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 Parcours en images et en vidéos de l'exposition
 LE SPECTACLE DE LA  MARCHANDISEArt et commerce, 1860-1914
 avec des visuels 
              mis à la disposition de la presse,d'autres glanés sur le Web
 et nos propres prises de vue
 
 
   
 
                 
                  
                    
                      
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                        | Entrée de l'exposition  |  
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                             Dans  la ville moderne, tout est spectacle. Curieux des nouvelles architectures  autant que de la foule, le citadin flâne. Il parcourt un espace polyphonique où  surgissent l'appel d'une vendeuse, le refrain d'un chanteur, la lettre d’une  annonce publicitaire. Une cascade d'artifices visuels l’assaille, depuis  l’étalage des marchandises jusqu'aux enseignes commerciales et aux affiches. Paris  est dans la seconde moitié du 19e siècle le modèle et le symbole de cette ville  moderne. Le grand magasin constitue alors un phénomène typiquement parisien. Le  Bon Marché ouvre en 1852, suivi bientôt par d’autres, pensés pour une clientèle  bourgeoise ou pour les classes moyennes. La boutique traditionnelle, la petite  échoppe, la vendeuse ambulante et le camelot ne disparaissent pas pour autant:  la ville marchande est un lieu de contrastes. Bien  que sensibles aux sujets de la vie moderne (les gares, les boulevards, les  théâtres et les chantiers), les artistes représentent peu les grands magasins.  C'est la rue elle-même, la rue tout entière qui offre la marchandise en  spectacle. Jouant de la confusion des genres et des espaces, photographes,  dessinateurs et peintres révèlent une ville fragmentaire, kaléidoscopique, tout  à la fois extérieure et intérieure, paysage et chambre. Du haut d'un balcon ou  à hauteur d'enfant, sur les Grands Boulevards ou dans le Vieux Paris, depuis  l’intérieur d'un commerce ou au milieu d'un marché, ils s'amusent de mille et  une traversées possibles du regard. De  même que dans la rue tout se mêle sans distinction ni hiérarchie, l'exposition  propose un ensemble d'œuvres couplé à des objets commerciaux. La ville moderne  offre une liberté de points de vue inédite. Attentifs à tout ce qui signale le  règne naissant de la marchandise, les artistes en éclairent encore le revers  social, qui est celui d'un monde en mutation. |  
                        | Affiche de l'exposition |  | Texte du panneau didactique. |  
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                        | Citation de Fernand Léger, 1924.  |   
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 I - PARIS REDESSINÉ. UN THÉÂTRE MODERNE
 
 
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                        | Entrée de la première partie de l'exposition |   
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                        | Chronologie (vue d'ensemble) 
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 I-1 - Le spectacle des grands boulevards
 
 
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                        | Scénographie 
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                           Paris  connaît au cours des années 1860-1870 une transformation profonde. La ville  passe de 786.000 habitants en 1831 à plus d'un million en 1846, puis à 1.970.000 en 1870. Dès le début du Second Empire, Napoléon III ambitionne de la  moderniser. Georges Eugène Haussmann, auréolé du succès des travaux  d'embellissement menés à Bordeaux, est nommé préfet de la Seine en 1853. Paris  devient alors un immense chantier mobilisant plus de 80.000 ouvriers et artisans.  De nombreuses rues étroites et sinueuses héritées de l'époque médiévale  disparaissent au profit de nouvelles voies rectilignes. Aux boulevards  Poissonnière, des Italiens et Montmartre déjà existants s'ajoutent les  boulevards des Capucines et Haussmann, ainsi que l'avenue de l'Opéra. Ces  vitrines du luxe et de la mode, proches de la gare Saint-Lazare, quartier des  spectacles et des grands magasins, font de Paris une ville extravertie et  triomphante. Lieux  en vogue et postes d'observation, cités dans tous les guides de Paris, les  boulevards représentent l’une des plus grandes attractions de la métropole  moderne. Peintres et photographes les choisissent comme sujet d'études: ils  s'attachent au mouvement incessant de la foule, en toute saison et par tous les  temps, de jour comme de nuit. Postés à un balcon ou à une fenêtre, ils offrent  le spectacle de la ville ou s'amusent à montrer les observateurs eux-mêmes. |  | 
                           Constant Puyo. Montmartre,  épreuve photomécanique (similigravure) à partir d’une épreuve à la gomme  bichromatée. Paris, musée d'Orsay, don de Mme Minda de Gunzburg par  l'intermédiaire de la Société des Amis du musée d'Orsay, 1981. © RMN-Grand  Palais / Alexis Brandt 58. 
 
 
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                        | Texte du panneau didactique. |  | L. L. Paris, boulevard des Italiens, 1890. Tirage moderne à partir d’un  négatif sur verre. Paris, musée d'Orsay, don de la Fondation Kodak-Pathé, 1983. |  
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                        | Nicolas Alexandrowitch Tarkhoff. Boulevard des Italiens la nuit, 1900. Huile  sur toile, 81 x 59 cm. Genève, Association des Amis du Petit Palais. © Studio Monique Bernaz,  Genève. |  | Maxime Lalanne. Démolitions pour le percement du boulevard  Saint-Germain (Vieux Paris), 1863. Eau-forte. Paris, Bibliothèque nationale  de France, Cartes et Plans. |  
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                        | Camille Pissarro. L'Avenue  de l'Opéra, 1898. Huile sur toile. Reims, musée des Beaux-Arts. 
 
 
Adoptant  un point de vue en hauteur, Camille Pissarro dépeint l'activité débordante des  nouvelles voies percées au cœur de Paris par le baron Haussmann. Sous la  lumière rasante d'une journée d'hiver, il s'attache au fourmillement des  passants et à la densité de la circulation. Bordée de devantures commerciales,  l'avenue de l'Opéra débouche au terme d'une magistrale perspective sue la  façade de l'opéra Garnier construit quelque vingt ans plus tôt. |  | Anonyme. Paris. Le Boulevard des Italiens, première  moitié du 19e siècle. Plaque de polyorama panoptique, lithographie.  Bry-sur-Marne, Musée Adrien Mentienne.
 
 
 Le polyorama panoptique est un  dispositif optique très en vogue au 19e siècle. Il permet de visionner un  tableau animé grâce aux variations de la lumière: éclairé tantôt par l'arrière,  tantôt par l'avant, il offre une même scène, considérée alternativement de jour  et de nuit. Les vues lithographiées, délicatement coloriées, représentent  souvent les rues élégantes de Paris. |  
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                        | Giuseppe Canella. Vue du  boulevard Montmartre à Paris, 1830. Huile sur bois. Cherbourg-en-Cotentin,  Musée Thomas Henry.
 
 
Peintre italien spécialisé dans les vues urbaines  topographiques (appelées vedute),  Giuseppe Canella séjourne à Paris entre 1890 et 1832. Il peint plusieurs versions  de cette vue du boulevard Montmartre. On reconnaît à gauche le Théâtre des  Variétés, qui jouxte les deux rotondes des Panoramas détruites en 1831. Les  travaux conduits par le préfet Haussmann viendront accentuer plus encore la  perspective rectiligne du boulevard. |  | Anonyme. Boulevard Saint-Martin, 1865. Épreuve  sur papier albuminé contrecollée sur carton. Paris, musée d'Orsay, don de la  Fondation Kodak-Pathé, 1983. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Pierre Bonnard. Place  Clichy, 1895. Huile sur toile carton parqueté, 47 x 56 cm. Paris, musée  d'Orsay, donation Zeïneb et Jean-Pierre Marcie-Rivière, 2010. |  | Giuseppe De Nittis. Le Percement de l'avenue de l'Opéra,  1878. Huile sur toile. Paris, Musée Carnavalet - Histoire de Paris. 
 
 
Originaire  des Pouilles, Giuseppe De Nittis découvre Paris en 1867, où il s'installe  définitivement dès l’année suivante. Ami de Manet et de Caillebotte, il accepte  l'invitation de Degas à participer à la première exposition impressionniste en  1874. Adepte de la peinture en plein air, il saisit des scènes de la vie  parisienne. Les travaux de percement de l'avenue de l'Opéra, entre 1876 et  1879, entraînent la destruction de quartiers entiers et l'arasement de la butte  des Moulins. |  
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                        | Charles Marville. Boulevard Henri IV de la Bastille au  Panthéon, 1870. Épreuve sur papier albuminé. École nationale des ponts et  chaussées.
 
 
 Charles Marville est nommé photographe de la ville de Paris en 1862.  Sa mission est double: conserver des traces historiques des quartiers sur le  point d'être détruits, et prouver le bienfait des nouveaux aménagements. Il  documente les principaux sites de Paris, avant, pendant et après les travaux.  Si ses vues semblent parfois désertes, c'est parce que les longs temps de pose  imposés par la technique photographique naissante créent un effet de flou sur  les figures en mouvement. |  | Jean-Léon Gérôme (d'après). L'Accident, 1901. Photogravure.  Bordeaux, Musée Goupil.
 
 
 Dans cette image pleine d'humour, Jean-Léon Gérôme  observe les citadins devenus spectateurs. L'accident du titre est masqué par  l’attroupement qu'il a provoqué. Les badauds se sont assemblés en cercle. Dans  les étages des immeubles au-dessus, des curieux se massent aux fenêtres. Un  enfant escalade un réverbère. |   
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 I-2 - Les palais de la marchandise
 
 
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                        | Scénographie 
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                           La  rénovation de Paris s'accompagne d'architectures spectaculaires destinées à  l'exposition des marchandises. En 1854, Victor Baltard entreprend d'édifier les  halles centrales, conçues comme un ensemble de pavillons reliés par des rues  couvertes : on trouve à l’est la poissonnerie, à l'ouest la boucherie, au  centre les légumes. L'immense structure de fer, étonnamment légère, frappe  l'imagination des Parisiens. On la retrouve bientôt dans les guides  touristiques. Plus  grandiose encore, l'Exposition universelle d'art et d'industrie s’installe sur  le Champ-de-Mars d'avril à septembre 1867. Un bâtiment éphémère de 166 000  mètres carrés et 35 000 tonnes de métal abrite plus de 50 000 exposants.  Constitué de sept galeries concentriques autour d’un jardin central, il  accueille quinze millions de visiteurs venus découvrir une profusion de  marchandises soigneusement mises en scène. Les  grands magasins sont les symboles par excellence de la nouvelle architecture  commerciale.  Véritables palais, souvent  remodelés et agrandis, ils incarnent le gigantisme architectural dédié aux  marchandises. Le modèle en est fourni par Le Bon Marché construit en 1852 et  rénové en 1876 par l'architecte Louis-Charles Boileau et l'ingénieur-constructeur  Gustave Eiffel. L'intérieur, imaginé à la manière d'un bazar oriental, est  connu grâce à une production publicitaire d'affiches et de gravures. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Auguste Rosalie Bisson. Exposition universelle. Paris. 1867, 1867.  Épreuve sur papier albuminé. Paris, Bibliothèque nationale de France, Estampes  et Photographie. |  
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                        | Auguste Rosalie Bisson. Exposition universelle. Paris. 1867,  1867. Épreuve sur papier albuminé. Paris, Bibliothèque nationale de France,  Estampes et Photographie. 
 
 
Auguste Rosalie Bisson, dit Bisson jeune, fonde en  1852, avec son frère aîné, une imprimerie photographique. Les clichés  d'architecture sont l'une de ses spécialités. Après la faillite de la société  Bisson frères en 1864, il travaille pour son compte et pour celui d'autres  opérateurs, comme ici pour Pierre Petit, photographe officiel de l'exposition  universelle de 1867. Il nous donne à voir l'étendue des galeries du palais  spécialement conçu pour cet événement. |  | Charles Marville. Vue du marché du Temple. Épreuve sur papier  albuminé. Paris, musée d'Orsay.
 
 
 L'architecte Jules de Mérindol remporte le  concours pour la rénovation du Marché du Temple, dit «marché au vieux linge»,  en 1860. Il conçoit une structure métallique habillée de verre, dans l'esprit  des halles conçues par Victor Baltard. Charles Marville prend en photographie  ce bâtiment, caractéristique de la nouvelle architecture commerciale, sans  doute peu avant ou peu après son inauguration, en 1865. Sur les marches, on  distingue un petit attroupement d'ouvriers ou de marchands. |  
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                        | Maxime Lalanne. L'Exposition universelle de 1867. Vue prise  du Trocadéro, 1867. Eau-forte. Bordeaux, musée des Beaux-Arts.
 
 
 Souhaitant  marquer l'achèvement des premiers travaux de transformation de Paris, Napoléon  III décide en 1864 d'organiser une exposition internationale dédiée aux arts et  à l'industrie. L'événement a lieu trois ans plus tard sur le Champ-de-Mars. Maxime  Lalanne représente le gigantesque bâtiment qui l'abrite en une large prise  depuis la place du Trocadéro de l'autre côté de la Seine.  |  
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                        | Fédor Hoffbauer. Réception des marins russes aux Halles  centrales lors des fêtes franco-russes en octobre 1893, 1893. Aquarelle et  gouache sur papier. Paris, Musée Carnavalet - Histoire de Paris.
 
 
 Architecte de  formation, Fédor Hoffbauer documente les transformations dues aux travaux  haussmanniens à partir de 1868. La Ville de Paris lui commande en outre des  séries d’aquarelles reconstituant des événements majeurs, comme la visite des  officiers de marine russes en 1893, qui sera suivie d'un accord de coopération  militaire entre la France et la Russie. Les marins sont reçus au cœur des  halles Baltard, architecture de fer et de verre, monumentale et légère, qui  faisait la fierté de la Ville. |  | Charles Marville. Marché des Innocents à Paris, 1852.  Épreuve sur papier albuminé contrecollée sur carton. Paris, Bibliothèque  nationale de France, Estampes et Photographie. 
 
 
Située à l'emplacement de  l'ancien cimetière des innocents, en plein cœur de Paris, cette place servait  de lieu de marché, notamment pour les vendeurs d'herbes et de légumes. La  fontaine, signée par le sculpteur Jean Goujon au 16e siècle, avait été déplacée  et mise en eau au début du 19e siècle, au moment où des préaux étaient  construits. Charles Marville prend cette photographie en 1852, avant la  construction des halles Baltard. Trace de Paris avant l'haussmannisation, elle  sera reproduite par Louis Désiré Blanquart-Évrard dans ses Mélanges  photographiques. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Joseph Hornecker. Les Magasins Réunis à Épinal, projet de  décor des façades, 1908. Plume et encre noire, aquarelle et gouache sur  papier. Paris, musée d'Orsay. |  | Jules Chéret. Grands  magasins de la Paix, Paris, 1875. Lithographie, 76 x 96 cm. Paris, Bibliothèque  nationale de France.
 
 
 Caractéristique des grandes  affiches qui se développent en France à partir des années 1870, cette vue  imaginée par Jules Chéret montre la façade en angle des Grands Magasins de la  Paix, en 1878. Elle insiste sur les dimensions gigantesques du bâtiment vers  lequel piétons et voitures convergent. Les passants arrêtés devant les vitrines  paraissent minuscules. Le nom du magasin est répété plusieurs fois dans  l'image, ainsi que le détail des marchandises qu'il abrite. |   
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                        | Étienne Huyot. Au Tapis Rouge. Maison Fleck Frères, grands  magasins de nouveautés et de vêtements..., 1875. Affiche, lithographie en  couleurs. Paris, Bibliothèque nationale de France, Estampes et Photographie.
 
 
La  façade du magasin Au Tapis Rouge, représentée dans la partie supérieure de  l'affiche, semble s'étendre à perte de vue. Elle occupe tout le cadre de  l'image. Les badauds massés devant les vitrines, minuscules, accentuent à  dessein l'impression de gigantisme du bâtiment. Les deux vues intérieures  dégagent l'espace pour inviter à plonger virtuellement dans les grands halls  ouverts. Les légendes inscrites au-dessous détaillent les types de comptoirs  que l'on peut y trouver. |  | Anonyme. La Vitrine des parfumeurs Gellé Frères à  l'Exposition de 1867, 1867. Épreuve sur papier albuminé contrecollée sur  carton. Paris, Bibliothèque nationale de France, Estampes et Photographie.
 
 
 Sur  cette photographie anonyme et inédite, il est possible d'observer la vitrine du  parfumeur Gellé Frères, à l'Exposition universelle de 1867, avec tous ses  détails: les produits sont présentés en pyramides symétriques, par couleur et  par type. La maison Gellé Frères, fondée en 1826, s'était spécialisée dans les  cosmétiques, pommades pour barbes et cheveux, savons et lotions. Le verre de la  vitrine a sans doute été ôté pour l’occasion, afin de permettre au photographe  de réaliser une meilleure prise de vue, sans reflets. |  
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                        | Au Tapis Rouge, Nouveautés.  Mardi 2 avril, Ouverture d'une partie des nouveaux magasins, 1872. Affiche, lithographie en couleurs, 94 x 129 cm.  Paris, Bibliothèque nationale de France. Estampes et photographie. 
 
 
Cette  affiche représente la façade du magasin Au Tapis Rouge, spécialisé dans les  «nouveautés» (articles de détail, habillement) pour hommes et enfants. Détruit  par les incendies de la fin de la Commune de Paris en mai 1871, le magasin est  reconstruit et réouvert en 1872. Une femme lève un rideau rouge au centre de  l'image pour révéler les nouveaux bâtiments. La partie gauche représente  l'avenir du Tapis Rouge qui, comme le suggère son emblème, est un phénix,  tandis que la partie droite rappelle le passé, laissant voir les flammes de  l'incendie. Partout le nom «Tapis Rouge» est scandé, depuis le monogramme TR,  en passant par les enseignes qui y sont reproduites ou les voitures de  livraison. |  | Félix Vallotton. Le Bon Marché, 1893. Gravure sur bois, 29,2 x 36,6 cm. Patrimoine Le Bon Marché Rive Gauche. © Patrimoine  Le Bon Marché Rive Gauche.
 
 
 Rares sont les artistes de la fin du 19e siècle à représenter l'intérieur des grands magasins. Félix Vallotton, observateur de la vie parisienne des années 1890, est l’un d'eux. Il montre avec humour les femmes se pressant parmi les comptoirs. Il insiste sur le contraste entre les employés du magasin, courbés dans des poses et des mines obséquieuses, et une clientèle bourgeoise, exclusivement féminine. La composition audacieuse met l’accent sur le blanc des étoffes déployées et sur un cadrage resserré, qui accentue l'effet de saturation, tant des marchandises que de la foule. |  
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                        | M. Scott (dessinateur).  Frederick Johan Moller (graveur). Paris.  Les Nouveaux Agrandissements des magasins du Bon Marché. Gravures sur bois.  Paris, Musée Carnavalet - Histoire de Paris. 
 
 
Les vues de l'intérieur des grands  magasins, commandées à des fins publicitaires, insistent sur le gigantisme de  l'espace. Les étages formant balcon permettent d'être spectateur, des  marchandises autant que des clients qui déambulent. Hommes, femmes et enfants  se promènent entre les comptoirs où des vendeurs se tiennent prêts à leur  montrer de multiples articles. La libre circulation, la possibilité de toucher  les marchandises, l'importance du choix partout exhibé constituent les  caractéristiques premières du commerce moderne. |   
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 II - LA MISE EN SPECTACLE
 
 
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                        | Entrée de la deuxième partie de l'exposition |  
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                        | Citation d'Honoré de Balzac, 1837  |   
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 II-1 - L'étalage de la marchandise
 
 
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                        | Scénographie 
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                           «  Le grand poème de l'étalage chante ses strophes de couleurs depuis la Madeleine  jusqu’à la porte Saint-Denis », remarquait Balzac dès 1846. Vitrines et  devantures fonctionnent comme des petits théâtres décoratifs, des arrangements  de couleurs et de matières. Elles s'efforcent de concentrer les regards pour  éclipser la concurrence des magasins rivaux. Sur  les Grands Boulevards, les vitrines éclairées des grands magasins s'élèvent à  la manière de gigantesques écrans lumineux. Dans les quartiers populaires, les  étals des boutiques débordent sur le trottoir. Là où le grand magasin capte le  regard en veillant à fluidifier la circulation, imposant une puissance visuelle  hypnotique, la boutique traditionnelle s'étend physiquement, jusqu'à prendre la  rue. Les quartiers de viande pendent au-devant de la boucherie, les présentoirs  et les étals partent à l'assaut du trottoir, le négoce envahit la chaussée. Dans  la ville, l'ancien et le nouveau se côtoient. La boutique traditionnelle ne  souffre pas de l'apparition du grand magasin. Entre l'une et l’autre s'affirme  moins une concurrence qu’un partage des espaces et des clientèles. Le regard  des peintres et des photographes rend compte de cette multiplicité des récits  du commerce, clé d’une différenciation spatiale et sociale de la ville.  S'attachant aux étals et aux kiosques comme à autant de motifs pittoresques  restés à taille humaine, le photographe Eugène Atget témoigne de l'intérêt  ravivé pour la ville ancienne au cœur de la cité moderne. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Façade des Grands Magasins du Louvre. |  
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                        | Raoul Dufy. Le Marché à Marseille, 1903. Huile sur toile, 60 x 73 cm. Genève,  Association des Amis du Petit Palais. © Studio Monique Bernaz, Genève. |  | Jules Férat (dessinateur),  Hippolyte Constant Dutheil (graveur). La  Porte Marengo, à l’angle de la rue de Marengo et de la rue Saint-Honoré, vue de  nuit, éclairée par la lumière électrique, 1877. Gravure sur bois. Paris,  Bibliothèque nationale de France. Estampes et Photographie. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Victor Gabriel Gilbert. Le Carreau des Halles, 1880. Huile sur  toile. Le Havre, musée d'art moderne André Malraux. |  | Maximilien Luce. Rue des Abbesses, l’épicerie, 1896.  Huile sur toile. Genève, Association des Amis du Petit Palais.
 
 
Si la vitrine du  grand magasin capte le regard tout en se tenant séparée de la rue, la petite  boutique traditionnelle, à l'inverse, s'ouvre sur la rue sans porte à franchir:  elle s'étend physiquement, se déverse sur le trottoir. Les étals débordants et  les camions de livraison déchargeant leurs marchandises sur la chaussée forment  un spectacle permanent, auquel le peintre Maximilen Luce se montre attentif. |  
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                        | Alfred Armand,  Jacques-Ignace Hittorff, Auguste Pellechet et Charles Rohault de Fleury. -
                          Rue de Rivoli, boutiques, état actuel.
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                          Rue de Rivoli,  boutiques, état projeté, 1850-1870.
 Plume, encre noire, aquarelle et  gouache sur papier brun. Paris, Musée Carnavalet - Histoire de Paris.
 
 
 
Ces deux  dessins montrent la façade d'une boutique située rue de Rivoli, dans son état  d'origine puis avec les modifications envisagées par quatre architectes d'une  société immobilière engagée dans le réaménagement du quartier situé autour du  Grand Hôtel du Louvre. Le premier montre un alignement d'objets de décoration  et de vaisselle disposés sur des étagères. Le second dévoile une devanture  élargie où les petits carreaux ont fait place à de grandes surfaces vitrées. À  travers la vitrine, les étoffes et les vêtements proposés à la vente forment un  ensemble décoratif, joyeusement coloré, visible depuis la rue.  |   
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 II-2 - Un arsenal publicitaire
 
 
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                        |  |   
                        | Scénographie 
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                           Le  19e siècle est une époque fondatrice dans l'histoire de la publicité. Outre la  gravure sur bois et la photogravure, l'imagerie publicitaire exploite la  lithographie, innovation technique majeure qui fait les beaux jours de  l'affiche illustrée, art auquel s'essaient de grands noms après la promulgation  de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse et le libre affichage:  Jules Chéret, Henri de Toulouse-Lautrec ou Théophile Alexandre Steinlen. Objet  opportuniste qui se glisse partout, la publicité trouve de multiples supports.  De nombreux brevets techniques montrent les trésors d’inventivité développés  pour recouvrir de réclames chaises de café, bancs publics, réverbères et troncs  d’arbres. Sur les Grands Boulevards, les hommes-sandwichs se transforment en  enseignes vivantes. Les  grands magasins sont les premiers à s'emparer de cet arsenal publicitaire. Les  journaux de mode jouent un rôle majeur dans la diffusion du goût. Les «livres  d'étrennes», ouvrages semi-luxueux offerts lors des fêtes de fin d'année,  offrent l'accès à des objets de décoration onéreux via de «belles images» à  moindre coût. Les cartes chromolithographiques ou les éventails constituent des  petits cadeaux susceptibles d'être collectionnés, prisés des femmes et des  enfants. Ils circulent du magasin à la rue, et de la rue aux intérieurs privés. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Victor Gabriel Gilbert  (d'après). La Bouquetière du boulevard,  1888. Photogravure avec rehauts de gouache. Bordeaux, Musée Goupil. |  
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                        | Jacques-Émile Blanche. Regent Street : Robinson & Cleaver.  Huile sur toile. Rouen, musée des Beaux-Arts. 
 
 
Entre 1903 et 1913, le peintre  français Jacques-Émile Blanche prend l’habitude de passer plusieurs mois par an  à Londres. Il se consacre notamment à des vues urbaines, qu'il ne pratique  étonnamment jamais à Paris. Attentif à la ville moderne, mobile et colorée, il  représente de petites silhouettes à peine distinctes, arrêtées devant de  gigantesques vitrines surmontées des lettres de l'enseigne commerciale.  L'artiste aime peindre installé dans un fiacre, au cœur de l'agitation, sur de  petits cartons qu'il reprend ensuite parfois dans l'atelier. |  | Ouverture Maison de la rue  du Pont Neuf, On rend l’argent, vers  1870. Affiche, lithographie en couleurs, 94 x 115 cm. Paris, Bibliothèque  nationale de France. Estampes et photographie.
 
 
Le magasin de La Maison de la  Rue du Pont Neuf, ouvert à l'aut omne 1868, multiplie les publicités et fait  imprimer une affiche qui existera aussi sous forme d'affiche peinte. Cette  image d'un homme guilleret tenant à bout de bras une banderole sur laquelle est  inscrite la promesse «On rend l'argent de tout achat qui a cessé de plaire»,  surgit sur des emplacements stratégiquement situés en hauteur dans plusieurs  rues parisiennes. Elle est remarquée par Gustave Doré et Johan Barthold Jongkind  qui dessinent et peignent la portion de la rue Saint-Jacques où elle est  visible. Elle est également photographiée rue Royale par Hippolyte Blancard. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Henri Lemoine. Bouquinistes sur le quai Conti, 1900.  Aristotype. Paris, musée d'Orsay.
 
 
 Henri Lemoine est un photographe amateur qui  a réalisé tant des images de ses loisirs et lieux de villégiature que des vues  de Paris autour de 1900. Avec son œil vif et ses cadrages originaux, il prend  de nombreux instantanés dont ce petit chef-d'œuvre d'observation: un alignement  de têtes en chapeau arrêtées devant les trésors livresques des bouquinistes du  Quai de Conti, sur la rive gauche. |  | Eugène Atget. Place de la Bastille, bouquiniste,  1910-1912. Épreuve sur papier albuminé d'après négatif sur verre. Paris,  Bibliothèque nationale de France. Estampes et photographie. |  
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                        | Eugène Atget. Quai de la Rapée. Petit marchand de clefs,  1910 ou 1911. Épreuve sur papier albuminé d'après négatif sur verre au  gélatinobromure. Paris, Bibliothèque nationale de France. Estampes et  Photographie. 
 
 
Extraite d’un ensemble intitulé Métiers, boutiques et étalages de  Paris, cette épreuve du photographe Eugène Atget fait le portrait de l'échoppe  en bois d'un marchand de clefs sur le quai de la Rapée, à Paris. La légende,  écrite par le photographe et qui caractérise son approche documentaire, est  visible en bas à droite. Une grande enseigne en forme de clef signale aux  passants l’activité de cette modeste cabane, à l’intérieur de laquelle on  distingue le vieux marchand lui-même, affairé à son travail, indifférent à  l'objectif. |  | Eugène Atget. Rue  Mouffetard. Petite boutique de fruits,  1910. Épreuve sur papier albuminé d’après négatif sur verre. Paris,  Bibliothèque nationale de France. Estampes et Photographie. |  
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                        | Scénographie. |  | Jean Benoît-Lévy. Histoire d’une commande, 1930. Film 35  mm, 10 min. Paris, Archives de La Samaritaine. © Lobster Films.
 
 
 Ce film  promotionnel a été commandé par les grands magasins de la Samaritaine pour  expliquer, le plus clairement possible, la procédure à suivre pour acheter à  distance.
                           Cliquer ici ou sur l'image pour voir la vidéo
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                        | «Offerts par les Grands  magasins de nouveautés Paris-Voltaire», 1900-1910. Éventail publicitaire,  lithographie. Paris, Musée des Arts décoratifs.
 
 
 Les grands magasins, comme Le  Bon Marché, les Grands magasins du Louvre, le Printemps ou Paris-Voltaire,  offrent des petits cadeaux publicitaires, tant aux enfants qu'aux adultes.  C'est le cas notamment des éventails. Ramenés du magasin jusque dans l'espace  domestique, ils contribuent à la popularité et à la diffusion du nom du  commerce. |  | « La Samaritaine ». Boîte  de transport, carton. Paris, collection particulière. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Seize lettres d’enseignes  découpées. Cuivre et cuivre émaillé blanc ou rouge. Marseille, Mucem. |  | Planche « Lettres Art  nouveau », in C. Mulier, Lettres et enseignes Art nouveau, 1900. Papier et tissu, 42,8 x 31,8 cm.  Marseille, Mucem.  |  
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                        | Planche  « Fuyantes », in C. Mulier, Lettres et enseignes Art nouveau, 1900. Papier et tissu. Marseille,  Mucem. |  | Planche « Mains  indicatrices », in C. Mulier, Lettres et enseignes Art nouveau, 1900. Papier et tissu. Marseille,  Mucem. |  
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                        | Scénographie.- Jules Chéret. Vêtements pour hommes, jeunes gens &  enfants tout faits et sur mesure. A la Belle Jardinière. Nice. Affiche,  lithographie en couleurs. Paris, Musée des Arts décoratifs.
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                        Jules Chéret. À Voltaire. Vêtements tout faits.  Affiche, lithographie en couleurs. Paris, Musée des Arts décoratifs.
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                        | Jules Chéret. À Voltaire. Pardessus diagonale.  Affiche, lithographie en couleurs. Paris, Musée des Arts décoratifs. |  | Annuaire Almanach du  commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l'administration. Page de  publicité pour Dewez, 1888. Paris, Bibliothèque historique de la Ville de Paris. |  
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                        | Marque de fabrique et de  commerce déposée au greffe du tribunal de commerce de Paris le 3 février 1886  par William Alexander Bennett, négociant, et destinée à des épingles. Fac-similé. Courbevoie, Institut national de la propriété industrielle.  |  | Marque de fabrique et de  commerce déposée au greffe du tribunal de commerce de Caen le 19 septembre 1911  par Marcel Alexandre, négociant, et destinée à désigner sa maison de commerce  de nouveautés et confections.  Fac-similé. Courbevoie, Institut national de la propriété industrielle.
 
 
 Dans  la seconde moitié du 19e siècle, la diffusion du nom du magasin devient un  enjeu publicitaire et commercial majeur. On assiste à l'essor de la «marque»,  au sens d'identité commerciale. Si l'Institut national de la propriété  industrielle (INPI) n'est créé qu’en 1951, il existe en fait depuis 1902:  appelé Office national de la propriété industrielle (ONPI), il se charge de  centraliser les services d'enregistrement, de communication et de conservation  des brevets, des marques, puis des dessins et modèles. |  
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                        | Au Bon Marché. Six cartes  publicitaires à système, lithographie en couleurs. Paris, Musée des Arts  décoratifs.  |  
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                        | Planche du brevet  d'invention n°73217 déposé le 6 octobre 1866 par Frédéric Vergeron pour un  appareil protecteur des arbres sur voies et jardins publics, ledit appareil  servant de cadre d'annonces. Courbevoie, Institut national de la propriété  industrielle. |  | Planche du brevet  d'invention n°220333 déposé le 22 mars 1892 par Francisco Duran y Sirvent,  Alexandre Charles Marie Lambert de Sainte-Croix et Ramon de Toral y Lamas pour  un appareil porte-affiches. Courbevoie, institut national de la propriété  industrielle. |  
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                        | Planche du brevet  d'invention n°102457 déposé le 5 mars 1874 par Noël Natalis du Chastaingt et  Louis Jules Casimir Marville pour des bancs et sièges-annonces. Courbevoie,  Institut national de la propriété industrielle. |  | Planche du brevet  d'invention n°218753 déposé le 18 janvier 1892 par Edward Hugues pour une  nouvelle planche de publicité par homme-sandwich. Courbevoie, Institut national  de la propriété industrielle. |  
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                        | Planche du brevet  d'invention n°102457 déposé le 5 mars 1874 par Noël Natalis du Chastaingt et  Louis Jules Casimir Marville pour des bancs et sièges-annonces. Courbevoie,  Institut national de la propriété industrielle. |  | Planche du brevet  d'invention n°186867 déposé le 10 novembre 1887 par Théophile Marie Daniou fils  pour la fabrication d'un nouveau système de fermeture économique. Courbevoie,  Institut national de la propriété industrielle. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | John Sloan. Vitrine d'un magasin d'images, 1907. Huile sur toile. Newark, The Newark Museum of  Art, don de Mrs Felix Fuld, 1925.
 
 
 Peintre  américain né en 1871, également illustrateur de presse et graveur, John Sloan  est l’un des artistes appartenant à l'école Ashcan, dite des «réalistes de New  York». II découvre la peinture impressionniste en 1892. Depuis son appartement  situé au onzième étage d'un immeuble de Manhattan, il observe le théâtre de la  ville. Sensible à la vie nocturne, il saisit d'un pinceau nerveux, dans une  gamme de couleurs restreinte, la fascination de quelques passants arrêtés  devant la vitrine éclairée d'un magasin d'estampes. |  | Jean-Émile Laboureur. À la boucherie,  vers 1900. Huile sur toile. Collection  particulière. |   
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                        | Georges Bottini. Les Élégantes devant la boutique Ed. Sagot, 1898. Lithographie en couleur  , 38 x 28 cm. Genève, Association des Amis du Petit Palais. © Studio Monique Bernaz,  Genève. |  | Théophile Alexandre  Steinlen. Convoitise, 1898. Lithographie, 40 x 29 cm. Caen, collection  particulière. © Musée des Beaux-Arts de Caen / Cécile Schuhmann. |  
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                        | Victor Gabriel Gilbert. Une fruitière, 1878. Huile sur toile.  Pau, musée des Beaux-Arts. |  | Giuseppe De Nittis. Promenade en calèche, vers 1877. Huile  sur bois. Barletta, Pinacoteca Giuseppe De Nittis. 
 
 
Fin observateur de la vie  parisienne, le peintre italien Giuseppe De Nittis montre une calèche stationnée  devant un grand magasin. La gigantesque devanture agit à la manière d’un écran  lumineux. Les taches claires des visages, des cols et des mains gantées du  conducteur, de la femme et de l’enfant qui attendent se détachent de cet  arrière-plan tout en s’y confondant: ils n'ont guère plus de relief que les  éventails présentés en vitrine. |   
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 II-3 - L'art de l'enseigne
 
 
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                        | Scénographie 
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                            L'enseigne  commerciale constitue l’une des plus anciennes formes de publicité. Les modèles  traditionnels prennent la forme de ferronneries placées en saillie, de tableaux  peints sur bois, sur tôle ou sur verre. S'y ajoutent les «enseignes parlantes»,  attributs venant signaler certains métiers ou artisanats: boules de coiffeurs,  ciseaux de couteliers, clés de serruriers, mains de gantiers, carottes de tabac  ou têtes de chevaux des boucheries chevalines. Les  progrès de l’alphabétisation de la population contribuent à l'essor des  enseignes en lettres. D'abord éclairée au gaz à partir des années 1830,  l'enseigne moderne profite à partir de la fin des années 1890 de la mise au  point de l’ampoule électrique. Après 1912, le néon lui donne son style: les  tubes en verre chauffés à basse température dessinent des lettres cursives aux  teintes vives. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Enseigne de boucherie  chevaline. Début du 20e siècle. Fer et feuille d'or. Marseille, Mucem. |  
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                        | Jean Blanc. Enseigne de  Madame Babet, sage-femme, 1895. Tôle peinte. Lyon, Musées Gadagne. |  | Enseigne en lettres dorées  d’Aristide Boucicaut. Bois sculpté peint et métal doré sur panneau. Paris,  Patrimoine Le Bon Marché Rive Gauche. 
 
 
Cette enseigne porte les initiales  d’Aristide Boucicaut, fondateur du premier grand magasin parisien, le Bon  Marché, en 1852. Aidé de son épouse Marguerite, Boucicaut imagine un nouveau  type de commerce, caractérisé par des prix fixes, des marges réduites, une  livraison à domicile, l'échange possible d'articles, la vente par  correspondance, ainsi que le mois du blanc, les soldes... |  
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                        | Citation de Ludwig Börne, 1822-1823  |  
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                        | Enseigne de coiffeur, début  du 20e siècle. Tôle de fer. Marseille, Mucem. Au début du 20e siècle,  l'enseigne du coiffeur était un repère encore connu de tous. La boule en fer se  terminait par un crochet auquel était suspendue une touffe de crins de cheval. |  | Enseigne de lunetier, début  du 20e siècle. Laiton et verre. Marseille, Mucem. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Enseigne de serrurier,  début du 20e siècle. Fer, forgé, martelé, découpé. Marseille, Mucem. |  | 
                         Enseigne de marchand de  tabac, début du 20e siècle. Fer forgé, mécanisme au dos. Marseille, Mucem.
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                        | 
 III - LA TRAVERSÉE DU DÉCOR
 
 
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                        |  |   
                        | Entrée de la troisième partie de l'exposition |   
                        | 
 III-1 - La ville, un univers de signes
 
 
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                        |  |   
                        | Scénographie 
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                            Avec  la multiplication des enseignes et des affiches, la lettre s’infiltre au cœur  de l’espace urbain. De loin, de gigantesques caractères d'imprimerie peints ou  découpés coiffent la devanture ou l'immeuble tout entier. Une fois approché, le  citadin découvre une abondance de libellés précisant le nom du commerce et le  détail des marchandises. Le flâneur traverse la ville comme on parcourt un  livre, attentif aux bribes de mots étalées à la surface des murs comme une  «parure mobile». Sur les photographies, sur les œuvres peintes et dessinées, la  cité moderne apparaît comme un univers de signes, une ville-texte attendant  d'être déchiffrée. Transformé  par les travaux, Paris réserve d'innombrables palissades et murs pignons  propices à l'affichage. Animée par le mouvement de la lettre, l'affiche impose  encore le langage de la géométrie et de la couleur. Les artistes en dévoilent  la charge visuelle et graphique. Sous l'objectif d'Eugène Atget, les placards  publicitaires donnent l'illusion de se fondre dans l'unité du paysage urbain :  seul l'imbroglio de la lettre tranche. Les couleurs de l’autochrome les  montrent surgissant au détour d'une rue comme des mosaïques bigarrées. Collée  en deux ou trois exemplaires, juxtaposée à d’autres, l'affiche introduit une  scansion rythmique insistante. Prenant à rebours le primat classique de  l'harmonie, la ville moderne signe la naissance d'une esthétique de la  discordance. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Les Grands Boulevards, 1913.  Boulogne-Billancourt. Département des Hauts-de-Seine. Musée départemental  Albert-Kahn. |  
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                        | Autochromes. Fac-similés.  Boulogne-Billancourt, Département des Hauts-de-Seine - musée départemental  Albert-Kahn.
 
 
 Imaginées par le banquier et mécène pacifiste Albert Kahn, Les  Archives de la Planète (1909-1931) visent à documenter les cultures du monde avant  qu'elles ne disparaissent, par la photographie et la cinématographie. La  douzaine d'opérateurs employés va notamment utiliser les autochromes qui sont  des plaques de verre photographiques commercialisées prêtes à l'emploi à partir  de 1907 et qui permettent d'enregistrer les couleurs - elles sont comme des  diapositives, mais sur verre. Si les opérateurs d'Albert Kahn sont envoyés aux  quatre coins du monde jusqu'à la ruine du banquier, ils photographient aussi  Paris dès les années 1910, nous permettant d'avoir un aperçu en couleurs de la  ville, de ses affiches publicitaires, rues et commerces.  |  
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                        | Raoul Dufy. Les Affiches à Trouville, 1906. Huile  sur toile, 65 x 81 cm. Centre Pompidou, Paris, Musée national d'art moderne - Centre  de création industrielle. © Centre Pompidou, MNAM-CCI. |  | Frantisek Kupka. Les  Boutiques, 1908-1910. Huile sur toile, 73 x 100 cm. Centre Pompidou, Paris,  Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle. © Centre  Pompidou, MNAM-CCI. |  
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                        | Jean-Émile Laboureur. Les Affiches, 1908. Huile sur toile,  65,4 x 81 cm. Nantes, musée d’arts. © Musée d'arts de Nantes / Pauline Betton. 
 
 
Jean-Émile  Laboureur représente les affiches couvrant le mur d’une rue de New-York. Il  prête attention à leur présence géométrique, à leur chromatisme franc et au  mouvement typographique qui anime leur surface. La puissance visuelle et  graphique du mur publicitaire dessine l'espace du tableau, en détermine le  cadre. Les repères visuels les plus stables sont donnés par le cerne noir des  deux rangées d’affiches. «NOW» peut-on lire, en trois lettres dressées à la  verticale. Attentif à la grammaire du présent, le peintre rejoue pour nous le  théâtre fuyant de la ville moderne.  |  
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                        | Maximilien Luce. Chantier. La fouille, 1912. Huile sur  toile. Collection particulière. |  | Maximilien  Luce. La Rue Mouffetard, 1889-1890. Huile sur toile, 80,3 x 64 cm. Newfields, Indianapolis Museum of Art, The Holliday  Collection. © Indianapolis Museum of Art at Newfields, The  Holliday Collection.
 
 
 Se tenant en surplomb au-dessus de la rue Mouffetard,  Maximilien Luce saisit l'animation d’une scène de marché. On se perd dans  l'observation des gestes des vendeurs et des acheteurs, des paniers remplis de  légumes et de fruits, des vêtements et des architectures. Les vitrines  achalandées, les devantures aux étals débordants, les échoppes adossées se  mêlent au grand mur publicitaire quasiment parallèle au plan du tableau et sur  lequel on peut lire, en lettres capitales, «Au Panthéon. Nouveautés». |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Eugène Atget. Boutique  Empire, 21 Faubourg Saint-Honoré, 1902-1903. Épreuve sur papier albuminé  d’aprés négatif sur verre. Paris, Bibliothèque nationale de France. Estampes et  Photographie. 
 
 
Cette photographie est la plus célèbre du recueil intitulé  Enseignes et vieilles boutiques du Vieux Paris. On peut déceler dans le reflet  de la vitrine l'un des seuls autoportraits connus d’'Eugène Atget, dont on  distingue la chambre photographique, le grand drap noir, le sac de matériel  posé au pied du trépied de l'appareil et la silhouette de profil. Cette  photographie est autant l'image de la devanture d’un magasin d’antiquités et de  la rue qui s'y reflète qu'un discret portrait de l'opérateur en action. |  | Eugène Atget. Au Mortier d'argent, 33 rue Saint-Denis.  Épreuve sur papier albuminé d'après négatif sur verre. Paris, Bibliothèque  nationale de France. Estampes et Photographie. |  
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                        | Jules Gaildrau. Rue des Filles-Dieu n°1 à 9 (actuelle rue  d'Alexandrie depuis 1897), 2e arrondissement, 1883. Plume et  aquarelle. Paris, Musée Carnavalet  - Histoire de Paris. |  | Jules Gaildrau. Numéros 203 à 213, rue Saint-Denis  (emplacement de la rue Réaumur), 2ème arrondissement, 1892. Plume et  aquarelle. Paris, Musée Carnavalet - Histoire de Paris. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Hachette & Cie. Étrennes 1887. Affiche, lithographie en  couleurs. Paris, Musée des Arts décoratifs. |  | Anonyme. Épicerie Au Soleil d'Or, 5 place de l'École,  1er arrondissement, Paris. Épreuve sur papier albuminé d’après négatif sur  verre. Fac-similé. Paris, Musée Carnavalet - Histoire de Paris. 
 
 
Don d'Édouard  Fournier, l’un des grands érudits du Vieux Paris de la seconde moitié du 19e  siècle, cette photographie anonyme représente ce qu'on considère alors comme la  plus ancienne épicerie de Paris, Au Soleil d'Or. Également photographiée par  Atget, son enseigne remarquable, sa devanture et son histoire longue en font un  lieu d'intérêt des amateurs du Paris ancien - l'épicerie disparaîtra après  l'achat de l'immeuble par la Samaritaine dans les années 1920. Outre les  badauds qui se sont arrêtés pour l'occasion, l'image fait surtout le portrait  de ceux qui travaillent au magasin, dans une pose frontale caractéristique de  ce type de photographies. |   
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 III-2 - Dedans / Dehors
 
 
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                        | Scénographie 
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                            La  ville moderne dessine une frontière de plus en plus poreuse entre l'intérieur  et l'extérieur. Devenu un lieu de création, l'espace public invite à un  investissement physique toujours plus grand de la part de l'artiste. Victor  Marec, qui installe virtuellement son chevalet dans un restaurant fréquenté par  des cochers, signale discrètement ce glissement en redoublant sa signature -  pourtant déjà présente à sa place traditionnelle, en bas à droite du tableau -  sous forme de lettres d'enseigne vues à l'envers sur le haut de la vitrine.
 Les  cafés et les restaurants sont des espaces en lisière, où l'artiste peut, depuis  l’intérieur, profiter du spectacle de la rue. Le garçon de café, relais du  regard du peintre, est l'une de ces figures-frontières que le spectacle offert  par le commerce moderne fait parfois oublier. Dans les espaces de vente, les commis,  garçons et demoiselles se doivent de «bien présenter». Vallotton, Lautrec ou  Degas s’attachent à la gestuelle gracieuse des modistes, rodées à la danse  commerciale qui les mènent tour à tour des objets aux clientes. Sur les  affiches, un comptoir ou une banderole les tiennent souvent  séparées.
 La  ville marchande réserve aussi des mécanismes d'exclusion. Certaines figures -  pauvres, prostituées, déclassés - continuent d’appartenir à l'univers sombre de  la rue. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Jean-Émile Laboureur. Ernest, 1902. Gravure sur bois, 50,7 x 32,5 cm. Nantes, musée  d’arts. © Musée d'arts de Nantes / Photographie Pauline Betton. |  
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                        | Juliette Roche. Étude pour Chez la marchande de draps, vers 1912.  Huile sur carton. Collection particulière. |  | Juliette Roche. Étude pour Rue Victor Massé, 1912. Huile sur  carton. Paris, Galerie Pauline Pavec. 
 
 
Amie du peintre Félix Vallotton, Juliette  Roche prête attention à l’univers du petit commerce. Dans cette composition,  elle montre l'intérieur d’un magasin de location de déguisements. La vendeuse  fait face à deux personnes à l'identité équivoque, portant des vêtements aux  accents masculins. Au-dessus d'elle pendent des masques de carnaval dont  l'artiste reprendra le motif à plusieurs reprises. Pionnière dans la  représentation des minorités, tant ethniques que sexuelles, l'artiste interroge  l'identité de genre, et dénonce les jeux de rôle à laquelle la société nous  contraint. |  
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                        | Albert Weisgerber. Café parisien, 1906. Huile sur toile. Saint-Ingbert, Albert Weisgerber Museum. 
 
 
Peintre allemand décédé pendant la Première Guerre  mondiale, Albert Weisgerber représente l'intérieur d'un café parisien. Dans une  gamme contrastée où dominent les blancs, les noirs et les bruns, il montre les  lettres de la devanture, vues depuis la salle, à l'envers. Il suggère encore  l'indifférence des citadins, par l'absence de regards échangés entre l'homme et  la femme au premier plan, ainsi que par la figure du garçon de café qui nous  tourne le dos, absorbé par le spectacle de la rue au dehors. |  | Victor Marec. Au rendez-vous des cochers, 1898. Huile  sur toile. Lille, Palais des Beaux-Arts. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Pierre Bonnard. Place Clichy, 1895. Huile sur toile.  Paris, musée d'Orsay, donation Zeïneb et Jean-Pierre Marcie-Rivière, 2010. |  | Louis Valtat. Vue de Paris, 1893. Huile sur toile. Paris, musée d'Orsay, en dépôt à Montbéliard, musée du château des Ducs de  Würtemberg, don de Mme Bretegnier-André, 1968. |  
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                        | Théophile Alexandre  Steinlen. À propos de bottes, 1897.  Lithographie. Paris, Bibliothèque nationale de France. Estampes et Photographie. |  | Walter Sickert. La Blanchisserie, 1885. Huile sur bois. Leeds, Leeds Art Gallery. 
 
 
Peintre britannique, Walter Sickert voyage  régulièrement à Paris et à Dieppe à partir de 1890, jusqu'à s’installer de 1898  à 1905 dans la station balnéaire dont il peint de nombreuses vues. Il est alors  très influencé par la scène artistique française et devient un proche d'Edgar  Degas, Jacques-Émile Blanche, Pierre Bonnard, Claude Monet ou encore Camille  Pissarro. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Dépendances de l'Économie Ménagère. Literie. Tapis et  meubles, 1880-1890. Affiche,  lithographie en couleurs. Paris, Musée des Arts décoratifs. |  | Emile  Lévy. À Saint Joseph. Liquidation. 6 millions de marchandises. 1900-1910. Lithographie, 127 x 92 cm. Paris, Musée  des arts décoratifs. |  
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                        | Paul-Albert Besnard. La Prostitution, vers 1886. Eau-forte et  pointe sèche. Paris, Institut national d'histoire de l’art, collection Jacques  Doucet. |  | Félix Vallotton. Les Modistes, 1894. Gravure sur bois.  Paris, Bibliothèque nationale de France. Estampes et Photographie. |   
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 III-3 - Hauteur d'enfant
 
 
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                        | Scénographie 
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                            Parmi  les dispositifs que déploie la société marchande, la vitrine est l’un des plus  spectaculaires et des plus symboliques. Le développement de la technique du  «verre plat» à partir de la fin du 18e siècle permet aux commerces d’arborer  des vitrages qui, associés à l'éclairage artificiel, offrent un spectacle  gratuit aux passants. Les  enfants sont les premiers bénéficiaires de ce dispositif. Avant la  multiplication des grandes vitrines, leur petite taille leur interdisait  d’apercevoir la marchandise; l'œil devait se hisser au-dessus des comptoirs et  autres tables d'étalage. La vitrine élargit le regard, et autorise la vision  féerique de l'intérieur des magasins. Au 19e siècle, les enfants deviennent  ainsi des cibles commerciales qu'il s’agit de séduire car ils peuvent  influencer l'acte d'achat de leurs parents. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Édouard Vuillard. Enfant avec écharpe rouge, vers 1891. Huile sur carton, 29,2 x 17,5  cm. Washington, National Gallery of Art, Ailsa Mellon  Bruce Collection Washington. 
 
 
Ce tableau d’Édouard Vuillard témoigne du point de vue singulier de l'enfant pris dans la ville. Placé derrière une petite fille à l'écharpe rouge, quasiment à sa hauteur (audacieux, le cadrage exclut du champ de vision le haut du corps de l'homme tenant la main de la fillette), l'artiste montre l'horizon bouché de la rue. |  
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                        | Henri-Jules-Jean Geoffroy  (d'après). Sur le chemin de l’école,  1888. Photogravure. Bordeaux, Musée Goupil. |  | Victor Gabriel Gilbert  (d'après). La Tentation. Photogravure  rehaussée de gouache. Bordeaux, Musée Goupil. |   
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 III-4 - L'envers social d'un monde en mutation:
 les vendeurs ambulants
 
 
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                        | Scénographie 
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                          Dès  les années 1830, la génération romantique puis les réalismes littéraires et  picturaux s’attachent à décrire les types pittoresques des marchands ambulants,  dont l'existence est de plus en plus menacée par la vie moderne. Quand Louis  Vert les photographie autour de 1900, c'est désormais dans une visée  patrimoniale, beaucoup de ces métiers étant alors en voie de disparition. Peintres  et dessinateurs affectionnent particulièrement les marchandes de fleurs.  Souvent dépeintes comme jeunes et fraîches, elles font écho à leurs bouquets  colorés, allégorie de la palette du peintre. Peu de représentations laissent  transparaître les difficultés de ce métier en plein vent. «Il est des petits  métiers qui ne sont qu'une des variétés de la mendicité recouverte du masque  industriel» rappelle Edmond Texier au lecteur de son guide de Paris en 1867. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Théophile Alexandre  Steinlen. Le Marchand de quatre saisons,  1913. Illustration pour L'Œuvre Gravé et Lithographié de Steinlen, Catalogue  descriptif et analytique suivi d’un Essai de Bibliographie et d'Iconographie de  son Œuvre illustré. Collection particulière. |  
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                        | Norbert Goeneutte. Fleuriste sur le boulevard Rochechouart.  Huile sur toile. Vernon, musée Alphonse-Georges Poulain. |  | Luigi Loir. Rue Turbigo, le soir, vers 1906.  Gouache sur carton. Rouen, musée des Beaux-Arts. |  
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                        | Jules Adler. Jeune fille marchande de fleurs, 1899. Huile sur toile, 66 x 81 cm.  Genève, Association des Amis du Petit Palais. © Studio Monique Bernaz,  Genève. |  | Adolphe Binet. La Marchande de fleurs, 1895. Huile sur  toile. Reims, musée des Beaux-Arts. |  
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                        | Théophile  Alexandre Steinlen. Vendeuse de fleurs, 1898. Pastel et aquarelle sur  papier, 31 x 23 cm. Genève, Association des Amis du Petit Palais. © Studio Monique Bernaz,  Genève. |  | Paul Sérusier. La Marchande de bonbons, 1894. Lithographie, 32 x 24.8 cm. Rennes, musée  des Beaux-Arts. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Louis Vert. Marchand d’attrape-mouches, rue  Saint-Antoine, 4e arrondissement, Paris, 1900-1906. Gélatino-bromure sur  papier velours. Paris, Musée Carnavalet - Histoire de Paris. |  | Louis Vert. Marchande de soupe, 1900-1906.  Gélatino-bromure sur papier velours. Paris, Musée Carnavalet - Histoire de  Paris. 
 
 
Imprimeur de métier, Louis Vert était aussi photographe amateur. Vivant  au cœur de Paris, au 31 rue Saint-Antoine, il a beaucoup photographié le  quartier des Halles, ses marchands, son animation et son mouvement. La scène  qui se déploie sous nos yeux saisit une marchande de soupe avec son étal en  plein air, entourée de passants venus boire chaud; un homme marche vers nous  tandis qu’un autre sur la gauche de l'image s'arrête pour regarder le  photographe. |  
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                        | Eugène Boudin. Femme derrière un étal à poissons.  Aquarelle et mine de plomb sur papier. Paris, musée d'Orsay. |  | Eugène Boudin. Homme derrière un étal à poissons. Aquarelle et mine de plomb sur papier. Paris, musée d'Orsay. |   
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                        | Jean-Louis Forain. Marchande de violettes, 1894. Panneau  décoratif du Café de Paris. Gouache sur papier marouflé sur toile. Paris, Musée  des Arts décoratifs. |  | Fernand Pelez. Le Marchand de citrons, 1895-1897. Huile  sur toile. Chambéry, musée des Beaux-Arts. 
 
 
Souvent taxé de «misérabiliste» par  ses contemporains en raison de son goût pour les sujets sociaux traités dans un  naturalisme académique, Fernand Pelez imagine une touchante composition  représentant un jeune garçon qui tente de survivre en vendant des citrons. |   
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 III-5 - La foule des invisibles:
 retrouver les employés de commerce
 
 
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                        | Scénographie 
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                            Les  véritables invisibles du spectacle de la marchandise sont les employés des  grands magasins. Les commerces exhibent parfois leur nombre et leur bonne tenue  à des fins promotionnelles. Certaines archives permettent de nuancer cette  joyeuse imagerie. Lors du «moment anarchiste» des années 1891 à 1894, des  dizaines d'employés de commerce sont arrêtés et soumis au «bertillonnage»,  technique d'identification anthropométrique mise au point par Alphonse  Bertillon. Dans  les mêmes années, le grand commerce s'incarne dans des figures fortement  individualisées, celles des patrons, qui veillent à construire leur légende.  Entre 1896 et 1903, Hippolyte Alfred Chauchard, fondateur des Grands Magasins  du Louvre, se fait représenter par le sculpteur Henri Weigele. Le parcours de  cet ancien commis devenu l’un des visages de la réussite commerciale inspire  Émile Zola dans son roman Au Bonheur des  Dames. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Henri  Weigele. Alfred Chauchard assis,  1903. Bronze doré. Paris, musée  d'Orsay, legs Alfred Chauchard, 1910.
 
 
 Alfred Chauchard (1821-1909), fondateur  des Grands Magasins du Louvre, se fait représenter à plusieurs reprises entre  1896 et 1903, par le peintre Benjamin-Constant, puis par le sculpteur Henri  Weigele. Ancien commis du magasin Au pauvre diable, Chauchard devient  rapidement l'un des visages de la réussite commerciale. Son parcours inspire le  personnage d'Octave Mouret dans Au  Bonheur des Dames d'Émile Zola, paru en 1883. |  
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                        | Citation d'Émile Zola, 1883  |  
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                        | Le personnel du Printemps  réuni dans le grand hall des magasins, boulevard Haussmann, 1907. © Paris,  Collection Printemps Héritage.  |  
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                          Anonyme. De haut en bas et de gauche à droite:- Deuxième étage,  vue d'ensemble du rayon du trousseau, jour de la réclame.
 - Rayon du trousseau,  jour de la réclame.
 - Vue des cuisines, plongeurs au moment du service.
 - Les  cuisines, préparation des plats pour Mrs les vendeurs.
 - Vue intérieure du  réfectoire, Mrs les caissiers
 - Réfectoire, vue intérieure pendant le déjeuner.
 - Réfectoire, vue d'ensemble pendant le déjeuner des vendeuses.
 - Table  tournante, sous-sol.
 Vers 1910. Photographies noir et blanc. Tirages modernes.  Paris, Archives de la Samaritaine.
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                            Jules Férat (dessinateur),  Hippolyte Constant Dutheil (graveur). Sous-sol  des Grands Magasins du Louvre. 
                            - La salle d'arrivée des colis et de réception  des marchandises, située sous le hall du Palais-Royal. 
                            - L'atelier d'emballage  des expéditions de marchandises dans les départements et à l'étranger.1877.  Gravure sur bois. Paris, Bibliothèque nationale de France. Estampes et  Photographie.
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