Parcours en images et en vidéos de l'exposition

OSSIP ZADKINE
Une vie d’ateliers

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°566 du 22 mars 2023




Titre de l'exposition
OSSIP ZADKINE. Une vie d'ateliers.

Le sculpteur Ossip Zadkine et la peintre Valentine Prax ont passé ensemble presque quarante ans, de 1928 à 1967, dans la maison, les ateliers et le jardin de la rue d’Assas. Ce lieu, discret havre de paix au cœur de Montparnasse, est devenu en 1982 le musée Zadkine, grâce aux legs consenti à la Ville de Paris par Valentine Prax. L’épouse du sculpteur a en effet consacré les dernières années de sa vie à défendre la mémoire de Zadkine et à préserver l’atmosphère de ces ateliers où les deux artistes avaient vécu et créé une large partie de leurs œuvres.

Pour célébrer les quarante ans de l’institution, l’exposition Ossip Zadkine. Une vie d’ateliers dévoile un aspect inédit des collections du musée : le fonds de photographies. Sa vie durant, Zadkine a posé devant l’objectif et ce sont aujourd’hui des centaines de photographies qui font partie des archives du musée. Ces clichés, tantôt anonymes, tantôt signés par de grands photographes du XXe siècle, comme Marc Vaux, André Kertész ou Daniel Frasnay, montrent le sculpteur dans l’intimité de sa maison-atelier.

Espace à la fois physique et mental, autant nid, abri que poste d'observation, ce foyer-atelier se fait l'habitacle des œuvres. Dans un jeu de miroirs, les photographies et les œuvres de Zadkine et de Prax se répondent pour faire apparaître leur lieu de vie et de création comme un tout. Cette exposition anniversaire est ainsi l'occasion d'offrir une évocation incarnée de l'atelier du sculpteur.

 
Texte du panneau didactique.
 
Ossip Zadkine. Girouette, 1965. Bronze doré, fonte Susse. Épreuve 1/6. Legs de Valentine Prax, 1981.


Partie 1 : À Montparnasse, d'atelier en atelier

Scénographie
À Montparnasse, d'atelier en atelier

Né en 1888 dans l'actuelle Biélorussie, Ossip Zadkine arrive en 1910 à Paris, « là où l'on devient véritablement artiste, sculpteur en particulier ». Très vite, il se familiarise avec le quartier de Montparnasse. Au fil de ses rencontres avec les avant-gardes et de ses déménagements d'atelier en atelier, sa sculpture trouve son identité.

A la Ruche puis dans l'atelier de la rue de Vaugirard au début des années 1910, Zadkine est souvent à la recherche de pierre et de bois à sculpter. Très pauvre, il travaille avec des matériaux de récupération. Il crée alors ses premières têtes en pierre, sculptées en taille directe. Vers 1913, l'installation dans un nouvel atelier rue Rousselet, plus grand et plus lumineux, permet à sa sculpture de s'épanouir. L'artiste choisit de grands bois et expérimente d’autres matières, comme le ciment.

Cet élan est pourtant arrêté brutalement lorsqu'il s'engage comme brancardier-infirmier pendant la Première Guerre mondiale. Gazé en 1916, hospitalisé, Zadkine sort de la guerre abattu physiquement et moralement. La découverte du Quercy, de nouvelles amitiés et le mariage avec Valentine Prax en 1920 accompagnent néanmoins un souffle nouveau, marqué par l'exploration de multiples sources d'inspiration et la confirmation de sa fascination pour le bois et la pierre. Dans les années qui suivent sa première exposition organisée dans son atelier de la rue Rousselet, Zadkine cherche une manière personnelle de représenter la figure humaine. Son atelier est alors un laboratoire d'expériences plastiques. Un temps influencé par le cubisme, il s'essaie aussi à d'autres techniques comme le modelage, la dorure et la laque.

 
Texte du panneau didactique.
 
Ossip Zadkine. Hermaphrodite, 1914. Bronze, épreuve 1/5. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. Vénus cariatide, 1919. Bois de poirier. Achat de la Ville de Paris sur les fonds du legs de Valentine Prax, 1987.
 
Ossip Zadkine. Torse d’hermaphrodite, 1925-1931. Bois d’acacia laqué. Legs de Valentine Prax, 1981.

Cette sculpture associe une figure  - l'hermaphrodite - et une forme - le torse - qui sont récurrentes dans l'œuvre de Zadkine. Sans tête ni jambes, la composition garde la mémoire du tronc et mêle l'humain au végétal autant que le féminin au masculin. L'artiste s'approprie le thème classique de l'hermaphrodite, en simplifiant les lignes et en choisissant un traitement particulier pour la surface du bois d’acacia. La laque appliquée sur la sculpture, probablement par le décorateur André Groult, lui confère une « peau » sensuelle et raffinée.
 
Walter Limot. Vue arrière de la Ruche, 1968. Tirage au gélatino-bromure d'argent. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. © Walter Limot  / André Limot.
 
Anonyme. Ossip Zadkine à la Ruche ou dans son atelier de la rue de Vaugirard. Vers 1912. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981. Paris, musée Zadkine. Photo © DR.
Scénographie
 
Ossip Zadkine. Maternité, 1919. Marbre. Achat de la Ville de Paris sur les fonds du legs de Valentine Prax, 1993.
 
Ossip Zadkine. Musicienne, 1919. Pierre calcaire d’Euville. Achat de la Ville de Paris sur les fonds du legs de Valentine Prax, 1993.
 
Ossip Zadkine. Tête de jeune fille, 1914. Marbre. Ville de Grenoble, musée de Grenoble. © Adagp, Paris 2022. Photo © Ville de Grenoble / Musée de Grenoble - J.L. Lacroix.

La Tête de jeune fille est un témoignage unique du travail de Zadkine dans son premier atelier parisien, à la Ruche. Le sculpteur en raconte la genèse dans ses mémoires : « J'ai commencé à tailler la pierre à la Ruche. Le tas de détritus, [...] continuait à m'être source de richesses. Ainsi, une fois, y avais-je trouvé une tête en marbre à peine commencée qu’un sculpteur colérique ou déçu avait sans doute jetée. Le bloc de pierre se trouva évidemment très vite en mon “quartier de brie” pour [...] devenir, quelque temps après, une tête à facettes cubistes. Cette tête reste, sans doute, le premier témoignage de l'intérêt que j'avais commencé à porter à la peinture cubiste. »
 
Ossip Zadkine. Tête héroïque, 1912-1913. Granit. Achat de la Ville de Paris sur les fonds du legs de Valentine Prax, 1988.
Marc Vaux. Ossip Zadkine dans son atelier de la rue Rousselet. Vers 1926. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981.

Cette photographie de Zadkine par Marc Vaux montre l'artiste dans son atelier de la rue Rousselet, entouré de sculptures des années 1910 et 1920. Dans ses mémoires, le sculpteur raconte que son « atelier du deuxième étage commençait à être peuplé et [que] son plancher semblait ployer sous le poids des pierres et des bois ». Le Prophète, œuvre de jeunesse, y règne en majesté. On y découvre aussi SculptureFormes et lumières, œuvre de sa période cubiste, ainsi que Les Trois Sœurs. Ce groupe, annonçant un tournant dans le travail de Zadkine, se retrouve dans la gouache des Trois figures debout où le plancher de bois rappelle celui de l'atelier.
 
Marc Vaux. Zadkine dans son atelier de la rue Rousselet, accoudé à  Formes féminines, vers 1920. Épreuve gélatino-argentique, 24 x 17,7 cm. Legs de Valentine Prax, 1981. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris 2022.
 
Ossip Zadkine. Sculpture ou Formes féminines, 1922. Pierre calcaire peinte. Paris, musée Zadkine. Legs de Valentine Prax, 1981.

Au tournant des années 1920, curieux de nouvelles formes esthétiques, Zadkine regarde vers le cubisme. Il réalise alors des œuvres comme Sculpture ou Formes féminines, dont les lignes fortes et les arêtes vives sont contrebalancées par des courbes plus douces. Les yeux sont réduits à des incisions, les mains à des formes géométriques, tandis que la poitrine, travaillée tout en volumes et en cavités, offre un rythme presque musical à la surface. Devant l'objectif de Marc Vaux, le sculpteur pose fièrement près de cette sculpture, avant de la peindre en noir, couleur qui accentue la frontalité du bloc.
 
Anonyme. Zadkine sans son atelier de la rue Rousselet, en compagnie de deux visiteurs dont le peintre Foujita (à gauche), vers 1914. Épreuve gélatino-argentique, 11 x 16 cm. Legs de Valentine Prax, 1981. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris, 2022.
 
Marc Vaux. Vue de l'atelier d'Ossip Zadkine rue Rousselet. Vers 1925. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
André Kertész. Ossip Zadkine dans son atelier de la rue Rousselet. Vers 1926. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
- Ossip Zadkine.  Buste de jeune fille ou Jeune fille aux mains repliées, 1914-1917. Bronze poli, épreuve d'artiste. Legs de Valentine Prax. 1981.
- Ossip Zadkine. Buste de jeune femme, 1914. Ciment. Legs de Valentine Prax, 1981.

Comme le Buste de jeune fille et l'Hermaphrodite que l'on découvre sur les photographies de l'atelier de la rue Rousselet, le Buste de jeune femme porte la trace des racines slaves de Zadkine. La figure, aux mains fines et aux traits à peine esquissés, affiche un visage serein qui évoque celui d’une icône. Le reste du buste est d’une grande liberté formelle, le port de tête, élancé et détourné, lui donnant un élan dynamique. Tout aussi pudique que sensuelle, cette femme aux cheveux courts est à la fois intemporelle et résolument moderne.
- Ossip Zadkine. Tête d'homme, 1922. Bois doré à la feuille. Achat de la Ville de Paris sur les fonds du legs de Valentine Prax, 2003.
- Ossip Zadkine. Masque, 1924. Bois de buis.
Legs de Valentine Prax, 1981.
- Ossip Zadkine. Chien chinois, 1922. Terre cuite.
Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. Trois figures debout ou Femmes dans un intérieur, 1927. Gouache et graphite sur fin papier satiné. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. Les Trois Sœurs ou Les Trois Grâces ou Les Trois Belles ou Les Trois Amies, 1926. Bronze, épreuve 5/5. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Valentine Prax. La Musique, vers 1925-1930. Huile sur verre, 47 x 56 cm. Legs de Valentine Prax, 1981. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris, 2022. Photo © musée Zadkine / Paris Musées.
 
Ossip Zadkine. Tête aux yeux de plomb, 1919. Pierre. Legs de Valentine Prax, 1981.

La tête dite « aux yeux de plomb » doit son nom au métal dont les pupilles étaient à l’origine incrustées. Zadkine a supprimé de cette face certains détails et poussé à l'extrême la stylisation de ceux retenus, donnant à la sculpture une allure épurée. La protubérance du crâne, l'allongement de l’arête du nez et la géométrisation de l’arcade sourcilière évoquent autant l’art roman que la sculpture de l'Île de Pâques. L'artiste a peut-être également été influencé par les sculptures réalisées avant la guerre par son ami Amedeo Modigliani, comme lui adepte de la taille directe et de la sculpture extra-européenne.


Partie 2 : La folie d'Assas

Scénographie
La folie d'Assas

En 1928, Prax et Zadkine s'installent dans la maison-atelier de la rue d’Assas devenue aujourd’hui le musée Zadkine. Le sculpteur s’enthousiasme immédiatement pour sa «folie d'Assas» : le lieu, calme et niché dans la verdure, n'en est pas moins idéalement situé, à deux pas de l'effervescence de Montparnasse. Ce nouveau foyer est à la fois le refuge des sculptures nées dans les précédents ateliers, qui viennent habiter les espaces de travail et le jardin, et le réceptacle des œuvres à venir.

Au début des années 1930, Prax et Zadkine partagent un intérêt commun pour la Grèce antique et la mythologie. Des œuvres de grand format apparaissent dans le travail du sculpteur qui connaît une évolution stylistique importante.

À cette même période, Le couple fait l'acquisition d'une maison et d’une grange dans le village des Arques (Lot) qui devient leur second atelier. Les œuvres voyagent de Paris aux Arques ou des Arques à Paris. Mais à nouveau, l'impulsion créatrice connaît un coup d'arrêt avec la Seconde Guerre mondiale. Zadkine prend la difficile décision de s’exiler aux États-Unis, tandis que Prax se réfugie aux Arques. À New York, le sculpteur, qui a l'impression de retrouver la précarité de ses débuts, refait sa vie loin de son épouse. Quelques œuvres importantes naîtront de cette période tragique.

De retour en France en 1945, Zadkine peuple peu à peu ses ateliers de grandes figures héroïques, telles La Ville détruite et La Forêt humaine.

 
Texte du panneau didactique.
 
Anonyme.  Zadkine posant un maillet et un ciseau à la main, près de sa Grande porteuse d’eau en bois rue d’Assas, vers 1928-1930. Épreuve gélatino-argentique, 16,7 x 12,2 cm. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris, 2022.  Photo © DR.
 
Marc Vaux. Zadkine posant dans le jardin de la rue d'Assas, à côté de la Femme à l'oiseau, 1931. Épreuve gélatino-argentique, 21,6 x 16,4 cm. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris, 2022. Photo. © Musée Zadkine / Paris Musées.
 
Ossip Zadkine. Femme à l’oiseau ou Jeune fille à l’oiseau ou Statue pour un jardin, 1930. Pierre de Pouillenay, 175 x 44 x 44 cm. Don de M. et Mme Greene, 1981. Paris, musée Zadkine.

Zadkine a raconté la conception de cette sculpture réalisée pour le jardin parisien d'amis américains, les Greene. « C'est dans cette carrière [de Pouillenay en Bourgogne] que nous choisîmes la belle pierre un peu rose dont le soleil faisait briller les particules de quartz incrusté. [...] Après que j'eus dégagé durant tout l'hiver, en atelier, la statue de la colonne carrée, je la sortis dans mon jardin. »
On retrouve la tête inclinée des débuts et les formes concaves de la période cubiste, mais la sculpture se déploie plus amplement dans l’espace. Cette cariatide moderne aux formes pleines est couronnée d’un oiseau, animal central dans l’œuvre de Zadkine.
 
Ossip Zadkine. Laocoon, 1930. Bronze, exemplaire sans cachet de fondeur, portant l'inscription « original ». Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. Les Ménades ou Les Furies, 1929. Bronze, épreuve d’artiste. Legs de Valentine Prax, 1981.

Au tournant des années 1930, un nouvel intérêt pour le bronze et l'Antiquité gréco-romaine, auquel se joint un certain élan lyrique, apparaît dans les œuvres de Zadkine, notamment Laocoon et Les Ménades. Dans la mythologie grecque, les ménades, fidèles du dieu Dionysos, se livrent à des rituels violents et extatiques. Elles sont souvent représentées en mouvement : c’est ce dynamisme qui inspire le sculpteur. L’inclinaison du socle et l'envolée vers l'arrière des drapés et des jambes suggèrent la course des trois figures, presque confondues en une seule force dont le mouvement serait décomposé.
 
Anonyme. Valentine Prax et Ossio Zadkine à Caylus. Vers 1930. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. À Valentine, 1937. Terre cuite. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. Rébecca, ou La Grande porteuse d’eau, 1927. Plâtre peint, 272 x 65 x 63 cm. Legs de Valentine Prax, 1981. Paris, musée Zadkine.
 
Ossip Zadkine. Femme pensive, 1930. Terre cuite. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Willy Maywald. Peintures de Valentine Prax dans l'atelier. Années 1950. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981. © Association Willy Maywald / Adagp, Paris 2022.
 
Valentine Prax. L'Enlèvement d'Europe. Vers 1930. Huile sur verre. Legs de Valentine Prax, 1981.

Ce que Prax appelle le « royaume de la mer », auquel elle voue un véritable amour, sert de décor au mythe antique de l'enlèvement d'Europe par Zeus. L'originalité de cette œuvre émane de sa technique, la peinture sous verre, qui la rapproche de l'imagerie populaire et permet aux couleurs de garder leur fraîcheur. La palette, caractéristique de l'artiste aux racines méditerranéennes, est à la fois dense et lumineuse. Les formes vibrantes des figures et du paysage font par ailleurs écho aux lignes très souples du sculpteur, qui invite Prax à se détacher de l’académisme dès son arrivée en France en 1919.




Scénographie
 
Anonyme. L’Atelier d’Ossip Zadkine à New York. Vers 1943-1945. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981. Musée Zadkine, Paris. © Adagp, Paris 2022.
 
Valentine Prax. Composition au crâne de bœuf, 1949. Huile sur toile. Legs de Valentine Prax, 1981.

La période de la Seconde Guerre mondiale, malgré les épreuves et la séparation d'avec Zadkine, est l'une des plus fécondes pour Prax. La peintre utilise alors une gamme chromatique sombre, ainsi qu’une composition dense, aux arêtes vives et à la perspective déstructurée. Sur cette toile aux accents picassiens, le crâne de bœuf attire le regard. Il est accompagné d’une palette posée sur un tabouret, d'une coupe de fruits et d’un bouquet de fleurs, dans la pure tradition des natures mortes.
 
Ossip Zadkine. Étude pour La Prisonnière, 1943. Bronze, épreuve 2/10. Legs de Valentine Prax, 1981.

Zadkine réalise cette sculpture lors de son exil aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale. Inquiet et freiné par le manque de moyens, il sculpte peu. La version finale de La Prisonnière est l’une des seules pièces de grande dimension de cette période. L'artiste l’évoque dans son journal : « [En] la créant, je répondais à ma façon à un monde terriblement cuisant, de questions, de regrets, de reproches et amères réflexions sur ma vie ici, aux États-Unis. » Par l'enchevêtrement des lignes, cette œuvre annonce la complexification à venir des groupes sculptés de Zadkine.
 
Ossip Zadkine. Torse de femme, 1944. Bronze, épreuve 2/8. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Anonyme. La Maison des Arques. Avant 1967. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981. © Association Willy Maywald / Adagp. Paris 2022.
 
Anonyme. Ossip Zadkine dans sa maison des Arques. Vers 1935. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax,  1981.
 
Anonyme. Valentine Prax peignant dans la maison des Arques. Vers 1940. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Anonyme. L'Atelier d'Ossip Zadkine à New York. Vers 1943-1945. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
- Valentine Prax. Cartes postales à Ossip Zadkine, 1940. Legs de Valentine Prax, 1981.

- Ossip Zadkine. Lettre à Valentine Prax. Lisbonne, 19 juin 1941. Legs de Valentine Prax, 1981.

 
Valentine Prax. Carte postale à Ossip Zadkine, 1940. Legs de Valentine Prax, 1981.

 




Scénographie
 
Ossip Zadkine. La Ville détruite, 1947. Bronze, épreuve 5/6. Legs de Valentine Prax, 1981.

En 1947, lors d’un voyage aux Pays-Bas, Zadkine traverse Rotterdam en train. La ville qu’il découvre, bombardée et en ruine, le sidère. C’est de cette vision que va naître La Ville détruite, sculpture monumentale commandée par la ville de Rotterdam et inaugurée en 1953 sur son port.
Le bronze du musée en est une maquette. Zadkine en décrit la première version : « Avec sa figure cassée et ses bras jetés vers le ciel, ma “chose” sculptée disait très haut son horreur et sa fureur concernant les abominables pensées et les gestes indignes des hommes guerriers. » Cette tête hurlante et ce corps aux lignes brisées n'ont d'égale que la béance du cœur, forme en creux d’une douleur puissante.
 
Ossip Zadkine. L'Architecte, 1943. Terre cuite. Don de Manuel Greer, 2021.




Scénographie
 
Ossip Zadkine. La Ville détruite, 1950. Fusain sur papier vélin. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Bernard Citroën. Maquette en plâtre de La Ville détruite dans l’atelier d’Ossip Zadkine. Vers 1950. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981. Paris, Musée Zadkine © Bernard Citroën. © Adagp, Paris 2022.
 
Ossip Zadkine. Les Mains végétales, 1957-1958. Bronze. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. La Forêt humaine, 1948. Bronze, épreuve 0/5. Legs de Valentine Prax, 1981.

« Je fis alors un groupe de trois personnages dont le bas était comme un lendemain de désastres, formes cassées, chaotiques dans leur déchéance, et le haut troué mais rebâti. » Après La Ville détruite, tout en gardant la mémoire du traumatisme de la guerre, Zadkine veut sculpter l'espoir et le renouveau de sa sculpture. Pour La Forêt humaine, il joue avec l'enchevêtrement des formes anthropomorphes et végétales, récurrent dans son travail, ainsi qu'avec les pleins et les vides, caractéristiques de son œuvre de l'après-guerre. Dans cette composition complexe à la surface accidentée, la figure humaine tend à disparaître.
 
Ossip Zadkine. La Forêt humaine. Vers 1960-1962. Encre de Chine, lavis et crayon fusain sur papier satiné. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine et Valentine Prax dans leur maison-atelier.
 
Roger Schall. Ossip Zadkine et La Forêt humaine dans l'atelier. Vers 1948-1949. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981. © Roger Schall / Musée Zadkine / Roger-Viollet.
 
Ossip Zadkine. Les Lutteurs, 1943. Plume et encre de Chine sur papier satiné. Legs de Valentine Prax, 1981.


Partie 3 : Vivre et travailler dans l'atelier

Scénographie
Vivre et travailler dans l'atelier

Dans les années 1950-1960, Zadkine est désormais reconnu sur la scène internationale comme l’un des grands sculpteurs de sa génération. Amis, élèves et admirateurs se pressent dans ses ateliers de la rue d’Assas et du quartier de Notre-Dame-des-Champs, où l'artiste les accueille chaleureusement. Vers 1950, il fait construire dans son jardin ce nouvel atelier vaste et lumineux où s'accumulent ses œuvres, présentées aux côtés d'objets du quotidien.

Des outils du sculpteur posés sur une ancienne table de travail et un bois inachevé permettent de mieux comprendre le processus de création d’un artiste qui, grâce à sa formation de menuisier-ébéniste, maîtrisait parfaitement son «métier». Ainsi, le musée Zadkine, redevient, le temps d'une exposition, la maison-atelier qu'il était du vivant du sculpteur.
 
Texte du panneau didactique.
 
Ossip Zadkine. Autoportrait. Vers 1960. Encre de Chine et graphite sur papier grainé. Legs de Valentine Prax, 1981.

À la fin de sa vie, Zadkine dessine beaucoup. Ce rare autoportrait frappe par sa grande ressemblance avec le visage de l'artiste. Comme pour conjurer la mort, Zadkine trace une ligne continue, dont les différentes nuances font apparaître autant que disparaître ses traits. Cette ligne vibrante est telle l'empreinte des incisions que le sculpteur réalise dans les grumes et un écho aux cernes de croissance du bois, qui racontent avec humilité mais de manière ininterrompue tous les âges de la vie.
Scénographie
 
Ossip Zadkine. Torse violoncelle, 1956-1957. Bois d’ébène. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. Déméter ou Pomone, 1958. Bois d’ébène. Legs de Valentine Prax, 1981. Paris, Musée Zadkine. © Adagp, Paris 2022. Photo © Eric Emo / musée Zadkine/Paris Musées.
 
Ossip Zadkine. Diane, 1937. Bronze, épreuve 5/5. Legs de Valentine Prax, 1987.
 
Ossip Zadkine. La Belle Servante, 1926-1928. Pierre calcaire de Léville. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. L'Oiseau d’or, 1924. Plâtre peint et doré. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine.  Petite construction, 1967. Terre cuite. Legs de Valentine Prax, 1981.
Accordéon, fauteuil et établi d'Ossip Zadkine. Ouvrages de la bibliothèque d’Ossip Zadkine. Pipes et samovar d’Ossip Zadkine.
Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. Bois inachevé. Bois. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. Prométhée, 1955-1956. Bois d’orme. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Accordéon et fauteuil d'Ossip Zadkine. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Anonyme. Ossip Zadkine jouant de l'accordéon. Avant 1967. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981.
Ouvrages de la bibliothèque d’Ossip Zadkine. Pipes et samovar d’Ossip Zadkine.Legs de Valentine Prax, 1981.

Outre les œuvres des deux artistes, le legs de Valentine Prax à la Ville de Paris comprenait de nombreux objets ayant appartenu au sculpteur, notamment ses outils, pour certains façonnés par lui-même. Le musée conserve aussi son samovar, sa bibliothèque et même son accordéon. L'instrument et les livres rappellent combien la musique et la littérature ont nourri le travail de Zadkine, que l'on voit jouant de l'accordéon sur des clichés des années 1920 comme des années 1960.
 
Bois découvert par Ossip Zadkine lui ayant inspiré son Orphée. Bois. Legs de Valentine Prax, 1981.

Cet étonnant morceau de bois, repéré par Zadkine lors d’une livraison de bois de chauffage, lui a inspiré son Orphée au corps élancé en forme de X, dont le grand bronze est exposé dans le jardin du musée. Le sculpteur trouve cette branche «d’une grande beauté antique ou surhumaine» et y voit «un personnage égyptien en marche». Au-delà de cette révélation, le petit bois fait office de totem pour Zadkine, qui l’a d’ailleurs installé sur un socle. Il le garde précieusement auprès de lui dans l'atelier, telle une divinité protectrice, une muse végétale, attestant sa dévotion pour le bois jusqu'à la fin de sa vie.
 
André Morain. L'Atelier du jardin, 1979. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981. © André Morain Paris.

Cette photographie prise quelques années après le décès de Zadkine en 1967 montre l'encombrement de l'atelier du jardin. Dès 1928, lors de son arrivée rue d'Assas, l'artiste avait rempli les ateliers attenants à la maison. Dans les années 1950, avec des moyens financiers plus importants qu'au début de sa carrière, il fait construire ce nouvel atelier, à son tour vite occupé par de nombreuses sculptures. On y décèle des œuvres récentes, depuis la Petite construction jusqu'au grand Prométhée, mais aussi des pièces plus anciennes, tels L'Oiseau d'or et La Belle Servante.
Scénographie
 
Michel Sima. Ossip Zadkine auprès de la grume d’ébène portant le tracé préparatoire de Pomone. Vers 1958. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981. © Michel Sima / Bridgeman Images.

Ce cliché de Michel Sima (1912-1987), qui montre Zadkine posant dans le petit atelier aujourd’hui occupé par l'accueil du musée, dévoile la genèse de Pomone, sculpture de la fin des années 1950. L'artiste a tracé à la surface d’une grume sombre la silhouette de la nymphe, destinée à être extraite du bois. Le corps de Pomone est à la mesure de la grume, les chevilles correspondant à la base et le cou à la tranche supérieure. À côté se trouvent d'autres sculptures, un établi et son étau, ainsi qu'une autre grume, plus claire et très grande, attendant d’être taillée à son tour.
 
Roger Schall. Ossip Zadkine dans son atelier. Vers 1948-1949. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981. Paris, Musée Zadkine. © Roger Schall.
Scénographie avec citation d'Ossip Zadkine.
Martin Glaus. Ossip Zadkine entouré de ses élèves. Vers 1960. Épreuve gélatino-argentique.
Legs de Valentine Prax, 1981. Paris, Musée Zadkine. © Martin Glaus.
 
Willy Maywald. Valentine Prax dans son atelier. Vers 1960. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981. © Association Willy Maywald / Adagp, Paris 2022.
 
Willy Maywald. Valentine Prax dans le jardin de la rue d'Assas. Après 1967. Épreuve gélatino-argentique. Legs de Valentine Prax, 1981. © Association Willy Maywald / Adagp, Paris 2022.

Le 25 novembre 1967, Ossip Zadkine décède. Désormais seule rue d'Assas, Valentine Prax continue de vivre entourée des œuvres du sculpteur. Sur l'émouvante photographie de Willy Maywald (1907-1985), la peintre se tient à l'arrière-plan, devant la véranda qui était alors l'entrée de la maison. Après le décès de son époux, Prax œuvre à la préservation et au rayonnement de l’œuvre de ce dernier, sans pour autant cesser de peindre. En 1978, elle lègue la totalité de ses biens à la Ville de Paris, sous réserve pour celle-ci de créer un musée rue d'Assas. Le 15 avril 1981, Valentine Prax meurt. Un an plus tard, le 19 avril 1982, le musée Zadkine est inauguré.
Scénographie (vidéo)
 

 

François Chatel. Émission « Voyons un peu », 1er janvier 1956. Reportage vidéo de la RTF, 5 minutes. Institut national de l'audiovisuel, Paris.

 

Vidéo : Interview d'Ossip Zadkine.
 
Divers outils d’Ossip Zadkine : gouges droites et coudées, ciseaux à bois, maillet et gradines. Legs de Valentine Prax, 1981.


Le jardin

Vue du jardin et de l'atelier du jardin
 
Ossip Zadkine. Projet de Monument à Guillaume Appolinaire, 1948. Bronze, fonte Susse, épreuve 1/8. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. La Forêt humaine, vers 1957-1958. Bronze, fonte Susse, épreuve 1/6. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip  Zadkine. Statue pour une montagne ou Statue pour un jardin ou Cœur venteux, 1958. Bronze, fonte Susse, épreuve 2/6. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. Grande Figure drapée ou La Mélancolie, vers 1929-1937. Bronze, fonte Susse, épreuve 0/3. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. Rébecca ou La Grande Porteuse d’eau, vers 1927. Bronze, fonte Susse, épreuve 2/4. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. Naissance de Vénus, vers 1930. Bronze, fonte Susse, épreuve 3/8. Legs de Valentine Prax, 1981.
Vue du jardin
 
Ossip Zadkine. Orphée, 1956. Bronze, fonte Susse, épreuve 0/3. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. Orphée, 1956. Bronze, fonte Susse, épreuve 0/3. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. Torse de La Ville détruite, entre 1951 et 1963. Bronze, fonte Susse, épreuve 2/5. Legs de Valentine Prax, 1981.
 
Ossip Zadkine. Arlequin hurlant, 1943. Bronze, fonte de la Modern Art Foundry, épreuve 2/3. Legs de Valentine Prax, 1981.
Ossip Zadkine. Statue pour un jardin ou Musicienne couchée, vers 1943-1944. Bronze, fonte de la Tallix Foundry à New York.
Épreuve d’artiste I/I.
Don de M. et Mme Greer, 1991.