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 Parcours en images  de l'exposition
 THÉODORE ROUSSEAULa Voix de la forêt
 avec des visuels 
              mis à la disposition de la presseet nos propres prises de vue
 
 
   
               
                 
                  
                    
                      
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                        | Entrée de l'exposition avec un décor emprunté à Théodore Rousseau  (1812-1867): Les Grands chênes du vieux  Bas-Bréau, 1864. Reproduction.  Original: huile sur toile, 90,2 x116,8 cm, Houston, The Museum of Fine Arts. ©  The Museum of Fine Arts, Houston |  
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                            La Voix de la Forêt
 Une génération avant les peintres impressionnistes, Théodore  Rousseau (Paris, 1812 - Barbizon, 1867) est l’un des artistes les plus  controversés de son temps. Archétype de l’artiste bohème, rebelle et moderne,  il est écarté du Salon, événement central de la vie artistique, par un jury  académique sévère, tout en étant acclamé comme le «plus grand paysagiste  d’Europe» par la critique progressiste. Il prouve à lui tout seul la vitalité  de l’école du paysage au milieu du XIXe siècle,  suscitant des débats féroces qui deviennent politiques et même, déjà,  écologiques.
 Car dans un siècle  marqué par les découvertes scientifiques, la révolution industrielle et l’exode  rural, le rapport de l’homme à la nature est en pleine mutation. Rousseau en  est le témoin privilégié, sensible et engagé. Il cherche inlassablement à restituer  sur sa toile l’harmonie qu’il éprouve dans la nature, tout à l’étude des arbres  et des forêts, ainsi que de l’air et de la lumière qui y circulent. Mû par cet  amour inconditionnel pour le vivant, celui qui disait entendre la voix des  arbres sera l’un des premiers à élever sa propre voix pour alerter sur la  fragilité de cet écosystème.
 C’est pourquoi il est  temps de se pencher à nouveau sur cette figure révolutionnaire et singulière,  en montrant combien l’artiste mérite une place de premier plan dans l’histoire  de l’art et du paysage, mais aussi à quel point son œuvre peut guider,  aujourd’hui, notre relation à la nature.
 
 
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                        | Affiche de l'exposition |  | Texte du panneau didactique |   
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 Section 1 : Révolutionner la peinture de paysage
 
 
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                           Théodore fait son apprentissage dans l’atelier du maître du «paysage  historique», Jean-Charles-Joseph Rémond. En 1829, prêt à passer à son tour le  concours du Prix de Rome, Rousseau se rebelle et renonce pour toujours à la  voie académique. Il veut peindre la nature pour elle-même, et non comme un  simple décor pour des scènes mythologiques ou bibliques. Inspiré par les  paysagistes hollandais du XVIIe siècle  et par l’Anglais John Constable, il pose comme principe de son art l’étude  attentive du réel et des phénomènes naturels. Il part alors en  Auvergne. Ce voyage solitaire sera le point de départ de nombreux autres  périples à travers la France: Normandie, Jura, Vendée, Landes, Pyrénées, Berry,  mais jamais l’Italie, comme la tradition l’y invitait. On peut le suivre grâce  aux œuvres qu’il en rapporte: études à l’huile, dessins et aquarelles. Son  ambition étant de fouiller le visible, tout devient sujet pour le peintre:  marais, sous-bois, rochers, vieux arbres ou simples branches de bois mort  peuplent alors ses études comme ses tableaux plus aboutis.
 
 
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Jean-Charles-Joseph Rémond  (1795-1875). Caïn et Abel, 1837.  Huile sur toile. Vire, musée de Vire-Normandie. |  
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). L’abreuvoir, sans date, huile sur bois, 41,7×63,7 cm. Legs  Jean-Pierre Lundy, 1887. Musée des Beaux-arts de Reims. Photo © Christian  Devleeschauwer. 
 
 
L'acidité des couleurs de ce tableau rappelle le paysagiste  anglais John Constable, dont Théodore Rousseau a probablement vu La Charrette de foin, vendue à Paris en  1832. Son admiration pour Constable fusionne avec la leçon des paysagistes  hollandais du XVIIe siècle, notamment Jacob Van Ruisdael ou Meindert Hobbema.  Leur sensibilité aux conditions atmosphériques, infiniment changeantes en  fonction des saisons et de l’heure du jour, inspire durablement Rousseau. |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). Paysage d'Auvergne,  1830. Aquarelle et pastel avec rehauts de gouache sur papier. Paris, musée du  Louvre, département des Arts graphiques. 
 
 
Théodore Rousseau est marqué par les  paysages volcaniques d'Auvergne. Il les représente dans de puissantes œuvres  sur papier, lyriques et expressives. Dans ce paysage, il mêle l’aquarelle, la  gouache et le pastel. Cette texture riche évoque l'aspect de la peinture à  l’huile. La transparence de l’aquarelle contraste avec l’opacité des autres  médiums. Cela lui permet de saisir la fluidité de l'atmosphère, à la manière de  William Turner, tout en restituant l’aspect terreux et dense du paysage. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). Clairière près du village de Pierrefonds dans la forêt de Compiègne, 1833, huile sur toile, 51,8×73,7 cm. Kunshtalle, Hambourg, Allemagne. Photo  © RMN-Grand Palais (BPK Berlin)/ image BPK. 
 
 
Cette œuvre remarquable par sa  composition, admise de justesse au Salon de 1834 (onze voix contre dix)  est achetée par le duc d'Orléans. L'artiste  représente les environs de Compiègne. Derrière un terrain agricole, on  distingue à peine les toits d'un village. Au fond, une colline est bordée par  la lisière d’un bois. Sous le ciel bleu et gris, on sent le léger frémissement  de l'air dans les branches. des paysans et un garde champêtre assis au premier  plan ajoutent quelques touches vives. |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). Étude de troncs d'arbres,  1833. Huile sur toile. Strasbourg, musée des Beaux-Arts. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Théodore Rousseau. Le Mont-Blanc, vu de la Faucille. Effet de tempête commencé en 1834, huile sur toile 146,5×242 cm. Ny Carlsberg Glyptotek,  Copenhague, Danemark. © Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague.
 
 
 En 1834, Théodore  Rousseau séjourne au col de la Faucille, dans le Jura, qui offre un point de  vue unique sur le massif du Mont-Blanc. Désireux de traduire sur la toile  l’immensité qui l'environne, il délaisse la perspective traditionnelle et  l'exactitude topographique. Sa toile représente un abîme plutôt qu'un panorama.  L'espace vers le sommet du mont Blanc semble s'approfondir à mesure qu'on le  contemple. Le tableau, dépourvu de toute présence humaine, met au premier plan  le sentiment de l'artiste face au déchaînement des éléments. |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). La Vallée de Saint-Vincent, 1830, huile sur papier marouflé sur  toile, 18,2×32,4 cm. The National Gallery, Londres. © The National  Gallery, Londres, Royaume-Uni. |   
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                             Théodore Rousseau  (1812-1867). Le Lac de Malbuisson, vers 1831, huile sur papier montée sur carton,  19,5×28,4 cm. Collection privée. © Courtesy Jon Landau.
     
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                        |  |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). Paysage panoramique des  environs de Grenoble, vers 1834. Huile sur papier marouflé sur toile.  Paris, Fondation Custodia, collection Frits Lugt. |   
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 Section 2 : « Le grand refusé », Rousseau l’indiscipliné
 
 
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                        | Scénographie 
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                            Théodore Rousseau  travaille d’abord en plein air, au plus près du motif, puis il retouche  longtemps ses œuvres dans l’atelier, parfois pendant plusieurs années. «Finir»  a été le grand tourment de sa vie, à cause d’une tension fondamentale entre son  désir de saisir le réel et celui d’y mêler son âme. «C’est un naturaliste entraîné  sans cesse vers l’idéal», résume Charles Baudelaire. Rousseau est un  artiste libre et indiscipliné à tous points de vue, y compris technique : il  crée des œuvres hybrides, entre dessin et peinture, et efface la frontière  entre esquisse et tableau. On le lui reproche : à partir de 1836, ses œuvres  sont systématiquement refusées au Salon officiel. Même son Allée des  Châtaigniers, qui devait être acquise par l’État, est refusée par le jury.  Découragé, l’artiste n’enverra plus rien au Salon, jusqu’à ce que l’avènement  de la République, en 1848, ne fasse prendre à sa carrière un nouveau tour.  Soutenu par le Gouvernement, il reçoit une commande officielle et expose à  nouveau au Salon, après treize ans d’absence.
 Le surnom de «grand  refusé», né de son intransigeance et du soutien indéfectible de certains  critiques, comme Théophile Thoré, lui a paradoxalement profité sur un plan  commercial. Ses œuvres obtiennent un succès croissant auprès des  collectionneurs et d’un public en quête d’authenticité.
 
 
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                        | Texte du panneau didactique |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). La Descente des vaches dans  le Haut-Jura, esquisse, 1834-1835. Huile sur toile. La Haye, De Mesdag  Collectie. 
 
 
En raison de processus chimiques irréversibles liés à l'utilisation  de bitumes, La Descente des vaches est aujourd'hui presque entièrement détruite. Mais quelques œuvres  préparatoires subsistent, dont cette esquisse. Le peintre donne à son paysage  l'importance et le format d’une peinture d'histoire. Le jury du Salon refuse le  tableau, ce qui soulève une tempête de protestations. En soutien à l'artiste,  le peintre Ary Scheffer décide de l'exposer dans son atelier parisien (actuel musée  de la Vie romantique). |  
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                        | Étienne Carjat. Portrait de Rousseau, vers 1865, photographie  (épreuve sur papier albuminé à partir d’un négatif verre, contrecollée sur  papier Canson), 10,5×6,5 cm. Musée d’Orsay, Paris, France. Photo © RMN-Grand  Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski. |  |  |   
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                        | Vitrine  |  
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                        | Registre des  procès-verbaux  des décisions du jury du  Salon, 1838. Papier, reliure. Pierrefitte-sur-Seine, Archives nationales de  France.
 
 
 Les registres des procès-verbaux du Salon annuel recensent les  décisions prises par le jury au sujet des œuvres envoyées par les artistes qui  désirent participer. Le registre de 1838 montre que les deux tableaux envoyés  par Théodore Rousseau sont «refusés ». |l est le seul dans la page à subir ce  traitement. Le fac-similé du registre de 1849 montre à l'inverse que ses trois  envois sont cette fois admis. La mention «admis par révisions», dans la colonne  des observations, témoigne d’une volonté de soutenir l’artiste après treize  années d’une trop grande sévérité.
                                Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement   |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). Paysage boisé,  1831-1834. Fusain sur papier Ingres gris-bleu teinté dans la masse. Reims,  musée des Beaux-Arts. 
 
 
Le format panoramique, rare dans l’œuvre de Théodore  Rousseau, témoigne de sa volonté d’innover. Réalisé au fusain et à la mine de  plomb vers 1840, le dessin offre de subtils contrastes, entre la brillance de  la mine de plomb et l’aspect friable et sombre du fusain. Le papier vergé  ivoire illumine la composition, même dans les zones où la matière est appliquée  de manière dense. Cette «manière noire» de Rousseau dérive de l’essor  contemporain de la lithographie de paysage. |   
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                        | Scénographie  |  
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). L'Allée des châtaigniers,  1837-1841, refusé au Salon de 1841. Huile sur toile. Paris, musée du Louvre,  département des Peintures. 
 
 
Théodore Rousseau commence son tableau sur le motif,  dans le parc du château de Souliers en Vendée, puis il le retouche dans son  atelier pendant plusieurs années. Sur une composition ébauchée au fusain et à  l'encre, il peint avec des glacis sombres, à la recherche de tons vibrants. Les  branches et le feuillage forment une voûte portée par les troncs des arbres,  tels des piliers de cathédrale. Plus bas, dans les zones claires, le peintre  imite les surfaces rugueuses des châtaigniers en appliquant grossièrement sa  peinture. |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). La Source du Lison (Doubs),  vers 1863. Fusain et pastel sur toile. Œuvre récupérée à la fin de la Seconde  Guerre mondiale, déposée par l'office des biens et intérêts privés (OBIP); en  attente de sa restitution à ses légitimes propriétaires. 
 
 
En 1860, Théodore  Rousseau se rend en Franche-Comté. La région lui inspire de nombreuses études  et tableaux. Il représente ici la cascade majestueuse du Lison, formé par les  eaux du Doubs, qui, après un voyage souterrain, refont surface à travers les  hautes falaises, dans une majestueuse cascade. Le statut de cette œuvre,  exécutée au fusain et pastel sur toile, demeure ambigu. S'agit-il d’un tableau  inachevé, ébauche que Rousseau entendait peindre ensuite à l'huile, ou d’un  dessin sur toile autonome ? |  
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). Soleil couchant sur une  plaine, 1850-1860. Fusain et rehauts de pastel sur papier rose. Paris,  musée du Louvre, département des Arts graphiques. |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). Troupeau dans la plaine de  Chailly, 1850-1855. Plume, encre de Chine sur papier-calque. Dijon, musée  des Beaux-Arts. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). Paysage boisé, coup de vent,  vers 1836. Crayon Conté, graphite, fusain, estompe, lavis gris, pochoir de  gouache blanche sur papier vélin beige. Reims, musée des Beaux-Arts. |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). Paysage avec ciel orageux,  vers 1842. Huile sur carton. Londres, Victoria and Albert Museurn, legs  Constantine Alexander lonides.
 
 
 Cette esquisse à l’huile sur carton, exécutée en  plein air, est un exemple saisissant du style esquissé de Théodore Rousseau et  de ses effets dramatiques. Les arbres se détachent en clair-obscur sur un ciel  tourmenté et orageux, qui se reflète dans l'étang au premier plan. Les touches  furieuses du pinceau et les grattages de la matière picturale sont  volontairement laissés visibles et traduisent l'impression du peintre face à la  tempête. La palette sobre mêle un bleu foncé presque noir à un jaune vif. |  
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). Étude de branche d'arbre  avec une feuille, vers 1829. Huile sur bois. Rotterdam, Museum Boijmans Van  Beuningen, don Wouter Palte Collection. |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). Orage au-dessus d’un paysage  vallonné et boisé, 1840-1860. Huile sur bois. Rotterdam, Museum Boijmans  Van Beuningen, don Wouter Palte Collection. |   
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 Section 3 : Barbizon, le village des artistes
 
 
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                        | Scénographie 
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                        Lorsque Rousseau s’installe à Barbizon en 1847, le hameau ne  compte qu'une seule rue. Derrière les maisons, la plaine s’étend à perte de  vue, ponctuée de quelques bosquets. À l’est, s’étale la spectaculaire forêt de  Fontainebleau. Depuis le début du siècle, celle-ci attire des dizaines de  peintres, qui logent à l’auberge du Père Ganne. L’ouverture de la ligne de  chemin de fer Paris-Melun favorise l’essor de ce que l’on nommera bientôt la  «colonie» des peintres de Barbizon, à défaut d’être une véritable école.  
                          Une communauté se forme autour de Rousseau : les peintres Narcisse  Diaz de la Peña, Karl Bodmer, Jean-François Millet et Charles Jacque, ou encore  le photographe Eugène Cuvelier, comptent parmi ses intimes. D’autres leur  rendent régulièrement visite, tels Constant Troyon, Honoré Daumier, le  sculpteur Antoine-Louis Barye, sans oublier les critiques, les collectionneurs  et les marchands.  
                          Entre Millet et  Rousseau, l’amitié est parfaite, fondée sur la communauté de goûts et  l’entraide. Cependant, ils ne peignent pas ensemble : Millet se fait le  chroniqueur des terres agricoles côté plaine, tandis que Rousseau se tourne  vers la forêt, préférant la solitude des bosquets denses.
                          
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                        | Texte du panneau didactique |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). Une avenue, forêt de l’Isle Adam, 1849, huile sur toile,  101×81,8 cm. Musée d’Orsay, Paris, France. Photo © RMN-Grand Palais (musée  d’Orsay) / Hervé Lewandowski. 
 
 
Ce tableau est l’un des plus chers à Théodore  Rousseau. Il passe deux années à l’achever et le choisit pour son retour  triomphal au Salon, en 1849. Constituée d'une profusion de feuilles et de  branches où l'on peut sentir l'air circuler, l’œuvre est également emblématique  de la vision écologique de l'artiste. La nature y est décrite comme un tout  organique dans lequel les populations rurales sont intégrées. Les bergères  faisant paître leurs vaches se fondent harmonieusement dans l’environnement  forestier. |  
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                        | Charles Jacque (1813-1894). Moutons  au pâturage, 1871. Huile sur toile. Paris, musée d'Orsay. |  |  |   
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                        | Scénographie  |  
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                        | Constant Troyon (1810-1865). Vaches  buvant à une mare, 1853. Huile sur bois. Paris, musée d'Orsay. |  | Jean-François Millet (1814 - 1875). Le  Printemps, 1868-1873. Huile sur toile. Paris, musée d'Orsay. 
 
 
Le Printemps  est commandé à Jean-François Millet en mars 1868 par Frédéric Hartmann, mécène  de Théodore Rousseau. Rare paysage «pur» dans l’œuvre de Millet, l'œuvre semble  un hommage à son ami Rousseau disparu quelques mois plus tôt. Elle ne laisse  que peu de place à l'homme - petite figure de paysan sous un arbre - mais il  s’agit d’une nature domestiquée, un verger protégé par une barrière. Par ses  couleurs fraîches, Millet se rapproche des futurs impressionnistes, Claude  Monet, Frédéric Bazille ou Auguste Renoir, qui fréquentent la forêt de  Fontainebleau à cette date. |  
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                        | Antoine-Louis Barye (1795-1875). Le  «Jean de Paris», forêt de Fontainebleau, 1875. Huile sur toile. Paris,  musée d'Orsay, dépôt du musée du Louvre, département des Peintures. |  | Narcisse Diaz de la Peña (1807-1876). Lisière de forêt, 1871. Huile sur bois. Paris, musée d'Orsay. |  
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                        | Scénographie  |  
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                           Félix Noël. « État actuel de la maison de Théodore Rousseau, à  Barbizon», dans L'Univers illustré:  journal hebdomadaire, 19 avril 1884, n°1517, 27e année. Journal imprimé.  Paris, Bibliothèque nationale de France. Département Philosophie, histoire,  sciences de l'homme.
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                        | Registre de police de l'auberge Ganne, 1848-1861. Encre sur papier,  carton. Barbizon, musée départemental des Peintres de Barbizon. 
 
 
Ce registre est  ouvert le 12 mai 1848 et clos le 3 Septembre 1861. À l'auberge Ganne, chaque  voyageur doit y inscrire ses noms, âge, profession, lieu de naissance et de résidence,  ainsi que sa destination. Le registre révèle que plus de 60 % des hôtes de  l'auberge sont des artistes. Parmi les noms les plus célèbres, outre ceux de  Théodore Rousseau et des paysagistes, on relève ceux de peintres d’histoire ou  de genre, tels Thomas Couture ou Honoré Daumier, qui ont égaiement fréquenté  Barbizon, attirés par l’esprit de camaraderie. |  | Henri Chapu (1833-1891). Millet et  Rousseau, 1884. Plâtre sur traverse en bois. Le Mée-sur-Seine, musée Henri-Chapu.  
 
 
Ce double portrait sculpté de Théodore Rousseau et Jean-François Millet est le  modèle en plâtre du monument érigé à la mémoire des deux peintres en forêt de  Fontainebleau, grâce à une souscription publique organisée par les artistes de  Barbizon. Le bas-relief est fondu en bronze et scellé dans un rocher situé en  lisière de forêt, non loin de la route principale sortant de Barbizon. Inauguré  le 19 avril 1884, le monument y est toujours visible aujourd’hui.
                             
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 Section 4 : Fontainebleau, une forêt refuge
 
 
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                        | Scénographie 
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                            Théodore Rousseau arpente la forêt en solitaire du matin jusqu’au  soir. Ses œuvres sont toujours précisément situées, et le spectateur peut le  suivre dans ses promenades au fil des saisons, du pavé de Chailly à la Gorge  aux Loups, en passant par le plateau de Bellecroix, les sous-bois du Bas-Bréau,  les déserts de Macherin et d’Apremont, les rochers de Franchard ou encore la  Mare aux Fées. Sa grande ambition est  de peindre «la manifestation de la vie», de faire «qu’un arbre puisse  réellement végéter». Cela le conduit à étudier sans relâche les formes, les  matières, les couleurs et, surtout, la lumière et l’air qui donnent forme au  chaos. Ses tableaux sont composés de telle manière qu’ils donnent l’impression  de ne pas l’être. En renonçant à toute perspective géométrique, Rousseau place  l’homme à l’intérieur de cet écosystème, et non face à lui.
 Rousseau affiche ainsi  une conception organique de la nature et du vivant, typique du panthéisme  romantique. En immergeant le spectateur dans la nature, il aspire à montrer  qu’elle est un tout et que l’homme fait corps avec ce tout, dans une harmonie  retrouvée.
 
 
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                        | Texte du panneau didactique |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). La Campagne au lever du jour,  1859. Huile sur bois. Paris, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de  Paris. |  
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). En forêt de Fontainebleau,  1830. Huile sur panneau de chêne. Hambourg, Kunsthalle.
 
 
 La composition en  ellipse de cet «intérieur de forêt» est le produit d’une volonté fréquente de  Théodore Rousseau d’immerger le spectateur au cœur de la nature. Celui-ci est  enveloppé par le végétal, des broussailles du sol aux branches dans la partie  haute du tableau. L’œil n’atteint pas la cime des arbres: au contraire, il  plonge vers le lointain, vers l'intérieur de la forêt, où un espace plus  lumineux l'attire. Immerger ainsi l'observateur, c'est l'inviter à faire corps avec  ce tout organique qu'est la nature. |  |  |   
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). Le Cerisier de la  Plante-à-Biau, 1862. Cliché-verre sur papier sensible, épreuve d'ancien  tirage. Collection Particulière. 
 
 
Au contact d'Eugène Cuvelier, Rousseau  s’initie au cliché-verre, un procédé à mi-chemin entre la gravure et la  photographie inventé dans les années 1850. La plaque de verre est préalablement  enduite d'une couche épaisse de vernis sur laquelle l'artiste dessine avec une  pointe. Le tracé découvre le verre translucide. Le tirage est ensuite obtenu  par l’action de la lumière qui passe à travers le verre et marque un papier  photosensible qui est ensuite fixé. Camille Corot, Charles-François Daubigny et  Jean-François Millet le pratiquent également. |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). La Chaussée du Roi, dans la  forêt de Fontainebleau, vers 1850. Fusain, lavis brun et gris, rehauts  d’aquarelle sur papier. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Eugène Cuvelier. Route en construction du carrefour de l'Épine à l'allée  aux Vaches, vers 1862. Épreuve sur  papier salé à partir d’un négatif papier ciré.
 
 
 Proche de Camille Corot, le  jeune Cuvelier s’installe à Barbizon à la fin des années 1850. Il épousera  Louise Ganne, fille du propriétaire de l'auberge Ganne. Nul photographe ne  connaît mieux que lui la forêt de Fontainebleau. Il est attentif aux variations  de lumière et à la vie de la forêt, alors en pleine transformation. Son usage  des négatifs papier, à une époque où la plupart des photographes ont adopté le  négatif verre, souligne son attention à l'effet artistique de ses photographies. |  | Gustave Le Gray  (1820-1884). Chênes au Bas-Bréau (?),  vers 1852. Papier albuminé, d'après négatif sur papier. Paris, Bibliothèque  nationale de France, département des Estampes et de la photographie. 
 
 
Gustave Le  Gray, qui défend la dimension artistique de la photographie, fréquente  Fontainebleau. Ses vues de la forêt reflètent son talent à composer ses images  en jouant avec la mise au point et le temps d'exposition. En capturant  uniquement une partie des arbres, il laisse penser que l'image peine à les  contenir, ce qui les magnifie. Sa manipulation experte de la lumière et son  traitement méticuleux du négatif comme des tirages donnent une force expressive  à l'écorce des troncs et une grande douceur aux feuillages. |  
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). Intérieur de forêt, autre titre : Le Vieux Dormoir du  Bas-Bréau, forêt de Fontainebleau, entre 1836 et 1837, huile sur  toile, 65×103 cm. Musée d’Orsay, Paris. Photo © RMN-Grand Palais (musée  d’Orsay) / Sylvie Chan-Liat. 
 
 
Ce tableau de jeunesse dépeint une scène idyllique  de sous-bois dans le Bas-Bréau, l’un des plus anciens bois de la forêt de  Fontainebleau. Au milieu d’un paysage végétal aux tons bruns, verts et jaunes  qui évoquent le début de l'automne, un troupeau de vaches s’abreuve à un étang.  Bien que le ciel bleu soit visible à travers le feuillage, l'absence de ligne  d'horizon et la succession des troncs d'arbres verticaux ferment cet espace  chaotique, célébrant la profusion incontrôlable de la nature. |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). Intérieur de forêt,  1865. Fusain et huile sur toile. Copenhague, Statens Museum for Kunst. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Théodore Rousseau. Les Gorges d’Apremont en forêt de Fontainebleau,  après 1862, huile sur toile, 79×143 cm. Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague. ©  Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague. 
 
 
Au début des années 1860, la beauté  farouche du désert d’Apremont, fait de rochers et de bruyères, est menacée par  la plantation massive de pins sylvestres. Indigné, inconsolable, Théodore  Rousseau peint le site avant sa transformation, pour en conserver la mémoire.  Lorsque le critique Théophile Thoré décrit le site des gorges  d’Apremont dans «Par monts et par bois», on  croit voir le tableau. On y pénètre, écrit-il, par un «sentier tortueux entre  les rochers, et bientôt on découvre une arène immense, tapissée, au milieu, de  mousses couleur de peau d'ours, et bordée de collines en granit argenté». |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). Clairière dans la Haute Futaie, forêt de Fontainebleau, avant  1866, huile sur bois, 28×53 cm. Musée d’Orsay, Paris, France. Photo © RMN-Grand  Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski. |  
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). Le Pavé de Chailly,  1840-1850. Huile sur bois. Barbizon, musée départemental des Peintres de  Barbizon. |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). Paysage rocheux,  1836-1840. Huile sur panneau de bois. Londres, The National Gallery, présenté  par A.E. Anderson à la Tate Gallery par l'intermédiaire de l’Art Fund en 1926,  transféré en 1956. |  
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). La Mare au chêne, 1860-1865, huile sur bois, 42×62 cm.  Cherbourg-en-Cotentin, musée Thomas-Henry, dépôt du musée d’Orsay. Photo ©  Alexis Morin. |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). Paysage dans la forêt de  Fontainebleau, 1850-1852. Huile sur bois. Rotterdam, Museum Boijmans Van  Beuningen, dépôt Foundation Willem Van der Vorm. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). Sortie de forêt à Fontainebleau, soleil couchant, 1848-1850,  huile sur toile, 142×198 cm. Musée du Louvre, Paris, France. Photo © RMN-Grand  Palais (musée du Louvre) / Gérard Blot.
 
 
 Au soleil couchant, un bouvier  rassemble son troupeau qui s’abreuve paisiblement à la lisière d’une vieille  chênaie. Le thème du pâturage choisi par Théodore Rousseau pour sa première  commande d'État cache des enjeux politiques. Les artistes de Barbizon s’en  emparent régulièrement pour soutenir et défendre le droit des paysans à faire  paître leur troupeau en forêt. À l'Exposition universelle de 1855, Rousseau  place ce tableau à côté d’un autre qui représente le même site à un moment  différent de la journée, annonçant les séries de Claude Monet. |  | Eugène Cuvelier (1837-1900). Roches et pins dans la forêt de Fontainebleau, vers  1860, photographie (épreuve sur papier salé à partir d’un négatif papier ciré),  25,4×33,5 cm. Musée d’Orsay, Paris, France. Photo © RMN-Grand Palais (musée  d’Orsay) / Hervé Lewandowski. |  
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                        | Eugène Cuvelier (1837-1900). Étang de Franchard, forêt de  Fontainebleau, vers 1863, photographie (épreuve sur papier salé à partir  d’un négatif papier, contrecollée sur carton), 20×25,8 cm. Musée d’Orsay,  Paris, France. Photo © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski. |  | Charles Bodmer (1854-1934). Forêt de Fontainebleau, avant 1874.  Épreuve sur papier albuminé à partir du négatif sur verre au collodion. Paris,  musée d'Orsay. |  
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                        | Charles Marville  (1813-1879). Mare aux Fées à  Fontainebleau, 1854. Épreuve sur papier salé. Paris, musée d'Orsay. |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). La Mare aux Fées, forêt de  Fontainebleau, vers 1848. Huile sur toile. New York, collection Jon Landau. 
 
 
Les lignes obliques dynamiques guident le regard au cœur d’un paysage lugubre.  Les arbres squelettiques se détachant sur un pâle crépuscule évoquent les  tableaux de Caspar David Friedrich. Le terrain humide et presque nu est rendu  avec une grande densité de matière, tandis que le ciel laisse apparaître la  toile. Au centre, la mare semble irréelle. Ses puissants verts contrastent  harmonieusement avec le ciel rougi. Le tableau a fait partie de la collection  de Théophile Thoré, qui fut le plus ardent défenseur de Rousseau. |   
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 Section 5 : La voix des arbres
 
 
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                        | Scénographie avec un décor réalisé à partir du tableau de Théodore Rousseau (1812-1867), La  Forêt en hiver au coucher du soleil, 1846-1867. Reproduction.  Original: huile sur toile, 162,6 x 260 cm, New York, The Metropolitan Museum of  Art.
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                        La forêt de Fontainebleau compte de nombreux «arbres remarquables»,  chênes et hêtres grandioses et séculaires, signalés et nommés par les guides de  Claude-François Denecourt. «Le Charlemagne» peint par Corot, «le Rageur» par Barye,  «le Braconnier» par Diaz : ces portraits d’arbres deviennent le passage obligé  de l’artiste, peintre ou photographe, qui fréquente la forêt. L’exercice est  plus ardu qu’il n’en a l’air : sans récit ni allégorie, l’artiste doit se  confronter à la matérialité de l’arbre.  
                          Les portraits d’arbres  constituent en quelque sorte la signature de Rousseau. L’artiste observe  minutieusement leur structure organique et l’entrecroisement de leurs branches,  il scrute leur musculature, leurs nœuds. Les figures humaines sont réduites au  minimum, et ce sont les arbres qui font office d’acteurs principaux. Rousseau  les appréhende non en tant qu’espèces, mais comme des individus, dont il faut  dévoiler «tout le système de vie». Il les écoute, entend leur voix, comprend  leur langage, cherchant à percer le secret de leur puissance et de leur énergie  sereine.
                          
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                        | Texte du panneau didactique |  | Théodore Rousseau (1812-1867). Arbres  en forêt, vers 1862 (ensemble et détail avec noms des arbres inscrits par l'artiste). Crayon noir et fusain sur papier. Dijon, musée des  Beaux-Arts. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Théodore Rousseau (1812-1867). Le  Chêne de la Reine-Blanche, 1840-1845. Fusain et rehauts de craie blanche  sur toile préparée gris-brun. Paris, Fondation Custodia, collection Frits Lugt. |  |  |   
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                        | Théodore Rousseau (1812-1867). L’Entrée  de la vielle futaie de la Reine-Blanche, vers 1860. Plume et encre de Chine  sur papier gris-bleu. Dijon, musée des Beaux-Arts. 
 
 
Le site, identifié par une  inscription de l'artiste au dos, est l’un de ces bois impénétrables qui  comptent parmi les motifs favoris de Théodore Rousseau. Le dessin à la plume et  à l’encre brune sur un papier gris-bleu est d’une complexité graphique  exceptionnelle. Il évoque la gravure Le  Chêne de roche, également exposée dans cette salle. Le motif du bosquet  dense qui masque l’horizon rappelle les mots de Théophile Gautier à propos de  Rousseau: «Il est touffu, frondescent, inextricable comme une forêt vierge.» |  | Théodore Rousseau (1812-1867). Les  Grands Chênes du vieux Bas-Bréau, 1857. Plume et encre sépia sur papier. La  Haye, De Mesdag Collectie. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Théodore Rousseau (1812-1867). Le  Chêne de roche, 1861. Eau-forte, épreuve du premier état dédicacé sur  papier de Chine. Collection particulière. |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). Le Chêne de Roche, 1860, huile sur bois, 88,9×116,8 cm. Ny Carlsberg Glyptotek,  Copenhague, Danemark. 
 
 
Théodore  Rousseau représente deux fois le tortueux «chêne de roche», par la peinture et  par l’estampe, au cœur d’un entrelacs de branches et de feuillages. Les deux  œuvres se présentent tels des fragments de nature brute, comme si elles étaient  dénuées de construction. Par son cadrage, Rousseau offre  une vision touffue et obscure de la forêt,  contrepoint aux sentiers balisés de Claude-François Denecourt qu'il abhorre.  Aucune figure humaine, même minuscule, ne traverse le paysage : c’est une  rareté dans l’œuvre de Rousseau. |  
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). Groupe de chênes, Apremont, Forêt de Fontainebleau, 1850-1852,  huile sur toile, 63,5×99,5 cm. Musée du Louvre, Paris, France. Photo ©  RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) / Angèle Dequier. 
 
 
Le tableau est empreint  d’une nostalgie palpable. Théodore Rousseau omet délibérément les collines et  les rochers caractéristiques d’Apremont pour mettre en valeur les trois grands  chênes bicentenaires. Alfred Sensier, le biographe de Rousseau, soutient que ce  tableau a été spécialement créé pour préserver l’ancienne apparence du site  menacée par des plantations de pins. La présence du troupeau de vaches et du  bouvier souligne aussi une pratique pastorale traditionnelle en plein déclin  dans les années 1850 : le pâturage dans la forêt de Fontainebleau. |  | Théodore Rousseau (1812-1867). Les  Bois et les pommiers de Belle-Marie, 1860-1862. Encre ou peinture à l’eau  et touches de peinture à l’huile en grisaille sur toile. Copenhague, Ny  Carlsberg Glyptotek. |   
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). Arbre dans la forêt de Fontainebleau, 1840-1849, huile sur  papier marouflé sur toile, 40,4×54,2 cm. Victoria and Albert Museum, Londres,  Royaume-Uni. Photo © Victoria and Albert Museum. |  | Théodore Rousseau (1812-1867). Étude  pour La Forêt en hiver au coucher du soleil, 1845-1846. Fusain sur papier  bleu passé au gris. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques.
 
 
 Ce  dessin est préparatoire à l’un des tableaux majeurs de l'artiste, commencé tôt  dans sa carrière et resté inachevé à sa mort. Conservée au Metropolitan Museum,  à New York, l’œuvre, qui n’a pas pu voyager, est reproduite ici en décor. Le  dessin est proche de la composition finale: on y retrouve les principaux  chênes, l'étang au centre et la souche tordue au second plan. Dans le tableau,  le ciel est moins visible, ce qui évoque un sentiment de crainte face à la  nature, renforcé par l'ajout de deux minuscules figures de ramasseurs de fagots. |   
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 Section 6 : Rousseau écologiste ?
 
 
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                        | Scénographie 
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                            Dès les années 1840, artistes, critiques et écrivains se  préoccupent du sort de la forêt. D'une part, elle est saccagée par les coupes  massives d'arbres pour l'industrie ; de l'autre, le développement du tourisme  et les aménagements de Denecourt altèrent profondément son paysage. Théodore Rousseau  cherche à susciter la compassion du spectateur pour ces arbres innocents  tombant sous les coups des forestiers. Si dans la plupart de ses tableaux, il  met en avant l’unité organique entre l’homme et la nature, il peint aussi  parfois des abattages d’arbres, pour éveiller les consciences. En 1852, Rousseau se  fait le porte-voix de la forêt. Il écrit au ministre de l’Intérieur, le comte  de Morny, au nom de tous les artistes qui peignent la forêt. Les lieux qui leur  servent de modèle et d’inspiration doivent être préservés et mis à l'abri des  coupes intempestives. Cet appel passionné trouve un écho. En 1853 naît la toute  première réserve naturelle au monde, sous le nom de «série artistique», une  réserve officialisée et étendue en 1861. Au nom de l’art, Rousseau participe à  l’émergence occidentale d’une conscience écologique.
 
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                        | Texte du panneau didactique |  | Théodore Rousseau  (1812-1867). L'Arbre penché au carrefour de  l'Épine, 1852. Huile sur toile. La Haye, De Mesdag Collectie. 
 
 
À première  vue, le tableau semble être peint en brunaille. Mais un examen attentif révèle  une riche palette de couleurs: un vert vif pour la plaine, un gris profond pour  le ciel et un brun chaud et rougeâtre pour l'arbre, protagoniste du tableau. La  minuscule silhouette assise près du tronc renforce l’effet imposant de ce chêne  majestueux et séculaire. Elle convoque le souvenir des figures dans un paysage  de Caspar David Friedrich et rappelle les racines romantiques de l’art de  Rousseau. |  
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). Le Massacre des Innocents, 1847, huile sur toile, 95 cm×146,5  cm. La Haye, Collection Mesdag. © Collection Mesdag, La Haye.
 
 
Il est rare que  Théodore Rousseau représente une scène précise impliquant des personnages. Même  si la toile est restée à l’état d’ébauche, on distingue, presque au centre de  la composition, un homme, en hauteur, nouant une corde sur le tronc du chêne  principal. D’autres bûcherons, tout à gauche, tirent sur une seconde corde pour  abattre le chêne le plus éloigné. Au premier plan, un arbre gît en travers du  passage. Le titre donné par l’artiste, Le  Massacre des Innocents, évoque le récit biblique du meurtre de tous les  enfants de moins de deux ans dans la région de Bethléem, sur l’ordre du roi  Hérode. En comparant les chênes à ces innocents tués, Rousseau a pour objectif  d’éveiller les consciences contre la destruction des environnements forestiers  induite par l’industrialisation.  |  
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                        | Théodore Rousseau  (1812-1867). Le Massacre des Innocents, 1847, huile sur toile, détails des bûcherons. |  
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                        | Extraits de la lettre adressée au comte de Morny, ministre de l'intérieur, en 1852, par Théodore Rousseau et Alfred Sensier. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Vitrine  |   
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                        | Anonyme [A.S.] «La forêt de Fontainebleau. Dévastations», dans L’Artiste: journal de la littérature et des  beaux-arts, série 2, tome III, 1839. Volume imprimé. Paris, Bibliothèque  nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme. |  | 
                           George Sand (1804-1876). «Impressions et souvenirs, la forêt de  Fontainebleau», dans Le Temps, 13  novembre 1872, n°4232. Journal imprimé. Paris, Bibliothèque nationale de  France, département Droit, économie, politique.
                           
                           
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                        | Jean-François Millet (1814-1875). Bouleau  mort, carrefour de l'Épine, forêt de Fontainebleau, 1866. Pastel sur  papier. Dijon, musée des Beaux-Arts.
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 Fontainebleau. Une forêt à défendre.
 
 
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                        | Scénographie 
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                           Lieu  remarquable par son étendue, l'abondance de son gibier et ses gisements de  grès, la forêt de Fontainebleau devient forêt royale dès le Moyen Âge. Vers  l'an mille, le roi Robert Il le Pieux crée le domaine royal. Au XVIe siècle,  François Ier transforme le fort médiéval existant en une prestigieuse demeure  parée des plus beaux atours de la Renaissance française. Dès lors,  Fontainebleau devient un lieu de séjour prisé des souverains. De Henri IV à  Louis-Philippe, château et forêt se transforment au gré des usages de la chasse  à courre.Cette  chronologie s'étend du XIXe siècle à nos jours. Elle commence cinquante ans  avant le combat déterminant de Théodore Rousseau, au début de l'ère  industrielle, alors que la vocation économique de la forêt s'affirme autour de  l'exploitation du bois et du grès. Elle montre, sur deux siècles, l'évolution  de la forêt à travers l'émergence de nouvelles pratiques, notamment culturelles  et écologiques.
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                        | Texte du panneau didactique |  | Carte topographique de la forêt de Fontainebleau (1895). |  
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                        | Henri Gervex (1852-1929) et  Alfred Stevens (1823-1906). Le Panorama  du siècle: Dupré, Rousseau, Isabey, Millet, Couture, Daubigny, Diaz, Corot,  Troyon, Fromentin, Barye, Decamp, Courbet, Robert-Fleury, 1889. Huile sur  toile. Paris, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. 
 
 
Pour  l'Exposition universelle de 1889, célébrant le centenaire de la Révolution  française, Alfred Stevens et Henri Gervex réalisent un panorama sans précédent,  de cent vingt mètres de long sur vingt mètres de hauteur, figurant six cent  quarante et une personnalités marquantes des cent dernières années. La toile a  ensuite été découpée en soixante morceaux, aujourd’hui dispersés. Le fragment  présenté est un portrait de groupe de peintres de paysage, montrant  l'importance acquise par le genre du paysage réaliste au cours du siècle.  Théodore Rousseau y côtoie, notamment, ses amis de Barbizon. |  |  |  
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