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 Parcours en images  de l'exposition
 LE TROMPE-L’ŒIL de 1520 à nos jours
 avec des visuels 
              mis à la disposition de la presseet nos propres prises de vue
 
 
   
   
                 
                
                
              
                | AVERTISSEMENT : À part les céramiques, la Grive morte de Houdon et quelques pièces en fin d'exposition, toutes les oeuvres
 sont des peintures sur toile ou des dessins. Tout est donc plat, même les tablettes et les cadres (sauf quelques exceptions)
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                             Le  musée Marmottan Monet célèbre son 90e anniversaire avec une exposition dédiée  au trompe-l’œil de 1520 à nos jours, construite autour du fonds initial de  Jules et Paul Marmottan. À partir du XVIe siècle, l’art du trompe-l'œil de  chevalet obéit à des règles précises: le tableau doit s'intégrer à  l'environnement dans lequel il est présenté, requérant ainsi une mise en scène  tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'œuvre. Il exige également que la représentation  du sujet soit figurée grandeur nature, dans son intégralité sans être entravée  par le cadre. La signature de l'artiste, quant à elle, doit être dissimulée dans  le tableau pour garantir l'illusion. Au  cours des siècles, le trompe-l'œil se diffuse grâce à des médiums divers et  prend des formes différentes. Si certaines sont bien connues, comme les  vanités, les trophées de chasse ou les porte-lettres, le parcours aborde  d’autres thèmes dont les déclinaisons décoratives (mobilier et faïences)  jusqu'aux versions modernes et contemporaines de ce genre. Sans vouloir être  exhaustive, l'exposition propose un parcours varié et didactique où le  trompe-l’œil constitue un clin d'œil aux pièges que nous tendent nos propres  perceptions. |  
                        | Affiche de l'exposition.
 
 |  | Texte du panneau didactique. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Cristoforo Munari (1667-1720). Trompe-l'oeil aux instruments  du peintre et aux gravures, avant 1715. Huile sur toile, 90 x 77,5 cm. Paris,  Collection Farida et Henri Seydoux. © Studio Christian Baraja SLB. 
 
 Installé à Florence de 1706  à 1715, au service de la cour de Ferdinand Ill de Médicis, Cristoforo Munari,  se spécialise dans le genre de la nature morte. Trompe-l'œil aux instruments du peintre et aux gravures présente un  format découpé dit chantourné: les gravures dans la partie supérieure, la  palette dans le bas, ainsi que le bâton de peintre dépassent du rectangle  initial du châssis. L'illusionnisme est ici exprimé par les gravures plaquées  sur un battant de placard en bois, ainsi qu'une toile peinte sans châssis dont  le paysage évoque l’art de Dughet. |  | Cornelis Norbertus  Gijbrechts (vers 1610 - après 1675). Armoire  en trompe-l'œil, 1665. Huile sur toile. Rouen, musée des Beaux-Arts, don  Henri et Suzanne Baderou, 1975. 
 
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                        | Nicolas de Largillière (1656-1746). Deux grappes de raisin, 1677.  Huile sur panneau, 24,5 x 34,5 cm. Paris, Fondation Custodia, Collection Frits  Lugt. © Paris, Fondation Custodia.
 
 
 Largillierre est l’un des  portraitistes les plus admirés des XVIIe et XVIIIe siècles. De sa première  formation, il conserve, tout au long de sa carrière, un goût affirmé pour la  nature morte qu'il associe à certains de ses portraits. Plus rares sont ses peintures  illusionnistes telles ses Deux Grappes de  raisins, suspendues à même un mur, hommage à Zeuxis, peintre de l'Antiquité,  célèbre pour avoir peint des raisins qui attirèrent des oiseaux qui tentèrent  de les picorer, trompés par leur réalisme. |  
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                        | Anonyme, Allemagne du Nord. Armoire aux  bouteilles et aux livres, vers 1520-1530. Huile sur bois, 106 x 81 cm. Colmar,  musée Unterlinden. © Musée Unterlinden / Christian Kempf. 
 
 Ce tableau singulier donne  à voir un placard feint dont l'une des deux portes est entrouverte. Dans la  niche inférieure sont disposés des objets qui renvoient à la pratique de la  médecine. Lors de son apparition dans le commerce d'art new-yorkais vers 1950,  cette œuvre fut considérée comme l'incunable de la nature morte indépendante.  Le tableau est avant tout un trompe-l'œil, placé dans un environnement dont nous  n'avons plus la trace et côtoyant de véritables meubles. Il s'agissait de faire  illusion en suscitant l'envie de vérifier la réalité de ce placard et des  objets à grandeur qui s'y trouvent et ont l'air si «vrais». |  | Cornelis Norbertus Gijsbrechts (vers 1610 - après 1675). Trompe-l’œil, 1665.  Huile sur toile, 59 x 56 cm. Paris, musée Marmottan Monet. © Musée Marmottan  Monet / Studio Christian Baraja SLB. 
 
 Des lettres froissées, pliées, des gravures, un  bâton de cire retenus par des rubans cloués à un panneau de bois sont disposés  dans un désordre apparent mais savamment organisé. Le porte-lettres appelé  également quodlibet est l’un des sujets privilégiés des artistes au XVIIe  siècle, grâce auquel Gijsbrechts a été considéré, de son vivant, comme l'un des  grands maîtres de cet âge d'or du trompe-l'œil, réputation qu’il l’a conduit à  devenir le peintre officiel des rois de Danemark Frédéric III et Christian V  entre 1668 et 1672. Cette facture et ces coloris chaleureux ont certainement amené  Jules Marmottan à acquérir cette œuvre avant de la transmettre à son fils Paul. |  
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 1 - GENÈSE ET ÂGE D'OR DU TROMPE-L'ŒIL
 Le XVIIe siècle
 
 
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                        | Scénographie  |  
                        |    L’Antiquité  définit la peinture comme mimêsis, le  moyen privilégié d'imiter la nature. C’est précisément le défi que se lancèrent  Zeuxis et Parrhasius: l'un ayant dupé des oiseaux par l’image de raisins et  l'autre, son concurrent avec un rideau peint (Ve et IVe siècles avant J-C). Si  la période médiévale se préoccupe peu de ces jeux optiques, ils réapparaissent à  la Renaissance. Les recherches sur la perspective amènent certains artistes à  concevoir de véritables décors en trompe l'œil. À partir du début du XVIe  siècle, la figuration illusionniste d'objets du quotidien séduit collectionneurs  et amateurs. L'Armoire aux bouteilles et  aux livres (musée d’Unterlinden, Colmar) constitue un exemple significatif  de l'une des plus anciennes natures mortes en trompe l'œil connue. Les  Pays-Bas au XVIIe siècle voient l'apogée de ces recherches menées par les  artistes. À travers la peinture à l'huile, la perspective, les effets de  lumière, l'artiste rivalise avec la réalité. Flamand, Cornelis Norbert Gijsbrechts,  peintre de la cour de Copenhague au service des rois Frédéric III puis  Christian V, amateurs de cabinets de curiosité, conçoit pour eux des  trompe-l'œil dont la virtuosité reste inégalée. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Jean-François de Le Motte   (1635? - 1685?). Trompe-l’œil, 2e  moitié du XVIIe siècle. Huile sur toile, 78,1 x 53,2 cm. Dijon, musée des  Beaux-Arts, legs Chenagon-Gautrelet, 1957. © Musée des Beaux-Arts / photo  François Jay.
 
 L'artiste a été reçu maître  peintre à l'Académie de Saint-Luc de Tournai en 1653. Dans cette même ville, il  a ouvert son atelier où il forma de nombreux artistes. Sur ce panneau de bois,  l'artiste offre au regard des œuvres d'art dont une marine, des lettres, un  bas-relief en terre cuite, un buste de femme en plâtre, des lettres maintenues  par un cordon et des outils de peintres, des pinceaux, une boîte métallique et une  palette. La réunion de ces objets semble constituer un portrait matériel de son  atelier et un portrait symbolique de l'artiste dont la signature est apposée  sur la lettre repliée à proximité du bâton de cire. |  
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                        | Jean-François de le Motte  (1635? - 1685?). Nature morte au  trompe-l’œil, 1660. Huile sur toile. Collection Kugel. 
 
 Au vu du nombre d'œuvres du  peintre connu à ce jour, cette Nature morte est considérée comme le plus grand  format réalisé par l'artiste et l'une de ses plus importantes toiles. Sa  singularité réside dans sa composition scindée en deux parties, l'une en pleine  lumière et l’autre dans l'ombre. Fourmillant de détails et d'objets tel un  véritable cabinet de curiosités, elle cristallise toutes les conditions faisant  d’une nature morte un trompe-l'œil. La virtuosité dans son exécution traduit  l'influence des écoles du Nord et notamment de Cornelis Norbertus Gijsbrechts  que l'artiste a probablement rencontré en 1664. |  
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                        | Antonio Cioci (actif de  1750 à 1792). Nature morte en trompe  l'œil avec un autoportrait,  vers  1771. Huile sur toile. Florence, Opificio delle Pietre Dure. 
 
 |  | Franciscus Gijsbrechts  (1649 - après 1676). Vanité, 2e  moitié du XVIIe siècle. Huile sur toile. Rennes, musée des Beaux-Arts, acquis  en 1871. 
 
 Cette vanité à échelle réelle est emblématique de l’œuvre de Gijsbechts,  peintre anversois formé par son père au trompe-l'œil. La composition en cascade  envahit l'espace du spectateur et dramatise l’accumulation d'objets autour d’un  crâne. C’est là un symbole de l’insignifiance du luxe et des plaisirs fugaces de  la vie face à la mort inéluctable. Le passage du temps y est symbolisé par un  sablier alors que le parchemin sigillé ancre dans l'époque. Ce memento mori pourrait néanmoins porter un  message d'espoir par la présence d’épis de blés, allusion à la résurrection  autant qu'aux cycles naturels. |  
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 2 - DU TROPHÉE AU QUODLIBET
 Du XVIIe siècle au XVIIIe siècle
 
 
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                        | Scénographie  |  
                        |    Au  tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, dans la production des natures mortes  illusionnistes, les trophées et les quodlibet trouvent leur place dans les intérieurs aisés. Les trophées de chasse  deviennent de véritables portraits de gibiers et volatiles faisant la fierté  des maisons qui les commandent. Louis XV sollicite le pinceau de Jean-Baptiste  Oudry, peintre du roi, pour immortaliser ses prouesses à la chasse à courre.  L'artiste joint aux côtés des animaux un cartellino,  petit papier froissé relatant l’histoire du trésor débusqué. Le quodlibet (forme latine quod libet), qui peut se traduire par «ce  qu'il vous plaît» met en scène un désordre savamment organisé.  Traditionnellement, des rubans ou des lanières sont cloués sur des planches de  sapin retenant des objets (lettres, besicles, œuvre d'art, etc.). Au-delà de la  technicité de ces compositions permettant de lire les documents imités, les  artistes pouvaient y dissimuler, tel un rébus, certains messages plus ou moins  explicites selon son destinataire, que le spectateur se plaisait à reconstituer  Ces quodlibet, avec l'éparpillement  des papiers froissés et déchirés, renvoient le plus souvent à une pensée  moralisatrice, celle de la vanité du savoir et du temps qui passe. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Jean Antoine Houdon (1741-1828). La Grive morte, vers 1775.  Bas-relief en marbre. Collection particulière.
 
 Le sculpteur Jean Antoine  Houdon expose son Oiseau mort au Salon de 1775 et de 1777. Le volatile attaché  est suspendu tel un trophée de chasse. Le rendu du duvet et des plumes d'une  exécution remarquable, renforcé par la préciosité et la transparence du marbre,  remportèrent un large succès au Salon dont l'auteur et critique Friedrich  Melchior Grimm témoigne lorsqu'il découvre l'œuvre en 1775: «ce morceau est  d'un effet prodigieux: plus on le voit de près, plus il fait illusion». Ce  rendu virtuose permet à Houdon de rivaliser avec les meilleurs artistes  animaliers de son temps comme Oudry. |  
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                        | Guillaume Dominique Doncre  (1743-1820). Trompe-l'œil, 1785.  Huile sur toile. Arras, musée des Beaux-Arts. 
 
 Constant Aimable Géry, juge  au Tribunal d'Arras et membre de nombreuses sociétés savantes, a été l’un des  premiers biographes de Doncre, en 1868. Dans son ouvrage, il souligne la  multiplicité et la diversité de ses productions. Dans la liste qu'il établit,  une seule œuvre, datée de 1785, qui était alors déjà conservée au musée  d'Arras, est précisément décrite: le trompe-l'œil où il s'est peint lui-même, à  proximité d'outils d'architectes, dans une imitation de gravure, avec ces mots:  «Ego sum pictor». |  
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                          Jean-Baptiste Oudry (1686-1755). Tête bizarre d'un cerf pris  par le Roi dans la forêt de Compiègne le 3 juillet 1741, 1741(ensemble et détail). 
                            Huile sur  toile, 100 x 88 cm.
 Paris, musée du Louvre, dépôt au musée national du château  de Fontainebleau. © Grand Palais Rmn (Château de Fontainebleau) / Gérard Blot.
 
 
 Louis XV s’adonnait avec passion à l’art de la  chasse à courre. Jean-Baptiste Oudry, le peintre des chiens et des chasses du roi  en témoigne à travers ses portraits de trophées appelés «tête bizarres» ou  «massacres» qui représentent de manière naturaliste des bois de cerfs chassés  accompagnés d'un cartel. Il en exécuta cinq entre 1741 et 1752. Jean-Jacques  Bachelier a poursuivi cet ensemble après la mort d'Oudry. À la fois, trophée  royal, leçon d'histoire naturelle, curiosité historique, cette toile constitue  une véritable leçon de peinture où la virtuosité technique se mêle à la passion  officielle et intime de Louis XV pour la vénerie. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Edwaert Collier (1642-1708). Trompe-l’œil, vers 1703.  Huile sur toile. Leyde, musée de Lakenhal. 
 
 |  | Guillaume Dominique Loncre  (1743-1820). Trompe-l'œil aux putti:  panneau au putto dessinant, milieu du XVIIIe siècle. Huile sur toile.  Bourg-en-Bresse, musée du Monastère royal de Brou, don Miriam et Boris Milman. 
 
 Clouées sur des planches de  bois, de petites toiles représentent l’une des angelots dessinant un buste en  marbre au pied de colonnes antiques (d’après une composition peinte par François  Boucher), l'autre des putti assoupis sur des tonneaux parmi des grappes de raisin  (œuvre non exposée). L'oisiveté et l'ivresse s'opposent ainsi à l'étude et au  savoir. Les cartes à jouer appartiennent à un jeu créé à Paris vers 1750. La  lettre décachetée dévoile le nom de son destinataire: l'orfèvre Bert documenté  à Dunkerque vers la fin du XVIIIe siècle pourrait ainsi être le commanditaire  des deux pendants. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Gaspard Gresly (1712-1756). Portes de bibliothèque  (librairie), recto et verso, vers 1750. Huiles sur toile marouflée.  Bourg-en-Bresse, musée du Monastère royal de Brou, don Miriam et Boris Milman.
 
 
 Simulant les deux côtés d'une  porte vitrée de bibliothèque, ces deux peintures constituent l'un des  chefs-d'œuvre de Gresly, qui les a signées. Portant l'ancienne trace d'un trou  de serrure, elles devaient être fixées sur un véritable abattant. L'idée de  peindre de faux meubles ouverts sur un grand désordre remontait au XVIIe  siècle, avec Gijsbrechts et Hoogstraeten. Mais Gresly l’adapta à une situation  réelle, laissant entrevoir le monde d'un maître de danse. En effet, devant les  livres aux belles reliures de cuir figurent un sablier et une «pochette  bateau», servant à marquer le pas, ainsi que plusieurs partitions musicales. |  
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                        | École Française. Trompe-l'œil à la gravure d'après un  autoportrait de Maurice Quentin de La Tour, 1742. Huile sur toile. Collection Kugel. 
 
 Déchirée et clouée au bois,  une gravure reprenant le célèbre Autoportrait riant du pastelliste Maurice  Quentin de La Tour se trouve reproduite ici de manière illusionniste. Ce  trompe-œil joue des oppositions: la brutalité du bois contrastant avec la  fragilité du papier, la gravure noire et blanche faisant face aux couleurs  vives des cartes à jouer ou la perspective savante déployée dans l'estampe  confrontée à la planéité de l'image accrochée. L'artiste interroge ainsi avec  humour la matérialité d'une œuvre diffusée par des impressions multiples,  réintégrée ici à une peinture unique, comme pour évoquer la vie propre des  images après la création artistique. |  | Johann Caspar Füssli (1706-1782). Quodlibet avec portraits de contemporains et têtes anciennes, vers  1757. Huile sur toile. Suisse, Trogen, Kantonsbibliothek Appenzell Ausserrhoden. 
 
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                        | Gaspard Gresly  (1712-1756). Trompe-l'œil à la gravure du Rieur, d'après Frans Hals, vers 1740.  Huile sur toile. Besançon, musée des Beaux-Arts et d'Archéologie. 
 
 
                            Scènes  de genre ou trompe-l'œil, l'artiste à ses débuts, prend son inspiration dans le  répertoire des écoles nordiques dont il trouve les exemples largement diffusés  par le commerce florissant des estampes. Ce trompe-l'œil est inspiré par une gravure  de Wallerant Vaillant (1623-1677), Deux  enfants rieurs, d'après une toile de Frans Hals. Choisissant une interprétation  plus libre, Gresly, ne représente qu'un seul des enfants. Le sens du sujet,  inversé par rapport à l'original gravé de Vaillant, laisse supposer que le  modèle utilisé par Gresly est une copie d’après l'œuvre de Vaillant (1).1. Plusieurs exemples dans l'œuvre de Gresly, comme la  gravure de Marinus, Le Toucher d'après  Adrian Brower, dont Gresly utilise une fois l'original et deux fois la copie  exécutée par le Franc-Comtois Pierre de Loisy.
 |  | Gaspard Cresly (1712-1756). Trompe-l'œil à l'almanach, aux gravures  et à la bourse, 1739. Huile sur toile. Béziers, musée des Beaux-Arts. 
 
 Assez tôt dans la carrière  de l'artiste, ce tableau aligne déjà les éléments familiers de son répertoire:  suspendues sur un panneau de sapin brut aux vigoureuses nervures, deux gravures  dont l’une est en partie dissimulée par l'Almanach du solitaire sur lequel figure la date, «1739». La seconde aux coins déchirées,  est tirée des vues italiennes des Pérelle que Gresly va utiliser à de  nombreuses reprises remplaçant la signature du graveur par la sienne. Un cachet  de cire rouge aux armes incertaines l’oblitère partiellement. La bourse en soie  aux chatoyants coloris apporte une note colorée et raffinée. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | École française. - Trompe-l'œil avec des instruments  d'écriture, une estampe de Jacques Callot et des bésicles, vers 1780 - 1800.
 - Trompe-l'œil avec des instruments  d'écriture, une estampe de Jacques Callot et des ciseaux, vers 1780 - 1800.
 Huiles sur toile. Waddesdon, famille Rothschild.
 
 
 
                            Ces  deux compositions rappellent le principe traditionnel des porte-lettres des XVIIe  et XVIIIe siècles de Jean François de Le Motte ou de Gaspard Gresly présentant  une multitude d'objets, accrochés sur un panneau de bois. Ils renvoient aux cinq  sens et semblent interroger ces mêmes sens qui nous trompent parfois. L'auteur  semble ainsi inviter le spectateur à apprendre à regarder et à se méfier de l’illusion  créée. Les cadres en trompe l’œil récemment découverts sous les cadres en bois  lors de la restauration de ces œuvres participent pleinement à ce  questionnement. |  
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                        | Gaspard Gresly (1712-1756). Trompe-l'œil à la gravure de  Bouchardon au verre brisé, après 1738. Huile sur toile. Besançon, musée des  Beaux-Arts et d'Archéologie. 
 
 
                            Repoussant  les limites du leurre en simulant l'apparence d'une gravure encadrée dont le  verre est brisé en plusieurs morceaux, ce trompe-l'œil présente la planche II  du Premier Livre de diverses figures d'académies dessinées d'après le naturel par Edme Bouchardon, gravées par Pierre Aveline, publié en 1738 (1). Ce petit  tableau, d'une évidente qualité plastique, ravive la question d'un séjour  parisien de l'artiste et de son éventuelle rencontre avec le cercle des  amateurs éclairés évoluant autour du Comte de Caylus (2).1.  Premier Livre de diverses figures d'académies dessinées d'après le Naturel par  Edme Bouchardon sculpteur du Roy, à Paris, chez Huquier rue St. Jacques au coin  de la rue des mathurins. Avec Privil, du Roy, 1738.
 2. Relaté dès 1780 par Dom Grappin, premier biographe  de Gresly, ce voyage à Paris semble attesté par des rapprochements d'indices de  lieu et de date figurant sur des trompe-l'œil récemment analysés.
 |  | Gaspard Gresly (1712-1756). Trompe-l'œil avec une gravure de  Callot, après 1750. Huile sur toile. Bourg-en-Bresse, musée du Monastère  royal de Brou, don Miriam et Boris Milman. 
 
 Spécialisé dans le  trompe-l'œil, Gresly suit une recette immuable: sur un fond en bois noueux, il  accroche divers objets ou papiers, recréant une réalité familière. Ici,  l'estampe de Jacques Callot publiée vers 1622 fait allusion au spectateur qui  se laisserait tromper par sa vue, car il s'agit de L'Aveugle et son compagnon. La carte à jouer est un valet de trèfle  provenant d'un jeu allemand, rappelant les liens de la Franche-Comté avec  l'Empire germanique, auquel elle avait appartenu jusqu'en 1678. |  
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 3 - ARCHITECTURE ET TROMPE-L'ŒIL
 
 
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                        | Scénographie  |  
                        |    Les  fouilles archéologiques sur le site d’Herculanum commencées en 1738 puis sur  celui de Pompéi initiées à partir de 1748 contribuent à créer un véritable  engouement pour tout ce qui a trait à l'antique. De ce goût nouveau naît le  néoclassicisme qui se diffuse dans la mode et les arts. L'art de l'illusion se  révèle notamment au travers des œuvres réalisées à des fins décoratives par  Jacob de Wit et Piat Joseph Sauvage visant à l'imitation de bas-reliefs. Ainsi  au-delà de la peinture de chevalet, la peinture en trompe l'œil peut également  se définir comme élément de décor architecturé, faisant partie intégrante des  intérieurs d'une société aristocratique séduite. Le peintre Dominique Doncre,  établi dès 1770, à Arras, où il effectue l'essentiel de sa carrière, est l'un des  plus éminents spécialistes du décor en trompe l'œil et en grisaille. Paul  Marmottan a collectionné les œuvres de cet artiste, comme celle du Musée des  Beaux-Arts d'Arras exposées  ici. Au sein  des prestigieux hôtels particuliers arrageois, ses angelots et ses enfants  rythment les dessus-de-porte, les devants de cheminées et ses médaillons  ornèrent les murs de ces demeures. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Attribué à Piat Joseph  Sauvage (1744-1818). Napoléon  Bonaparte, Premier consul, vers 1799 - 1804. Huile sur toile. Paris, musée  Marmottan Monet, legs Paul Marmottan, 1932.
 
 Originaire de Tournai,  Sauvage s’est formé à l'atelier de Spaendonck à Anvers. Il s'installe à Paris  en 1774 avant d'être reçu à l'Académie royale de peinture et de sculpture en  1783. Il se spécialise dans l'imitation en trompe l'œil de sculptures en  bas-relief reproduisant de manière saisissante les effets de matière. Ce  portrait rappelant les médaillons antiques, style alors en vogue, présente  Napoléon Bonaparte en tant que Premier consul, fonction qu'il a occupé entre  1799 et 1804 avant de devenir empereur. Sa popularité est telle que d'autres  versions de cette même œuvre ont été réalisées et sont aujourd'hui conservées  au musée Carnavalet, à la Bibliothèque de l'Institut de France ou encore au  château de Malmaison. |  
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                        | Augustin-Victor Pluyette  (1820-1870). Trompe-l'œil au crucifix et au bas-relief, n.d. Huile sur toile.  Saint-Cloud, département des Hauts-de-Seine / musée du Grand Siècle - donation  Pierre Rosenberg. 
 
 Pluyette ne s'est pas  intéressé à la peinture religieuse, c'est donc probablement plus le tour de  force technique que le sujet de cette composition qui l'a motivé. Au-delà d'un  rideau, le visiteur entrant dans une pièce découvre, sur sa droite et en  raccourci, accrochés au mur, un grand crucifix de bois - identique à celui du Trompe-l’œil au crucifix en ivoire et en  bois peint par Boilly, en 1812 - dans lequel est glissé une branche de buis  et une Déploration du Christ, probablement de plâtre est accrochée à proximité. |  | Attribué à Guillaume  Dominique Doncre (1743-1820). Deux Amours  lisant, vers 1800. Huile sur bois. Saint-Omer, musée Sandelin. 
 
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                        | Scénographie  |  
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                        | Anne Vallayer-Coster  (1744-1818). Trompe-l'œil aux putti  jouant avec une panthère ou Le  Printemps, 1776. Huile sur toile. Collection particulière. 
 
  Voir le cartel ci-dessous. |  | Jacob de Wit (1695-1754). Allégorie des quatre éléments en trompe  l'œil de bas-relief, vers 1750. Huile sur toile. Collection Kugel. 
 
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                        | Anne Valayer-Coster (1744-1818). Trompe-l'œil avec une faunesse et des putti, 1774. Huile sur toile. Collection particulière. 
 
 Anne Vallayer-Coster est la  première femme à avoir été admise à l'Académie des beaux-arts en 1770 à l'âge  de 26 ans et a été peintre à la cour de Marie-Antoinette. Célèbre pour ses  portraits, elle l'est également pour ses natures mortes. Dans ces deux  Trompe-l'œil en camaïeu de gris, sa technicité et sa virtuosité laisse voir sa  pleine maîtrise de l’art de l'illusion feignant de peindre avec une touche  rapide deux bas-reliefs antiques réalisés à des fins décoratives. Si le  spectateur averti se doute que les bas-reliefs sont en fait une peinture, il se  laisse prendre au piège des cadres feints. |  
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                        | Guillaume Dominique Doncre  (1743-1820). Génies funèbres, 1783.  Huile sur toile. Arras, musée des Beaux-Arts, don Paul Marmottan, 1932. 
 
 Dominique Doncre s'est  formé à Saint-Omer puis à Anvers. Après avoir été reçu académicien, à Paris, le  19 août 1758, il est venu s'installer à Arras, vers 1770. Il y a été «admis à la  bourgeoisie», en1772, année où il a exécuté un Christ pour la cathédrale. Dès  l'année suivante, il apparaît comme «peintre de grisaille» et participe au décor  de plusieurs hôtels particuliers arrageois. Ce panneau a probablement appartenu  au décor aujourd'hui démembré de la chapelle d'une de ces résidences. |  | Jacob de Wit (1695-1764). Les Vestales, 1749. Huile sur toile.  Montauban, Musée Ingres Bourdelle. 
 
 Cet élément de décor  représente des vestales, prêtresses de Vesta, déesse du foyer, dans la Rome  antique, au moment où elles allument le feu sacré de son temple. En marge de l'acte  sacré, de Wit, lecteur de la Vie des  hommes illustres de Plutarque, n'omet pas de faire figurer un médaillon sur  l'autel, portrait d'homme de profil accompagné de la mention «Numa rex»,  honorant ainsi le fondateur du culte de Vesta. Signé et daté de 1749, ce  tableau préfigure le néo-classicisme, grand amateur de décor feint. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Guillaume Dominique Doncre  (1743-1820). Quatre Enfants jouant,  1803. Huile sur toile. Arras, musée des Beaux-Arts, dépôt à la Préfecture du  Pas-de-Calais. 
 
 |  | Guillaume Dominique Doncre  (1743-1820). Quatre Enfants jouant avec  un oiseau, 1803. Huile sur toile. Arras, musée des Beaux-Arts, dépôt à la  Préfecture du Pas-de-Calais. 
 
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 4 - Arts décoratifs
 LA CÉRAMIQUE
 
 
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                        | Scénographie  |  
                        |    Au  XVIII siècle, la volonté de créer l'illusion s'étend à la production de la  céramique au service d'objets utilitaires. Elle prend son origine dans la  production des Della Robbia, une célèbre famille de sculpteurs en terre cuite  émaillée et de leurs suiveurs pendant la Renaissance en Italie et évolue au  cours des siècles suivants. Des thématiques inédites apparaissent au gré des  nouvelles techniques dont celle de la porcelaine dure. Soupières en forme de  choux, de salades, de courges, assiettes garnies de fruits et légumes ou  terrines de forme animalière décorent les tables d’apparat aux côtés de plats  plus traditionnels. Entre  les XVIIe et XVIIIe siècles, ce goût pour le trompe-l'œil en céramique  s’autonomise et connaît un véritable succès à travers toute l'Europe grâce à  des manufactures prestigieuses dont Meissen en Allemagne et celles de Sceaux ou  encore de Niderviller en France. Au XIXe siècle, Avisseau fait redécouvrir les  secrets du céramiste de la Renaissance, Bernard Palissy qui peupla ses plats  d'animaux et insectes exécutés en relief. Avisseau fonde alors l'école de Tours  et influence d'autres céramistes passionnés. La tradition du trompe-l’œil dans  les arts décoratifs se renouvelle au XXe siècle avec des décors posés à la  surface des objets à la manière d'une peinture illusionniste, technique  utilisée par l'artiste Pierre Ducordeau et le designer milanais Piero  Fornasetti. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Manufacture de Niderviller,  Henri Kilian (actif en 1766). Cafetière, 1767. Faïence stannifère, décor de  petit feu polychrome. Sèvres, manufacture et musée nationaux, achat Garrau,  1860.
 
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                        | Charles-Jean Avisseau (1795  - 1861). Bassin rustique, plat en trompe l'œil, vers 1853-1854. Faïence  émaillée. Tours, musée des Beaux-Arts. 
 
 Surnommé le «Bernard  Palissy de la Touraine», Charles-Jean Avisseau redécouvre les secrets de  fabrication des terres cuites vernissées autour de 1843. Plus qu'un simple imitateur  des «rustiques figulines» du maître du XVIe siècle, Avisseau crée des effets de  trompe-l'œil aux airs de microcosme foisonnant et élargit la palette des émaux.  Chez lui, l'effet esthétique prime sur le vérisme scientifique, situant ses  œuvres entre le caprice néo-renaissance et le fantasme des théories de  l’Évolution qui agitent le siècle. |  | Atelier parisien  post-palisséen / suite de Bernard Palissy. Plat ovale à décor de rustiques  figulines, 1ère moitié du XVIIe siècle. Terre cuite à glaçure plombifère.  Paris, musée Gustave Moreau. 
 
 Géologue, chimiste et  céramiste, Bernard Palissy (1510-1590) a marqué la Renaissance française avec  ses poteries naturalistes. Inventeur des rustiques figulines, une technique de trompe-l'œil  en terre cuite émaillée, il créait des marécages en relief à partir d'espèces  naturelles moulées sur le vif. Ce plat, attribué aux ateliers parisiens  post-palisséens du XVIIe siècle, est exposé dans l'atelier de Gustave Moreau.  Il témoigne du goût des artistes romantiques et symbolistes pour ce type de décor  durant la seconde moitié du XIXe siècle. |  
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                        | Léon Antoine Brard (1830 -  1902). Assiette de moules et une huître, 4e quart du XIXe siècle. Faïence  émaillée à décor au naturel et en relief. Tours, musée des Beaux-Arts. 
 
 |  | Manufacture de Tournai.  Tasse et soucoupe, vers 1780-1790. Porcelaine tendre, décor de faux bois.  Sèvres, manufacture et musée nationaux, legs marquis de Grollier, 1908. 
 
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                        | Scénographie  |  
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                        | Manufacture France ou  Italie? Terrine en forme de melon et petite courge, vers 1750. Faïences  stannifères, décor de petit feu polychrome. Lyon, musée des Beaux-Arts, don  Joseph Gillet en 1885. 
 
 |  | Attribué à la facture de  Lunéville. Plateau de déjeuner,  vers  1780. Faïence stannifère, décor de petit feu polychrome. Sèvres, manufacture et  musée nationaux, don Édouard Williamson, 2005. 
 
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                        | Manufacture de Niderviller.  Attrape avec une pyramide de mirabelles, vers 1760. Faïence stannifère, décor  de petit feu polychrome. Paris, musée de Cluny - Musée national du Moyen-Âge,  dépôt à Sèvres, manufacture et musée nationaux. 
 
 |  | Manufacture Hannong,  Strasbourg. Terrine en forme de laitue, 1750. Faïence stannifère, décor de  petit feu polychrome. Paris, musée de Cluny - Musée nationale du Moyen-Âge,  dépôt  à la manufacture et au musée  nationaux, Sèvres. 
 
 Dès la seconde moitié du  XVIIIe siècle, la Manufacture Hannong de Strasbourg produit et diffuse des  pièces utilitaires, des terrines en trompe l'œil, des récipients conçus pour  contenir des ragoûts. Cette manufacture s'inspire des productions allemandes et  fait venir de talentueux artisans dont Johann Wilhelm Lanz et Johan Louis venus  de Meissen, qui y élaborent des objets, à l'image de cette terrine en forme de  laitue, qui témoigne du haut talent de technicité de ces artisans capables de  recréer des formes complexes et les couleurs délicates de la matière végétale. |  
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                        | Lille, manufacture non  identifiée. Série d'assiettes décoratives aux cartes à jouer, vers 1760 - 1770.  Faïence. Lille, Palais des Beaux-Arts, mode et date d'acquisition inconnus,  avant 1869; ancienne collection Jules Houdoy.
 
 
 L'idée de reproduire des  cartes à jouer en trompe l'œil sur des faïences naît à Delft. La mode se  diffuse ensuite en Europe, à l'instar de ces objets issus de productions  européennes distinctes; ces assiettes ornées de cartes à jouer et ce plateau (ci-dessous) reproduisant  le tableau de paiement du Boston - ancêtre du Bridge et proche du Whist, particulièrement  apprécié au XIXe siècle - surprennent par l'aspect brillant de la céramique, matière  plus noble que le carton dont ils sont généralement constitués. Faisant  fusionner le temps du repas et celui du jeu en des objets curieux et raffinés,  ils assurent un rôle utilitaire en plus d'amuser les convives. |  
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                        | Fabrique de M. M. Fischer  et Reichenbach, Carlsbad, Bohème, Tchéquie. Plateau octogonal avec tableau de  paiements du jeu de Boston, XIXe siècle. Porcelaine dure. Sèvres, manufacture  et musée nationaux. 
 
  (Voir commentaire ci-dessus). |  | Manufacture de Niderviller.  Comte Custine (1740 - 1793). Assiette, 1774. Faïence stannifère, décor de petit  feu polychrome. Sèvres, manufacture et musée nationaux, don Le Carpentier, 1864. 
 
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                          Nicola-Joseph  Richard (peintre et doreur à Sèvres, actif 1820-1872).-  Portrait peint de Louis-Rémy Robert, peint en camée, 1869.
 -  Portrait peint de Denis-Désiré Riocreux, peint en camée, 1869.
 Porcelaine dure; montage dans un cerclage en métal  doré formant un rang de perles et cadre en bois noirci mouluré. Sèvres,  manufacture et musée nationaux.
 
 
 Ces portraits sous forme de  camées peints renvoient à une forme de décoration apparue à la manufacture dès  la fin du XVIIIe siècle et qui participent au goût pour l'Antiquité. On les  retrouve sous forme d'ornements de décor représentant des figures antiques sur  des pièces de formes ou des pièces de services. Ils prennent également  l'aspect, comme ici, de médaillons honorant des personnalités contemporaines saisies  dans leurs apparences et leurs costumes d'hommes et de femmes du XIXe siècle. |  
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                        | Piero Fornasetti (1913 -  1988). Assiette ornementale, série «thème et variations» (Tema e Variaioni)  n°002, 1952. Céramique. Milan, Triennale. 
 
 |  | Pierre Ducordeau (1928 -  2018). L'Assiette ficelée, 2006.  Céramique peinte. Paris, collection Ducordeau. 
 
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 5 - ÉPANOUISSEMENT AU XVIIIe SIÈCLE
 Peinture illusionniste
 
 
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                        | Scénographie  |  
                        |    Au  cours du XVIIIe siècle, période de l’âge d'or de la gravure en France,  plusieurs artistes dont Gaspard Gresly, Étienne Moulineuf, Dominique Doncre et  Louis Léopold Boilly s’attellent à peindre des éléments ou des compositions entières  en grisaille. Ces peintures réalisées en camaïeux de gris deviennent alors des  œuvres extrêmement abouties imitant les techniques de la gravure alors qu’au  siècle précédent ces œuvres en grisaille sont le plus souvent préparatoires à  un tableau ou à une estampe. Ces gravures feintes sont ainsi fixées sur une  planche de sapin brut peinte en trompe l'œil. Les sujets représentés par ces  artistes peuvent rendre hommage à des maîtres de l'histoire de l'art comme le  peintre hollandais Frans Hals ou le graveur lorrain Jacques Callot. D’autres artistes,  quant à eux, mettent à profit la maîtrise de cette technique pour souligner les  traits de leurs modèles comme ceux de Madame Chenard par Boilly ou leur  virtuosité. La toile de Moulineuf présentée dans cette section démontre  l’habilité du verre cassé feint. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Franz Rösel von Rosenhof  (1626-1700). Trompe-l’œil avec un singe  capucin dans sa caisse, dit aussi Le  Singe effronté, dernier quart du XVIIe siècle. Huile sur toile. Paris,  collection Farida et Henri Seydoux.
 
 Le caractère illusionniste  de la caisse représentée par le peintre autrichien Rösel von Rosenhof, est  renforcé par la découpe géométrique du support qui la projette dans l'espace et  donne l'illusion d’un objet tridimensionnel. De la partie inférieure de la  porte s'échappent des brins de paille et leurs ombres, tandis qu'au centre de  la façade, projetée sur le fond sombre de l'intérieur de la caisse, apparaît la  tête du singe ou sapajou capucin, réaliste, dans une ouverture qui la laisse à  peine passer. |  
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                        | Charles Bouillon (actif à Paris vers 1704-1707).  Plis et objets en trompe-l’œil, 1704. Huile  sur toile, 81,5 x 107,5 cm. Paris, collection particulière. © Studio Christian  Baraja SLB. 
 
 
                        La biographie de  Charles Bouillon qui signe Bouillon Flammant reste très méconnue à l'exception  de son séjour parisien entre 1704 et 1707. C'est au cours de cette période qu'il  peint ce quodlibet présenté pour la première fois depuis des décennies dans une  exposition. Il témoigne en ce début du XVIIIe siècle de l'intérêt constant que  portèrent les artistes à cette thématique du porte-lettres. Pour sa réalisation,  l'artiste s'est probablement inspiré des compositions à l'équilibre harmonieux  des maîtres du genre, Cornelis Norbertus Gijsbrechts ou Jean François de Le  Motte. |  | Jean Pillement (1728-1808). Trompe-l'œil avec ruban turquoise  devant le paysage de la campagne portugaise, vers 1790. Huile sur toile, 37,5  x 54 cm. Paris, Collection Farida et Henri Seydoux. © Studio Christian Baraja  SLB. 
 
 Dans l'œuvre de Pillement,  ce trompe-l'œil fait figure d'exception. Un ruban paraissant pris sous la  moulure du cadre pend par-dessus un paysage semblable à ceux que peignait l'artiste.  Il rappelle ceux que Pillement dessina pour le Cahier de six nœuds de rubans  paru en 1770, ainsi que ses liens avec les soyeux lyonnais. La virtuosité avec  laquelle sont rendus les plis et les brillances du ruban démontrent les  qualités de l'ornemaniste, tout en rappelant le caractère illusionniste de la  peinture. |  
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                        | Jean Valette-Falgores dit  Valette-Penot (1710-après 1777). Sainte  Famille, vers 1770.  Huile sur toile.  Montauban, Musée Ingres Bourdelle. 
 
 |  | Jean Valette-Falgores dit  Valette-Penot (1710-après 1777). Le  Désordre de l'atelier, 1770. Huile sur toile. Collection particulière. 
 
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                        | Scénographie  |  
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                        | Louis Léopold Boilly (1761-1845). Trompe-l’œil  aux pièces de monnaies, sur le plateau d’un guéridon, vers  1808-1815 (voir ci-dessus). Peinture à huile sur vélin et bois. Guéridon 76 cm de hauteur,  plateau 48 x 60 cm. Lille, Palais des Beaux-Arts. © Photo : RmnGrandPalais  (PBA, Lille) / Stéphane Maréchalle. 
 
 
                           Boilly réinvente ici  l'illusion picturale en déployant sa virtuosité sur le support horizontal d'un  plateau de meuble. Ce guéridon de style Empire, pourrait avoir décoré le  château de
Saint-Cloud, résidence de Napoléon Ier, selon un  document découvert dans un de ses tiroirs. La pièce à l'effigie de ce dernier  serait alors peut-être un clin d'œil à l'illustre commanditaire de ce  trompe-l'œil. L'efficacité de ce piège peint repose sur la composition sobre et  la diversité des effets produits par des éléments anodins, tels qu'un morceau  de verre brisé et une loupe, ou encore les gouttes de colle tombées par inadvertance  sur le papier. |  | Louis Léopold Boilly  (1761-1845). Un Trompe-l'œil, vers  1800-1805. Huile sur toile. Collection particulière. 
 
 Les trompe-l'œil  constituent un pan majeur de l’œuvre de Boilly: dès 1789, il multiplie les  peintures imitant des cadres encombrés de feuilles manuscrites et d'images,  maintenues derrière un verre brisé qui donne l'illusion de la tridimensionnalité.  L'artiste connaît un succès populaire avec des œuvres qui jouent du rendu  illusionniste des matières autant que d'une mise en abyme de l'image en  feignant diverses techniques picturales: des esquisses à l'huile jouxtent des dessins  au fusain, à la sanguine, des gravures aquarellées … Ces éléments sont  familiers du public avec qui Boilly établit une connivence. |  
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                        | Laurent Dabos (1761-1835). Trompe-l’œil, dit aussi Traité  de paix définitif entre la France et l’Espagne, après 1801. Huile sur  bois, 58,9 x 46,2 cm. Paris, musée Marmottan Monet. © Musée Marmottan Monet /  Studio Christian Baraja SLB. 
 
 L'œuvre du musée Marmottan  Monet, restaurée récemment offre à voir sous un verre feignant d’être brisé en  plusieurs endroits des documents savamment éparpillés. Une gravure de paysage  va même au-delà du cadre, créant ainsi grâce à son ombre l'effet d’une  troisième dimension. À ce désordre organisé, Dabos joint une dimension  politique grâce à la présence des portraits de Bonaparte, alors Premier consul  et de Charles IV, roi d'Espagne, symboles de l'alliance entre la France et la  monarchie absolue espagnole contre la Grande-Bretagne qui aboutira à la  signature du traité d'Amiens le 25 mars 1802. |  | Louis Léopold Boilly  (1761-1845). Trompe-l'œil: les Petits  Soldats, grisaille à l'imitation de l'estampe, dit aussi Trois enfants de l’auteur faisant de  l'exercice ou La Vocation militaire de l'enfance, 1809. Huile sur toile.  Douai, musée de la Chartreuse. 
 
 Les Petits Soldats met en scène les trois fils du peintre, Julien, Édouard  et Alphonse déguisés en soldats, et témoigne d’un genre particulier dans  l'œuvre du peintre, consistant à reproduire - à l'identique - en grisaille «à  l'imitation de l’'estampe», une précédente peinture polychrome (huile sur toile,  1809, Douai, musée de la Chartreuse). Ce type de transposition monochrome copie  généralement la gravure au pointillé, une technique caractérisée par sa  dimension plus picturale et ses tons riches, rendant ainsi la frontière entre peinture  et gravure plus ténue. |  
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                        | Étienne Moulineuf (1706 -  1789). Trompe-l'œil au verre cassé  d'après le Bénédicité de Jean Siméon Chardin (1699-1779), après 1744. Huile  sur toile. Bourg-en-Bresse, musée du monastère royal de Brou, don Miriam et  Boris Milman. 
 
 Étienne Moulineuf,  co-fondateur de l'Académie de peinture et de sculpture de Marseille, est  l'auteur de trompe-l'œil si réussis qu'il était soupçonné de coller des  estampes au lieu de les reproduire au pinceau. Pour répondre à ses détracteurs,  il réalisa un autoportrait. Ici, sous un verre cassé lui permettant de donner  profondeur et véracité à sa peinture, il représente le célèbre Bénédicité peint  par Jean-Siméon Chardin. Cette scène de prière récitée avant le repas nous  plonge dans une intimité familière. |  | Louis Léopold Boilly  (1761-1845). Trompe-l’œil: portrait de  Madame Chenard, grisaille à l'imitation de l'estampe, 1813. Huile sur  toile. Paris, musée Marmottan Monet, legs Paul Marmottan, 1932. 
 
 Lié par une forte amitié au  Chanteur Simon Chenard, Louis Léopold Boilly peint plusieurs portraits de  membres de sa famille, parmi lesquels celui de son épouse, Madame Chenard. Cette  œuvre, restaurée à l’occasion de cette exposition, peinte en grisaille,  c'est-à-dire dans un jeu de camaïeu gris donnant l'illusion du relief et de la  sculpture, prend ici pour but d'imiter la gravure. La signature de l'artiste en  bas à gauche «Boilly pinxit» (Boilly a peint) qui s'inscrit dans une longue tradition  de la peinture occidentale, révèle le caractère feint de la technique simulée. |  
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                        | Scénographie. 
 
 |  | Louis Léopold Boilly  (1761-1845). Trompe-l'œil : Ah! Ça ira,  grisaille à l'imitation de l'estampe, dit aussi Mère jouant avec ses enfants ou  L'Oiseau chéri, vers 1789-1793. Huile sur toile. Saint-Omer, musée Sandelin. 
 
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                        | Jean-Étienne Liotard (1702-1789). Trompe-l’œil au portrait de  Marie-Thérèse d’Autriche, vers 1762-1763. Huile sur panneau, 36,2 x 43,4 cm.  Paris, Sylvie Lhermite-King. © Paris, collection Sylvie Lhermite-King. 
 
 L'œuvre du Genevois atteste  de sa rigueur d'observation, pour la ressemblance des sujets et des objets  reproduits, ainsi que de son exigence à rendre atmosphères et textures. Marie-Thérèse  d'Autriche (1717-1780) est un sujet récurrent du portraitiste. La demi-figure  de l’impératrice émerge ici d’une boîte dont le couvercle a coulissé. L'artiste  conjugue trompe-l'œil et nature morte pour servir sa quête: confondre représentation  et réalité. Accentuant l'effet du leurre, le panneau de bois partiellement  peint donne l'impression qu'un médaillon en bas-relief y a été cloué. |  | Louis Léopold Boilly (1761-1845). Trompe-l’oeil : une  collection de dessins, vers 1801-1807. Huile sur toile, 52 x 62 cm. Paris,  musée du Louvre. © Grand Palais Rmn (musée du Louvre) / Gérard Blot. 
 
 Outre un recours à des  objets du quotidien du public, comme cette pièce de monnaie républicaine,  Boilly crée des compositions peuplées de références à la culture visuelle. Dans  ses trompe-l'œil se mêlent des fragments de ses propres œuvres: sont notamment  reconnaissables ici des portraits du peintre François Swebach et du dramaturge  Benoit Hoffmann représentés dans la Réunion  d'artistes dans l'atelier d'Isabey (1798, Paris, musée du Louvre). Ces  clins d'œil, tout comme la loupe agrandissant la signature de l'artiste,  incitent le spectateur à voir Boilly en contemporain de son époque. |  
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                        | Jean Étienne Liotard (1702  - 1789). Jeune Femme à la lettre,  vers 1746-1750. Crayon gras, mine de plomb et sanguine sur carton 3 plis,  apprêt gypse ou craie, sous verre, écrin en cuir et velours. Genève, musée  d'art et d'histoire de Genève, achat avec l’aide de la Confédération  helvétique, 1948. 
 
 Entre hyperréalisme et  illusion, il est question d'apparence, comme d'intimité: celle que le petit  format favorise. Soulignant leur haute valeur affective, des écrins protègent parfois  les miniatures, spécialement celles transportées avec soi. Ici se découvre une  jeune femme accoudée auprès d'une missive décachetée. Le parfait équilibre de  la figure centrée traduit la sérénité de la liseuse, soutenant le regard du  témoin, passionné où indiscret, qui a ouvert l'étui. |  | Jean Étienne Liotard  (1702-1789). Portrait d'un homme de  qualité, vers 1750-1760. Graphite et sanguine sur papier marouflé sur  carton teinté ocre, cadre-lunette en cuivre poli. Genève, musée d'art et  d'histoire de Genève, achat, 1971. 
 
 Ce portrait en miniature  illustre la dextérité de Jean Etienne Liotard à conjuguer le dépouillement de  la composition et du choix chromatique à la minutie du rendu des détails, notamment  des textures, pour servir la véracité de l'image, à l'imitation de la nature.  L'artiste insiste dans son traité des principes et des règles de la peinture  publié en1781: «les petits détails, quand ils sont bien imités, font un très  grand plaisir». Aussi, la prestance d'un gentilhomme anonyme s’impose-t-elle  sans être affaiblie par la palette de camaïeu de gris et de rose qui contribue  à la sérénité de la figure. |  
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 6 - LE RENOUVEAU DU TROMPE-L'ŒIL
 Le XIXe siècle aux États-Unis
 
 
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                        | Scénographie  |  
                        |    Sous  la Révolution française, le trompe-l'œil devient un support pictural à visée  politique. Dès le Premier Empire, la peinture illusionniste gagne en popularité  et connaît même un succès commercial grâce à des artistes comme Louis Léopold  Boilly. Ce dernier intitule, pour la première fois l’une de ses œuvres  Trompe-l'œil au Salon de 1800 et y fait sensation. Boilly fait du spectateur le  complice de ses jeux esthétiques en convoquant avec dérision les codes  traditionnels de l'illusion. La  pratique du trompe-l'œil connaît un renouveau aux États-Unis avec la dynastie  de peintres philadelphiens autour de Charles Winston Peale dès la fin du XVIIIe  siècle. Au siècle suivant, le peintre William Harnett, après une formation à  Munich où il admire l’art des Pays-Bas du XVIIe siècle, revient à Philadelphie  où il rencontre John Frederick Peto. Avec John Haberle, ils sont parfois assimilés  à ce que l’on nomme commodément la «seconde École de Philadelphie». Ils réinterprètent  de manière moderne cette tradition en utilisant des objets quotidiens et  contemporains. Ce mouvement, resté méconnu en France, a largement influencé les  peintres américains des générations suivantes qui s'intéressèrent de nouveau à  ce genre. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Adolphe-Martial Potémont (1828-1883). Lettres d’Alsace et de  Lorraine, s.d. Huile sur toile, 49,7 x 60,8 cm. Pau, musée des Beaux-Arts. ©  Pau, musée des Beaux-Arts.
 
 Lettres et enveloppes, ont  été souvent intégrées aux trompe-l'œil. Leur présence permet de révéler le nom  du peintre ou du commanditaire, elles peuvent aussi fournir d'autres informations.  Avec cette œuvre de Potémont, peinte au lendemain de la perte de  l'Alsace-Lorraine, l’allusion est claire: les enveloppes déchirées, les lettres  ouvertes qui ont laissé s'échapper des fleurs séchées, ne révèlent pas leurs  destinataires mais les timbres et les cachets rendent compte de la douloureuse  séparation, ferment d’une «revanche». |  
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                        | John Frederick Peto (1854-1907). Le Vieux Violon [The old Violin],  vers 1890. Huile  sur toile, 77,2 x 58,1 cm.  Washington, National Gallery of Art, don de l’Avalon  Foundation. © Washington, National  Gallery of Art. 
 
 Longtemps confondue avec  celle de William Harnett, l'œuvre de l'américain Peto ne fut redécouverte qu'à  partir des années 1960 par l'historien de l'art de San Francisco, Alfred  Frankenstein. Ce violon - qu'il a représenté à plusieurs reprises sous le titre The Old Cremona, évoquant son origine  italienne et faisant probablement référence aux temps anciens de l'immigration  -, a fait partie du premier corpus de vingt œuvres sur lequel se sont  construits le catalogue et la réputation de son auteur. |  | John Haberle (1856-1933). Petite monnaie, 1887. Huile sur toile.  Bentonville (Arkansas), Crystal Bridges Museum of American Art. 
 
 Sur une planche de bois, le  peintre américain Haberle intervient de diverses manières. De haut en bas, il  indique, à droite, son nom, la date de 1887 et la mention de New Haven  au-dessus du dessin caricatural d’un personnage à l’allure dansante. Plus bas,  apparaissent une pièce de monnaie tenue en place par trois clous à tête dorée,  deux billets usagés de 10 et 25 cents aux portraits de William Meredith et de  George Washington. En bas à droite, figurent encore une pièce de monnaie et un ultime  clin d’œil du peintre, son portrait photographique. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | John Frederick Peto (1854-1907). Pour  la piste [For the Track], 1895. Huile sur toile, 110,5  x 75,9 cm. Washington, National Gallery of Art. Don de Jo Ann  et Julian Ganz Jr en l’honneur d’Earl A. Powell III. © Washington, National  Gallery of Art. 
 
 Dans cette œuvre tardive,  Peto a réuni divers objets en rapport avec les courses équestres, adossés à un  panneau de bois peint en vert foncé. Il s'agit probablement d'une porte dont les  charnières apparaissent à gauche et introduisent, avec l'entrée de serrure, les  seules courbes de la composition. La ferrure du bas, cassée, laisse apparaître  l'unique touche claire qui s'oppose au fond sombre et aux éclats de couleur, le  rouge de la casquette de jockey, le vert d’une affiche déchirée, ou le bleu  d’un papier glissé dans la feuillure. |  | John Frederick Peto  (1854-1907). Couteau Bowie, bugle à clés  et gourde, années 1890. Huile  sur toile. Chadds Ford, Brandywine Museum of Art, don Amanda K. Berls, 1980. 
 
 Sur une porte semblable à  celle qui figurait déjà dans For the track,  Peto a représenté la ferrure inférieure cassée, à gauche, introduisant une  touche claire. Au centre de la composition, suspendus sur la porte, apparaît  une superposition d’objets: poire à poudre, couteau à découper, bugle à clefs  et gourde, appuyés, en partie haute, sur une gravure et un cahier à couverture  bleue. Ces objets permettent d‘imaginer que le commanditaire de l’œuvre était  un chasseur et peut-être le propriétaire de la maison évoquée par la gravure? |  
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                        | Touland (XIXe siècle). Trompe-l'œil aux assignats et cartes à jouer,  XIXe siècle. Huile sur carton. Collection particulière.
 
 
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 7 - LES TROMPE-L'ŒIL CONTEMPORAINS
 Le groupe des peintres de la Réalité
 
 
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                        | Scénographie  |  
                        |    À  partir de 1911-1912, George Braque et Pablo Picasso posent la question du lien  entre la peinture et le réel à travers le cubisme. L'ordonnance spatiale en une  série de plans verticaux y est novatrice, et leur permet de mêler des jeux  d'illusion et de matière comme le montre la Nature  morte à la chaise cannée de Picasso (musée national Picasso-Paris). Le  monde des objets va également intéresser les surréalistes qui en feront un  support onirique. Pierre Roy, peintre membre du groupe surréaliste, développe une  peinture en trompe l'œil et s'amuse à inverser l'échelle des objets du  quotidien tel que le fait également René Magritte. Un  intérêt renouvelé pour le genre du trompe-l'œil apparaît chez les artistes et  le public après-guerre. En 1960, au Salon  Comparaisons, le groupe des peintres de la réalité créé par Henri Cadiou  expose des trompe-l'œil. Jacques Poirier, Pierre Ducordeau et plus tard Pierre  Gilou, fils de Cadiou, se rallient à l'artiste pour fonder le groupe  Trompe-l'œil / Réalité. En 1993, ils exposent au Grand Palais lors de la  manifestation sur «le Triomphe du trompe-l'œil» suscitant l'intérêt de milliers  de visiteurs. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Ton de Laat (1946-2016). Paquet postal, 1986. Aquarelle  sur papier, 39 x 30 cm. © Collection ING.
 
 Héritier de la tradition de la peinture des Pays-Bas  du XVIIe siècle, Ton de Laat réactualise le thème du porte-lettres ou des  tables à dessus. La simulation du relief est obtenue par des jeux de contrastes  colorés aux tons ocre et par la méticulosité apportée aux détails des objets  qu'il représente. Les caractéristiques tactiles des documents - la rugosité des  enveloppes en papier kraft, la souplesse du papier journal et la rigidité des  cartes postales - démontrent sa parfaite maîtrise de la peinture illusionniste  à l'aquarelle. |  
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                        | Pierre Roy (1880-1950). Papillon, 1933. Huile sur toile. Nantes,  musée d'Arts, achat en 1967. 
 
  Voir les commentaires ci-dessous (La Terre). |  
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                        | Pierre Ducordeau (1928-2018). Tableau en déplacement, 1966.  Huile sur toile, 64 x 56 cm. Paris, collection Ducordeau. © Collection  particulière. 
 
 Pierre Ducordeau, décédé en  2018, a fait partie du groupe Trompe-l'œil / Réalité. Cette œuvre peinte en  1966 est certainement l’une de ses œuvres les plus célèbres. Entre un cadre en  bois doré feint dépourvu de toute représentation et son passe-partout vert, il  insère non sans humour un bon d'enlèvement informant que la toile a quitté son  écrin pour rejoindre les cimaises de l'exposition des «Chefs-d’œuvre français»  organisée à la National Gallery de Londres. Telle une mise en abyme, cet  encadrement peut être considéré comme un autoportrait démontrant la virtuosité  de Ducordeau. |  | Pierre Roy (1880-1950). La Terre, 1926. Huile sur toile. Nantes,  musée d'Arts, achat en 2005. 
 
 Originaire de Nantes,  Pierre Roy a fait partie du cercle surréaliste grâce à son amitié avec Giorgio  De Chirico. Restant en marge du groupe, il poursuit ses activités d'illustrateur  de livres, de décorateur de théâtre et ses recherches illusionnistes. Il fait  preuve dans ces deux toiles (voir Papillon ci-dessus) d’une grande maîtrise technique présentant à la  fois des objets manufacturés et des spécimens naturels, tels que la carapace de  tortue, métaphore du monde, rassemblés dans des cadres feints et créant ainsi  de véritables cabinets de curiosités en relief. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Henri Cadiou (1906-1989). La Déchirure, 1981. Huile  sur toile, 80 x 54 cm. Collection particulière. © Droits réservés. © ADAGP,  Paris 2024. 
 
 Henri Cadiou représente l'image iconique de Monna  Lisa qui apparaît partiellement à travers un emballage froissé et lacéré à  peine retenu par des bandes adhésives d'un grand réalisme. La carte de visite  glissée laisse entrevoir la signature et l'adresse de l'artiste. La présence de  l'œuvre de Léonard de Vinci fait semble-t-il référence à l'œuvre de Marcel  Duchamp. Admiratif de cet artiste, Cadiou lui a dédié deux œuvres, son Hommage à Marcel Duchamp peint en 1969  (en mains privées) reprenant son fameux urinoir (Fontaine) et cette toile faisant écho à la parodie de la Joconde  pourvue d'une moustache réalisée par Duchamp en 1919. |  | Martin Battersby (1914 -  1982). Trompe-l'œil, vers 1960. Huile  sur toile. Collection Patrick Mauriès. 
 
 Martin Battersby, expert du  trompe-l'œil au XXe siècle en Angleterre, allie architecture et design pour  créer des illusions visuelles saisissantes. Dans ses œuvres, comme celle-ci, il  utilise la technique du faux bois et des ombres portées afin de créer de la  profondeur. Cette main gantée de velours semble ainsi sortir du cadre tendant  au spectateur ce bouquet de fleurs fermé par un ruban. Ses talents de peintre  sont sollicités pour des décors d'intérieur, notamment la maison des Mellon à  Oak Spring en Virginie (États-Unis), où il réalise une bibliothèque en trompe  l'œil abritant une variété d'objets, tel un cabinet de curiosité. |  
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                        | Henri Cadiou (1906-1989).  Transcendance spaciale, 1960. Huile sur toile, 41 x 33 cm. Collection  particulière. © Droits réservés. © ADAGP, Paris 2024.
 
 Graphiste publicitaire,  Henri Cadiou a finalement choisi d'embrasser une carrière de peintre et devient  l'un des membres fondateurs du groupe Trompe-l'œil / Réalité. En 1960, il peint  son premier trompe-l'œil, Transcendance spatiale,  citation des célèbres Entailles (Tagli) du peintre Lucio Fontana, série reconnaissable à ces lacérations de toiles par une  lame de rasoir initiée en 1958. Si, à première vue, il peut s'agir d'un hommage  à l'artiste argentin, Cadiou critique sous la forme du pastiche illusionniste  l’art abstrait. |  | Jacques Poirier  (1928-2002). Le Reliquaire, années  1980. Huile sur panneau, 44 x 38 cm. Lyon, galerie Saint-Hubert. 
 
 Illustrateur pour la presse  et l'édition, Jacques Poirier se consacre exclusivement à la peinture dès 1981.  Il se spécialise dans le genre de la nature morte illusionniste et devient l'un  des membres du groupe Trompe-l’œil / Réalité fondé par Henri Cadiou. Avec Le Reliquaire, il crée des simulacres de  rebuts ayant appartenu à Picasso. L'œuvre est un hommage amusé au maître  espagnol, que l'on identifie par son portrait. Poirier appose sa signature dans  le phylactère, à la base du cadre, et se représente en buste, dans le médaillon. |  
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 8 - LES TROMPE-L'ŒIL CONTEMPORAINS
 Les illusionnistes de la Réalité
 
 
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                        | Scénographie  |  
                        |    L'Arte  Povera, mouvement d'avant-garde apparu en Italie dans les années 1960 incarne  une certaine défiance vis-à-vis de la société de consommation. Ses artistes,  tels que Michelangelo Pistoletto, Giovanni Anselmo et Giuseppe Penone,  privilégient l'utilisation de matériaux naturels ou de récupération. À partir  de 1962, Pistoletto réalise la série des Tableaux-miroirs démontrant que le monde de l’image est scindé en deux: une part tenant de la  reproduction picturale, une autre plus spéculaire, objective. Daniel  Spoerri a pris part, dans les années 1960, à l'émergence du mouvement des Nouveaux  réalistes. Dès 1963, il dénonce, comme le groupe de l’Arte Povera, les excès de  la société de consommation à travers la représentation de repas consommés dans  ses «tableaux-pièges» bravant les lois de la pesanteur et interrogeant les  limites entre la réalité et l'illusion, l'art et la vie. Daniel Firman, avec  Jade, inscrit lui son œuvre dans l'histoire du moulage d'après nature. En  2018, Giuseppe Penone crée pour la Manufacture de Sèvres, Envelopper la terre avec la terre démontrant la capacité du  céramiste à donner l'illusion de la feuille froissée sur laquelle repose  l'empreinte de son poing serré. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Daniel Firman (né en 1966). Jade, 2015. Résine peinte, acier,  vêtements, perruque. Courtesy Ceysson & Bénétière.
 
 Daniel Firman s'intéresse  au langage du corps. Il s'est fait connaître notamment avec sa série «Attitude».  Moulés d'après nature, habillés de véritables vêtements, et portant perruque,  les corps humains sont saisis dans des poses singulières appuyés contre un mur.  Ses sculptures anthropomorphiques abandonnent l'aspect figé des œuvres hyperréalistes  américaines au profit d'une représentation du mouvement qui semble arrêtée. Jade nous trompe sur la réalité de la  personne accoudée au mur: absence du visage et utilisation de véritables  vêtements et accessoires. |  
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                        | Carlo Guarienti (1923 -  2023). Trompe-l'œil au porte-courrier,  1955. Huile sur panneau. Collection particulière. 
 
 
                           Guarienti  est un artiste italien rattaché aux Peintres modernes de la réalité (Pittori  moderni della realtà), qui, à la fin des années 1940, revendiquent une  filiation à la grande tradition picturale. Cette toile est l'une des dernières  réalisées par le peintre avant son éloignement du groupe et pourrait symboliser  cette rupture. Malgré une composition illusionniste assez cryptique, divers  indices étayent cette hypothèse. Ainsi, Sandro Rubboli, critique d'art et lié  au mouvement, est désigné par une enveloppe lui étant adressée et par le dessin  d’un mannequin, un motif hérité de l’art de Giorgio de Chirico et central dans la collection personnelle de  celui-ci. Le sécateur et une lettre signée de l'artiste précédée d'un «cordial  salut» vont dans ce sens.
                         |  | Daniel Spoerri (né en 1930)  : Tisch n°5, 4 novembre 1968. Panière  à pain, coupelle en céramique, trois verres, cendrier, mégots, sucrier, moulin  à poivre, salière, pot à crème, assiette, couverts, boîte à fromage vide, deux  titres de transport, une pièce de monnaie. Objets divers collés sur bois peint.  Grenoble, collection du musée de Grenoble, achat en 1987. 
 
 Dès 1963, l'artiste propose  des expériences culinaires perturbant les papilles et les coutumes alimentaires  et culturelles. À la fin des repas, les restes sont fixés sur la table avant  d’être basculés à la verticale. Ce théâtre d'objets réels invite à reconstituer  la scène pétrifiée. Identifiable par son panneau bleu, Tisch n°5 a été réalisé en 1972 au Restaurant Spoerri à Düsseldorf.  Ce piège optique prend pour cible la peinture classique et ses représentations  mimétiques. Il interroge les frontières entre la réalité et l'illusion, le vrai  et le faux, renverse l'ordre établi, déstabilise le regard et les préconçus. |  
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                        | Michelangelo Pistoletto (né  en 1933). Déposition, 1973. Sacrée conversation, Anselmo, Zorio, Penone,  1974. Sérigraphie sur acier inoxydable, miroir poli. Biella, Collection  Cittadellarte - Fondation Pistoletto. Courtesy Galleria Continua.
 
 
 Formé auprès de son père,  restaurateur de tableaux et peintre de natures mortes, Michelangelo Pistoletto  commence à partir de 1962 la série de tableaux-miroirs, basés sur un miroir inframince  confondu avec le mur et dont la surface réfléchissante renvoie à des figures se  positionnant au même plan que l'image du reflet du spectateur. À partir de  1971, il utilise un processus sérigraphique de reproduction de l'image photographique.  Dans Sacra conversazione: Anselmo, Zorio, Penone, les trois artistes du  mouvement Arte Povera sont élevés au rang de personnages saints avec lesquels  nous sommes conviés à converser. |  
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                        | Jud Nelson (né en 1943). Chemise / (Cardin), série Holos 10,  1895. Marbre de Carrare. New York, Louis K. Meisel Gallery. 
 
 Dès 1971, Jud Nelson réalise  des répliques minutieuses d'objets issus d'un consumérisme ordinaire qu'il  regroupe en une série intitulée «Holos». Chemise  / (Cardin) est la première version de six sculptures prenant pour modèle  une chemise en coton. L'artiste s'attache à évoquer la légèreté, la souplesse  et la douceur du tissu par l'emploi du marbre blanc de Carrare, par essence  lourd, dur et froid. L'écart produit entre la banalité du sujet et la noblesse  de la matière déplace le thème de la vanité en trompe l'œil dans la société consumériste  américaine des années 1980. |  | Giuseppe Penone (né en  1947) et la Manufacture nationale de Sèvres. Envelopper la terre avec la terre, 2018. Grès et biscuit de  porcelaine. Sèvres, manufacture et musée nationaux. 
 
 Réalisée par Giuseppe  Penone à la manufacture de Sèvres, Avvolgere  la terra con la terra (envelopper la terre avec la terre) fixe dans le grès  l'empreinte du poing serré de l'artiste, posé sur une feuille froissée en biscuit  de porcelaine. Les plis naturalistes de la feuille offrent un saisissant effet  de trompe-l'œil et évoquent la texture d’un papier ou d’un tissu, la blancheur et  le velouté de la porcelaine accompagnant ce trouble de la perception. Rappelant  ce geste premier de l'humanité de pétrir la terre, Penone inscrit dans la  matière l'acte de toucher, de prendre, de serrer.
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 9 - TROMPER L'ADVERSAIRE
 L'art du camouflage
 
 
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                        | Scénographie  |  
                        |    La  Société d'études d'histoire militaire la Sabretache rassemblant des passionnés  d'histoire militaire dont les peintres Édouard   Detaille et Ernest Meissonier est à l'origine de la fondation du musée  historique de l'Armée, ancêtre du musée de l'Armée, décrétée en octobre 1896.  Paul Marmottan, érudit et collectionneur du style Empire, s'est impliqué dans sa  création en tant que membre fondateur de la Sabretache et donateur d'une partie  de sa collection. Ainsi, les liens étroits entre nos deux musées nous ont  permis d'interroger comment tromper l'ennemi avec l'art de la dissimulation à  usage militaire. Un  an après le début de la Première Guerre mondiale, en août 1915, la section de  camouflage est créée. Des artistes et des décorateurs de théâtre spécialistes de  l'illusion développent des dispositifs stratégiques homologués par les généraux  pour protéger les hommes et améliorer la défense. Cette nouvelle arme qu'est le  camouflage va au fil des conflits du XXe et du XXIe siècle se perfectionner  pour que le soldat se confonde avec son environnement. Les photographies  contemporaines de Daniel Camus et de Lisa Sartorio en proposent une vision  mêlant réalisme et esthétisme. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Grande-Bretagne. Ghillie suit Chamelon ® Woodland, 1998.  Coton, polyester, plastique, métal, tissu velcro, caoutchouc. Paris, musée de  l'Armée.
 
 Véritable camouflage en 3D,  le ghillie suit est un vêtement utilisé par les tireurs d'élite, les unités de  recherche humaine (URH) pour les missions de renseignement ou les  chasseurs. Il leur permet de se dissimuler en  se fondant dans l'environnement immédiat, grâce à une combinaison de fils de couleurs,  de morceaux de toile découpés, dont la forme et les teintes reprennent celles  du sol ou du feuillage, et l'ajout de matériaux naturels (branches, feuilles ...). |  
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                        | André Villain dit Dréville  (1878-1938), imprimerie G. Delattre & Cie. Frise des camoufleurs, 1916.Lithographie sur papier marouflé sur  toile. Paris, musée de l'Armée, achat auprès de la galerie Laura Pecheur, 2015.
 
 
 André Villain représente  ici quarante artistes français mobilisés à la section de camouflage. Créée en  1915, et commandée par le peintre Victor Lucien Guirand de Scevola (1871-1950),  visible au centre, elle comprend des peintres, décorateurs, spécialistes du  trompe-l'œil…, chargés de camoufler à la fois les hommes, le matériel et les  voies de communication. Tous sont identifiés. Au centre, Jean-Louis Forain  (1852-1931) inspecteur général de la section, est appuyé sur sa canne. L'auteur  de la frise s’est représenté face au décorateur Louis Guingot (1864-1948), en  avant-dernière position à droite. |  
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                        | Lisa Sartorio (née en  1970). M14-Ebr, série L'Écrit de  l'Histoire, en cours depuis 2014. Épreuve jet d'encre pigmentaire sur  papier Fine Art, contrecollée sur aluminium. Paris, musée de l'Armée, achat  auprès de la galerie Binome, 2018. 
 
 À distance, le regard se  perd dans une masse végétale. De près, l'œil distingue des milliers de fusils  d'assaut, actuellement vendus dans le monde entier et hier utilisés par l’armée  américaine lors de la guerre du Vietnam. Le sujet jaillit de la trame qui le  camouflait, créant une surprise autant qu'un sursaut. Lisa Sartorio interroge  la façon de redonner aux images de guerre trop médiatisées leur force de  témoignage. En transformant plastiquement la matière à partir d'images préexistantes,  l'artiste provoque un déplacement du regard et convie à un réveil des  consciences et de la mémoire. |  | Jean-Baptiste Eugène Corbin  (1867-1952). Maquette de canon peinte pour des études sur le camouflage, Toul  (France), août 1914. Modèle réduit en bois et fer peint. Paris, musée de  l'Armée, achat, 2005. 
 
 Cette maquette, peinte dans  des tons  verts, ocre et marron, illustre  les premières recherches sur le camouflage des pièces d'artillerie. Elle a été  réalisée en août 1914 par Eugène Corbin, un entrepreneur et mécène nancéen  mobilisé dans l'artillerie. L'objectif est de dissimuler les canons et leurs servants  à la vue de l'aviation ennemie. Par la suite, Corbin réalise les premières  bâches de camouflage et devient l'un des précurseurs du camouflage militaire. |  
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                          Daniel  Camus (1929-1995). - 
                            Le retour dans la  jungle est aussi pénible que l'aller. La montée est dure sous le soleil
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                            Et maintenant la descente difficile et  fatigante car la piste est devenue glissante et les chutes sont nombreuses.
 Photographies  19 et 22 du reportage intitulé Coup de  main sur les positions Vietminh au nord de Diên Biên Phu, 2 février 1954. Tirages gélatino-argentiques noir et  blanc sur papier baryté. Paris, musée de l'Armée, don du général Pierre-Élie  Jacquot, 1955.
 
 
 Daniel Camus, jeune pigiste  pour Paris Match, devient photographe militaire au sein du Service presse  information. En service officiel pendant la guerre d'Indochine, il couvre entre  1953 et 1954 les actions des soldats français engagés dans une âpre lutte  contre les forces indépendantistes du Vietminh. Avec un grand sens de la  composition, ses photographies témoignent des conditions de vie  particulièrement difficiles des combattants, ici en progression dans la jungle au  nord de Diên Biên Phu, entre soleil ardent, boue humide et ennemis tapis sous  le couvert végétal. |  |