Andrea della Robbia (1435-1525). Jeune Apôtre, vers 1490-1500. Terre cuite émaillée. Paris, musée du Louvre, département des Sculptures. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec.
LE PROJET DE CAMPANA

Le développement apparemment démesuré de la collection obéissait-il à un véritable projet ?
C'est ce qu'entendait montrer le catalogue publié vers 1858, au moment où Campana était déjà en prison : ces Cataloghi Campana, précédés par plusieurs catalogues partiels, avaient sans doute été rédigés d'abord pour rendre perceptible la richesse de la collection et en faciliter la vente, à un moment où Campana était pressé par des problèmes d'argent. Mais cette mise en ordre de la collection, avec ses huit classes antiques et quatre classes modernes, chacune partagée en plusieurs séries et sections, rend également compte de la logique du collectionneur et apparaît comme le véritable testament culturel de Campana : une somme des productions artisanales et artistiques de l'Italie antique et moderne. C'est cet ordre des Cataloghi que suivra l'exposition.
 
Texte du panneau didactique
 
Plaque Campana : cortège bachique. Terre cuite avec intégrations modernes. Vers 50 av. - 50 ap. J.-C. Paris, musée du Louvre, département des Antiquités grecques étrusques et romaines. © Musée du Louvre dist- RMN – Grand Palais / Hervé Lewandowski.
LA COLLECTION D'ANTIQUES
Scénographie
LA COLLECTION D'ANTIQUES

Campana a d'abord commencé par collectionner les antiques, comme l'avaient fait son grand-père et son père, et comme le faisaient traditionnellement les grandes familles romaines. Mais il ne s'est pas contenté d'acheter sur le marché des antiques, à Rame, Naples ou Florence. Il a lui-même entrepris de nombreuses fouilles et découvert des monuments majeurs. S'il était désireux de rassembler les plus grands chefs-d’œuvre, Campana se distinguait aussi par l'intérêt qu'il portait aux fragments, aux productions artisanales les plus modestes et aux objets du quotidien. Il a ainsi eu la volonté de constituer des séries entières, amassant des dizaines d'objets d'un même type, qui font de sa collection une véritable encyclopédie de l'artisanat antique.
 
Texte du panneau didactique
 
Cratère à volutes à figures rouges, vers 400-350 av. J.-C. Terre cuite. Provenance : Chiusi.
Scénographie
LA FORMATION DE LA COLLECTION : LES FOUILLES

De la fin des années 1820 au milieu des années 1850, Campana a multiplié les fouilles à Rome, dans le Latium et dans les grandes cités étrusques de Véies et de Cerveteri. C'est de là que proviennent de nombreux chefs-d'œuvre de la collection : Campana a, comme beaucoup d'autres, tiré profit d'une législation relativement favorable et de l'absence de véritable contrôle pour s'approprier les plus belles pièces. Même s'il a lui-même peu publié le résultat de ses fouilles, le retentissement de certaines de ses découvertes a assuré à Campana une place importante dans l'histoire de l'archéologie italienne du 19e siècle.
 
Texte du panneau didactique
 
Fragment d’un bas-relief de l'Ara Pacis. Entre 13 et 9 avant J.-C. Marbre. Musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines © Musée du Louvre, dist. RMN - Grand Palais / Thierry Ollivier.
Sarcophage, dit Sarcophage des époux. Cerveteri (nécropole de Banditaccia), vers 520 - 510 av. J.-C.
Musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. © Musée du Louvre, dist. RMN - Grand Palais / Philippe Fuzeau.
LA FORMATION DE LA COLLECTION : LE MARCHÉ

Si Campana a beaucoup acheté sur le marché des antiques à Rome (États pontificaux), il a aussi acquis des œuvres dans d'autres États de l'Italie de l'époque, notamment à Florence (grand-duché de Toscane) et à Naples (royaume des Deux-Siciles). Il y a tiré parti de législations plutôt libérales pour le commerce des œuvres d'art. Mais Campana a aussi cédé des œuvres, voire des portions de sa collection : ainsi le don important fait au duc de Saxe-Altenbourg à Iéna ou la vente d'une partie de la collection de monnaies à Londres en 1846.


 
Texte du panneau didactique
 
Couvercle d'urne cinéraire en forme de jeune homme banquetant. Vers 400-375 av. J.-C. Bronze. Provenance environs de Pérouse, Étrurie, 1841. Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. © The State Hermitage Museum / V. Terebenin A. terebenin.
Scénographie
Procession au tombeau, fin Ier siècle av. J.-C., Rome.
Musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. © RMN - Grand Palais(musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle.
Scénographie
 
Buste de femme dit Buste d’Ariane, 3e siècle av. J.-C.  Falerii Novi, près de l’actuelle Civita Castellana. Musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. © Musée du Louvre, dist. RMN - Grand Palais / Thierry Ollivier.
 

Fragment d’un doigt colossal. Musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /  Hervé Lewandowski.

Classe 1 - Les vases
Scénographie
CLASSE 1 - LES VASES

Les Cataloghi Campana comptabilisent près de 3 800 vases, auxquels ?ajoutent de nombreuses autres pièces non inventoriées et d'innombrables fragments. Il s'agit pour la plupart de vases grecs, importés en masse en halle dans l'Antiquité, mais également de productions étrusques et romaines. Même si les séries définies par Campana ne correspondent plus à la nomenclature actuelle, cette collection démesurée constitue une véritable encyclopédie de la céramique et de la peinture sur vase antiques.
 
Texte du panneau didactique
 
Corinthe. Attribué au peintre d’Athana. Cratère à colonnettes à figures noires : scène de banquet ; cavaliers, vers 590-575 av. J.-C. Terre cuite. Provenance : Cerveteri ?
Scénographie
 
Athènes. Attribué au peintre de Kléophradès. Amphore panathénaïque : Athéna armée et casquée ; trois athlètes en course, vers 500 av. J.-C. Terre cuite. Provenance : Cerveteri ?
 
Cratère en calice à figures rouges. Athènes, signé par Euphronios, peintre, et attribué à Euxithéos, potier, vers 515-510 av. J.-C. Étrurie. Musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. © Musée du Louvre, dist. RMN - Grand Palais / Stéphane Maréchalle.
Classe 2 - Les bronzes
 
Scénographie
 
Scénographie

 
CLASSE 2 - LES BRONZES

Comme l'écrivait un critique du 19e siècle, soulignant l'intérêt de la classe des bronzes, la collection Campana « nous initie à l'Antiquité tout entière, depuis ses plus belles productions plastiques jusqu'aux détails les plus humbles de la vie domestique ». De fait, la richesse et la variété des bronzes rassemblés par Campana sont exemplaires de la démarche du collectionneur, qui s'intéressait aussi bien aux armes qu'aux statuettes, aux vases qu'aux ustensiles du quotidien.
Campanie ? Éros, 100 av. J.-C. – 100 ap. J.-C. Bronze.
 
Texte du panneau didactique
Classe 3 - Les bijoux et les monnaies
 
CLASSE 3 - LES BIJOUX ET LES MONNAIES

La collection des monnaies, dont le noyau originel remonte au père de Campana, constituait une des catégories traditionnelles des grandes collections d'antiques, mais répondait aussi au goût de Campana pour les portraits historiques. Plus original est le remarquable ensemble de bijoux, qui suscita l'admiration des visiteurs et l'intérêt des spécialistes de l'époque la famille romaine de joailliers et de collectionneurs, les Castellani, travailla à leur restauration et s'en inspira pour créer des modèles à l'antique.
Scénographie
 
Texte du panneau didactique
Classe 4 - Les terres cuites
Scénographie
CLASSE 4 - LES TERRES CUITES

Campana a développé un intérêt particulier, et rare à l'époque, pour les terres cuites. Dans les salles du Mont­de-Piété, dont on a reconstitué ici la disposition, il avait réussi à rassembler de nombreux exemplaires de la plupart des grandes productions antiques : les statues, les bustes et les têtes, les sarcophages et les urnes, les antéfixes et surtout les plaques architecturales romaines à décor figuré auxquelles il a donné son nom : les plaques Campana.
 
Texte du panneau didactique
 
Les Figurines. La série regroupe plus de six cents pièces, provenant pour beaucoup des différentes régions d’Italie méridionale (notamment la Campanie et l’Apulie). Là encore, il s’agit d’une collection d’une richesse et d’une cohérence inédites pour l’époque, qui témoigne de l’intérêt relativement précurseur de Campana pour ces productions.
Scénographie
Les Lampes à huile. Campana a réussi à faire de sa collection de plus de trois cents exemplaires un panorama représentatif des différentes productions grecques et romaines. Les lampes romaines à bec triangulaire, ovale à volutes ou rond, produites entre le 1er et le 3e siècle ap. J.-C. sont les plus nombreuses. Les lampes plastiques, peu recherchées par les collectionneurs de l’époque sont également bien représentées.
 
Tuscania. Sarcophage, vers 250-225 av. J.-C. Terre cuite. Provenance : Tuscania.
 
Tuscania. Couvercle de Sarcophage. Terre cuite. Vers 250-225 avant J.-C. Provenance Tscania.
Vue de la salle des terres cuites du musée Campana au Mont-de-Piété à Rome, 1851. Planche aquarellée dans G. Campana,
Antiche opere in plastica, Rome, 1851.
© Naples, Bibliothèque universitaire de Naples.
Classe 5 - Les verres
 
CLASSE 5 - LES VERRES

L'intérêt pour les verres antiques, catégorie peu collectionnée à l'époque, est emblématique de la volonté constante de Campana de mettre en relation les productions antiques et modernes. Les Cataloghi Campana insistent en effet sur la précocité, la variété et la qualité des verres étrusques et romains, qui sont présentés comme de véritables précurseurs des grandes productions vénitiennes de Murano.
Scénographie
 
Texte du panneau didactique
Classe 6 - Les peintures antiques
Scénographie
 
CLASSE 6 - LES PEINTURES ANTIQUES

L'intitulé de la classe 6, « peintures étrusques, grecques et romaines », est un peu exagéré : en dehors des plaques étrusques de Cerveteri, elle ne regroupe que des décors pariétaux romains - les peintures dites grecques appartiennent en fait à la tombe romaine de Patron. II s'agit toutefois d'une des plus importantes collections de peintures antiques de l'époque. Avec les classes des vases peints, des majoliques et des peintures italiennes, elle complète cette tentative d'histoire générale de la peinture en Italie qu'est aussi la collection Campana.
Fragment de fresque : Figure masculine assise, vers 100-300 ap. J.-C. Enduit peint à fresque.
 
Texte du panneau didactique
Classe 7 - Les sculptures
Scénographie
CLASSE 7 - LES SCULPTURES

Les marbres antiques formaient le cœur des grandes collections d'antiques en Italie depuis la Renaissance. Campana s'est employé à rivaliser avec ces dernières en rassemblant des statues, parfois monumentales, des bustes, des sarcophages et des inscriptions. Les œuvres étaient mises à l'honneur dans la Villa Campana, mais aussi dans des réserves visitables au centre de Rome, dont l'aménagement nous est connu par des photographies des années 1850.
 
Texte du panneau didactique
 
Statue de Jeune Homme (Apollon ?). Copie romaine des années 125-150 d'un original grec datant de 350-300 av. J.-C. Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. © The State Hermitage Museum / Alexander Lavrentyev.
Scénographie
 
Buste d'Antinoüs, Rome. Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. © The State Hermitage Museum / Alexander Lavrentyev.
 
Buste
Classe 12 - Les objets de curiosité
Scénographie
CLASSE 12 - LES OBJETS DE CURIOSITÉ

Étrangement rejetée à la fin des Cataloghi Campana, la dernière classe d'antiques pourrait sembler marginale. Elle compte toutefois des ensembles importants, comme les fragments de coffrets en os découverts à Cumes, et originaux, comme le « cabinet secret ». Surtout, cette classe illustre bien une des caractéristiques majeures de la collection : le goût pour les objets modestes du quotidien, souvent négligés par les collectionneurs de l'époque.
 
Texte du panneau didactique
 
Lampe à huile à scène érotique, vers 50-100 ap. J.-C. Terre cuite.
 
Scénographie avec objets à motifs érotiques.
 
Scénographie
Les restaurations
Scénographie
LES RESTAURATIONS

Les restaurateurs du 19° siècle allaient souvent très loin dans leurs interventions pour compléter les pièces fragmentaires. C'est particulièrement vrai des restaurateurs employés par Campana, notamment les frères Pennelli, qui ont parfois poussé la virtuosité (revendiquée par des signatures) jusqu'au pastiche et au faux. Leurs travaux, qui ont longtemps valu une réputation douteuse à la collection, font depuis plusieurs années l'objet d'études et de réévaluation de la part des conservateurs et des restaurateurs, lesquels doivent affronter à leur tour la question délicate de la restauration, ou dé-restauration, des œuvres Campana.
 
Texte du panneau didactique
 
Athènes. Attribué au peintre de Syleus. Pélikè à figures rouges : Athéna et Héraklès combattant un géant ; Éphèbes et Sphinx, vers 480 av. J.-C.  Terre cuite.
 
Le Printemps, fin du Ier siècle après J.-C. (?). Fresque. Musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. © RMN - Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle.
 
Vénus dite « Vénus d’Anzio », 1er – 2e siècle ap. J.-C. D’après un original grec (vers 200-150 av. J.-C. ?). Marbre. Production : Italie. Provenance : Anzio (Latium).

LA COLLECTION MODERNE

Classes 8 et 9 - Les peintures
A - Collectionner les primitifs italiens


Scénographie
LA COLLECTION MODERNE

À partir de la fin des années 1840, Campana constitua une collection d'œuvres modernes. Mettant à profit la circulation de nombreuses œuvres sur le marché, notamment à Florence, il rassembla en quelques années des ensembles cohérents de peintures (classes 8-9), de majoliques (classe 10) et de sculptures (classe 11). On y retrouve les caractéristiques du collectionneur : la volonté de dresser un tableau raisonné des différentes écoles régionales de l'art italien ; l'attention portée aux grands artistes, mais aussi aux séries et aux productions artisanales plus courantes ; le goût pour les portraits historiques et les scènes narratives. L'ampleur de cette collection ne fut connue qu'après la chute de Campana ; pour une bonne part dispersée à partir de 1863 entre de nombreux musées français, elle continue de réserver des surprises.
 
Texte du panneau didactique
 
Pietro di Domenico da Montepulciano. La Vierge de Miséricorde, vers 1425-1427. Avignon, musée du Petit Palais. © L’œil et la mémoire / Fabrice Lepeltier.
CLASSES 8 ET 9 - LES PEINTURES

La collection de plus de 600 tableaux a été constituée tardivement, pour l'essentiel dans les années 1850, dans le but de retracer l'évolution de la peinture italienne depuis ses origines jusque vers 1700. Plusieurs critères ont guidé Campana dans ses achats : la diversité des écoles, la renommée des artistes, l'état de conservation des œuvres. Le marquis a cherché à rassembler des œuvres des plus illustres chefs de file de chaque école de la péninsule - Giotto, Masaccio, Raphaël, les Carrache, etc. Si beaucoup de ces tableaux portent aujourd'hui des noms moins célèbres, l'étude de la collection a néanmoins permis de découvrir, aux côtés de chefs-d’œuvre comme la Bataille de San Romano d'Uccello, des peintures de très grande qualité.
 
Texte du panneau didactique
 
Pseudo-Jacopino di Francesco (actif à Bologne dans les années 1330-1350). La Crucifixion, 1320-1330. Bois (peuplier), fond d’or.
Paolo Veneziano. La Vierge et l'Enfant avec saint François d'Assise et saint Jean Baptiste. Saint Jean l'Évangéliste et saint Antoine de Padoue, 1340-1345. Musée du Louvre, département des Peintures. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Gérard Blot.
COLLECTIONNER LES PRIMITIFS ITALIENS

La singularité de la collection de peintures tient à la proportion élevée de tableaux des 13., 14e et 15° siècles qu'elle comporte plus de 400, regroupés dans la classe 8, soit près des deux tiers des peintures amassées par Campana. Même si, vers 1850, l'intérêt des collectionneurs pour les « primitifs italiens » est déjà bien affirmé, Campana est le seul à en avoir rassemblé autant. Destinés pour la plupart à un usage religieux, les panneaux peints évoquaient la diversité de la production picturale de cette époque : grands retables, tableaux et tabernacles conçus pour la dévotion personnelle, nombreux fragments de polyptyques démembrés.
 
Texte du panneau didactique
 
Crète. Seconde moitié du 15e siècle. La Vierge et l’Enfant. Bois, fond d’or. Monogrammes en lettres rouges de la Mère de Dieu et de Jésus-Christ.
B - Les éléments du décor mobilier
Scénographie
LES ÉLÉMENTS DU DÉCOR MOBILIER

La collection de peintures italiennes des 14e et 15e siècles comportait un nombre important d'éléments de décors domestiques : panneaux de coffres de mariage démembrés (cassons) ou décors de chambres à coucher (spalliere). Campana semble avoir nourri un intérêt particulier pour ce type de réalisations commandées le plus souvent à l'occasion de noces, sans doute en raison de leurs sujets narratifs mettant en scène des épisodes de l'histoire antique ou de la mythologie. Il a pu acquérir également un ensemble décoratif de toute première importance : quatorze portraits
d'hommes illustres ornant autrefois le studiolo de Fréderic de Montefeltre au palais ducal d'Urbino.
 
Texte du panneau didactique
 
Guidoccio Cozzarelli (Sienne, 1450 – Sienne, 1517). L’Histoire de Lucrèce et Tarquin. Bois (peuplier). Le Départ d’Ulysse. Bois (peuplier). Vers 1483.
Maître des Cassoni Campana, peintre d’origine française (?) du début du XVIe siècle, ainsi nommé d’après
quatre panneaux décoratifs de la collection Campana. Thésée et le Minotaure, vers 1510-1515.
Avignon, musée du Petit Palais. Dépôt du musée du Louvre. © L’œil et la mémoire / Fabrice Lepeltier.
Maître des cassoni Campana (actif à Florence au début du 16e siècle). Thésée et le Minotaure, Ariane à Naxos, vers 1510-1515. Bois.
C - Le studiolo d'Urbino
Scénographie
LE STUDIOLO D'URBINO

Cette séquence de penseurs antiques et modernes provient du Studiolo de Federico da Montefeltro au palais ducal d'Urbino. Le décor raffiné de ce lieu d'étude illustre à merveille l'ambition humaniste du grand condottiere. Admirés par les visiteurs de la collection Campana, les portraits étaient donnés dans les Cataloghi à l'Italien Melozzo da Forli. On rapprocha très vite le style flamand des panneaux de la présence à Urbino du peintre Juste de Gand qui, les études récentes le confirment, a pris une part décisive dans leur exécution.
 
Texte du panneau didactique
 
Studio d'Urbino, détail.
D - Des œuvres monumentales
Scénographie
DES ŒUVRES MONUMENTALES

Si la collection de peintures des 14e et 15e siècles du marquis se composait en grande partie de fragments de polyptyques et de panneaux décoratifs, Campana est également parvenu à acquérir des œuvres monumentales de tout premier plan. C'est le cas d'une grande croix peinte dans l'atelier de Giotto, que les Cataloghi donnaient à Pietro Cavallini, un artiste romain alors considéré comme un des pères fondateurs de la peinture italienne. Pour le 15e siècle, c'est un autre panneau aux dimensions exceptionnelles qui est considéré aujourd'hui comme le chef-d’œuvre de la collection : la Bataille de San Romano d'Uccello, décrite par Giorgio Vasari et réapparue sur le marché de l'art au milieu du 19e siècle. Elle suscita les louanges des visiteurs du palais de Campana sur le Corso et fut reconnue, dès son arrivée en France, comme une œuvre majeure de la Renaissance italienne.
 
Texte du panneau didactique
 
Sano ou Ansano di Michele Ciampanti (Lucques, 1529 – Bologne, 1592). La Vierge et l’Enfant en trône entre Saint Jean l’Évangéliste et sainte Brigitte de Suède avec deux anges, 1495-1500. Bois.
Paolo di Dono, dit Uccello. La Bataille de San Romano : la contre-attaque de Micheletto da Cotignola, vers 1435 – 1440.
Paris, musée du Louvre, département des Peintures. © RMN Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi.
 
Sandro Botticelli. La Vierge et l'Enfant, vers 1467-1470. Musée du Louvre, département des peintures. © RMN Grand Palais (musée du Louvre).
 
Giotto. Croix peinte, vers 1315-1320. Musée du Louvre - Département des Peintures. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Adrien Didierjean.
Les 16e et 17e siècle
Scénographie
LES 16e ET 17e SIÈCLES

Bien que les primitifs aient constitué la partie la plus importante de sa collection, Campana n'a pas négligé pour autant le 16e et le 17e siècles. Il a cherché à acquérir des œuvres alors attribuées à des peintres célèbres : Raphaël, Caravage, Sassoferrato et les grands Bolonais (les frères Carrache, l'Albane, Dominiquin...). Ces attributions prestigieuses ont néanmoins souvent été modifiées par la suite. La collection comportait aussi, dans une proportion beaucoup plus faible, des peintures nordiques et, selon Campana, espagnoles. À côté de sujets religieux et de paysages, il manifesta un goût prononcé pour l'art du portrait : effigies d'hommes célèbres renouant avec une tradition antique, portraits déguisés, mais aussi autoportraits supposés ou portraits d'artistes.
 
Texte du panneau didactique
 
Bartolomeo Passarotti (Bologne, 1529 – Bologne, 1592). Portrait d’homme, 1568. Toile. Signé et daté : MDLXVI aetatis suae XXXI Die decimo Januari, Bartholomeus Passerotti / faciebat Bologna(e].
Scénographie
 
Girolamo Marchesi da Cotignola (Cotignola, vers 1480 – Rome, vers 1540-1550). La Mort de Cléopâtre, vers 1520-1525. Bois (peuplier).
 
Giuseppe Gambarini (Bologne, 1580 – Bologne, 1725). Une mère et ses enfants, dit aussi L’Amour maternel, vers 1715-1725. Toile.
Classe 10 - Les Majoliques
Scénographie
CLASSE 10 - LES MAJOLIQUES

La classe 10, ou « Cabinet des peintures en majolique des plus célèbres artistes d'Italie des 15. et 16' siècles », illustre l'intérêt porté par le marquis Campana à la faïence de la Renaissance italienne. Comme ses contemporains, il était surtout séduit par les productions du 16e siècle, véritable siècle d'or de la majolique, en particulier par les pièces historiées à la riche polychromie et celles recouvertes d'un décor de lustre à reflets métalliques. Les œuvres composant la classe 10 sont au nombre de 641 : outre les majoliques italiennes — dont certaines étaient pourvues d'un cadre en bois doré qui a été conservé — ce nombre incluait douze médaillons peints par Luca Della Robbia, une dizaine de faïences hispaniques et cinq verres vénitiens.
 
Texte du panneau didactique
 
Attribué à l’atelier d’Orazio Pompéi, Castelli. Bouteille, Buste de vieillard, vers 1540-1560. Faïence.
Scénographie

 
Attribué à Pesaro ou Urbania. Vase aux anses en forme de serpent, L’Empereur Henri V et Saint Pierre sauvé des flots, milieu du 17e siècle – début du 18e siècle. Faïence.
 
Attribué à Nicola Francioli, dit Co, Deruta. Bassin d’aiguière à décor de grotesques en relief, Jeune Femme au sein nu, vers 1520-1540. Faïence lustrée.
Scénographie - Majolique lustrée
LA MAJOLIQUE LUSTRÉE

La collection Campana est particulièrement riche en pièces aux reflets métallescents rouges et dorés provenant des villes ombriennes de Gubbio et Deruta, spécialisées dans la technique du lustre, Les grands plats d'apparat de Deruta illustrent les thèmes en vogue : guerriers romains, portraits féminins ou figures d'anges d'après le Pérugin. L'atelier de Mastro Giorgio à Gubbio, qui produit aussi des utoriati de qualité, est réputé pour son éclatant rouge rubis.
 
Texte du panneau didactique
 
Deruta. Grand plat d’apparat, Ange priant, vers 1500-1525. Faïence lustrée.
Scénographie - Belle Donne et Istoriati
BELLE DONNE ET ISTORIATI

Si les formes de la majolique sont celles de la vaisselle précieuse, ses sources d'inspiration la rapprochent de la peinture. Les artistes illustrent les récits antiques, qu'ils soient bibliques, historiques ou mythologiques. Le goût pour les portraits de guerriers à l'antique ou ceux de jeunes femmes à la mode de l'époque (belle donne) est aussi très vif. La collection Campana réunit un bel ensemble de ces coupes ornées de visages féminins idéalisés, sans doute cadeaux de fiançailles ou de mariage.
 
Texte du panneau didactique
 
Coupe. Portrait de profil de Virginia Bella, vers 1530-1540. Musée du Louvre, département des Objets d’art. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Jean.
Scénographie - Belle Donne et Istoriati
 
Attribué à l’atelier des Patanazzi, Urbino. Plat, Loth et ses filles, vers 1600-1610. Faïence.
 
Francesco Xanto Avelli (actif entre 1524 et 1542). Plat. L'enlèvement d'Hélène, 1537. Urbino, Faïence.  Musée du Louvre, département des Objets d'art. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Martine Beck-Coppola.
Scénographie - Belle Donne et Istoriati
 
Attribué à Urbino. Coupe, Le Jugement de Pâris, vers 1535-1550. Faïence.
 
Probablement Urbino, lustrée à Gubbio ou à Urbino. Coupe aux armoiries de la famille Paulini de Pérouse, Le Dévouement de Marcus Curtius, vers 1538. Faïence lustrée.
Scénographie - Belle Donne et Istoriati
 
Attribué à Urbino. Coupe, Adam et Ève chassés du Paradis et Le Sacrifice d’Abel, vers 1530. Faïence.
 
Ippoloto Rombaldoni (1622-1679), Urbania. Coupe, Le Triomphe de Flore, vers 1675. Faïence.
Classe 11 - Les sculptures
Toscane (Sienne ?). Ange en habit de diacre relevant un rideau (tourné vers la gauche).
Ange en habit de diacre relevant un rideau (tourné vers la droite), milieu du 14e siècle. Marbre avec trace de dorure.
CLASSE 11 - LES SCULPTURES

L'ensemble exceptionnel de sculptures de la collection Campana est formé en réalité de deux collections. L'une, rassemblée directement par Campana, est composée de près de cinquante œuvres robbiesques, le plus souvent attribuées à Luca Della Robbia, mais également de quelques œuvres majeures en marbre. L'autre collection, formée à Florence entre 1851 et 1855 par Ottavio Gigli, un ami de Campana, a abouti à Rome au Mont-de-Piété et a connu le même sort que la collection Campana ; elle donne, quant à elle, un panorama exceptionnel de la sculpture du Moyen Âge et de la Renaissance toscane.
L'ensemble de ces œuvres Gigli-Campana constituait une collection de référence unique à son époque. Près de la moitié des œuvres furent acquises par le South Kensington Museum de Londres en 1861 ; le Louvre reçut quant à lui plus de quatre-vingt-dix pièces, dont certaines ont fait, au 20' siècle, l'objet de dépôt dans des musées de province.



 
Texte du panneau didactique
 
Attribué à Buglioni Santi (1494-1576). Tympan représentant Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant entre Saint-Antoine Abbé et Saint Antoine de Padoue, vers 1550. Paris musée du Louvre, départements des Sculptures. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Martine Beck-Coppola.
 
Giovanni d’Agostino (actif en Toscane de 1331 à 1348). Vierge de l’Annonciation, milieu du 14e siècle. Marbre de Carrare veiné de gris avec trace de dorure et de polychromie.
 
Jacopetto de Spoleto (actif en Ombrie à la fin du 13e siècle). Vierge en majesté, 1294. Bois polychrome et doré, fixations en métal, toile, papier.
A - Ottavio Gigli (1816-1876) et sa collection
Scénographie
OTTAVIO GIGLI (1816-1876) ET SA COLLECTION

Après aune jeunesse passée à Rome, proche des cercles intellectuels, Ottavio Gigli participe à l'éphémère République romaine de 1849 et doit retourner à Florence en 1851. C'est là qu'il constitue en quatre années une extraordinaire collection, sans équivalent à cette époque, de sculptures toscanes du Moyen Âge et de la Renaissance italienne. Celle-ci, riche de 112 œuvres, est publiée sous le titre de « Musée de la sculpture du Risorgimento » en 1855 et présente un formidable panorama, malgré des attributions souvent très généreuses, des grands noms de la sculpture, depuis Giovanni Pisano au 13' siècle jusqu'à Michel-Ange au 16' siècle. La collection est mise en gage au Mont-de-Piété à Rome vers 1855 et suit alors, même si c'est de manière particulière, le destin de la collection Campana.
 
Texte du panneau didactique
 
Luca Della Robbia (Florence, vers 1400 – Florence, 1482). La Vierge assise tenant l’Enfant entourée par six anges en vol, vers 1427. Terre cuite.
Scénographie
 
Jean Bologne, dit Jean de Boulogne ou Giambologna (Douai, 1529 – Florence, 1608), entourage de. Femme nue assise, vers 1590-1600 ou première moitié du 17e siècle. Cire rouge avec des restes de dorure.
 
Da Vinci, Pierino, d’après (Vinci, vers 1532 – Pise, 1553). Sainte Famille avec le jeune saint Jean, vers 1550. Terre cuite.
Francesco di Simone Mosca (Florence, vers 1523 – Pise, 1578). Diane et Actéon, vers 1555. Terre cuite avec trace de polychromie.
B - Donatello (1386-1466)
Scénographie
DONATELLO (1386-1466)

Dans la collection Gigli comme dans la collection Campana, de nombreuses œuvres sont attribuées à celui qui est déjà considéré comme le plus grand sculpteur du Quattrocento florentin, Donatello. Si Campana possédait l'un des plus grands chefs-d’œuvre du sculpteur, la _Remise des clefs à saint Pierre (Londres, Victoria and Albert Museum), nombre d'attributions sont aujourd'hui considérées comme trop généreuses. Sur les cinq sculptures ici présentées, provenant de la collection Gigli, une seule, à l'époque attribuée à un imitateur de Donatello, est actuellement reconnue comme étant exécutée d'après un modèle Jona telles que. Les quatre autres sont aujourd'hui données à d'autres artistes du Quattrocento florentin.
 
Texte du panneau didactique
 
D’après Mino da Fiesole (Papiano, Palagio Fiorentino, 1429 – Florence, 1484). La Vierge et l’Enfant, seconde moitié du 15e siècle. Stuc polychromé.

D’après Mino da Fiesole (Papiano, Palagio Fiorentino, 1429 – Florence, 1484). La Vierge et l’Enfant, seconde moitié du 15e siècle. Stuc polychromé.
D’après Matteo Civitali (Lucques, 1436 – Lucques, 1501). La Vierge et l’Enfant, seconde moitié du 15e siècle. Terre cuite.
Gregorio di Lorenzo (Florence, vers 1436 – Forli, 1504 ?) (attribué à). Portrait idéal de l’empereur Galba et Portrait idéal de l’impératrice Faustine l’Ancienne, vers 1500. Grès gris de Toscane (pietra serena).

C - Antonio Rossellino (1427-1479)
Scénographie
ANTONIO ROSSELLINO (1427-1479)

Ces trois reliefs font partie des œuvres de dévotion privée, en terre cuite et en stuc polychromé, qui ont connu à Florence une immense fortune au 15e siècle. Ils sont aujourd'hui considérés comme ayant été exécutés d'après des modèles d'Antonio Rossellino, l'un des plus grands sculpteurs florentins de la génération née autour de 1430, qui prend la succession de Donatello. Il est significatif que deux de ces reliefs étaient déjà rattachés dans la collection Gigli au nom d'Antonio Rossellino dont la singularité était reconnue dès cette période.
 
Texte du panneau didactique
 
D'après Antonio Rossellino (1427-1479). La Vierge et l'Enfant dite « Madone aux candélabres ». Stuc peint. Paris, musée du Louvre, département des Sculptures.
D - Les Della Robbia
Scénographie
LES DELLA ROBBIA

Les œuvres en terre cuite émaillée, technique mise au point pour la sculpture par Luca Della Robbia à Florence vers 1430, ont connu un immense succès jusqu'aux années 1540, avec une production considérable de reliefs, retables ou encore rondes-bosses, due à l'atelier des Della Robbia ou à l'atelier concurrent des Buglioni. Ces œuvres connaissent un formidable regain d'intérêt en Italie comme en France à partir des années 1840. La collection Gigli comprend six œuvres robbiesques et la collection Campana près de cinquante, le plus souvent attribuées trop généreusement à Luca Della Robbia, qui forment l'immense majorité de sa collection de sculptures.
 
Texte du panneau didactique
 
Buglioni, atelier des. Encadrement d’un retable, vers 1520 ? Terre cuite émaillée.
Buglioni, atelier des. Saint François d’Assise. Saint Roch, vers 1520 ? Terre cuite partiellement émaillée .
 
Atelier des Della Robbia (Giovanni Della Robbia (Florence, 1469 – 1529-1530) et/ou Marco (Fra Mattia) Della Robbia (Florence, 1468 – Montecassiano, après 1532 ?). Saint Dominique, vers 1520. Terre cuite émaillée et polychromée.
 
Atelier d’Andrea Della Robbia (Florence, 1435 – Florence, 1525). La Vierge adorant l’Enfant, vers 1480-1490. Terre cuite émaillée.
LA DISPERSION DE LA COLLECTION
Scénographie
Dès la fin des années 1840, des difficultés financières avaient incité Campana à tenter, en vain, de vendre à l'étranger sa collection. Il dut gager cette dernière et recourir par des jeux d'écritures aux fonds du Mont-de-Piété pour financer ses achats démesurés. Ces malversations entraînèrent son arrestation en 1857 et sa condamnation à la prison, commuée en exil. L'administration pontificale choisit de vendre la collection, suscitant l'indignation des défenseurs du patrimoine italien et attisant les rivalités entre les grandes nations. En 1861, l'Angleterre acheta une sélection de sculptures modernes et la Russie surtout des marbres et des vases antiques, avant que Napoléon HI ne rachète en bloc le reste de la collection. Seule la collection de monnaies échappa à la dispersion et demeura à Rome.
 
Texte du panneau didactique
 
Athènes, Peintre d’Eucharidès. Amphore : Athlètes, 480 av. J.-C. Terre cuite.
Athènes, Douris. Canthare : Héraklès et Télamon combattant les Amazones, 490-480 av. J.-C. Terre cuite .
 
Ivan Fedorovitch Kovchenkov (1824-1898). Buste du tsar Alexandre II, 1873. Bronze, malachite.
 
Cataloghi des Museo Campana. Rome, 1858.
NAPOLÉON III ET LA COLLECTION CAMPANA

L'achat de la collection Campana est un des actes majeurs de la politique culturelle du Second Empire. D'abord exposée en 1862 au Palais de l'Industrie, dans l'éphémère musée Napoléon III, la collection devait servir de source d'inspiration aux arts industriels, selon le modèle anglais cher à l'empereur. En 1863, l'essentiel des œuvres fut transféré au Louvre, mais l'État envoya également de nombreuses séries clans les musées de province, systématisant une politique féconde de dépôt des collections nationales. En 1976, suivant un mouvement inverse, de nombreuses peintures italiennes furent rassemblées dans le musée du Petit Palais d'Avignon, qui conserve ainsi un des ensembles les plus significatifs de la collection Campana.
 
Texte du panneau didactique
 
Buste de femme, 19e siècle ? Terre cuite.
 
Antonio Vivarini (Murano, vers 1418 – Venise, entre 1476 et 1480). Le Couronnement de la Vierge, vers 1460-1470. Bois (peuplier, fond d’or).
 
Marco (Fra Mattia) Della Robbia (Florence, 1468 – Montecassiano, après 1532 ?). Un enfant nu assis tenant une cordelière, vers 1500-1515. Terre cuite émaillée.
 
Pietro Bernini (Sesto Fiorentino, 1526 – Rome, 1629). Adam, Ève et le serpent. Marbre.
 
Casque orné d’une couronne de laurier, vers 325-300 av. J.-C. Bronze, or.
 
Attribué à Giovanni di Tommasino Crivelli (connu à Pérouse de 1434 à 1481). Triptyque, vers 1440-1450. Bois (peuplier), fond d’or (avec cadre d’origine).
 
Charles Giraud (1819-1892). Musée Napoléon III. Salle des terres cuites au Louvre, 1866. Huile sur toile.
Carte montrant la dispersion de la collection dans les musées français.
Les copistes
 
LES COPISTES

L'exposition de la collection Campana au musée Napoléon III devait servir à inspirer les artisans et à renouveler le répertoire des arts décoratifs. Des photographies des terres cuites furent même envoyées dans les écoles de dessin industriel. Plusieurs artistes majeurs, comme Moreau ou Gérôme, ont ainsi trouvé des modèles propres à enrichir leur vision de l'antique. Mais l'influence de la collection se fit surtout sentir chez les joailliers de l'époque qui, comme les Castellani à Rome, créèrent de nouveaux modèles inspirés des bijoux Campana.
Collier aux scarabées. Or, cornaline. Assemblage moderne (Castellani, Rome, 1859) d’éléments s’échelonnant entre le 6e et le 2e siècle av. J.-C. Provenance des éléments antiques : Vulci, fouilles de 1828, collection de la princesse de Canino.
 
Texte du panneau didactique
 
Collier à pendentif en forme de tête d'Achéloos. Vers 480 avant J.-C. Étrurie. Or. Filigrane et granulation. Musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines.
 
Atelier Castellani. Copie du collier à pendentif en forme de tête d’Achéloos de la collection Campana, 1858-1859. Or.