SIGNAC, les harmonies colorées. La présente exposition nous  rappelle, en plus modeste, l’exposition magistrale de 2001 au Grand Palais (Lettre n°184). Mais ici, ce qui est  remarquable, c’est que toutes les œuvres présentées proviennent d’une même  collection, qualifiée par les commissaires de « plus bel ensemble d’œuvres néo-impressionnistes  en mains privées ». 
                Le parcours se déroule selon un  ordre chronologique et associe à Paul Signac (1863-1935) d’autres artistes. En  guise d’introduction, il commence par la présentation du mouvement  néo-impressionniste et la rencontre de Signac et Georges Seurat (1859-1891),  les premiers à mettre en pratique le principe de la division des couleurs, suite  aux travaux d’Eugène Chevreul sur la perception de la lumière. Trois toiles de  Signac illustrent cette nouvelle technique, «Saint-Briac.  Le Béchet » (1885) et surtout « Avant du  Tub. Opus 176 »  (1888) et « Saint-Briac.  Les balises, Opus 210 » (1890). À côté de celles-ci nous avons des  dessins de Seurat, Maximilien Luce et Théo Van Rysselberghe, autres acteurs du mouvement  Néo-impressionniste, selon l’appellation donnée par le critique Fénéon (Lettre n°492).
                La deuxième salle nous montre  comment procédait Signac. Peintre autodidacte qui s’était lancé dans la  peinture après avoir vu une exposition de Monet, il avait rejoint le groupe des  impressionnistes et était encore imprégné de leur technique. Le travail en  plein air ne se prêtant pas à la technique de la division des couleurs car il  ne faut pas mélanger les pigments, cela oblige à faire des travaux  préparatoires d’après nature avant d’entreprendre la composition finale en  atelier. Nous voyons ici plusieurs études de ce type, dont une pour son chef d’œuvre, « Au Temps d’Harmonie » (1893-1895 -  Mairie de Montreuil), dont on voit une reproduction sur le mur.
                Les sections suivantes font place  à d’autres artistes intéressés par le Néo-impressionnisme. C’est le cas de  Pissarro, mais seulement quelque temps à la fin des années 1880, de Théo Van  Rysselberghe, de Henri-Edmond Cross et de Maximilien Luce. À côté de ces  célébrités on trouve également des artistes moins connus comme Louis Hayet,  Achille Laugé ou encore Georges Lacombe. 
                Le parcours reprend avec de  nouvelles œuvres de Signac. Avec le temps, la peinture de celui-ci devient de  plus en plus colorée, surtout au cours de ses séjours dans le midi  (Saint-Tropez, Antibes, etc.), et il se passionne pour l’aquarelle. Nous en  avons une vingtaine dont quatorze appartiennent à son admirable série représentant  une centaine de ports français allant de Dunkerque à Menton, peints de 1929 à  1931 à la demande de Gaston Lévy, créateur de la chaîne de magasins Monoprix, son  mécène et ami.
                La dernière salle présente d’autres  toiles peintes au début du XXe siècle. Elles illustrent les deux approches de l'artiste qui s’éloigne peu à peu du naturalisme. La première consiste à choisir  une couleur dominante pour structurer la toile. On a ainsi « Marseille. Le Vieux-Port» (1906) où se  retrouvent presqu’exclusivement, dans une sorte de monochromie, toutes les  nuances de bleu. La seconde, au contraire, met en œuvre une polychromie  audacieuse alliée à un équilibre rigoureux de la composition. On le note dans  deux toiles magnifiques, « Sainte-Anne  (Saint-Tropez) » (1905) et « Juan-les-Pins.  Soir (première version) » (1914). Une exposition attachante,  bénéficiant d’une scénographie particulièrement réussie. R.P. Musée Jacquemart-André 8e. Jusqu’au 26  juillet 2021.
                Lien : www.musee-jacquemart-andre.com.