REMBRANDT
intime

Article publié dans la Lettre n° 404
du 23 novembre 2016


 
Pour voir le parcours en images et en vidéo de l'exposition, cliquez ici.

REMBRANDT intime. Le musée Jacquemart-André a eu l’excellente idée de réunir autour des trois chefs-d’œuvre du maître qu’il possède, un ensemble de vingt-et-une peintures et trente-deux œuvres graphiques. Cela permet d’apprécier l’évolution du style de Rembrandt van Rijn (1606-1669) et l’intérêt qu’il a pour les portraits et en premier lieu le sien - il en aurait peint ou dessiné une centaine -  comme le montre une vidéo où l’on voit son portrait se transformer au fil du temps.
Le parcours de l’exposition commence par sa jeunesse et sa formation à Leyde, chez son maître le peintre d’histoire Pieter Lastman. A côté d’une Scène d’histoire (1626), scène que l’on n’a pas pu identifier, où il se représente déjà derrière le personnage principal ( !), nous voyons plusieurs autoportraits ainsi que les portraits de sa mère et peut-être de son père.
Dans la salle suivante est exposé le prodigieux Le Repas des pèlerins d’Emmaüs (1629) premier des trois tableaux appartenant au musée. Le peintre, qui n’a alors que 23 ans, représente d’une manière totalement inédite les pèlerins, saisis d’étonnement ou à genoux au pied du Christ ressuscité, dans une vive lumière tranchant avec l’obscurité dans laquelle se trouve le Christ. Cette force dramatique caractérisera ses œuvres en clair-obscur, l’une des marques de son style. A côté de ce chef-d’œuvre nous pouvons voir La Fuite en Egypte (1627), La Parabole de l’homme riche (1627) et La Présentation au Temple (1631) ainsi que plusieurs dessins.
A ce sujet, comme le montre la salle suivante et d’autres plus loin, Rembrandt ne fait jamais de dessin en guise de travail préparatoire pour un tableau ou une gravure. Il crée directement sur la toile ou planche. L’Annonce aux bergers (1634), L’Adoration d’un des trois Rois mages (vers 1635) ou encore Le Charlatan (vers 1636) illustrent la maîtrise de l’artiste dans ce domaine. Il sait saisir aussi bien l’attitude avec précision que l’émotion.
A la fin de l’année 1631, à 26 ans, Rembrandt s’installe à Amsterdam. Grâce aux portraits il accède à la renommée. En 1632, malgré son jeune âge, il obtient la commande du Portrait de la princesse Amalia van Solms, épouse du stathouder de Hollande, l’un des personnages les plus importants du pays. C’est le deuxième tableau appartenant au musée Jacquemart-André. A côté de ce portrait officiel, les commissaires nous présentent des portraits réalisés plus librement comme ce Vieil homme en costume oriental (1632), cette Héroïne de l’Ancien Testament (1633) et surtout  ce Soldat riant au gorgerin (vers 1630). Mais le plus personnel est celui de sa jeune épouse, Saskia (1612-1642), qu’il représente l’année même de son mariage sous les traits de la déesse Flore (1634).
Dans l’avant dernière salle, sont réunis plusieurs tableaux et gravures sur le sujet de La Bible, un thème prépondérant dans l’œuvre de Rembrandt, depuis ses débuts à Leyde jusqu’à ses ultimes années de création. A côté du Repas des pèlerins d’Emmaüs (1648) du Louvre, beaucoup plus conventionnel que la peinture de 1629, nous avons des dessins comme Les Trois Maries devant le tombeau vide du Christ (vers 1654) et surtout des gravures dont certaines appartiennent à divers états de l’œuvre. C’est le cas pour Christ en croix ou Les Trois Croix (1653) et Le Christ présenté au peuple (1655) qui permettent d’apprécier le travail de l’artiste d’un état à un autre.
Dans la dernière salle nous avons le dernier tableau appartenant au musée, le Portrait du docteur Arnold Tholinx (1656), une Jeune Fille à sa fenêtre (1651) et deux tableaux nous faisant vraiment entrer dans l’intimité du peintre, le Portrait d’Hendrickje Stoffels (vers 1652-1656) sa dernière compagne, et le Titus lisant (1656-1658), son fils (1641-1668). Rembrandt signa un contrat avec ces derniers pour se protéger de ses créanciers après sa « cession de biens »  de 1656. Une exposition aussi éblouissante qu’instructive. R.P. Musée Jacquemart-André 8e. Jusqu’au 23 janvier 2017. Lien : www.musee-jacquemart-andre.com.


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