PICASSO. DESSINER À L’INFINI

Article publié dans la Lettre n°581 du 8 novembre 2023



 
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PICASSO. DESSINER À L’INFINI. Cette exposition est présentée à l’occasion de la célébration des 50 ans de la mort de Pablo Picasso (1881-1973). C’est la dernière des 50 expositions organisées en son honneur en France, en Espagne et à l’international à l’initiative du Musée national Picasso-Paris, coordinateur et principal prêteur de l’événement, et de Bernard Picasso, petit-fils de l’artiste et président du musée Picasso de Málaga et de la FABA (Fundación Almine y Bernard Ruiz-Picasso). Cette commémoration se terminera par un grand symposium international les 7 et 8 décembre 2023 à l’Unesco, à Paris.
Réunissant près de 1000 œuvres: carnets, dessins et gravures, issues pour la plupart du musée Picasso-Paris, cette rétrospective de l’œuvre dessiné et gravé, la plus grande jamais organisée, offre une immersion au cœur du travail du dessinateur.
Pour nous la montrer, les commissaires ont abandonné les présentations traditionnelles, chronologiques ou par types de support. Dès l’entrée, on reste perplexe devant cet enchevêtrement de supports, de mini-salles, de couloirs ininterrompus, sans numéros, ni plan autre que celui remis à l’entrée. Les visiteurs se dirigent chacun d’un côté ou d’un autre, pour découvrir et admirer cet œuvre abondante et protéiforme. Picasso a vraiment utilisé toutes les techniques. Du crayon graphite au pastel, en passant par les crayons de couleur et le fusain. De la xylographie à l’eau-forte en passant par la linogravure et la lithographie et par bien d’autres techniques peu usitées, telles l’aquatinte au sucre ou les grains de résine brûlés.
Il n’y a pas de parcours défini mais les œuvres sont regroupées sous une cinquantaine de thèmes, présentés sur des panneaux didactiques très explicites. On y trouve des sujets: «Visages», «Saltimbanques», «Monstres», «Autoportraits», «L’artiste et son modèle», «Voyeur», «Fenêtres», etc. On a également des titres d’œuvres majeures : Parade, Les Femmes d’Alger, le Déjeuner sur l’Herbe, L’Aubade, etc. La façon de représenter les sujets est également présente : «Ligne claire», «Ligne continue», «Dessins réticulés», «Constructions», «Plans superposés» et bien d’autres. Enfin, pour ne pas tous les citer, des techniques telles que «Le pastel», «L’encre», «Les papiers collés».
Les commissaires nous présentent aussi des œuvres qui ne sont jamais sorties des ateliers de Picasso. Par exemple des dessins réalisés sur des «Supports de fortune» tels des journaux, des cartons d’invitation, des boîtes, etc., bref tout ce qui tombait sous la main de l’artiste lorsqu’il éprouvait le besoin de dessiner, c’est-à-dire tout le temps. C’est ce que l’on comprend en voyant ce foisonnement de dessins de toutes sortes, y compris des «Repentirs», des «Ratages et ratures», des «Dessins-poèmes», des «Livres illustrés», etc.
Le travail de Picasso pour faire sa série de quinze tableaux, Femmes d’Alger, numérotés de A à O, le plus célèbre, sur le sujet emprunté à Delacroix est impressionnant. Ce sont près de 100 dessins qu’il réalise de décembre 1954 à février 1955. Plus de la moitié sont exposés ici, montrant les hésitations de l’artiste sur le nombre et les positions des personnages. Un autre ensemble est lui-aussi passionnant, c’est la série gravée des onze Taureaux. Le premier est une représentation complète et classique de l’animal. Puis cette figure est peu à peu simplifiée pour n’être plus que quelques lignes tout aussi évocatrices d’un taureau. C’est ce processus créatif qu’ont cherché à montrer Henri-Georges Clouzot avec Le Mystère Picasso (1955), dont on voit quelques-unes des œuvres réalisées à l’occasion de ce film, ou Gjon Mili avec ses films de Picasso dessinant sur des vitres avec des crayons lumineux (1949).
Mais ce sont bien les «Carnets» qui constituent le point d’orgue de cette exposition. Picasso en aurait rempli quelque 200, dont la plupart se trouvent aujourd’hui  au musée Picasso-Paris. Un grand nombre de ces carnets sont présentés ici. Si nous ne voyons qu’une ou deux pages, cela nous donne une idée du travail incessant de Picasso durant toute sa vie, depuis les dessins d’«Anatomie» qu’il fait à l’école des Beaux-Arts de la Corogne, où il entre à l’âge de onze ans, jusqu’à ses dernières œuvres comme cet ensemble de «347 gravures» qu’il réalise en 1968.
Une exposition unique et magistrale, à ne pas manquer. R.P. Centre Pompidou 4e. Jusqu’au 15 janvier 2024. Lien : www.centrepompidou.fr.


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