OSSIP ZADKINE. L'INSTINCT DE LA MATIÈRE

Article publié dans la Lettre n° 470
du 9 janvier 2019


 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

OSSIP ZADKINE. L’INSTINCT DE LA MATIERE. Après Être Pierre en 2017, le musée Zadkine, installé dans la demeure du sculpteur, présente cette nouvelle exposition qui regroupe quelque 80 œuvres, tant sculptées que peintes. Les dessins, aquarelles et gouaches que l’on peut voir ici montrent que Zadkine (Vitebsk 1888 – Paris 1967) n’était pas qu’un sculpteur et qu’il puisait son inspiration aussi bien chez Cézanne que dans l’art populaire russe.
Le propos de cette exposition est de montrer comment Zadkine crée une figure en fonction de ce que lui inspire la matière brute. C’est ainsi qu’il imagine un fauve dans un bloc de bois tordu auquel il ajoute les deux pattes de devant qui lui manquaient (Le Fauve ou Le Tigre, 1920-1921) ou qu’il sculpte une tête dans un bloc de granit jaune retrouvé dans un champ à Vitebsk (Tête Héroïque, 1909-1910). La plupart des sculptures exposées sont d’un seul bloc, en taille directe. Zadkine travaille tous les matériaux, que ce soit de la pierre (marbre, calcaire, granit) ou du bois (chêne, acacia, ébène, noyer, hêtre). Dans certains cas, il en tire une œuvre en bronze comme cette Femme à l’éventail (1923). Si la plupart des sculptures sont à l’état naturel, plusieurs sont teintées (Maternité, 1919 ; Odalisque ou Bayadère, 1932), laquées (Femme à la mandoline, 1914) et même dorées à la feuille (Le Fauve ou le Tigre, 1920-1921 ; Tête d’homme, 1922).
Le parcours de l’exposition se déroule en trois sections. « Matière source », la première, nous montre comment l’art de Zadkine naît de l’écoute de la matière première. Parfois les formes paraissent surgir de la matière elle-même (Joueuse de luth, 1918 ; La Sainte Famille, 1912-1913). C’est le matériau qui insuffle la forme visible de l’œuvre.
La deuxième section, « Richesse plastique », révèle les dons de Zadkine dans le travail des matériaux. Il est capable de tirer des bronzes à partir de ses sculptures en pierre, marbre, bois, plâtre, terre cuite. Il sait jouer avec les effets de matière, les incrustations, la polychromie. Cette section comprend aussi deux espaces spécifiques. Le premier se rapporte à la période cubiste. Pour Zadkine elle commence en 1922 avec Sculpture ou Formes féminines (1922) et se termine en 1928 avec La Belle Servante (1926-1928). Le second traite de l’Art déco, un style aussi élaboré que difficile à circonscrire. On y voit Tête d’homme (1922), une sculpture en bois doré à la feuille, Tête de femme (1924), en pierre calcaire, et plusieurs bas-reliefs en pierre, dont Femme et chien (1927), provenant d’un hôtel particulier aujourd’hui démoli.
La dernière section, « L’Atelier intérieur », se déploie justement dans l’atelier de l’artiste. On y voit des créations qui s’inspirent des mythes, des figures hybrides, de la mythologie et des contes populaires. Les sujets sont variés : L’Oiseau d’or (1924), Jeune fille à l’oiseau (1933-1937), Orphée (1930-1961) et surtout Le Sculpteur (1929-1949), un autoportrait dans lequel Zadkine marie toutes sortes de matériaux auxquels il eut recours (marbre, granit, pierre, plomb et verre peint). On y voit enfin les dernières œuvres de Zadkine, Sculptures pour l’architecture (1967), des plâtres qu’il avait l’intention de porter à l’échelle monumentale devant les façades d’immeubles modernes. Une mention particulière pour les panneaux didactiques et les cartels qui décrivent les œuvres d’une manière très intéressante.
On profitera de cette exposition pour admirer la dizaine de grands bronzes exposés en permanence dans le jardin. Une très belle exposition. R.P. Musée Zadkine 6e. Jusqu’au 10 février 2019. Lien : www.zadkine.paris.fr.


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