Simon HANTAÏ (1922-2008)
L'exposition du centenaire

SIMON HANTAÏ (1922-2008). L’exposition du centenaire. Simon Handl naît le 7 décembre 1922 à Bia (aujourd’hui Biatorbágy), près de Budapest, en Hongrie. En 1939 sa famille, d’origine allemande souabe catholique, magyarise son patronyme en Hantaï. Passionné d’art, il entre à l’Académie des beaux-arts de Budapest en 1941 et, par son activisme artistique et politique, devient président de l’Association des étudiants. Opposé au régime pronazi, il est incarcéré mais parvient à s’enfuir. Vu l’échec de la jeune République hongroise (1945-1948), il quitte le pays en 1948 par le « dernier train » avec Zsuzsa, sa jeune épouse, étudiante en art. Après un séjour en Italie, ils s’installent à Paris, occupant peu après un atelier Cité des Fleurs (17e arrondissement).
Pour commémorer le centenaire de sa naissance, la Fondation Louis Vuitton, lui consacre une vaste rétrospective sous la houlette d’Anne Baldassari, la commissaire, avec l’aide de sa famille. C’est ainsi que nous pouvons voir quelque 150 œuvres, dont beaucoup ne sont montrées au public que pour la première fois, dans un parcours en quatorze sections, suivant un ordre chronologique.
Si l’exposition s’attache à présenter surtout son œuvre réalisé au moyen de pliages entre 1960 et 1982, avec des toiles de grandes dimensions, elle nous présente aussi, dans les deux premières salles, ses créations antérieures. Nous y trouvons, à côté d’une toile de Jackson Pollock, qui fut, avec Matisse, l’une de ses sources d’inspiration, Narcisse collectif (1953), Peinture (Écriture rose) (1958-1959), À Galla Placida (1958-1959), Les Larmes de saint Ignace (1958-1959) et diverses Peintures (1959) dans des tons quasi monochromes.
En 1960, Hantaï revient à ses premiers pliages expérimentés en 1950. Il plie ou plisse la toile blanche, la peint par-dessus, une ou deux fois et tend la toile sur un châssis pour faire disparaître les pliures. Le résultat dépend du pliage et des couleurs employées. Nous avons ainsi de 1960 à 1962 la série des Mariales. Ses recherches le conduisent ensuite à d’autres séries, au fil des années et des diverses méthodes de pliage et de peinture qu’il expérimente. C’est ainsi que naissent les séries des Catamurons (1963-1965), des Panses (1964-1967), des Meuns (1967-1968), du nom de la commune près de Fontainebleau où il s’installe alors, des Etudes (1968-1971), des Blancs (1973-1975) et enfin des Tabulas (1972-1982).
Alors qu’il se contentait jusque-là de serrer la toile pliée sur elle-même ou avec de gros nœuds, pour les Tabulas, il fait de petits nœuds dans les deux sens, tous les x centimètres. Il peint alors la surface encore visible, laissant la toile pliée en réserve. En défaisant les nœuds il obtient des sortes de damiers monochromes ou multicolores selon la façon de peindre ces Tabulas. Sans parti pris, ce sont les œuvres que nous avons préférées dans cette rétrospective.
En 1982, Hantaï est choisi pour représenter la France à la 40e Biennale de Venise. C’est aussi l’année où il décide de se retirer de la vie publique après son exposition des Tabulas lilas, des toiles où la couleur a presque disparu. En réalité, et on le découvre en grande partie avec cette exposition, Hantaï continue d’explorer d’autres techniques. Les organisateurs évoquent dans deux salles le « dernier atelier » avec des « pliages-drippés », des pliages étoilés ou à usage domestique, des tabulas non dépliées, des Bourgeons ou encore des « pliages interminables par réductions successives ». Dans ce dernier cas, « Le peintre déchire en deux des peintures antérieures, les plie, les peint, les déchire en deux, les plie les peint, les déchire en deux, les plie les peint jusqu’à obtenir des peintures de très petites dimensions, à la surface brouillée, plombée par la superposition des strates de couleurs ».
La salle suivante nous rappelle que Simon Hantaï s’était pris d’amitié pour deux jeunes artistes, Michel Parmentier (1938-2000) et Daniel Buren (né en 1938). Des œuvres des trois artistes sont mises en regard les unes des autres et surtout, Daniel Buren a recouvert certains murs entre les salles d’expositions d’une œuvre qu’il a intitulée Mur(s) pour Simon, travaux in situ et en six mouvements (2022) qui rend hommage à son ami.
La dernière salle, la chapelle pentagonale dessinée par Frank Gehry, nous présente les dernières réalisations de Simon Hantaï. À côté d’une Tabula lilas (1982), nous avons un Suaire (2002), une impression numérique sur toile réalisée à partir de clichés de détails de Tabulas lilas et une Buée/H.b.l/Hebbel (2004) constituée de trois photographies déposées sur une grande photographie d’une Tabula lilas.
Une exposition remarquable qui rend hommage à un peintre français dont on retrouve les toiles dans une cinquantaine de collections publiques à l’étranger. R.P. Fondation Louis Vuitton 16e. Jusqu’au 29 août 2022. Lien : www.fondationlouisvuitton.fr.