Parcours en images et en vidéos de l'exposition

PIERRES GRAVÉES
Camées, intailles et bagues de la collection Guy Ladrière

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°552 du 20 juillet 2022



 

 
PIERRES GRAVÉES
Camées, intailles et bague de la collection Guy Ladrière

L'exposition raconte l’histoire de l’art des pierres gravées de l'Antiquité au XIXe siècle. Intailles grecques et néoclassiques, camées antiques et médiévaux, petites sculptures d'époque impériale, bagues signets mérovingiennes, anneaux épiscopaux sont ici réunis pour évoquer toutes les facettes de l’art millénaire de la glyptique. Art aujourd’hui un peu oublié, art le plus souvent anonyme, la glyptique a aussi créé des chefs-d’œuvre dont quelques-uns sont exposés ici.

La collection ici montrée pour la première fois au public a été réunie par Guy Ladrière. Ce grand marchand spécialiste des arts premiers et de l’art médiéval est aussi un collectionneur passionné. Depuis des décades, il rassemble patiemment les camées, intailles et bagues avec un goût très personnel.
Sa collection choisie ne se veut pas encyclopédique : c'est la beauté de chaque pièce qui le guide, aux hasards des découvertes. Sa grande diversité reflète la curiosité du collectionneur.

Au croisement de l’histoire de l’art, de la gemmologie et de l’histoire des techniques, le sujet de cette exposition entre en résonance avec la mission de L'École des Arts Joailliers depuis sa création en 2012, grâce au soutien de Van Cleef & Arpels. Par les cours proposés comme les conférences et les ateliers, les expositions, les publications, ou encore la recherche, elle offre à tous les publics la possibilité de découvrir ces trois disciplines relatives à l’art du bijou.
Affiche de l'exposition.
 
Texte du panneau didactique.


MATÉRIAUX ET TECHNIQUES

Scénographie
Scénographie

MATÉRIAUX ET TECHNIQUES (1)

Le terme de glyptique (d’un mot grec qui signifie graver), désigne les ouvrages de sculpture de petite taille réalisés dans des gemmes. Cette technique peut être pratiquée de diverses manières : en ronde-bosse, en bas-relief ou en creux.
L’intaille (1) correspond à ce travail en creux : elle est en général destinée à laisser une empreinte dans la cire ou dans la terre, pour apposer sa marque comme un sceau. L’image est donc conçue à l’envers, pour que son empreinte apparaisse dans le bon sens. C’est la technique la plus ancienne de la glyptique, connue depuis cinq millénaires dans l’Orient ancien. Ce sont des intailles que l’on trouvera en grande majorité sur les bagues.
Si la pierre est sculptée en bas-relief, on parle de camée. Le camée, tel que nous l’entendons, est apparu vers le IIIe siècle av. J.-C., peut-être en Égypte. Il peut être, comme ici, réalisé dans une pierre monochrome (2) mais il est en général tiré d’une pierre à couches contrastées.
Enfin, le graveur de pierre peut aussi sculpter des œuvres en ronde-bosse, statuettes, portraits ou éléments à incruster sur des objets précieux, en particulier sur des vases d’orfèvrerie (3).

 
(1) - Ier siècle ? XVIIIe siècle ? Profil de l’empereur Auguste. Intaille en rubis sur une bague en or. Photo Benjamin Chelly.


(2) -Allemagne, XVIIe siècle. Homme avec un baudrier. Camée en turquoise monté en or. Photo Benjamin Chelly.

Texte du panneau didactique (début).

 
Perse. VIe-IVe siècle av. J.-C. Tête de lion. Élément d’incrustation en calcédoine. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
(4) Cornaline brute. Photo Benjamin Chelly.
(5) Cornaline polie. Photo Benjamin Chelly.
 
Les graveurs de pierres, parfois nommés lithoglyphes, utilisent le plus souvent des pierres sans grande valeur marchande, pour la beauté de leur couleur. Ce sont en premier lieu des quartz, désignés selon leur aspect par une grande variété de termes hérités de l’Antiquité et du Moyen Âge. Les quartz microcristallins sont translucides à opaques. Le quartz le plus employé depuis les origines de la glyptique est la cornaline (4) que l’on chauffe pour accentuer sa couleur orangée (5). C’est la pierre la plus commune pour les intailles. Une variété grise, tirant sur le bleu est nommée calcédoine bleue (6) : elle a été surtout utilisée dans l’Antiquité pour de petites sculptures en ronde-bosse. Le jaspe rouge (7), opaque, permet de graver des intailles qui sont aussi très lisibles sans être imprimées. Quand il est vert mêlé de rouge (8), on parle de jaspe fleuri, de jaspe sanguin ou d’héliotrope.
Les quartz à grands cristaux sont transparents et comprennent le cristal de roche (9) et l’améthyste (10).
Les pierres précieuses, saphir, rubis, émeraude et même diamant furent aussi gravées. D’autres pierres de couleur furent utilisées, comme la turquoise (11), le lapis-lazuli (12) et le jade (13).
Pierres mentionnées sur le panneau didactique.
 
Texte du panneau didactique (fin).
(6) Calcédoine bleue. Photo Benjamin Chelly.
(7) Jaspe rouge. Photo Benjamin Chelly.
(8) Jaspe sanguin ou héliotrope. Photo Benjamin Chelly.
(9) Cristal de roche. Photo Benjamin Chelly.
(10) Améthyste. Photo Benjamin Chelly.
 

(11) Turquoise. Photo Benjamin Chelly.

(12) Lapis-lazuli. Photo Benjamin Chelly.

 

 

(13) Inde ? XVIIIe - XIXe siècle. Pendentif double face portant des épithètes d'Allah. Jade, bélière en or.
Pierres mentionnées sur le panneau didactique.
 
Pierres mentionnées sur le panneau didactique.
Scénographie avec les pierres mentionnées ci-dessus. Photo Benjamin Chelly.
Scénographie

MATÉRIAUX ET TECHNIQUES (2)

Depuis l’Antiquité, le principe technique de la glyptique n’a guère changé : les pierres sont travaillées par abrasion grâce à un outil rotatif (un trépan, puis un tour). Cet outil était d’abord actionné par un archet, puis il fut monté sur un tour (1) mû par une pédale (comme une ancienne machine à coudre) ou par la force hydraulique puis par l’électricité. L’outil (2) monté sur le tour présente différentes formes (scie, bouterolle, foret…) qui permettent d’obtenir différentes tailles.
Ces outils sont souvent fabriqués par le lithoglyphe lui-même.
Ce n’est pas l’outil qui entaille directement la pierre mais la poudre abrasive placée à sa surface. Cette poudre est composée de poussière de corindon, voire de diamant ; elle est broyée dans un pilon (3) mêlée à l’huile et placée à l’extrémité de l’outil monté sur le tour. La taille se fait en approchant la pierre du tour qui est fixé à l’établi : c’est la pierre que l’on déplace sur l’outil. Le travail est extrêmement long et rendu encore plus complexe par les petites dimensions des pierres. Ces différents outils qui creusent sont plus adaptés pour les intailles que pour les camées, réalisés en relief.
Pour les camées, le lithoglyphe utilise des agates avec des couches de différentes couleurs (4). La plus courante est la variété qui alterne couches claires et sombres, nommée sardonyx. La sardonyx est embellie en la cuisant dans du miel, ce qui donne aux parties poreuses une belle teinte brune.
Le sculpteur, en mettant à profit les couches de la pierre, introduit une polychromie naturelle dans la sculpture (5). Tout son talent consiste à trouver la bonne pierre pour le bon projet, ou à se laisser inspirer par la structure de la pierre. Certains sujets, comme les doubles portraits (dits capita jugata) furent traités avec prédilection car ils mettent particulièrement en valeur la superposition naturelle des couleurs dans la pierre, jusqu’à cinq couches  différentes (6). Des pierres plus inhabituelles, mouchetées ou bariolées, ont aussi inspiré d’autres types de sujets (7).

 

En haut, de gauche à droite :
- (3) Pilon
- (2) Outils
- (1) Tour

Texte du panneau didactique (fin).
 
(4) Agathe naturelle.
(5) Italie ? Fin du XVe siècle. Junon et Mercure épiant les amours de Mars et Vénus ? Camée en sardonyx monté en enseigne (or et perles). Photo Benjamin Chelly. (6) XVIIe siècle. Alexandre et Olympias. Camée en sardonyx sur une broche en or. Photo Benjamin Chelly. (7) Europe du Nord ? XVIIe siècle. Faune. Camée en jaspe sur un pendentif en or. Photo Benjamin Chelly.

 

 
Le graveur de pierre au travail. Planche tirée de Pierre-Jean Mariette,
Traité des pierres gravées, Paris,
1750.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
 
Vidéo : Le maître-graveur Philippe Nicolas explique les techniques de taille des pierres.


Étudier et collectionner

Scénographie
Étudier et collectionner (1)
La production des pierres gravées est indissociable du marché auquel elle est destinée. Dans l’Antiquité, intailles et camées ornent les objets de luxe, les bijoux en premier lieu. Beaucoup de ces pierres furent réutilisées et copiées depuis le Moyen Âge.
À partir de la Renaissance, les pierres antiques furent passionnément recherchées et collectionnées. La grande rareté de pierres importantes fit naître une florissante activité de copies et de faux.
À partir du début du XVIIe siècle apparaissent les premières publications illustrées consacrées à la glyptique. Le collectionneur anversois Abraham van Goorle (vers 1549-1608) fut le premier à publier sa propre collection entièrement reproduite par la gravure (1). Cet ouvrage important fut réédité et augmenté par Jacob Gronovius à la fin du XVIIe siècle : on y reconnaît cette bague romaine au nom de Justus (2 et 3). Le soin apporté à la réalisation de ces livres coûteux montre l’importance que l’on attachait alors à ces objets antiques. Car c’est eux-seuls qui intéressent : ils restent, jusqu’à nos jours, beaucoup mieux étudiés que les camées et intailles « modernes », produits depuis le Moyen Âge en Europe. Les ouvrages illustrés se multiplient, les planches étant souvent réimprimées sans le texte, comme celles de la collection de Michel-Ange de La Chausse. Les graveurs s’inspirent de ces gravures pour concevoir des copies ou réaliser des fausses antiquités intrigantes par leur iconographie inhabituelle. Par exemple, une iconographie banale de Mercure, qui le montre tenant une bourse se transforme en rareté par l’ingéniosité d’un graveur qui met dans ses mains un vase (4 et 5) : au lieu d’une simple copie, il a produit un passionnant original digne des meilleures collections…
 
Texte du panneau didactique (début).
 
(1) - Johann Jacob Baier. Gemmarum affabre sculptarum Thesaurus a Joanne Martino ab Ebermayer. Nuremberg, 1720.
 
(2) - Cabinet de pierres antiques gravées…tirées du cabinet de Gorlée et autres célèbres cabinets de l’Europe, Paris, 1778
(réedition de l’ouvrage de Gronovius, 1695). Photo Benjamin Chelly.
 
(3) - Rome, Ier-IIe siècle. Bague en or au nom de Justus. Photo Benjamin Chelly.
 
(4) - Michel-Ange de la Chausse. Gemme antiche figurate. Ouvrage publié à Rome en 1700, dans une réédition de 1805. Photo Benjamin Chelly.
 
(5) - XVIIe siècle. Mercure tenant un vase. Intaille en cornaline sur une bague en or. Photo Benjamin Chelly.
 
Étudier et collectionner (2)

Ces ouvrages nous montrent aussi que l’une des préoccupations majeures était de posséder une galerie de portraits des hommes illustres de l’Antiquité. La collection Ebermayer fut ainsi publiée, bien qu’il s’agisse surtout de copies modernes faites en Allemagne, d’après des reproductions. Le lecteur ne sait plus qu’en penser, comme le souligne Pierre-Jean Mariette dans son important Traité des pierres gravées publié à Paris en 1750 : les gravures antiques sont « confondues avec les copies, et l’exécution des planches ayant été confiée à un mauvais dessinateur, et à un graveur tout aussi peu intelligent, il n’est plus possible d’en faire la distinction ». On peut juger du peu de fidélité de ces gravures en comparant ces deux portraits de Démosthène, tirés d’un même original (6 et 7). Ces images étaient inlassablement recopiées. Antonio Francesco Gori publia les collections des Médicis en 1730, et le comte de Caylus dessina, à partir des illustrations, quelques pierres remarquables dans un petit album : on y reconnaît un camée représentant Vespasien. Cette pierre admirée fut souvent copiée et même transposée en intaille (8 et 9).

C’est pour remédier au manque de précision des livres illustrés que l’on commença les collections de moulages. Ceux-ci permettent des copies fidèles, comme un camée de Sérapis d’après une célèbre pierre aujourd’hui à Naples. Toutes les copies ou imitations de l’antique ne sont pas des faux, loin de là : les deux reproductions, l’une en verre moulé et l’autre en sardonyx (10 et 11) d’un célèbre camée publié en 1793 (dit « camée Zulian », du nom du donateur au musée archéologique de Venise) ne prétendent pas être des originaux.
Face à la prolifération de copies et de moulages, les collectionneurs se tournèrent vers des pierres cassées, dont on croyait qu’elles ne pouvaient être qu’antiques. Mais là encore, les faussaires étaient au rendez-vous.

(1) - Abraham van Goorle devant sa collection. Frontispice de l’ouvrage consacré à sa collection, Dactyliotheca, seu annulorum sigillariumquorum, [Delft, 1601]. Photo Benjamin Chelly.
 
Texte du panneau didactique (fin).
(6) - Johann Jacob Baier Gemmarum affabre sculptarum Thesaurus... a Joanne Martino ab Ebermayer Nuremberg, 1720. Photo Benjamin Chelly. (7) - Rome, vers 1800.
Démosthène.
Camée en sardonyx sur une épingle en or. Photo Benjamin Chelly.
(8) - Anne-Claude de Caylus. L’empereur Vespasien. Recueil de dessin d’après les planches du Museum Florentinum d’Antonio
Francesco Gori (1731). Photo Benjamin Chelly.
(9) - Italie, XVIIIe-XIXe siècle. L’empereur Vespasien. Intaille en cornaline. Photo Benjamin Chelly.
(10) - Italie, début du XIXe siècle. Jupiter à l’égide. D’après le «camée Zulian». Verre de couleur. Photo Benjamin Chelly. (11) - Italie, début du XIXe siècle. Jupiter à l’égide. D’après le «camée Zulian». Camée en sardonyx. Photo Benjamin Chelly.
 
Vidéo. Interview de Guy Ladrière.
 


Égypte

Scénographie
Scénographie
Égypte

L'art de la glyptique, pratiqué depuis des millénaires dans l'Orient ancien, connut un renouveau profond à l'époque hellénistique par l'apparition d’une technique nouvelle : le camée, c’est-à-dire une pierre gravée en relief. Les camées ne sont plus destinés à laisser une empreinte mais sont des œuvres d'art autonomes, sans autre fonction que le plaisir esthétique. Cette nouveauté est apparue à une date difficile à préciser, après les conquêtes d'Alexandre le Grand et une plus grande ouverture du monde méditerranéen vers l'Orient. Alexandrie, capitale de l'Égypte devenue grecque sous le règne des Ptolémée, fut le centre majeur de la glyptique. Les œuvres qui y sont créées, camées à caractère politique ou dynastique, mêlent l’iconographie égyptienne aux nouveaux canons du portrait hellénistique. Elles offrent aussi les visages de nouvelles divinités syncrétiques gréco-égyptiennes.

 
Texte du panneau didactique.
 
Empire romain. Osiris Canope. Calcédoine. Monture du XVIIe siècle en argent doré. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
Grèce. Ve-IVe siècle avant J.-C. Homme paissant un bovidé. Intaille en cornaline. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
Atelier « gréco-perse ». IV-IIIe siècle av. J.-C. Cheval et cavalier. Intaille en cornaline.  Collection Guy Ladrière. © 2021 Didier Loire.


Rome

Scénographie
Rome

À la fin de la République puis sous l'empereur Auguste, la glyptique antique atteint son apogée. Les plus grands artistes travaillant pour la cour sont des Grecs, parmi lesquels se détache Dioscoride, graveur du sceau personnel de l’empereur, et ses fils. Jusqu'à la fin de l'Empire, l’art raffiné de la glyptique servit la propagande impériale, montrant l’empereur sous les traits de héros ou de dieux. Une production plus courante est destinée aux particuliers et orne bijoux et bagues, portées en abondance par les hommes comme les femmes. Tous les thèmes de l’art antique y trouvent place : le portrait, la piété, le grotesque, l'art animalier, la satire...
 
Texte du panneau didactique.
 
Rome, début du IIIe siècle ap. J.-C. Jupiter. Camée en sardonyx sur une boîte en or de Gabriel Morel. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
Scénographie. Photo Benjamin Chelly.
 
Italie, milieu du XVIe siècle. Alexandre le Grand en Zeus-Ammon. Camée en sardonyx. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
Rome. Ier siècle ap. J.-C. L’empereur Titus (39-81 ap. J.-C.). Calcédoine. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
Scénographie. Photo Benjamin Chelly.
 
Rome. Vers 230 ap. J.-C. L’empereur Sévère Alexandre (208-235 ap. J.-C.). Camée en sardonyx sur une épingle moderne en or. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
Allemagne ?, XVIIe siècle. Alexandre en Minerve. Camée commesso (agate, sardonyx, calcédoine et cornaline). Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
Scénographie. Photo Benjamin Chelly.
 
Rome, vers 100 ap. J.-C. Vénus / Fortuna. Camée en calcédoine avec des restaurations du XVIIIe siècle (?).
 
Rome. IVe siècle ap. J.-C. L’empereur Constantin II (327-340). Turquoise. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.


Moyen Âge

Scénographie
Scénographie
Moyen Âge

En Occident, la fin de l'Antiquité vit un déclin de la glyptique, jusqu'à sa presque disparition pendant le haut Moyen Âge. En revanche, dans la Méditerranée orientale, Byzantins et Sassanides ont maintenu longtemps cette tradition vivace. À Constantinople, où se trouvaient certainement les ateliers travaillant pour la cour impériale, les graveurs produisent surtout des petites icônes en relief à porter en pendentif, souvent sculptées dans du jaspe sanguin, une pierre réputée pour ses vertus magiques. Comme dans l'Antiquité, les pierres sont aussi gravées en intailles pour servir de sceau. Le XIIIe siècle voit en Europe un spectaculaire renouveau de la glyptique, en particulier dans la Sicile de l'empereur Frédéric II. Des camées, qui mêlent sujets nouveaux  et thèmes antiques y sont gravés avec une parfaite maîtrise de la technique. Moins connus, des ateliers étaient aussi actifs en France, dont nous avons ici un témoignage exceptionnel, la Crucifixion que le roi Charles V portait sur « l'anneau des vendredis ».

 
Texte du panneau didactique et base de l'Aigle-sceau ci-contre. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
Byzance. VIe-VIIe siècle. Aigle-sceau avec monogramme. Cristal de roche. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
Sicile. XIIIe siècle. Hercule terrassant le lion. Camée en sardonyx sur une bague en or émaillé́. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
Byzance, Xe-Xe siècle. Le Christ en buste. Camée en jaspe sanguin.
 
Sicile. XIIIe siècle. Aigle. Camée en sardonyx. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
Paris ?, XIVe siècle. Crucifixion. Camée en sardonyx sur une bague moderne en or. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.


Méduse

Scénographie
Méduse

Méduse est l’une des trois Gorgones, des créatures marines cousines des Néréides.  En punition d'un sacrilège, elle fut transformée par Athéna en monstre à la chevelure de serpents et dont le regard pétrifiait qui la voyait. Persée lui trancha la tête et ce trophée devint un symbole protecteur pour terrifier et éloigner ses ennemis. La tête morte de Méduse, aux yeux grands ouverts et auréolée de serpents apparaît sur les cuirasses comme sur les bagues. Ce motif ne cessa d'être populaire jusqu'à la fin du XIXe siècle : toute l'Europe symboliste fut fascinée par ce mythe de la femme-monstre au regard qui tue.
 
Texte du panneau didactique.
 
XIXe siècle. Méduse. Camée en sardonyx sur un médaillon en or émaillé, pierres et diamant.
 
Rome. I-IIe siècle. Méduse. Camée en sardonyx. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
Rome, XIXe siècle. Méduse. Camée en Cornaline. Photo Benjamin Chelly.
 
Scénographie. Rome, IIe-IIIe siècle. Méduse. Camée en quartz fumé. Photo Benjamin Chelly.
 
Rome, XIXe siècle. Méduse (détail). Camée en Cornaline. Photo Benjamin Chelly.


Renaissance

Scénographie
Renaissance

Les camées et les intailles antiques, déjà présents en nombre dans les trésors médiévaux deviennent à la Renaissance objets d'étude, une source pour comprendre l’art et la culture des Anciens. Ils sont réunis en véritables collections. Ce premier intérêt historique s'accompagne d’une production contemporaine importante, qui comprend dès le XVe siècle des copies et des faux. Les artistes de la Renaissance surent aussi dépasser leurs modèles grecs et romains, et créèrent des œuvres plus libres et plus variées que leurs prédécesseurs. Les artistes se laissent inspirer par l’infinie variété des pierres de couleur et utilisent avec délectation des pierres de toute sorte. Ceci entraîne aussi l’apparition de nouveaux sujets pour mettre ces pierres en valeur.
 
Texte du panneau didactique.
 
Milan ?, milieu du XVIe siècle (Annibale Fontana ?). La Flagellation du Christ. Intaille en cristal de roche. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
Fin du XVe. Chasse au sanglier, d’après l’antique. Camée en sardonyx monté en enseigne. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
Jacopo da Trezzo (vers 1515-1589). Rhinocéros dit la Merveille de Lisbonne. Camée en sardonyx. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
France ?, vers 1550. Profil de femme, dite Sémiramis. Camée en sardonyx sur une broche moderne en or. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
Matteo del Nassaro (vers 1490 - vers 1547). François Ier (1494-1547), vers 1530-1540. Camée en sardonyx, monture moderne en or. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
Scénographie. Photo Benjamin Chelly.
 
Italie ? XVIe siècle. Hercule. Camée en sardonyx, cadre en bronze doré.
 
Matthieu Pigne. Le roi René́ d’Anjou (1409-1480). Camée en sardonyx sur une épingle en or. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.


XVIIe siècle

Scénographie
XVIIe siècle

Le XVIIe siècle fut une période faste pour l'étude et la collection des pierres mais l’on sait paradoxalement peu de chose sur les graveurs de pierre de cette période. Plus que l’intaille intime, qui aura la faveur des amateurs et des artistes au siècle suivant, c'est le camée solennel et sa riche polychromie qui fascine davantage. Les graveurs suivent le goût sérieux des collectionneurs, et produisent pour eux copies, pastiches et faux. Le portrait reste le seul domaine où la création contemporaine s'exprime librement, hors de l'imitation de l’antique.


 
Texte du panneau didactique et arrière du camée ci-contre.
 
Milan, fin du XVIe siècle. Elisabeth Ière (1533-1603). Camée en agate des Grisons. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
Allemagne, XVIIe siècle. Visage d'enfant et de vieillard tête-bêche. Camée en agate dans un cadre en laiton doré.
 
France. XVIIe siècle. Anne d’Autriche. Camée en sardonyx (intaille au revers). Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.


2 000 ans de bagues

Scénographie
Scénographie
2 000 ans de bagues

Les pierres gravées furent majoritairement destinées à être serties sur des bagues, éventuellement pour servir de sceaux. Par ailleurs, on a souvent réutilisé des pierres plus anciennes : dès l'époque romaine, on trouve sur les bagues du IIIe siècle des pierres vieilles de plusieurs siècles. Les plus belles bagues mérovingiennes puis gothiques s’ornent aussi de pierres antiques. Pour servir de sceau, la bague peut aussi porter un motif en creux qui est réalisé directement dans la masse du métal, comme les bagues grecques que l'on voit ici. Pour être tout à fait individuelle, la bague-sceau porte le nom de son propriétaire, le plus souvent en écriture rétrograde (pour être lue à l'impression). De telles bagues, dites bagues nominatives, sont rares et l’ensemble réuni ici est exceptionnel. L’anneau peut aussi détenir un pouvoir protecteur grâce à des inscriptions magiques qui le transforment en talisman ou grâce aux vertus que l’on prête à la pierre qu’il intègre.
 
Texte du panneau didactique.
 
XIIe-XIIIe siècle. Bagues en or avec saphir (anneaux épiscopaux ?).
Scénographie . Photo Benjamin Chelly.
 
Rome, IIIe siècle. Bague en or au nom d'Hilarsis.
Rome, IIIe siècle. Cavalier chassant le lion. Bague en or.
 
Grèce, IVe-IIIe siècle av. J.-C. Taureau passant. Bague en or.
Grèce, IVe-IIIe siècle av. J.-C.  Profil de femme. Bague en or.
Scénographie. Photo Benjamin Chelly.
 
Scénographie. Photo Benjamin Chelly.
 
Italie ? XVIe siècle. Bague en or émaillé avec un saphir. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
Royaume mérovingien, VIe-VIIe siècles. Tête de Bacchus. Intaille (I-IIe s. ap. J.-C.) sur une bague en or. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
France ? Italie ? XIVe siècle. Signet au nom de Henricus de Villanova. Intaille en nicolo (Ier s. ap. J.-C.) sur une bague en or. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.


Intime

Scénographie
Intime

Que la pierre gravée soit portée au doigt ou conservée dans le tiroir du collectionneur, c'est avant tout une petite œuvre d’art essentiellement destinée au plaisir de son propriétaire, plaisir presque égoïste tant l'expérience est difficile à partager. Par conséquent, il n'est pas surprenant que la glyptique soit aussi l’une des formes d’art où l’on va choisir d'exprimer des sentiments personnels ou de commémorer des événements intimes. En témoignent à travers les âges, bagues de mariage gravées aux noms des époux, bijoux féminins, hommages à la beauté ou portraits de couples.
 
Texte du panneau didactique.
 
Mésie ? (Bulgarie et Roumanie actuelles), début du IIIe siècle. Profil de femme. Camée en sardonyx sur un pendentif en or.
 
Rome, IIe siècle ap. J.-C. Portrait d'une femme en Vénus. Fragment d'un camée en sardonyx.
 
France ou Italie ? XIVe-XVe siècle. Profil d'un jeune homme et d'une jeune femme. Camée en sardonyx, au revers, intaille en nicolo gravée au XVIIe siècle, sur un signet en or.


Néoclassicisme

Scénographie
Néoclassicisme

Au XVIIIe siècle, il n'est pas de cour en Europe qui n'ait ses graveurs sur pierre. À Rome, tout un peuple d'artistes-artisans s'active pour fournir aux touristes, en particulier britanniques, des souvenirs de leur visite. Les aristocrates peuvent commander leur portrait, ou choisir parmi un riche éventaire de modèles, reproductions de monuments et copies d’antiques. Les Italiens ont perdu la première place : les plus grands artistes du XVIIIe sont aussi (et surtout) allemands, français, anglais, mais ils signent presque tous en grec ! Plus que jamais copies et originaux se côtoient. Au XIXe siècle, la trop grande concentration de ces artistes à Rome les incite à migrer dans toute l’Europe et au-delà. La glyptique devient un art universellement répandu, alors que les pierres gravées ornent les objets luxueux de la vie quotidienne.
 
Texte du panneau didactique.
 
Rome, XIXe siècle d'après Antonio Canova. Thésée et le centaure / centaure et bacchante. Camée en sardonyx et intaille en nicolo au revers.
 
Michele Laudicina (1804-1837). François Ier, roi des Deux Siciles et Maria Isabella de Bourbon. Camée en sardonyx.
 
Italie ? XIXe siècle. Jupiter. Camée en sardonyx  une broche en or émaillé.
Scénographie. Photo Benjamin Chelly.
 
Rome. XIXe siècle. Antonia la jeune en Junon. Camée en sardonyx. Collection Guy Ladrière. Photo Benjamin Chelly.
 
Charles Brown (1749-1795). Ariane. Intaille en verre.